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RAYMOND DE PENYAFORT


de Corbone ont transcrit pour ainsi dire littéralement la Somme de saint Raymond. Voir Recherches de théol. anc. et méd., t. vi, 1934, p. 202 ; B. Kuhlmann, Der Geselzesbegrif] beim heil. Thomas von Aquin im Lichte des Rechlssludium* seiner Zeit, Bonn, 1912, p. 58 ; E. Goller, Die pàpstliche Pinitenliarie von ihrem Ursprung bis z « ihrer Umgestaltung unter Pius V., t. i, Rome, 1907, p. 60. La plus célèbre Summa melrica est celle du dominicain Adam († 1408).

La Somme de Raymond a inspiré aussi un grand nombre d’autres Summse confessorum, dont elle constitue la source principale. Telles sont, par exemple, les Sommes de Jean de Fribourg, O. P. (1314) et du dominicain Berthold, qui n’a fait que retravailler la Somme de Jean de Fribourg en allemand. Burchard de Strasbourg, Guillaume de Cayeux, etc. ont utilisé dans une grande mesure la Somme de saint Raymond pour la rédaction de leur Summa, qui, au fond, n’est qu’un abrégé plus ou moins long de l’ouvrage du docteur catalan. Enfin la Summa casuum de Raymond a constitué une des principales sources non seulement pour les Summse confessorum postérieures, mais aussi pour les autres auteurs, principalement les canonistes et les moralistes. Voir pour ce dernier point A. Walz, op. cil., p. 49-55.

Le Traclalus de malrimonio.

Après l’achèvement de la Summa casuum proprement dite, Raymond y a ajouté un Traclalus de malrimonio, qui fut

regardé et désigné de bonne heure comme le liber quartus ou la pars quarla de la Summa de casibus. Il est cependant très douteux que saint Raymond ait eu primitivement l’idée de faire du Traclalus de-jnatrimonio la quatrième partie de la Somme. Le contraire semble bien plus vraisemblable, comme nous avons pensé le démontrer dans Summa de malrimonio S. Raymundi de Penyaforl, dans Monographiie juridicæ, IIe sér., fasc. 9, Rome, 1929. Arguments de critique interne : dans le prologue de la Somme, où le i octeur catalan énumère les différentes matières qu’il exposera, il ne dit pas un mot de son intention d’ajouter un traité sur les flançailles et le mariage. Il y dit que la Somme comprendra seulement trois parties et détermine les sujets qui seront traités dans chacune ; il n’est nulle part question de la quatrième partie, du Traclalus de malrimonio. D’autre part, dans la préface, qui précède le Traclalus de malrimonio, Raymond dit explicitement qu’il a a ; outé ce traité à sa Summa de psenilenlia, parce qu’il arrive fréquemment que des doutes et des cas de conscience surgissent chez les confesseurs touchant le mariage ; voir éd. cil., p. 503. Ces paroles laissent entendre que le docteur catalan s’est seulement décidé, après l’achèvement de sa Somme proprement dite, à écrire un traité spécial (specialem Iraclalum subjeci i sur le mariage. Quoi qu’il en soit des motifs qui l’ont déterminé à écrire le Traclalus de malrimonio, toujours est-il que le prologue de la Summa casuum proprement dite et la préface du Traclalus de malrimonio ne deviennent intelligibles que dans le cas, où l’on admet que Haymond ne songeait nullement au début à composer un traité sur le mariage. Celui-ci a donc été ajouté après l’achèvement de la Summa de punilenlia proprement dite.

Par ailleurs, il est certain que la tradition manuscrite constitue une forte preuve en faveur de notre thèse. Dans à peu près tous les mss., le Traclalus de malrimonio est séparé des trois livres de la Summa de punilenlia par un espace blanc plus ou moins étendu. De plus, un très grand nombre de mss ont un explicil spécial pour le 1. III de la Somme et un incipil et un explicil particuliers pour le Traclalus de malrimonio. Dans d’autres, la Somme n’a pas d’explicil spécial, tandis que le Traclalus a un incipil et un explicil particuliers. Quelques-uns ont un explicil tout à fait

spécial pour la Somme. Dans d’autres mss. des traités entiers sont intercalés entre la Summa de pse. nlenlia et le Traclalus de malrimonio. En outre, quelques mss. ne contiennent que les trois livres de la Somme, tandis que d’autres n’ont que le Traclalus de malrimonio. Dans d’autres encore le Traclalus de malrimonio précède les trois livres de la Somme. Il résulte de ces considérations que la tradition manuscrite distingue explicitement le Traclalus de malrimonio des trois livres de la Summa de p i nitenlia et que, très probablement, le Traclalus de malrimonio n’a pas fait partie de la Somme primitive, mais qu’il a été composé dans la suite par saint Raymond et ajoutée comme I. IV aux trois premiers livres de la Somme. Cette conclusion devient encore plus évidente, si l’on considère qu’il existe des mss. qui contiennent, comme 1. IV de la Somme, la Summa de malrimonio de Tancrède, comme c’est le cas pour le ms. XIV. G. 48 de la bibl. universitaire de Prague, le ms. 643 de la bibl. munie. d’Assise, le ms. lat. 13 466 de la Bibl. nation, de Paris. De ces données il résulte qu’originairement saint Raymond se serait contenté de reprendre simplement la Summa de malrimonio de Tancrède et de l’ajouter à sa propre Somme comme quatrième partie, pour subvenir de la sorte aux demandes de ceux qui le suppliaient de vouloir exposer le sacrement de mariage en vue du ministère sacerdotal. Le docteur catalan aurait retravaillé, dans la suite, la Summa de malrimonio de Tancrède et lui aurait donné la forme qu’elle a de nos jours. Il a substitué au prologue de Tancrède une nouvelle préface, où il expose les raisons pour lesquelles il a ajouté la Summa de malrimonio aux autres livres, en indiquant également les grandes divisions de ce traité. Tout le reste de la Summa de malrimonio du ( octeur catalan correspond pour la plus grande partie, à celle de Tancrède, dont elle ne constitue d’ailleurs qu’une transcription le plus souvent littérale. Les seules différences entre les deux Sommes consistent en ce que celle de saint Raymond omet les parties, qui n'étaient plus en harmonie avec les Décrétais de Grégoire IX, et contient de nouvelles décrétais, empruntées à la nouvelle collection officielle. La thèse selon laquelle saint Raymond s’est contenté d’abord de reprendre la Summa de malrimonio de Tancrède comme quatrième partie de sa Somme et qu’il a retravaillé dans la suite cette Summa pour l’adapter aux Décrétâtes de Grégoire IX est confirmée par V explicil de la Somme, conservée dans le ms. lai. 16 117 de la Bibl. nation, de Paris, où on lit : « Explicit summa nova Remundi de malrimonio. » Comme le texte de cette Somme correspond à celui de la Summa de malrimonio actuelle, Vexplicil cité suppose qu’auparavant il existait un autre texte de la Summa de malrimonio, distinct de celui qui se lit dans le ms. de Paris. Or cet autre texte, existant avant celui du ms. parisien et celui que nous avons actuellement, ne peut être, d’après la tradition manuscrite, que la Summa de malrimonio de Tancrède. De cet exposé il résulte encore que le texte actuel de la Summa de malrimonio de saint Raymond ne peut avoir été redise qu’après 1234, date de la promulgation des Décrétâtes de Grégoire IX. Quant à la matière traitée dans cette Somme, elle est indiquée par saint Raymond lui-même dans sa préface : Primo, de sponsalibus et malrimoniis. Secundo, de quindecim impedimenlis mairin.onii. Tertio, qualiler ad malrimonium con ungendum vel dis : ungendum agatur. De filiis insuper legilimis, et dotibus et donationibus proplcr nuplias : ordinale oslenâent rubricas in locis debilis, et dubilaliones diversas ad. rubricas singulas pertinentes.

La collection des Décrétâtes.

Saint Raymond a

compilé et coordonné la collection des décrétales, dite de Grégoire IX. Ce souverain pontife le chargea, en