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    1. QUESNEL##


QUESNEL. APRÈS LA PAIX DE CLÉMENT IX

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s’applique à justifier Arnauld des attaques dont il fut la victime, à la suite des assemblées du clergé de 1654 et de 1656, qui axaient condamné plusieurs propositions sur la grâce efficace et la possibilité d’observer les commandements de Dieu ; les thèses d’Arnauld s’appuient toujours sur saint Augustin et sur saint Thomas. Quesnel reprit la défense de son maître dans un écrit intitulé Justification de M. Arnauld, docteur de la maison de Sorbonne, contre la censure d’une partie de la faculté de théologie de Paris, ou Recueil des écrits français sur ce sujet, Liège, 1702, 3 vol. in-12. Le 1. i comprend les écrits composés par M. Arnauld lui-même : ce sont trente écrits différents, dont le premier est une lettre au pape Alexandre VII, pour lui présenter sa « seconde lettre à un duc et pair », 27 août 1655. Il y a un abrégé de la vie de M. Arnauld et la défense de sa proposition contre la censure de la faculté, avec la réfutation des faussetés avancées par M. Dumas dans son Histoire des cinq propositions. Dans les deux autres volumes, il y a un recueil des écrits français composés, au sujet de la censure de la faculté de Paris, soit par Arnauld, soit par d’autres théologiens. Parmi ces écrits, il y a la Défense de la proposition de M. Arnauld touchant le. droit ; une Réponse d’un docteur de théologie à un docteur et professeur de Sorbonne, contenant un éclaircissement de plusieurs passages de saint Augustin, de saint Prosper et saint Fulgence sur le pouvoir prochain ; un Éclaircissement sur cette, question : Si un docteur ou un bachelier peut, en sûreté de conscience, souscrire à une censure qui condamne comme hérétique et comme impie une proposition qu’il sait véritable et traiter comme criminelle une pensée qu’il croit innocente. Quesnel, qui a composé le premier volume, n’a fait que recueillir et grouper les textes réunis dans les deux autres.

Désormais, les ouvrages de Quesnel sont tellement mêlés aux discussions du jour qu’il est préférable de les noter et de les analyser dans l’histoire du quesnellisme ; il suffira de signaler ici quelques libelles et brochures de circonstance publiés par Quesnel de 1693 à 1700. Ce sont : Le roman séditieux du nestorianisme renaissant, convaincu de calomnie et d’extravagance, s. 1., 1693, in-4° ; cet ouvrage est dirigé contre les jésuites ; Remontrances à Mgr l’archevêque île Matines sur son décret contre le livre de « La fréquente communion », 1095 ; Mémorial touchant les accusations de jansénisme, de rigorisme et de nouveauté, 1696 ; Défense des deux brefs de.V. S. P. le pape Innocent XII, 1007 ; Lettre à M. Steyært, pour servir de supplément à la défense des deux brefs, 1697 ; différents écrits sur L’intrusion des jésuites dans le séminaire de Liège, 1008 ; La foi et l’innocence du clergé de Hollande, 1700 ; Le P. Bonhours convaincu de calomnies, 1700.

1 1 1. Le jansénisme après i, a paix de Clément IX. — La paix de Clément IX, en 1669 (voir à l’art. Jansénisme, t. viii, col. 518 sq.) ne fut et ne pouvait être qu’une paix boiteuse, fondée sur des équivoques ; le Formulaire imposé était tellement imprécis que les jansénistes purent le souscrire sans rien abandonner de leurs opinions ; les partisans de Jansénius et d' Arnauld pensaient rester fidèles à leur signature tout en défendant les idées de Jansénius et en réservant la question de fait. La tour romaine ttait satisfaite, et les jansu nistes déclaraient n’avoir accordé que ce qu’ils avaient toujours offert. Un écrit anonyme, publié en 1700, indique bien, ce semble, la position des jansénistes. Il a pour titre : La paix de Clément IX ou démonstration des deux faussetés capitales avancées dans l’Histoire des ci nq propositions contre la foi des disciples île saint Augustin et la sincérité des quatre évêques, avec l’histoire de leur accommodement et plusieurs pièces justificatives et historiques, Chambéry, 1700. in-12. Dans une longue préface, l' auteur affirme

que c*est en parfaite connaissance de cause que Clément IX leur avait accordé la paix. Ce pape savait que les disciples de saint Augustin n’avaient jamais soutenu les cinq fameuses propositions, ni avant ni après la constitution d’Innocent X, et les évoques avaient été de bonne foi. dans l’accommodement fait eu 1068, au sujet du formulaire.

Cette paix fournit même à certains, en particulier à Quesnel, l’occasion de rétracter des démarches [dus positives qu’ils avaient déjà faites. Dans une lettre datée du jour de saint Augustin 1673, Quesnel écrit : o Je révoque, je rétracte et je veux être tenue pour nulle et de nulle valeur la souscription que j’ai faite de la censure de M. Arnauld… Quant à la souscription des bulles de XX. SS. PP. les papes Innocent X et Alexandre VII…, je ne la rétracte point pour ce que je regarde la question de droit…, mais pour ce que je regarde la question de fait, selon laquelle on attribue à feu M. l'évêque d’Ypres les cinq propositions dans leur sens hérétique et condamné. J’ai une bien grande douleur d’avoir souscrit le Formulaire et d’avoir paru, en le souscrivant, reconnaître et assurer que M. d’Ypres a soutenu la doctrine hérétique des cinq propositions. « Pour rendre la paix durable, écrit M. Gazier, Histoire du mouvement janséniste, t. i, p. 186, il aurait fallu abolir la signature du Formulaire », et Clément IX allait sans doute agir en conséquence, lorsqu’il mourut prématurément, le 9 décembre 160)9. Aussitôt, Louis XIV envoya comme ambassadeur le duc de Chaulnes, pour veiller, durant le conclave, aux affaires de la couronne et régler définitivement la paix de Clément IX. Le roi et de M. de Lionne chargèrent l’ambassadeur de demander au nouveau pape « la suppression du Formulaire par un bref de douze lignes aux évêques de France ». Lionne au duc de Chaulnes, 17 janv. 1670, et le roi au même, 7 mars.

Le cardinal Albani fut élu le 29 avril et prit le nom de Clément X voulant sans doute indiquer ainsi son désir de continuer l'œuvre de son prédécesseur. Le duc de Chaulnes communiqua les demandes du roi dans sa lettre du 7 juin 1670 ; mais le pape demanda le temps de réfléchir. Après le départ du duc, en juin 1670, l’abbé de Bourlemont, chargé d’affaires, poursuivit les négociations, mais Lionne lui écrivit, dès le 4 juillet, qu’il ne fallait pas demander la suppression du Formulaire au nom du roi (le roi confirma cet ordre dans une lettre du Il juillet). C'était dire qu’on ne souhaitait pas fort cette suppression : aussi IJourlemont écrivait, le 29 juillet, que la commission nommée pour examiner la question du Formulaire n’avait pas encore délibéré sur ce sujet et il insinuait qu’elle prendrait son temps. Lionne mourut en septembre 1671 et fut remplacé par le marquis de Pomponne, qui continua son œuvre, mais il fut contrecarré par le P. Ferrier, jésuite, qui avait succédé au P. Annat, mort le 14 juin 1670, et par Harlay de Champvallon, devenu archevêque de Paris aprè^ la mort de Péréfixe (1 er déc. 1671) et qui parut alors changé de sentiments touchant le Formulaire. Enfin après la mort de Ferrier en octobre 1674, parut le P. La Chaise, celui que les historiens jansénistes regardent comme leur grand adversaire auprès du roi.

Vialart, évêquede Châlons, qui avait participé d’une manière si active à la conclusion de la paix de Clément IX, publia, le 15 décembre 1674, une déclaration sur l’affaire de la paix de l'Église et sur la déclaration du I décembre 1668, signée par Arnauld et par luimême ; cela pouvait soulever des discussions, mais bientôt une grave imprudence, commise par Henri Arnauld, évêque d’Angers, vint tout compromet tic. Une ordonnance de cet évêque (1 mai 1676) défend à l’université, sous peine de suspense encourue par le fait même, d’exiger le serment sur les cinq propositions