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REGINALDUS — REGINON DE PRUM


du jésuite sous le titre : Petict traité de la manière de secourir le malade qui est aux abois et agonie de la mort.

Enfin Sommervogel et Hurter ajoutent à ces quatre œuvres de Reginaldus une Instructio brevis et dilucida ad usum sacramenti pœnilentiæ tum con/essario, tum psenitenli cum primis necessaria, Lyon, 1619 (Hurter) et Venise, 1619, in-12, 497 p. (Sommervogel). Faute d’avoir pu examiner l’ouvrage, nous ne saurions dire quel rapport exact il a avec les autres et si la rédaction en est originale.

Les œuvres de Reginaldus sont aujourd’hui bien oubliées. Ne serait-ce qu’au point de vue historique, elles méritent cependant quelque attention. Elles sont d’abord très représentatives d’un moment de la théologie morale : la casuistique, soit doctrinale, soit appliquée, y est présentée à sa place normale, et avec des caractères qui expliquent la faveur extraordinaire obtenue par elle en ce temps même, à savoir en connexion étroite avec le sacrement de pénitence. De plus il semble bien que, dans le développement de la discipline pénitentielle, les enseignements de Reginaldus aient exercé une réelle influence, en particulier dans notre pays. Tout au moins ses ouvrages, très répandus et très appréciés dans la première moitié du xviie siècle, témoignent de l'état où était cette discipline avant la réaction rigoriste que déterminèrent le jansénisme et les Provinciales.

Dans les Petites lettres, Reginaldus est moins attaqué que d’autres, Escobar ou Rauny par exemple ; il y est pris à partie cependant une vingtaine de fois, soit seul, soit en compagnie de divers casuistes. Pascal lui reproche en particulier la préférence donnée aux auteurs modernes sur les Pères (VIe Provinciale), — des solutions laxistes sur la défense de l’honneur, des biens terrestres et sur l’homicide (VIIe, viiie, xive Prov.), sur la restitution à imposer aux juges prévaricateurs (vme Prov.), — des facilités excessives données au pénitent dans la confession des circonstances ( Xe Prov.). Voir Œuvres de Pascal, éd. des Grands Écrivains, t. xi, Index des Provinciales, art. Regnault, p. 340 B, ou Provinciales, éd. Molinier, t. ii, Table, art. Reginaldus, p. 417 ; cf. dans l'éd. Maynard, 1851, surtout t. i, les notes p. 246, 319, 334 et t. ii, p. 15 et 165.

Nous ne discuterons pas en détail ces attaques de Pascal ; ce ne serait guère que sur l’homicide destiné à défendre l’honneur ou les biens que Reginaldus aurait à être rectifié. Il nous suffira, comme témoignage de sa sûre modération et de sa valeur pratique, de noter ce que saint François de Sales écrivait, en rééditant ses Avertissements aux confesseurs, composés sans doute vers 1603-1604, et dont l’influence fut considérable sur l'évolution de la pratique pénitentielle après le concile de Trente : « Le Père Valère Réginald, de la Compagnie de Jésus, lecteur en théologie à Dôle, a nouvellement mis en lumière un livre de la Prudence des confesseurs, qui sera grandement utile à ceux qui le liront. » Œuvres, éd. d’Annecy, t. xxiii, opuscules II, p. 295. Et, après saint François de Sales, saint Charles Borromée recommandait à ses prêtres la lecture de Reginaldus, en attendant que saint Alphonse le rangeât parmi les moralistes classiques ; cf. D’Annibale, Summula theol. mor., 5e éd., part. I, p. 4, note 38.

Sommervogel, Bibl. de la Comp. de Jésus, t. VI, col. 1591, art. Reginaldus ; Hurter, Nomenclator, 3e éd., 1907, t. iii, col. 894-89Ô ; Michaud, Biographie universelle, nouvelle éd., t. xxxv, art. Renaud, p. 405-406 ; Cordara, Htst. Soc. Jesu, p. 439 ; H. Fouqueray, IIist.de la Comp. de Jésus en France, t. iii, Paris, 1922, p. 560 ; Abram, L’université de Pont-àMousson, éd. Carayon, t. ii, p. 125-129.

R. Brouillard.

RÉGINON DE PRUM († 915), moine de la fin du ixe siècle, ainsi nommé du monastère de Prûm dont il a été quelque temps abbé.

On sait bien peu de choses sur ses premières années, et l’on ne peut même pas assurer qu’il soit né à Altrip (sur le Rhin, en aval de Spire), d’une famille noble, comme le veut une tradition postérieure. On ne sait non plus à quelle date il entra au couvent de Priim, dans l’Eifel. Il y était depuis un certain temps sans doute, quand les Normands, en 892, y firent irruption, massacrant ou emmenant prisonniers les moines et les serviteurs qui n’avaient pas eu le temps de se sauver. A la suite de ces événements, que Réginon raconte dans sa Chronique, l’abbé Farabert, avec la permission du roi de Germanie, Arnulf, donna sa démission. Réginon fut élu pour le remplacer par la communauté reconstituée. Mais il se heurta bientôt à une très vive opposition, entretenue de l’extérieur par deux puissants seigneurs, qui voulaient mettre leur frère, Richer, à la tête de l’abbaye. Réginon céda et, en 899, se retira à Trêves, où l’archevêque Ratbod lui confia la direction du couvent de Saint-Martin. Il y vécut dans le silence et la retraite, occupé à la composition de ses ouvrages. Il mourut en 915, comme il ressort de l’inscription de son tombeau, découverte en 1581 dans l'église du couvent de Saint-Maximin.

Réginon a laissé trois ouvrages qui, chacun en son genre, sont de grande importance. Le De harmonica institutione, dédié à l’archevêque Ratbod, est précieux pour l’histoire de la musique d'Église. C’est la préface mise par Réginon à une correction qu’il avait faite de l’antiphonaire de Trêves ; il avait marqué, pour les diverses pièces, en quel ton elles étaient écrites et modifié, d’après les règles de la mélodie, les indications fournies par l’exemplaire en usage dans la cathédrale. La préface est destinée à justifier ses interventions. Elle n’est pas très originale et l’auteur a pris de toutes mains chez ses prédécesseurs. Plus important est le Tonarius lui-même, qui a été publié en fac-similé.

L’ouvrage intitulé De synodalibus causis et disciplinis ecclesiasticis a un tout autre intérêt pour le théologien, encore qu’il soit essentiellement un recueil canonique. Composé à la demande de Ratbod, il est dédié à l’archevêque de Mayence Hatton, le vrai chef de l'Église germanique, qui, pour lors, était régent du royaume, au nom de Louis l’Enfant (Arnulf était mort à la fin de 899). L’ouvrage avait pour but de faciliter le fonctionnement d’une institution qui s'était établie depuis quelque temps dans les pays rhénans. Au cours de sa visite régulière dans le diocèse, l'évêque tenait, dans les différents endroits, des réunions ou synodes, auprès desquelles il devait se renseigner sur le comportement des habitants et du clergé. Pour que rien n'échappât à la juridiction spirituelle, des » témoins synodaux » avaient été créés dans chaque localité importante, ecclésiastiques et laïques, chargés de dénoncer à l’autorité épiscopale les crimes, désordres, scandales ou simples négligences, arrivés dans leur ressort. Le recueil de Réginon permet à l'évêque ou à son représentant de s’acquitter aisément de l’enquête prévue. Le début du 1. I contient un modèle de questionnaire relatif au clergé et à la façon dont il remplit ses devoirs ; le début du 1. II un questionnaire analogue visant les laïques. Le corps de chacun des deux livres est formé par les prescriptions canoniques qui règlent ces diverses obligations et les sanctions prévues, soit au for externe, soit au for interne, contre les délinquants. C’est ainsi que le 1. I énumère successivement les règles relatives aux évêques, puis celles qui concernent les églises, leur consécration, leur dotation, leur entretien, leur restauration, les biens ecclésiastiques, les dîmes, les oblations des fidèles, le saintsacrifice, les sacrements de baptême et de confirmation. Viennent ensuite les règlements qui concernent la vie des prêtres, la continence que l’on exige d’eux, la pratique des autres vertus ; c’est à propos du zèle