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1535 QUESNEL ET LE QUESNELLISME — QUESVEL (PIERRE) 1536

Dans les derniers jours d’août, le pape fit communiquer le projet de bulle à La Trémoille, qui, après

l’avoir confronté avec le mémoire envoyé de France, lit retrancher quelques expressions estimées par lui contraires aux usages gallicans, en particulier l’article Decernentes, copié tout entier dans la bulle d’Alexandre VII, et il renvoya le projet au pape. Dans sa lettre au roi, le 2 septembre (AfJ. étr., Hume, Correspond., t. nxxx). La Trémoille raconte les laits : « Il m’a paru cpie toutes les expressions que Votre Majesté souhaitait y être insérées y sont et qu’elle ne conlicnl aucune de celles qu’elle souhaitait que le pape s’abstînt. Je l’ai confrontée avec la dépêche du l(i novembre 17Il par laquelle elle m’ordonnait de de mander cette constitution. » Cependant, il a souhaité la suppression de quelques expressions. Sa Sainteté a fait les changements et suppressions demandées, et l’ambassadeur termine par ces mots : « Je n’ai point vu les propositions condamnées ; cela n’est point mon affaire ; mais, quant au reste, j’ose dire à Votre Majesté que je ne crois pas qu’il y ait la moindre chose qui puisse faire de la peine par rapport aux maximes du royaume, et j’espère qu’elle aura lieu d'être satisfaite

La bulle Unigenitus Dei Filius fut signée le 8 septembre, imprimée le 9 et enfin affichée le 10 septembre 1713. Elle condamnait cent une propositions extraites d’un livre imprimé en français et divisé en plusieurs tomes, intitulé Le Xouveau Testament, avec des n flexions morales sur chaque verset, Paris, 1699, cl autrement Abrégé de la monde de l'Évangile, des Arles des apôtres, des épttres de saint Paul, etc., et de l’Apocalypse, ou Pensées chrétiennes sur le texte de ces livres sacrés, Paris, 1693 et 1694, avec la prohibition tant de ce livre que de tous les autres qui ont paru ou qui pourront paraître à l’avenir pour sa défense.

Cette bulle Unigenitus mérite une étude à part, à cause de la doctrine si complexe qu’elle renferme, à cause des difficultés qu’elle souleva en France durant de longues années et enfin à cause de l’influence qu’elle a eue sur toute l’histoire de l'Église au xviiie siècle. La bulle Aurlorem fidei n’a fait que reprendre, en les précisant, pour éviter de nouvelles polémiques, la plupart des propositions déjà condamnées par la bulle Unigenitus,

La bibliographie serait interminable si l’on voulait citer tout ce qui a été écrit sur cette seconde phase du jansénisme. Les ouvrages les plus importants ont été cités au cours de cet article.

J. Carreyre.

    1. QUESIMOY (Jacques du)##


QUESIMOY (Jacques du), frère mineur, appelé aussi de Carceto, de Quarcheto, de Kaisneto, paraît être originaire du Quesnoy (déparlement du Nord). Il doit avoir enseigné la théologie à Paris et y avoir été maître régent des frères mineurs vers 1290-1292. Cela résulterait, d’après P. Glorieux, d’une notice relative au franciscain Vital du Four, nous informant que ce dernier fut à Paris l'élève d’un martre Jacques, sous lequel il lut les Sentences, et aussi d’une citation de Codefroid de Fontaines, qui dans son Quodlibei X. q. xiii, rédigé vers 1291-129 : ', , attaque une opinion soutenue récemment, semble-t-il, par frère Jacques. En 1303, il est toujours à Paris, puisque son nom figure sur la liste des non-appelants, qui refusèrent, le 25 juin 1303, d’adhérer à l’ordre de Philippe le Bel d’en appeler au concile général contre lionifacc VIII. Il est d’ailleurs le seul qui y s lit désigné du titre de « magister ». Jacques du Quesnoy, comme les autres non-appelants, dut subir la rigueur des sanctions portées contre ceux qui ne s'étaient pas courbés devant la volonté royale cl quitter la France dans les t rois jouis, r’csl-ù dire entre le 25 et le 28 juin 1303. A noire connaissance aucun ouvrage de Jacques du Quesnoy n’a été signalé jus qu’ici.

E. Longpré, O.F.M., Le B. Jean Duns Scot pour le SaintSiège et contre le gallicanisme ( 25-28 juin 1303), d : ins La France franciscaine, t. xi, 1928, p. 152 ; P. Glorieux, D’Alexandre de Halès à L J irrre Auriol. La suite des maîtres franciscains de Paris au XIIIe siècle, dans Arch. franc, hist., t. xxvi, 1933, p. 277-278, 281 : du mime, Répertoire des maîtres en théologie de Paris au XIIIe siècle, t.n, Paris, 1934, p. 135.

A. Teetært.

    1. QUESVEL Pierre##


QUESVEL Pierre, frère mineur, dont la vie est encore enveloppée d'épaisses ténèbres. Nous savons qu’il était d’origine anglaise et appartint, au début du xive siècle, au couvent des frères mineurs de Norwich, chef-lieu du comté de Norfolk, en Angleterre et qu’il est l’auteur d’une Somme des confesseurs intitulée : Directorium juris in foro conscientise et judiciali, dont le prologue commence : Si qui s ignorât ignorabitur ! ' ad Corinthios xim cap. et hec verba ponuntur di. XXX VIII c. qui ea, et secundum quod exponit Jo, intelliguntur hec verba de eo qui conlempnit scire vel de eo qui de facili scire posietsi haberel traclatum. Cette somme est divisée en quatre livres, dont chacun embrasse une matière déterminée et complète en soi, afin que, dit le prologue, les pauvres puissent se procurer » meil’eur compte celui qui les intéresse particulièrement et de la sorte n’avoir plus l’excuse de ne pouvoir se payer les livres volumineux et coûteux. Les sujets traités dans chacun des livres d’après le prologue sont : De : umma Trinitate et fide catholica et de septem sacramentis (I. 1) ; De iis qui sacramenta ecclesiastica administrant et recipiunt etquæ possunt ad contractus varios perlinere (I. II) : De criminibus quæ possunt a sacramentis impedire et de pœnis pro criminibus imponendis (1. III) ; De iis quir ad jus et judicium pertinent (1. IV). Comme ces livres constituent des traités complets en soi et qu’on les rencontre isolément dans bien des bibliothèques, ii ne sera point inopportun d’en indiquer le début et la fin, pour pouvoir les identifier à l’occasion. Ainsi le 1. I commence : Dignus es, Domine, aperirc librum et solverc signacula ejus ; le 1. II : Provide de < mni plèbe viros patentes et limenles Deum ; le 1. III : Quicumque totam legem observaverit ofjendens autem in uno factus est omnium reus ; le 1. IV : Judices etmagistros constitues in omnibus poitis tuis. De même le 1. 1 finit : Hoc notai Gof. § ultimo ; le 1. II : Extra, c. slatutum et c. ut periculosa li. VI ; le 1. III : Hoc notât Host. c. ? penullimus : le 1. IV : a quo exspecto mini prumium reddi cui laus est et gloria per omnia ssecula sœculorum. Amen.

Dans le long épilogue que l’on lit à la fin du I. IX, Pierre Quesvel confesse que, malgré ses infirmités et ses nombreuses autres graves occupations, il a accède aux prières réitérées de ses amis et confrères, qui lui demandaient de rédiger ce Directorium juris à l’usage tant des fidèles que des confesseurs. Il s’est récusé de suivre la division des Décret aies et l’ordre alphabétique pour exposer d’une façon met ludique les matières se rapportant tant au for de la confession qu' ;  : ii for judiciaire, afin que Ions les hommes, quelle que fui leur condition, pussent y trouver ce qui les regardait spécialement. Pour toutes les questions traitées il ('minière les diverses sentences des canonistes, principalement des décrétalistes qui l’ont précédé, pour s’arrêter plus longuement à la thèse qu’il juge la plus probable ou la plus vraie. Il a soin aussi d’indiquer l’admit exact où l’on pcul trouver les opinions alléguées dans les ouvrages de leurs auteurs respectifs. Pierre Quesvel se rattache cependant liés étroitement à saint Raymond de l’enatoii et à Jean de Fribourg. A cause de son caractère pratique, ce Directorium juris n eu une influence assez notable et lut Iris répandu, comme en témoignent les nombreux manuscrits qui en sont conservés dans les bibliothèques de tous les pays, à savoir les mss. 825, ?-'6(|. I et II) et 152-154 (I. III et IV) de la bibl. royale de Bruxelles ; le ms. Canonici Miscell.