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RESPECT HUMAIN
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ftdei negationem, contemptum religionis, injuriam Dei

vel scandalum proximi. Voir ici l’art. Profession de foi, t. xiii, col. 675-679.

3. Ces prescriptions générales et particulières sont fort raisonnables. — a) En effet celui qui, par crainte du sentiment des témoins, ne professe pas sa foi se diminue moralement, parce qu’il se renie dans son esprit, dans son cœur et sa volonté. C’est une diminution intellectuelle, car le sujet agit à rencontre de ses connaissances personnelles, de ses croyances, de ses convictions, en un mot de sa foi religieuse. C’est aussi une faiblesse affective de sa part, car il fait fi de ses sentiments les plus profonds et de tout ce qu’il aime. Il fait en lin un mauvais usage de sa liberté, car au lieu de choisir ce qui est pour son bien moral, il disperse ses efforts dans un sens opposé. C’est donc un amoindrissement de toute sa personnalité, un reniement pratique, un acte peccamineux. Au lieu de demeurer fidèle à ses devoirs religieux, le sujet se détourne du souverain bien et ne considère plus que son intérêt humain et sa tranquillité personnelle. Celui, d’ailleurs, qui cède fréquemment au respect humain s’expose au danger de perdre la foi. La pratique extérieure de la religion est une protection pour l’assentiment intérieur ; la crainte de paraître chrétien au dehors amène à la longue une atonie de la vie religieuse, avec sa conséquence presque fatale : le doute, d’abord timidement admis, puis s’installant à demeure et minant l’assentiment donné à l’ensemble des vérités enseignées par l'Église.

b) Cette lâcheté est d’autant plus coupable qu’elle est parfois susceptible d’occasionner un scandale et de faire tomber dans le péché les âmes faibles qui pourraient être témoins de l’acte positif ou négatif inspiré par le respect humain.

Le respect humain est aussi un manquement à l’endroit de la société spirituelle dont on fait partie. L’unité extérieure de l'Église n’est-elle pas compromise par celui qui n’ose affirmer pratiquement ses convictions"? Son rayonnement extérieur en tout cas en est sérieusement empêché. Au lieu de la contagion bienfaisante de l’exemple, on voit se produire le phénomène inverse : la lâcheté de quelques-uns gagne de proche en proche et finit par atteindre la masse ; le pusillus grex tend encore à s’amenuiser.

c) Enfin, le respect humain est un acte d’irrévérence à l'égard de Dieu du fait que l’opinion humaine est préférée au jugement divin du maître de toutes choses ; voir S. Thomas. Sum. theol., U*-Uæ, q. ni, a. 2. L’honneur dû à Dieu exige, à coup sûr, que la profession du christianisme soit à certains moments non seulement privée, mais aussi publique, quels que soient k’s périls qui pourraient menacer celui qui demeure extérieurement fidèle à ses convictions et à ses pratiques religieuses. De ce chef, les hésitations, les ambiguïtés ne sont pas tolérables, surtout lorsqu’il s’agit de s’affirmer devant le pouvoir établi, ("est pourquoi, parmi les propositions laxistes condamnées par le pape Innocent XI en date du 2 mars 1679, figure la suivante : 1 H. Si a potestate publica quis interrogetur, fidem ingenuo conftteri ut Dca et ftdei gloriosum annula ; lacère ut peccaminosum per se. non damna. Denz.-Bannw., n. 1168. Ce qu’il faut faire devant l’autorité publique, qui n’a aucun droit sur la conscience de ses sujet s, il importe aussi, bien qu'à un degré moindre, de le pratiquer lorsqu’il s’agit seulement de manifester sa foi en dépit de l’opinion publique, des risées, des critiques possibles.

2° Pichet commis pur respect humain. - La disposition malsaine que nous appelons le respect humain peut amener soit à des omissions, soit à des actions peccamineuses.

C’est le plus souvent à des omissions qu’elle entraîne. En des contrées, par exemple, où l’ensemble de la popu lation est peu fervente, tel chrétien venu de pays où la religion est couramment pratiquée et qui pratiquait lui-même, abandonne, par respect humain, ses devoirs religieux, ceux du moins qui sont extérieurs. Par respect humain il négligera l’assistance, tout au moins l’assistance régulière aux offices dominicaux, la communion pascale elle-même. Il évitera les signes extérieurs de respect à l’endroit des choses ou des cérémonies saintes, etc., etc. Nous avons vu plus haut la S. C. de la Propagande condamner sévèrement des omissions du même genre.

La gravité de ces fautes d’omission se mesure évidemment à la gravité du précepte qui commande l’accomplissement de ces actes. Il est bien difficile d’affirmer que le respect humain ajoute ici une malice spéciale au péché d’omission. Il est utile néanmoins au confesseur de savoir si l’omission de tel ou tel acte religieux prescrit sub gravi a pour origine le mépris des choses saintes, la simple indifférence ou le respect humain. Il peut de la sorte donner au pénitent les conseils appropriés.

Le respect humain peut entraîner d’autre part à commettre des actes peccamineux. Sans parler de la violation du précepte de l’abstinence ecclésiastique, par exemple (qui peut rentrer aisément dans la catégorie précédente), il arrive que, par respect humain, on s’associe plus ou moins timidement à des conversations anti-religieuses, qui peuvent dégénérer en des railleries, voire en des blasphèmes contre la religion ; il arrive que l’on s’affilie, sous des prétextes divers, à des sociétés ou groupements dont l’esprit antichrétien est bien connu et a été expressément signalé par l’autorité ecclésiastique ; il arrive que l’on essaie de se faire pardonner, par cette abdication, les convictions intérieures que l’on entend garder.

Ici encore la gravité de la faute commise se mesurera à la gravité du précepte contre lequel s'élève l’acte posé. Il va de soi qu’une raillerie légère contre la religion, prononcée pour se faire pardonner son christianisme, est beaucoup moins grave qu’un blasphème, à plus forte raison qu’un acte extérieur d’apostasie. De même est-il difficile de décider si l’acte ainsi posé revêt une malice spéciale et s’il est nécessaire d’accuser en confession cette circonstance. Au contraire il semble que, en bien des cas, la responsabilité de celui qui a commis l’acte délictueux par respect humain soit de ce chef atténuée par la gravité plus ou moins considérable de la crainte ressentie. A l'âge des persécutions, l’Eglise a su faire, le départ entre les chrétiens qui s'étaient précipités avec empressement vers l’apostasie et ceux qui n’avaient cédé qu’aux menaces ou même à un commencement d’exécution. Positis ponendis on devra faire la même discrimination entre les fautes commises en suite de cette crainte lâche qui s’appelle le respect humain. Mais il demeure certain que, sous aucun prétexte, il n’est permis de poser, par peur des hommes, des actes positifs contraires à la loi divine : quelles qn’aient été les circonstances al ténu an tes qu’elle accordait aux chrétiens qui s'étaient rendus coupables par crainte d’actes extérieurs d’idolâtrie, l'Église les a toujours considérés comme des lapsi et sa discipline primitive était fort sévère à leur endroit.

Au contraire certaines circonstances de temps et de lieu peuvent autoriser un catholique à omettre certaines pratiques prescrites par la loi ecclésiastique. Si l’on n’est jamais autorisé à renier ses convictions par des actes positifs, on n’est pas toujours obligé de les afficher. Il est même des cas où la jactance, la forfanterie. le désir de poser sont plus néfastes qu’utiles à la cause que l’on sert. Les anciens auteurs de morale traitent généralement de cette question à propos des causes qui dispensent de l’observation de la loi ecclésiastique rclative â l’abstinence. Si, disent-ils, un catholique est de