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RHÉTORIENS — RIBADENEIRA (GASPAR DE)

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développements sur l’indifférentisme doctrinal qui s’apparentent avec ce que nous lisons dans Philastre et Pseudo-Athanase. Fabricius signale l’oratio xii adressée à Valens, l’oratio V à Jovien : voir édit. Dindorf, p. 189sq., 81 sq. La conjecture est intéressante ; elle demeure une conjecture.

É. Amann.

RHODES (Georges de), jésuite. Né à Avignon en 1597, probablement frère du célèbre jésuite missionnaire, Alexandre de Rhodes (1591-1660), entré dans la Compagnie en 1613, il enseigna cinq ans les humanités et la rhétorique, six ans la philosophie, treize ans la théologie dogmatique et morale et fut recteur du collège de Lyon, où il mourut le 17 mai 1661. Nous avons de lui deux ouvrages : Disputationes thealogise scholastiese, t. i, de Deo, de angelis, de homine ; t. ii, de Christo, de Deipara, de sacramentis, Lyon, 1661, in-fol. (rééditions : Lyon, 1671 et 1676) ; Philosophia peripatetica ad veram Aristotelis mentem tibris quatuor digesta, Lyon, 1671, in-fol. L’auteur expose les questions avec concision et clarté. Bien au courant des diverses opinions scolastiques, il s’inspire dans ses solutions d’un large éclectisme. Il est partisan convaincu de la science moyenne : celebratissima illa scientia… mirabilium omnium Dei operum conscia, conciliatrix gratiie atque prædestinationis cum creata libertate, socia decretorum. La prédestination à la gloire n’est ni antérieure ni postérieure à la prévision des mérites, mais lui est simultanée. (Sur cette théorie, voir Le Bachelet, S. J., Prédestination et grâce efficace, t. i, p. 365 sq.) Les actes surnaturels sont spécifiés par leur objet formel. Dans l’analyse de l’acte de foi, il se rapproche de Suarez, sans cependant le suivre en tout. Le P. Musnier, dont la thèse sur le péché philosophique fut l’occasion de la condamnation portée par Alexandre VIII en 1690, s'était inspiré d’un passage du P. de Rhodes : Peccatum morale in iis qui Deum vel omnino ignorant vel non actu considérant, vere nihilominus peccatum est grave, sed nullo tamen modo est Dei offensa, neque peccatum mortale dissolvais Dei amicitiam, neque dignum seterna pœna. Disput. theol., t. i, 1671, p. 390 ; cf. H. Beylard, S. J., Le péché philosophique, dans Nouvelle revue théologique, 1935, p. 676.

Sommervogel, Bibl. de la Comp. de Jésus, t. VI, col. 1721 sq. ; Hurter, Nomenclator, 3° éd., t. iii, col. 948 sq.

J.-P. Grausem.

    1. RHODON##


RHODON, écrivain antimarcionite de la fin du ne siècle. Rhodon ne nous est connu que par Eusèbe qui parle assez longuement de lui, Hist. eccl., ].', c. xin. De race asiatique, il vint à Rome, où il fut disciple de Tatien, mais il ne suivit pas son maître lorsque celui-ci s'écarta de l’orthodoxie. Il composa un écrit Contre Marcion qui était dédié à un certain Callistion et un commentaire de l’Hexaméron. Peut-être put-il encore rédiger un autre ouvrage destiné à réfuter les Problèmes de Tatien : il avait en tout cas l’intention de le faire, afin de résoudre les difficultés que Tatien avait relevées dans l'Écriture. Eusèbe, II. E., V, xiii, 8.

Les ouvrages de Rhodon sont perdus, à l’exception des quelques fragments du livre Contre Marcion qu’Eusèbe a pris soin de transcrire. Ces fragments sont des plus précieux. Le premier expose les divisions qui, du temps de Rhodon, s'étaient introduites parmi les marcionites : Apelle, dit-il, proclame un seul principe, mais affirme que les prophéties viennent d’un esprit ennemi ; d’autres, comme Potitus et Basilicus, restent fidèles à renseignement primitif de Marcion et introduisent deux principes ; d’autres encore vont plus loin et prétendent qu’il n’y a pas seulement une ou deux natures, mais trois : de ces derniers, le chef est un certain Syncros.

t’n second fragment, plus curieux encore, rapporte

une discussion que Rhodon eut un jour avec Apelle, qui était alors un vieillard. De cette discussion, dont Apelle avait pris l’initiative, ressort l’impression que Rhodon était un esprit subtil et délié, habile à utiliser tous les ressorts de la dialectique. Apelle, paraît-il, aurait fini par déclarer « qu’il ne fallait pas du tout épiloguer sur le discours, mais que chacun devait rester comme il croyait » ; il aurait même affirmé « que tous ceux qui espéraient au crucifié seraient sauvés, pourvu seulement qu’ils fussent trouvés en bonnes œuvres » ; finalement, il aurait avoué que la question la plus obscure de toutes était celle de Dieu. Rhodon ayant insisté là-dessus et ayant demandé à Apelle pourquoi il n’admettait qu’un principe, celui-ci avoua qu’il ne pouvait pas en donner la raison, mais que telle était son impression. Cette réponse fit beaucoup rire Rhodon qui, avec son tempérament de dialecticien, ne comprenait pas qu’on pût se contenter d’impressions. De nos jours, on a tenté de réhabiliter Apelle en en faisant une sorte de mystique et en louant la puissance de son intuition ; cf. E. de Faye, Gnostiques et gnoslicisme, 2e édit., Paris, 1925, p. 188. Du moins est-il certain que Rhodon aurait fort peu goûté cette apologie.

Nous ne savons rien de plus sur Rhodon, que ce que nous apprend Eusèbe. Saint Jérôme lui attribue, sans aucune preuve, la composition de l'écrit anonyme antimontaniste cité par Eusèbe, Hist. eccl., t. V, c. xvi. Cf. De vir. ill., 37 et 39. P. de Labriolle, Les sources de l’histoire du montanisme, Fribourg et Paris, 1913, p. xx-xxi, a bien montré l’inconsistance de cette hypothèse qui n’a de fondement que l’ignorance de son auteur en matière de littérature chrétienne pour le second siècle. On a également voulu attribuer à Rhodon le fragment de Muratori. E. Erbes, Die Zeit des muratorischen Fragments, dans Zeitschrifl fur Kirchengeschichte, t. xxxv, 1914, p. 321-352 ; mais rien n’est moins vraisemblable. Contentons-nous de dire que l’antimarcionite Rhodon vivait à Rome vers le temps de Commode : toute autre précision serait dangereuse.

A. Harnack, Rhodon und Apelles, dans les Geschichtliche Studicn Albert Hauck zum 70. Geburstag, Leipzig, 1916, p. 39 sq. ; du même, Marcion, Vas Evangelium vom fremdrn Gott, 2' éd., Leipzig, 1924, p. 163 sq., 180 sq., 404* sq.

G. Bardy. RIBADENEIRA (Gaspar de), jésuite espagnol, théologien, né à Tolède en 1611, admis dans la Compagnie de Jésus en 1625, enseigna la philosophie et pendant trente ans la théologie à Alcala et mourut à Madrid en 1675. Il publia quatre ouvrages de théologie devenus fort rares : De prsedestinatione sanctorum et reprobalione impiorum : in / am partem S. Thomx, q. XXII, XXII I et XXIV, Alcala, 1652, in-4° ; De scientia Dei : in L" n partem S. Thomæ, q. xiv, ibid., 1653, in-4° ; De voluntate Dei : in /" » partem S. Thomæ, q. Xix et XX, ibid., 1655, in-4° ; De actibus humanis in génère : in /am./yæ, s'. Thomæ, a quæsl. vi, ibid., 1655, in-4°. La bibliothèque de Salamanque possède en outre deux ouvrages inédits de Ribadeneira : De prædestinatione et auxilio gratiæ ; De scientia média.

D’après le P. Astrain, llisloria de la Compania de Jesùs en la asistencia de Espana, t. vi, p. 50, le P. Ribadeneira voulait compléter par ses publications l'œuvre commencée par le P. Antoine Bernard de Quiros (cf. ci-dessus, t.xiii, col. 1599). Cette affirmation paraît difficilement admissible : les publications de Quiros, s’espaçant entre 1654 et 1666, sont contemporaines ou postérieures à celles du théologien d’Alcala ; les deux auteurs traitent d’ailleurs en grande partie des mêmes sujets. Dans son Dr prædeslinatione, Lyon. 1658, p. 13, Quiros résume et rejette l’opinion de Ribadeneira sur la relation de la science moyenne et de la science de