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    1. RÉFORME##


RÉFORME. DOCTRINES, LE PURGATOIRE

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vin, de quelle hardiesse ils osent assurer que la confession de laquelle ils parlent soit de droit divin. De laquelle nous confessons bien que l’usage est très ancien, mais nous pouvons facilement prouver qu’il a premièrement été libre. Et de fait, leurs histoires récitent qu’il n’y en a eu aucune loi ou constitution avant le temps d’Innocent III. » Et Calvin est si animé contre le décret du concile du Latran, sous Innocent III, qu’il ne résiste pas au plaisir de rééditer contre ce décret « Omnis utriusque sexus… » la lourde et grossière plaisanterie de Luther : l'Église catholique est donc composée d’hermaphrodites ! Puis il réfute tous les textes allégués en faveur de la confession pratiquée dans l'Église. Aucun ne trouve grâce devant lui. Finalement, il n’approuve que la confession secrète faite à Dieu seul ou la confession publique très générale faite dans la liturgie. Il se rallie pourtant au sentiment de Zwingli et tolère la confession à titre de « consultation ». Mais il ajoute : « Telle forme de confession doit être en liberté, tellement que nul n’y soit contraint, mais seulement qu’on remontre à ceux qui en auront besoin qu’ils en usent comme une aide utile. »

Pour ce qui est de la confession au sens catholique, il lui fait trois reproches : 1. qu’on en fasse une obligation annuelle ; 2. qu’on y exige l’aveu de toutes les fautes mortelles ; 3. que l’on enseigne que même la charité parfaite ne remet pas les péchés sans le vœu de la confession.

Comme Zwingli il nie le pouvoir des clefs et le réduit à la prédication de l'Évangile. Le pouvoir de lier et de délier n’est autre que le pouvoir d’excommunication et de réconciliation, dont Calvin savait faire si grand usage. Il ne s’aperçoit pas que c’est justement de cette discipline ecclésiastique que sortit, par une évolution logique et providentielle, la pratique de la confession privée. (L’observation est de l’historien protestant Paul Wernle, Der euangelische Glaube, Calvin, Tubingue, 1919, p. 119).

Calvin n’est pas moins radical en ce qui concerne la satisfaction. Et d’abord, à la suite de Luther et Zwingli, il rejette la distinction des péchés véniels et mortels. Tous les péchés découlent également de la source corrompue de notre concupiscence. Ils sont donc tous également mortels. On ne doit appeler péchés véniels que ceux qui ne sont pas « imputés », c’est-à-dire ceux des élus.

Mais la coulpe et la peine sont inséparables. La foi qui remet la coulpe remet aussi la peine. Du même coup tombe la doctrine des indulgences. Calvin déverse au sujet de ces dernières un torrent d’injures contre l'Église. Les indulgences ne sont pour lui que « trafics, tromperies, larcins, rapacités, abominations ».

Enfin, l’absolution, qui n'était primitivement qu’un rite liturgique destiné à la réconciliation des excommuniés, n’a aucun caractère sacramentel, car elle ne contient aucune promesse fondée sur l'Écriture.

Cette même raison vaut au sujet de l’extrême-onction. Pas de promesse, pas de sacrement. L’extrêmeonction n’est qu’un pieux usage qui commémore le pouvoir de guérir conféré aux seuls apôtres et non à d’hypothétiques successeurs. Au surplus, le pouvoir d' « huiler » les malades est reconnu par saint Jacques aux « anciens » et non aux seuls prêtres.

4° Doctrine pénitentielle dans les « 3 !) Articles ». — La confession anglicane ayant réduit les sacrements à deux, il est clair qu’elle exclut la pénitence de ce nombre. Elle admet une discipline pénitentielle, au moyen de l’excommunication prononcée contre les pécheurs scandaleux et publics. Elle admet aussi la possibilité de péchés graves, même chez les régénérés. Elle s'éloigne nettement ici des théories luthériennes et calvinistes. Lisons en effet l’art. 16 : « Tout péché mortel commis volontairement après le baptême n’est pas un

péché contre le Saint-Esprit et irrémissible — ceci contre Luther et Calvin, pour qui il n’y a d’autre péché mortel, chez les régénérés que l’apostasie ou la perte de la foi. — C’est pourquoi le bienfait du repentir ne doit pas être refusé à ceux qui tombent dans le péché après le baptême. Après que nous avons reçu le Saint-Esprit, nous pouvons perdre la grâce et tomber dans le péché, et, par la grâce de Dieu, nous pouvons nous relever et amender notre vie. Et par conséquent il faut condamner ceux qui disent que nous ne pouvons plus pécher pendant notre vie ici-bas, ou ceux qui refusent le pardon à ceux qui se repentent sincèrement. » Et c’est tout. La confession anglicane est muette sur le mode du pardon. Comme il n’est nullement question de la confession, il est probable que l’on était disposé à la tolérer, si elle se maintenait d’ellemême, comme une pratique libre et non-sacramentelle, mais que l’on ne voulait rien faire [jour la conserver. Elle devait mourir de sa belle mort !

Et l’on retrouve ici cette même tendance déjà signalée à donner des solutions intermédiaires, d’ordre moral et pratique, sans s’engager dans les controverses et sans se soucier beaucoup des droits d’une impeccable logique.

5° Du purgatoire. - La question du purgatoire est liée à celle de la pénitence. C’est pour achever l’expiation des péchés commis après le baptême et par suite justiciables du pouvoir des clefs, que les fidèles doivent subir les peines du purgatoire. Et cependant Luther traitait du purgatoire à propos du caractère propitiatoire de la messe, plutôt qu'à l’occasion de la théorie pénitentielle. Dans son ouvrage sur L’Abus de la messe (1522), il s’objecte les nombreuses apparitions d'âmes réclamant des prières. Il ne nie pas le fait, mais il l’explique à sa façon : « Je puis dire en toute liberté que c’est sûrement là une opération diabolique. C’est ainsi que des esprits apparaissent, font du bruit, poussent des cris, se plaignent ou demandent du secours, alin de nous ravir à nous, chrétiens, le saint sacrement, pour le détourner à leurs friponneries, blasphèmes et moqueries. » Le démon n’a que trop bien vu que le meilleur moyen d’enlever l’eucharistie aux vivants c’est de leur faire croire qu’elle est surtout faite pour l’utilité des défunts I < C’est par là que les diseurs de messes se sont enrichis et ont attiré les biens de l’univers. »

Luther a donné sa pensée complète au sujet du purgatoire, dans les Articles de Smalkalde (1538) : « Avec les messes des morts, 1rs vigiles, les septièmes et les trentièmes jours, les anniversaires, les octaves des morts, les commémoraisons de tous les défunts, on a fait autour du purgatoire un véritable commerce. On aurait dit que la messe ne servait plus qu’aux morts. Et pourtant le Christ a institué son sacrement pour les vivants. C’est pourquoi le purgatoire, avec toute sa pompe, ses services et son négoce, doit être considéré comme une simple fantasmagorie du démon. Il va en effet contre cet article principal que seul le Christ, et non les œuvres humaines, peut servir les âmes. »

L'Écriture ne parle pas du purgatoire. Or « il faut la parole de Dieu pour établir un article de foi, autrement personne, pas même un ange, n’y peut rien ».

Mais ce qui excite par-dessus tout la colère de Luther, c’est que c’est cette invention du purgatoire qui a servi aux papes pour étendre leur pouvoir, au moyen de la vente des indulgences et des jubilés !

Zwingli avait rejeté de même la doctrine du purgatoire, dans ses thèses de janvier 1523, en ces termes : « L'Écriture Sainte ne connaît point de purgatoire après cette vie. Le jugement des défunts n’est connu que de Dieu. Moins Dieu nous révèle de choses à ce sujet, moins nous devons nous y aventurer. Si, par