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REVIVISCENCE DES SACREMENTS


tère baptismal qui serait la cause, également physique, de la reviviscence.

Cette explication était ainsi appréciée dans l’Ami du clergé, 1926, p. 84 : « Elle a, sur les précédentes, de grands avantages qu’il serait injuste de ne pas signaler d’un mot : elle repose d’abord sur une théorie solide du caractère baptismal, et des rapports de la puissance à l’acte ; elle est, d’autre part, homogène en toutes ses parties, exempte des artifices que nous avons découverts dans les autres ; enfin, elle peut être considérée comme une sorte de mise au point définitive des idées des anciens thomistes, sans en excepter Nufio et Jean de Saint-Thomas, qui y trouveraient mieux leur compte que dans leur propre théorie. L’avenir dira si une telle solution, engageante de tant de manières, ne présente pas quelques lacunes qui l’empêcheraient d'être encore la solution définitive. »

Mais peut-être faudrait-il ajouter une remarque. Les sacrements sont si différents les uns des autres que l’analogie de leur mode d’action doit être envisagée dans les limites aussi larges que possible. La théorie du P. Marin-Sola nous paraît se prêter facilement à cette souplesse désirable. En tous cas, gardons-nous, en matière d’efficacité sacramentelle, des catégories trop rigides que notre esprit voudrait imposer à l’action divine.

IV. conditions.

La condition générale pour que « revivent » les sacrements, c’est que l’obstacle (obex) à la production de la grâce soit enlevé. Mais l’obstacle peut être de différentes espèces. De plus, à l’obstacle primitif qui s’est opposé à la grâce lors de la réception du sacrement peut s’ajouter un nouvel obstacle, c’est-à-dire un péché mortel commis délibérément. Aussi la condition générale doit-elle être précisée pour divers cas possibles dans les règles suivantes :

1° Première règle : A la reviviscence d’un sacrement reçu avec un obstacle purement matériel suffit l’altrition, à la condition toutefois que ne survienne aucun pèche mortel. — L’obstacle est dit simplement matériel, soit parce que le sujet n’en a pas conscience, soit parce qu’il ne le considère pas comme empêchant la grâce. Celui qui reçoit un sacrement avec un obstacle purement matériel ne pèche que matériellement : mais il demeure privé de l’influence de la grâce. Or, cet obstacle purement matériel n’a pu être, en quelque sacrement que ce soit, que l’absence d’attrition vraie, souveraine et universelle. Car une telle attrition est suffisante pour la réception fructueuse des sacrements des morts et même, accidentellement, des vivants, quand celui qui les reçoit est fie bonne foi. Voir Sacrement. Donc, la seule présence d’une véritable attrition dans l'âme rendra le sacrement fructueux.

Une seule exception doit être faite, mais pour un cas à peine concevable. Si un adulte a reçu le baptême, d’une manière valide, niais sans fruit, et s’il n’a jamais péché mortellement, le sacrement deviendrait fructueux, non par l' attrition qui n'était pas nécessaire, mais par de simples actes de foi et d’espérance. Mais, encore une fois, le cas est chimérique,

2° Deuxième règle : Pour la reviviscence il' un sacrement reçu (u<ec un obstacle purement matériel, si an péché mortel a été commis après la réception da sacrement, est requise ou la contrition parfaite ou la réception du sacrement île pénitence avec l’altrition. - Celle règle vaut, el pour les sacrements des vivants et pour les sacrements des morts. D’une part, en effet, un sacrement ne peut revivre si l'âme reste en élal de péché mortel ; d’autre pari, l’efficacité <u sacrement déjà reçu ne saurait s'étendre à un péché postérieur. Aussi, pour obtenir la rémission de ce péché, faut-il recourir aux moyens ordinaires : ou la contrition parfaite ou, normalement, le sacrement de pénitence (cl, par accident, un sacrement des vivants reçu de bonne foi). Si le sacrement de

baptême doit ainsi revivre par le sacrement de pénitence, c’est par les deux sacrements agissant simultanément que la grâce est conférée à l'âme ; mais, en raison du baptême, seuls les péchés commis avant la réception de ce sacrement sont remis et, en raison de la pénitence, les péchés postérieurs au baptême. Cf. S. Thomas, Sum. theol., Ifl a, q. lxix, a. 10, ad 2um.

3° Troisième règle : Pour la reviviscence d’un sacrement reçu avec un obstacle formel (c’est-à-dire dont le sujet avait conscience), est requise ou la contrition parfaite ou la réception du sacrement de pénitence avec l’altrition. — En ce qui concerne la reviviscence de la pénitence elle-même, la question ne peut se poser : jamais le sacrement de pénitence ne sera valide avec un obstacle formel à sa fructuosité. En ce qui concerne les sacrements des vivants, la règle posée est d’une évidence qui se passe de commentaire : le sacrilège qui a été commis en recevant le sacrement en de si fâcheuses dispositions doit être d’abord remis avant que puisse revivre le sacrement.

Une controverse théologique concerne la rémission du sacrilège commis en recevant le baptême d’une façon valide, mais indigne. Ce péché doit-il être soumis au pouvoir des clefs et remis par la pénitence, ou bien est-il effacé en vertu du baptême, dont la reviviscence serait assurée par la simple attrition ? Les deux opi nions ont leurs défenseurs. La première solution est de beaucoup la plus commune : tant de fictione quant de peccatis postea perpelralis est peenilentia imponenda, S. Bonaventure, In IV am Sent., dist. IV, part. I, a. 2, q. m ; Suarez, De baplisnto, disp. XXVIII, sect. v, Dico tertio ; Vasquez, op. cit., disp. CLX, c. ir, n. 18 sq. ; Salmanticenscs, De sacramento pxiiitentiiv, tract. VI, c. iv, n. 15 etc. Chez les auteurs contemporains : Van Noort, De sacramentis, t. i, n. 144 ; Hugon, Traclalus, t. iii, p. 104 ; Diekamp-Holïmann, Monnaie, t. iv, p. 08 ; De Smet, De sacramentis in commuai, de baplisnto et confirmalione, n. 248 ; etc. « Communissime affirmant », dit saint Alphonse de Liguori, qui cependant considère l’opinion opposée comme probable et admissible. Theologia moratis, t. VI, n. 87, 427, édition Gaudé, t. iii, p. 60, 422. Cf. J. Connell, op. cit., n. 80, p. 88-89.

V. UNE CONCLUSION PRATIQUE POUR L’ADMINISTRATION DES SACREMENTS SOUS CONDITION — Étant donné que les sacrements (sauf l’eucharistie) peuvent être à la fois valides et informes et revivre plus tard quand l’obstacle à leur fructuosité aura disparu, il faut bien se garder d’employer jamais la condition, autrefois indiquée dans nos vieux manuels de morale : si lu es dispositus, mais toujours celle-ci : si la es capax. Autre chose est la validité, autre chose la fructuosité du sacrement. La première formule, celle des dispositions, se référerait à la fructuosité, la seconde, celle de la capacité, à la validité seule. Il faut donc, en administrant le sacrement sous condition, réserver l’avenir et laisser au sujet la possibilité de le faire revivre, si la chose est nécessaire. Le cas est pratique surtout dans l’administration du sacrement d’extrêmeonction.

Sur tous ces points on consultera les manuels théologiques au chapitre de la reviviscence des sacrements. Nous indiquons plus spécialement : Billot, Ile sacramentis, l. I, th. VI ; Chr. I’eseh, Traclalus dogmaiici, t. vi, n. 314-316 ; I. épicier. De sacramentis in commuai, q. iii, a. 6, appendix iii, p. 136139 ; De baptismo et confwmatione, q. v, a. 10, p. 253-260 ; / '< gralia, q. cxiii, dissert, specialis, S, p. 358 sq. ; J. Connell, C. ss. r, .. De sacramentis F.cclesiæ, t. i, n. 78-81 ; de Smet, Ile sacramentis in génère, n. 86-89 ; 247-250 ; 391.

on lira également deux monographies instructives : A. 1 1 ; i > 1 1.- 1 1. (). 1'., De reuiviscentia sacramentorum fictione recedente, dans l’Angelicum, 1927, p..">1 sq., 293 sq.. 382 sep ; J.-B. Umberg, S..1., De reuiviscentia sacramentorum ratione

rei etsacramenti —, dans l’eriotlica de re morali, 1928, p. 17 sq.