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    1. QUESNEL##


QUESNEL. LES DERNIERS TEMPS DWRNAULD

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([('rendit aux religieuses de recevoir des novices tanl qu’elles seraient cinquante professes de chœur. Voir les détails pittoresques dans Sainte-Beuve, op. cit., t. v. p. 1(12-177, et Mlle Gazier, op. cit., p. 329-335. L’archevêque dit à l’abbesse : - Le roi ne veut point de ralliement : un corps sans tête est toujours dangereux dans un État ; il veul dissiper cela et qu’on n’entende plus toujours dire : "(les messieurs, ces meso sieurs de Port-Royal… "("était cette république de Port -Royal qu’on voulait supprimer. » Tous les grands amis de Port-Royal devaient s'éloigner. Arnauld avait déjà reçu l’ordre de quitter le faubourg Saint-Germain, OÙ on l’accusait de tenir des réunions clandestines ; en quelques semaines, il changea plusieurs lois de résidence et, enfin sur les conseils du duc de Montausier, il se décida à quitter définitivement la France, le 18 juin 1679. Les jansénistes regrettent qu’il ne se soit pas retiré à Home, où l’attendait le cardinalat (?) ; il se décida pour les Flandres. En même temps, M. de Pomponne, ami d’Amauld, secrétaire d'Étal des affaires étrangères, qui avait succédé à M. de Lionne, en 1671, fut disgracié, en novembre 1079. parce que le roi était mécontent de son opiniâtreté et de son inapplication (Sainte-Beuve, ibid., p. 198-109) et il fut remplacé par un frère de Colbert, M. de Croissy. Cette année 1079 fut décidément une année désastreuse pour Port-Royal et pour le jansénisme : le 15 avril, mort de la duchesse de Longueville, la grande protectrice des jansénistes ; le 9 mai, début de l’enquête faite à Port-Royal par ('officiai de Paris et, le 17 mai, visite de l’archevêque de Paris ; le 18 juin, départ d' Arnauld pour Bruxelles ; le 21 juillet, mort de Ruzanval, évoque de Beauvais et, le 24 août, mort du cardinal de Retz, tous deux très favorables à Port-Royal, enfin, en novembre, disgrâce de Pomponne. C'était vraiment la série noire. Désormais, Port-Royal vit dans la crainte et dans l’appréhension, jusqu'à la destruction finale. Il y a quelque moment d’accalmie lorsque, par exemple, M. Le Tourneux, vrai successeur de Singlin et de Saci, est envoyé comme confesseur des religieuses (oct. 1681) et lorsque la .Mère Angélique est réélue abbesse ; mais le calme es1 très passager, et l’on sent que Port -Royal va disparaître, car il meurt chaque jour.

IV. Le ROLE d’Arnauld. — 1° L’affaire du « Nouveau Testament de Mons » (1667-1(588). — Durant la période qui précéda et suivit la paix de Clément IX, le grand Arnauld tient le premier rôle dans l’histoire du jansénisme. D’abord, il parut tourner toute son activité contre le calvinisme, de concert avec son ami Nicole, Mais cependant, même à cette époque, il continua à prendre la défense du Nouveau Testament imprimé à Mons, qui, on le sait, contribua beaucoup à la propagande du jansénisme. Commencée en 1654 par Lemaistre de Saci. avec la collaboration d’Antoine Le Maitre, d’Arnauld et de Nicole, l'œuvre parut en avril 1667, imprimée à Amsterdam, sous le nom d’un libraire de Mons, avec privilège du roi d’Espagne et l’approbation d’un docteur de Louvain et de deux évêques des Pays-Bas espagnols. Elle avait pour titre ; Le Nouveau Testament de Notre-Seigneur Jésus-Christ, traduit en français, selon l'édition vulgate, avec les différences du arec, 1667, 2 vol. in-8°. L'écrit eut un très grand succès : « Avoir sur sa table et dans sa ruelle ce Nouveau Testament, élégamment traduit, élégamment imprimé, fut alors le genre spirituel suprême », écril Sainte-Beuve ; mais il souleva aussitôt de violentes polémiques. Péréflxe, l’archevêque de Paris, défendil de le lire ; Arnauld prit sa défense contre les sermons du P. Maimbourg, en octobre 1667, et il noie les Abus et nullités de l’ordonnance subreplice de M. l’archevêque de Paris du t8 novembre 1667, par laquelle l’archevêque défendait de lire et de débiter

cette traduction (1668), et cela malgré l’arrêt du Conseil du 22 novembre 1667, qui défendait d’imprimer cette traduction dans le royaume, lui juin 1668, Arnauld défendit de nouveau la traduction contre la seconde ordonnance de l’archevêque de Paris (20 avril 1668), dans laquelle le prélat disait que cette traduction « favorisait les erreurs des ministres de Genève et renouvelait celles de Jansénius ». Un décret de Rome, 20 avril 1668, condamnait la traduction de Mons, tandis que le P. Annat, dans ses Remarques sur la conduite qu’ont tenue les jansénistes dans l’impression et la publication du Nouveau Testament de Mons, contestait l’authenticité des approbations épiscopales données à cet ouvrage. Arnauld répliqua par une Réponse aux Remarques du P. Annal (15 juill. 1668) ; il publia un Mémoire, sur le bref du pape et deux Réponses aux Lettres d’un docteur en théologie, dans lesquelles le P. Annat avait voulu « singer les Lettres provinciales ». D’autre part, l'évêque d'Évreux et les archevêques de Reims et d’Lmbrun avaient condamné la traduction. La paix de Clément IX arrêta un instant les polémiques, mais celles-ci reprirent bientôt, même avant la rupture de la trêve et le départ d’Arnauld dans les Pays-Bas. D’après Sainte-Beuve, Péréflxe désigna Bossuet comme censeur de la version de Mons, et celui-ci se contenta de critiquer le style et la forme qui étaient trop recherchés ; d’ailleurs, l’archevêque mourut le l, r janvier 1671, et les discussions recommencèrent.

En 1676, un docteur de Sorbonne, Charles Mallet, dans l'écrit intitulé Examen de quelques passages de la traduction française du Nouveau Testament, Rouen, 1676, in-12, critique la traduction de divers passages relatifs à la prédestination, à la liberté et à la grâce. Deux écrits anonymes attaquèrent l’ouvrage de Mallet : Lettre d’un ecclésiastique à une dame de qualité et Préjugés contre le livre intitulé : « Examen de quelques passages ». Arnauld, qui voulait « respecter la paix de Clément IX », garda d’abord le silence, mais, sur les conseils de quelques amis, il fit une requête au roi pour lui demander la permission de répondre aux attaques de Mallet, et il se mit à l'œuvre ; mais on lui fit remarquer qu’il serait imprudent de publier un écrit sur un sujet si délicat. Il avait rédigé le travail, qu’il emporta avec lui lorsqu’il quitta la France en 1679. L'écrit parut en 1680, sous le titre : Nouvelle défense de la traduction du Nouveau Testament, contre, le livre de M. Mallet, docteur de Sorbonne et chanoine archidiacre de Rouen, Cologne, 1680, in-8° et in-12, avec une préface datée du 10 août 1679. SainteBeuve, op. cit., t. v, p. 291-298.

Arnauld, réfugié à Bruxelles, poursuivit la lutte contre Mallet, sur un sujet plus général et qui eut une grande importance dans la seconde phase du jansénisme. Mallet avait publié un écrit intitulé : Traité de l'Écriture sainte en langue vulgaire, Rouen, 1679, in-12 ; il y déclare que la lecture de l'Écriture sainte en langue vulgaire ne peut être permise que sous certaines conditions, à cause des dangers qu’elle peut présenter pour des esprits mal préparés. Aussitôt Arnauld écrivit à son ami, l'évoque de Castorie, Neereaslel, pour lui demander de dénoncer cet écrit, et lui-même composa une réponse, sous le titre : De. In lecture de V Écriture soi nie contre les paradoxes exlravagants ri impics du sieur Mallet, dans son livre « De la lecture de l'Écriture sainte », 1680, 1681, 1682, in-12. Arnauld veut y montrer que la thèse de Mallet est en opposition absolue avec les sentiments des Pères ; sa réponse fut complétée par un nouvel écrit dont parle Arnauld dans une lettre du 13 janvier 1681 : Jugement d’un théologien sur un livre intitule : Recueil de divers ailleurs qui ont condamné les versions de /' Écriture sainte en langue vulgaire ». Lui-même avait publié une