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KKI.KUON i’VERTU DE) — RELIQUES

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l’on s’est très strictement tenu au concept de saint Thomas : 2. les actes par quoi nous offrons à Dieu quelque chose d’extérieur, c’est le cas des sacrifices, oblations, prémices, dîmes, q. lxxxv-lxxxvii, voir plus loin l’art. Sacrifice ; les vœux rentrent, jusqu'à un certain point, dans la même catégorie, q. lxxxviii, voirl’art. Vœux ; 3. dans ces divers actes l’homme offre à Dieu quelque chose dont il lui abandonne le domaine : en revanche en d’autres actes, religieux au premier chef, l’homme emploie à son usage quelque chose qui est plus spécialement à Dieu, de manière à communiquer à ses actes à lui un caractère plus sacré ; en un sens les sacrements réalisent jusqu'à un certain point ce concept, mais la Somme théologique se réserve de leur consacrer des développements spéciaux, dans la seconde moitiéde la III* ; reste à considérer ici l’emploi que fait l’homme du nom divin, soit dans le serment, q. lxxxix, voir plus loin son article, soit dans l’adjuration, q. xc, voir art. Adjuration, t. i, col. 400-101. Par un phénomène assez bizarre, saint Thomas traite enfin de la louange de Dieu, spécialement dans le chant ecclésiastique, dont on se serait attendu qu’elle fût traitée en même temps que la prière publique. C’est l’inconvénient de toutes les classifications.

Celle que propose Suarez est encore moins satisfaisante. Le traité n s’occupe des préceptes positifs relatifs au culte de Dieu : 1. I. oblations, dîmes, prémices ; t. II, jours consacrés à Dieu ; t. III, lieux sacrés. Séparé de celui-ci par un traité iii, sur les vices contraires à la religion, le traité iv discute avec abondance toutes les questions relatives à la prière, soit mentale, soit vocale, soit privée, soit publique : le traité v aborde la question du serment et de l’adjuration : c’est aux vœux qu’est réservé le très volumineux traité VI. C’est seulement après que Suarez aborde dans un ouvrage spécial qui ne comprend pas moins de deux gros volumes, la question de l'état de perfection et de religion.

IV. Actes et vices opposés a i, a vertu de religion. — Leur énumération achèvera de préciser, par contraste, la vertu à quoi ils s’opposent.

Fidèle à sa théorie, suivant laquelle la vertu morale (et la religion est telle) se tient entre deux extrêmes, saint Thomas distingue les actes dans lesquels la religion excède, ou, si l’on veut, dévie, ceux au contraire où elle fait défaut.

L’excès de religion c’est la superstition, au sens très large du mot, qui est d’ailleurs le sens étymologique ( super -stare). Après avoir traité en général de la superstition, q. xcii et q. xciii, pour faire comprendre ce que peut être l’excès de religion — le sentiment religieux s'égare sur des objets qui n’en sont pas dignes, ou bien il honore Dieu mais d’une manière qui ne convient pas saint Thomas étudie d’abord l’idolâtrie, où se révèle au mieux cette aberration du sentiment religieux, q. xciv, voir ici l’art. Idolâtrie, t. vii, col. 602-669. La divination, q. xcv, voir l’art. Divination, t. iv, col. 1 111-1 lf) : "), est au contraire la manifestation d’un sentiment religieux perverti qui, reconnaissant le souverain domaine de Dieu, cherche a plier jusqu'à un certain poinl celle puissance à nos fins propres par des moyens tout à fait disproportionnés. C’est aussi le cas des vaines observances. q. xcvi. dont il a été traité partiellement ici à l’art. Amulette, l. r, col. 1 121-1 125, et dont il sera plus amplement question à l’article SUPERSTITION. On aura remarqué que la magie, OÙ se réalise si nettement l’idée de contraindre la divinité, de captiver la puissance souveraine par îles procédés strictement extérieurs, est à peine étudiée par saint Thomas. Voir ici l’art. Magie, t. i. col. 1510 1550, et spéciale menl col. 1511. où est fait le départ entre vaine observance et magie. Suarez, et c’est un signe des temps, est beaucoup plus développé sur ces questions relatives a la

magie, auxquelles il consacre les c. xiv-xix du t. II, De superslitione et variis modis ejus, de son traité m. On pèche aussi contre la religion par défaut ; c’est l’irréligiosi té, en tendue dans le sens fort, comme étant le méprisdeDieuetnon pas seulement sa méconnaissance pratique. Al'époqueoùilécrivait, saint Thomas n’avait guère à s’occuper de cette dernière forme si courante aujourd’hui d’irréligiosité. Voir l’art. Indifférence religieuse, t. vii, col. 1580-1504. En fait de mépris de Dieu, il mentionne d’abord celui qui s’attaque à Dieu lui-même ; le fait de le tenter, q. xcvii, le fait de le prendre faussement à témoin dans le parjure, q. xcviii. Le blasphème, dont on s’attendrait à trouver ici l'étude, est rattaché par saint Thomas aux vices contraires à la foi ; aussi bien, consiste-t-il, d’après lui, à attribuer à Dieu ce qui ne lui convient pas, ou à lui retirer quelque chose qui lui convient ; c’est ce qui en fait une forme de l’infidélité. IIa-II æ, q. xiii, a. 1 et 3. Moindre est évidemment le mépris qui s’attaque aux choses sacrées et dont saint Thomas signale deux variétés : le sacrilège d’une part, q. xcix, la simonie de l’autre, q. c. Voir leurs articles respectifs.

Suarez a quelque peu transformé l’ordre de saint Thomas ; le trait. iii, De vitiis religioni contrariis et prseceptis negativis quibus prohibentur, s’ouvre par un I. I sur l’irréligiosité et ses espèces : la tentation de Dieu et le blasphème ; le 1. II traite de la superstition et de ses divers modes, idolâtrie, divination, magie ; le 1. III est consacré au sacrilège, qui est très rapidement traité ; par contre le canoniste qu’est Suarez se donne libre carrière dans le 1. IV consacré à la simonie et qui se déroule sur près de 500 pages.

Même en faisant abstraction de tout le droit canonique dont s’encombre chez ce dernier, et à un moindre degré chez saint Thomas, l'étude de plusieurs des problèmes relatifs à la religion, on voit combien ample est la matière qu’offrent aux méditations des modernes les théologiens de jadis. C’est en abordant ces divers aspects du sentiment religieux, de ses épanouissements légitimes, de ses contrefaçons, de ses aberrations aussi, qu’ils ont donné maintes réponses aux divers problèmes qui préoccupent les sociologues, les psychologues ou tout simplement les philosophes et même les honnêtes gens, tous ceux en un mot qui veulent tirer au clair ce phénomène humain qui s’appelle le phénomène religieux.

É. Amann.

RELIQUES. 1. Définition. IL Dans la Sainte Écriture (col. 2314). 111. A l'âge des persécutions (col. 231 8). IV. Après letriomphe de l'Église (col. 2330). Y. 1 (ans l'Église orientale (col. 2347). VI. En Occident, au Moyen Age (col. 2351). VII. Au temps du Concile de Trente (col. 23(>6). VII. A l'époque moderne (col. 2370). I. DÉFINITION. On appelle ainsi tout ce qui reste sur la terre d’un saint ou d’un bienheureux après sa mort.

1° Étyinologiquemenl, le mot reliquiæ du latin ecclésiastique, tout comme le mot grec "ksLix>at., signifie o restes > ; l’un et l’autre, avant d'être pris dans leur acception rituelle et technique, furent usités dans le langage courant ; ils désignaient tout ce qui peut subsister d’un tout matériel ou moral ; ainsi les Romains du temps de Néron disaient : ciborum reliquias, vitSS nostrte reliquias, e la Vulgate disait pareillement : Etdimiserunt reliquias suas parvulis suis, I>s. xvi, 14 ; ï'ulcranl reliquias, duodecim cophinos fragment orum plenos. Mat th., xiv, 20. Les auteurs de la Renaissance ont bien essayé de parler des reliques d’une armée », pour désigner simplement les bataillons qui avaient échappé a une défaite ; mais ces anachronismes de la langue savante se heurtèrent aux susceptibilités du langage chrétien el, en France, la langue populaire donnait, depuis le xii'e siècle, au mot « reliques » un sens tout ecclésiastique. Il est bien évident, par exemple, que,