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complète, arl. cit., p. 105-108. Il débute : Quia secundum Augustinwn, VI Confessionum, c. v, ad inveniendam siquidem veritatem, opus erit nobis auctorilas sacrarum Scripturarum, in quibus traclatur specialiler de cognilione ullimi finis, ideo quwro primo de isla cognitione et Scriplura tria secundum ordinem ; il finit : Non autem dicil quod verbum est amor et nolilia, fol. 279 r°. Ce manuscrit, d’après E. Longpré, remonte à la première moitié du xiie siècle et semble d’origine anglaise. Rien que jusqu’ici une minime partie du Commentaire sur le premier livre des Sentences ait seule été retrouvée, il résulte cependant des renvois que l’auteur fait dans les premières questions aux distinctions ultérieures, par exemple à la dist. XVIII (fol. 271 v°) et à la dist. XXXI (fol. 291 v°), qu’il a terminé ce commentaire. Que Jean de Rcading ait commenté les trois autres livres des Sentences, nous ne le pouvons point prouver avec certitude aussi longtemps que ce commentaire ne sera pas découvert. Nous pouvons toutefois affirmer qu’il a eu l’intention de commenter au moins le t. II, comme cela résulte des déclarations faites dans la partie retrouvée, telles : ut alias palebil, libro II (fol. 16 v°) et : sicut palebil libro II in maleria de individuatione (fol. 191 r° et 203 V).

Le manuscrit présente un intérêt tout spécial à cause des nombreuses notes marginales, en général de première main, qui s’y lisent, surtout au Prologue des Sentences. Grâce à ces précieuses indications, en effet, il nous est possible de déterminer les scolastiques que Jean de Reading approuve ou combat et de « reconstituer ainsi une page très intéressante de l’histoire philosophique et théologique de l'école franciscaine d’Oxford ». E. Longpré, arl. cit., p. 106. D’après ce même auteur, dans les Questions du Prologue des Sentences, dont il donne d’ailleurs la liste (arl. cil., p. 107), Jean de Rcading étudie avec grand oin « les problèmes les plus importants relatifs à la connaissance abstractive et intuitive, à la nature de la science, au rapport de la théologie et des sciences » et s’y oppose directement à Guillaume d’Oc am. Jean de Reading se montre dans son commentaire un disciple fidèle de Duns Scot, dont il fut d’ailleurs l’ami et dont il cite un grand nombre d’ouvrages : les Quæsliones in Melaphysicam, le De primo principio, l’Opus Cxonicnse, les Reportala Parisiensia et un Quodlibel, de sorte que ce commentaire présente un intérêt spécial pour la détermination de l’authenticité des œuvres du Docteur subtil. Ailleurs il fait appel à un texte du Prologue écrit de la main de Scot. Quant à la date de composition du commentaire sur le t. I, il résulte des indications trouvées dans la partie conservée que Jean de Reading doit l’avoir achevé pendant la période de son enseignement à Avignon. Les deux maîtres franciscains qui lui ont succédé à Oxford, Jean de Vorton et Richard de Drayton, y sont allégués longuement. Ensuite il y combat la tendance nominalisle de Guillaume d’Occam, dont les Questions sur les Sentences semblent avoir été rédigées entre 1318 et 1320. Enfin Gauthier de Catton, dont le Commentarius in lV m Sententiarum fut achevé peu après la bulle Ad conditorem de Jean XXII (6 décembre 1322), n’y est jamais cité, bien que, comme Jean de Reading, il s’attaquât au nominalisme naissant. De ces diverses données il est permis de conclure, avec E. Longpré, que la partie retrouvée du Commentaire sur tes Sentences de Jean de Reading fut rédigée entre 1310 et 1322.

Il faut probablement attribuer aussi à Jean de Reading les fragments de deux Quodlibela, dont le texte suit celui du Commentaire sur le I. I des Sentences dans le ms. cité de la bibliothèque nationale de Florence (fol. 282 r°-309 v°). Du premier Quodlitet

feraient partie les trois premières questions numérotées m, iv et v ainsi que le fragment d’une autre question (fol. 282 r°-303 v°), tandis que la dernière question qui s’y lit appartiendrait au deuxième Quodlibel (fol. 304 r°-309 v°). Les titres de ces questions sont pour le Quodlibel I, q. m : Utrum manente eodem actu beatifico cognilivo, possil variari nolilia cire.a obiecta secundaria (fol. 282 r° sq.) ; q. iv : Utrum proprietas consliluens primam personam in divinis sit formaliler absolula vel relaliva vel relalio (fol. 290 v° sq.) ; q. v : Utrum unio naturæ humanæ in Christo lerminetur ad naturam vel persenam (fol. 294 V-302 r°) ; suit alors le fragment d’une question, qui débute : Est actio de génère actionis sed quantilas absolula, et termine : cum super ipsum erigatur demonstratio (fol. 303 r°-303 v°) ; pour le Quodlibel II : Utrum primum cognilum a viatore via generationis sil Deus (fol. 304 r°-309 v°). On peut lire Vincipit et Vexplicil de ces différentes questions dans E. Longpré, arl. cité, p. 108, n. 2. Bien que l’authenticité de ces questions ne soit pas encore prouvée avec toute certitude, il résulte cependant d’une déclaration faite par Jean de Reading, dans le Prologue aes Sentences, qu’il doit avoir composé des questions avant la rédaction de son Commentaire, puisqu’il y renvoie à la troisième question de conceptu : secundum quod de hoc palet alibi, Illa quæstione de conceptu (ms. cit., fol. 7 r°). D’après E. Longpré cette troisième question de conceptu correspondrait à la question incomplète mentionnée plus haut (art. cit., p. 109). Il faut noter enfin que les deux premières questions du Quodlibel I font défaut dans le ms. cité et que la quest. îv de ce même Quodlibet a été éditée par M. Schmaus, dans Der Liber Propu gnalorius des Thomas Anglicus und die Lchrunlerschicde zwischen Thomas von Aquin und Duns Scolus, dans Beilrùge z. Gesch. cl. Phil. u. Theol. d.M.A., t. xxix, Miinster-en-W. , 1930, p. 286*-307*.

En philosophie et en théologie, Jean Reading fait la critique du nominalisme et se rallie généralement aux thèses scotistes. Par rapport au caractère scientifique de la théologie, il combat la thèse qui considère la théologie comme une science proprement dite et admet une double évidence en théologie, à savoir l'évidence extrinsèque c’est-à-dire la certitude de la vérité des principes théologiques résultant du témoignage divin et l'évidence négative, c’est-à-dire l’intelligence de la non-répugnance des vérités théologiques. La théologie ne peut pas être une science proprement dite, parce que la certitude qu’elle fournit des vérités de la foi n’est point obtenue par l'évidence intrinsèque de ces vérités ni ex lerminis ni ex efjectu proprio, comme c’est le cas dans les sciences proprement dites, mais par l'évidence extrinsèque fondée sur le témoignage divin, qui est démontré par les miracles avec une certitude propre aux sciences expérimentales. Voici d’ailleurs son raisonnement : Dieu, invoqué en témoignage d’une doctrine ne peut point confirmer cette doctrine par une œuvre qui dépasse toutes les forces naturelles et ne peut être opérée que par lui, si cette doctrine n’est pas vraie. Or Dieu, invoqué en témoignage par les prophètes, le Christ, les apôtres et les martyrs pour les doctrines contenu s dans l'Écriture sainte, qu’ils pré (liaient, a accompli des œuvres, seulement possibles a sa puissance, à savoir des miracles, pour confirmer cette doctrine. Donc cette doctrine est vraie. Toutefois pour adhérer aux vérités révélées, Jean de Rea ding exige la fides infusa et la fuies acquisila, qui dispose et incline l’homme à admettre tout ce que Dieu a révélé. La théologie détermine et établit les vérités révélées, mais l’adhésion à la révélation en général et aux vérités révélées en particulier est l’effet de la foi. Jean de Reading rejette d’une manière catégorique l'évidence négative.