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    1. QUESNEL##


QUESNEL. DISCUSSIONS AUTOUR DE LA BULLE

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exposer ses plaintes : « Tout ce qui a paru jusqu’à présent des Aetes de l’assemblée est fait de telle manière qu’on dirait qu’ils ne se soient pas tant assemblés pour recevoir notre constitution que pour mettre des bornes à l’autorité du Siège apostolique, ou plutôt à l’anéantir… Ce qui fait le sujet de nos plaintes est une doctrine nouvelle… qui ferait le triomphe du jansénisme, aussi bien que du quiétisnie, et même de toutes les hérésies qui pourront naître à l’avenir… La dernière assemblée s’est éloignée de la doctrine ancienne et si louable de l’Église gallicane, et même de la doctrine que tinrent les évêques de France, pour recevoir et exécuter, avec l’obéissance qu’ils devaient, les constitutions d’Innocent X et d’Alexandre VII… » Clément XI reproche aux évêques d’avoir « eu la hardiesse d’usurper la plénitude (le puissance que Dieu n’a donnée qu’à cette unique chaire de saint Pierre » cl il rappelle qu’ils « doivent se contenter de cette portion de la sollicitude pastorale qui leur a été donnée dans l’Église et qu’ils apprennent à révérer et à exécuter les décrets du Saint-Siège touchant la foi catholique, loin d’avoir la présomption de les examiner et d’en juger ». Le pape envoya une lettre semblable aux évêques de l’assemblée et chargea le nouveau nonce, Cusani, qui remplaçait Gualterii, de présenter au roi les plaintes du Saint-Siège. Cusani hésita quelque temps à remplir cette mission délicate. Le roi déclara qu’il ne pouvait recevoir ces brefs, ou que, s’il les recevait, il ne pouvait se dispenser de les renvoyer au Parlement, ce qui serait l’occasion de nouveaux troubles. Mais des copies en circulèrent, en avril 1707, par les soins des jansénistes, à ce que l’on prétendit à Rome. Aussitôt, les gens du roi rendirent un arrêt, mais à huis clos, sur les ordres du roi. Pour répondre aux lettres du pape et aux instructions données, le 30 novembre 1706, au nonce par le cardinal Paulucci (Hist. du cas de conscience, t. vii, p. 1118-189), le roi prit la décision de faire enseigner et soutenir de nouveau, dans les écoles de théologie, la doctrine de l’assemblée de 1682, sur laquelle on gardait le silence depuis longtemps par considération pour les deux derniers papes. Ibid., p. 162. Les jansénistes noient discrètement que le cardinal de Noailles, avec le consentement du roi et des évêques qui avaient siégé avec lui à l’assemblée de 1705, signèrent, le 10 mars 1710, une lettre d’explication qui vaut la peine d’être rapportée (Procès-verbaux de 170ï. p. 311-312) et que VHisloire du cas de conscience, t. VII, p. 154-172, a accompagnée de nombreuses réflexions. Pour éviter les mauvaises interprétations des novateurs, « qui abusent de tout », ils veulent expliquer la véritable intention de l’assemblée de 1705 : « 1. Elle a prétendu recevoir cette constitution dans la même forme et dans les mêmes maximes que les autres bulles contre le livre de Jansénius ont été reçues. 2. Quand elle a dit que les constitutions des papes obligent toute l’Église lorsqu’elles ont été acceptées par le corps des pasteurs, elle n’a point voulu établir qu’il soil nécessaire que l’acceptation du corps des pasteurs soil solennelle pour que de semblables constitutions soient des règles du sentiment des fidèles. 3. Elle est très persuadée qu’il ne manque aux constitutions contre Jansénius, aucune des conditions nécessaires pour obliger toute l’Église, cl nous croyons qu’elle aurait eu le même seul iment sur les bulles contre Baïus, contre Molinos et contre le livre de M. l’archevêque de Cambrai intitulé Maximes des maints, s’il en eût été mention. I. Enfin elle n’a point prétendu que les assemblées du clergé’aient droit d’examiner les jugements dogmatiques des papes pour s’en rendre les juges et s’élever en tribunal supérieur. » Fénelon, que M. Albert Le Roy, selon sa coutume, présente comme un adversaire acharné de Noailles cl de l’assemblée, plaida en fait la cause de l’assemblée.

Au moment même où il attaquait l’évêque de Saint-Pons, qui ergotait en faveur du silence respectueux, Fénelon écrivait au cardinal Gabrielli pour lui dire que quelques évêques assemblés en concile provincial n’avaient certainement pas cru avoir le droit d’examiner une sentence portée par le Saint-Siège ; ils n’ont pas voulu autre chose que de prononcer une même sentence avec leur chef. Ils ne peuvent s’ériger en juges des décrets apostoliques, mais ils sont juges de la foi et des erreurs qui la combattent, et, lorsqu’ils adhèrent avec soumission et obéissance aux décrets du Saint-Siège, lors même que cette adhésion est pour eux un devoir, c’est comme juges qu’ils la prononcent conjointement avec leur chef ». Ici, Fénelon semble redire ce qu’avait proclamé un concile provincial de Reims en 1699 : l’adhésion des évêques au jugement de Rome est tout ensemble et un acte d’obéissance envers ce siège et un acte d’autorité cl de jugement sous l’autorité principale de ce même siège ». Dans une lettre au cardinal Fabroni, l’archevêque disait que « si les évêques de l’assemblée avaient tant insisté sur l’unanimité du corps des pasteurs, c’était afin de couper court aux artifices des jansénistes, qui cherchaient toujours à faire croire qu’on ne voulait autre chose que d’établir l’infaillibilité absolue des papes ». Le pape parut satisfait de cette explication puisque, dans une lettre au duc de Chevreuse, le 10 janvier 1710. Fénelon disait que le pape « lui avait fait témoigner qu’il le félicitait de ses vues pacifiques et conciliantes… »

Il faut ajouter que la bulle Yineam Domini fut pleinement approuvée par la faculté de Louvain. Dès le 13 mars 1703, cette [acuité avait porté un jugement détaillé sur le jansénisme et le silence respectueux, qu’elle avait formellement condamné ; elle exigea un acte de soumission complète de tous les docteurs cl déclara que désormais on n’admettrait à aucun grade avant la signature préalable du formulaire d’Alexandre VII, conformément aux déclarât ions de Clément XI. Cette démarche de la faculté de Louvain lui valut un bref du pape, en date du 12 décembre 1705. Hist. du cas de conscience, t. viii, p. 373-401.

En France, la bulle continua à soulever des oppositions : le bref du pape au roi, le 31 août 1706, ranima la vieille querelle des quatre articles de 1082 : un arrêt du Conseil du 15 décembre 1706 condamna un livre du P. Huilier, intitulé Pratique de ta mémoire artificielle, où ce jésuite (lisait que certains évêques avaient eu de la peine à obtenir les bulles pour les évêchés auxquels ils étaient nommés, parce qu’ils n’avaient pas rétracté les quatre articles. En 1707, H. Du Pin publia un Traité de la puissance ecclésiastique cl temporelle, où il s’applique à justifier les articles de la Déclaration du clergé. La même doctrine es1 exposée dans les six thèses que l’Index du 26 octobre 1707 condamna. Hist. du cas de conscience, t. viii, recueil de pièces, p. 368-373. En maintes autres occasions. Home dut prolester contre les prétentions du clergé de France, qui affirmait la nécessité d’une acceptai ion solennelle du corps des pasteurs pour que les bulles pontificales eussent force de loi pour les fidèles ; une acceptation tacite ou le silence ne suffisait pas. car l’acceptation des évêques devait se faire par voie de jugement : telle est la thèse que l’on retrouve sans cesse dans les écrits de celle époque, malgré les déclarai ions contraires, signées par les douze archevêques cl évêques le 10 mars 1710.

L’Histoire ecclésiastique /In v 17/- siècle, d’E. Du Pin, ln-8°, l’aris, 1711, a réuni les principaux documents relatifs au cas de conscience, t. IV, p. 105-540.

XII. POUB ET CONTRE LA BULLE « VlNEAM D)MIM i. -- La publication de la bulle Yineam Domini et des