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çait par un jeudi, les quatre-temps seraient remis à la semaine suivante ; si les quatre-temps de juin tombaient dans la semaine qui précède la Pentecôte, ils seraient renvoyés à la semaine suivante ; les diacres prendront la dalmatique, on chantera alléluia, mais non Flectamus genua ; si le mois de septembre commençait par un jeudi, le jeûne aurait lieu la quatrième semaine ; le jeûne de décembre serait toujours la semaine qui précéderait la vigile de Noël. Gratien, dist. LXXVI, c. 3.

Il faut croire que l’uniformité ne fut pas établie par le fait, car le concile de Rouen de 1072, c. ix, rappelle encore que, en conformité avec l’institution divine, secundum divinam institulionem, on mettait les quatretemps à la première semaine de mars, la deuxième de juin, la troisième de septembre et de décembre. Mansi, op. cit., t. xx, col. 37. Elle ne le fut, théoriquement du moins, que sous Grégoire VII qui fixa, selon la coutume de Rome, les deux premiers quatre-temps non à la première semaine de mars et à la deuxième de juin, mais à la première de carême et à celle de la Pentecôte. Micrologus, 24-27, P. L., t. cli, col. 995. La décision fut enregistrée en Germanie par le concile de Quedlimbourg (1085), can. 6, Mansi, op. cit., t. xx. col. 608 ; en Italie, au concile de Plaisance en 1095, Urbain II confirma le décret de son prédécesseur, Statuimus, dist. LXXVI, c. 4, de même au concile de Clermont, en 1095, can. 27, et depuis il n’y a plus eu de changement.

7° La pratique ne fut pas uniforme pour cela ; un demi-siècle plus tard, Geoffroy de Vendôme priait encore Hildebert de Lavardin de lui dire en quelle semaine de juin il fallait jeûner, et en 1222 un concile d’Oxford, can. 8, indiquait la première semaine de mars pour la première série, et pour la deuxième « la première semaine après les litanies ou la semaine de la Pentecôte ». Mansi, op. cit., t. xxii, col. 1151. Bernon de Reichenau se demandait s’il était permis de faire le jeûne la semaine du 1 er mars quand ce jour était un vendredi ou un samedi, alors que le mercredi était encore en février. P. L., t. cxlii, col. 1097. « A partir de cette époque, dans la plus grande partie de l’Église latine, règne, grâce au décret de Grégoire VII, l’uniformité la plus complète : l’Espagne reçut cette discipline avec la liturgie romaine ; elle fut établie à .Milan par saint Charles Borromée. » Villien, op. cit., p. 220. L’archevêque veut qu’on annonce ces jeûnes le dimanche précédent, que le mercredi on fasse une prédication, que le samedi au soir tout le monde s’assemble à l’église selon l’ancienne coutume pour rendre grâces à Dieu de l’ordination. Les Grecs n’ont jamais connu les quatre-temps parce qu’ils célébraient toujours le samedi comme un jour de fête où il n’est pas permis de jeûner ; ils jeûnaient tous les mercredis et vendredis de l’année, a quelques exceptions près.

III. Mystique et discipline actuelle.

1° Mystique. — Les quatre-temps sont avant tout des jours de pénitence « distribués, dit saint Léon, tout le long de l’année pour que la loi de l’abstinence soit observée en tout temps : jeûne de printemps en carême, jeûne d’été à la Pentecôte, jeûne d’automne au septième mois, jeûne d’hiver au dixième ». Serm., xix, 2, P. L., t. liv, col. 180. Le Moyen Age y a trouvé bien d’autres raisons ; Durand de Mende, qui résume Iïs auteurs qui l’ont précédé, en énumère au moins sept : les deux suivantes nous suffisent : « Le premier jeune a lieu dans le mois de mars, c’est-à-dire la première semaine de carême, afin qu’en nous se développe le germe des vertus et que les vices, qui ne peuvent être entièrement exterminés, se dessèchent pour ainsi dire en nous. Le deuxième jeûne a lieu en été, dans la semaine de la Pentecôte, parce que l’Esprit -Saint est venu et que nous devons être pleins de ferveur dans l’Ksprit-Saint. Le troisième a lieu en septembre, avant

la fête de saint Michel et quand on recueille les fruits ; et nous devons alors rendre à Dieu le fruit des bonnes oeuvres. Le quatrième se fait en décembre, quand les herbes se dessèchent et meurent, parce que nous devons nous mortifier au monde… On jeûne encore parce que le printemps se rapporte à l’enfance, l’été a la jeunesse, l’automne à la maturité ou à la virilité, l’hiver à la vieillesse. Nous jeûnons donc au printemps, afin que nous soyons des enfants par l’innocence ; dans l’été pour que nous devenions des jeunes gens par notre constance ; dans l’automne, pour que nous devenions mûrs par la modestie ; dans l’hiver, pour que nous devenions des vieillards par la prudence et l’intégrité de la vie. » Rationale, t. VI, c. i, 5-0.

Des jours aussi de prière plus intense, plus prolongée ; les messes sont plus longues, spéciales pour chacun de ces jours, les oraisons plus nombreuses ; comme au vendredi saint, aux grandes invocations on devrait, sauf la semaine de la Pentecôte, fléchir le genou à l’invitation du diacre : Flectamus genua, prier quelque temps en silence et se relever quand le sous-diacre dit : Leoate. Le mercredi a toujours deux leçons ; le samedi, cinq, sans compter l’épître, sniies chacune d’un graduel et d’une oraison ; autrefois même il y en avait douze, d’où le nom que portaient ces jours de samedis à douze leçons.

2° Discipline actuelle. --Le Codex juris canonici conserve la loi du jeûne et réserve en partie les ordinations pour les samedis des quatre-temps : La loi de l’abstinence, en même temps que celle du jeûne, doit être observée le mercredi des Cendres, les vendredis et samedis de carême, aux fériés des quatre-temps, aux vigiles de la Pentecôte… » Lan. 1252, § 2. L’ordi nation des ordres sacrés doit être célébrée pendant la messe le samedi des quatre-temps, le samedi avant le dimanche de la Passion et le samedi saint. Pour une cause grave, cependant, l’évêque peut la faire chaque dimanche ou un jour de fête de précepte. » Lan. 1006, § 2-3.

La Sacrée Congrégation des Rites a donne les ré ponses suivantes : Le samedi des quatre-temps de la Pentecôte, on ne peut répéter la messe du dimanche de la Pentecôte. N. 893, ad 2°"’, le II avril 1010. A l’ordination du samedi des quatre-temps, bien qu’il y ait ce jour-là une fête double, on doit dire la messe de la férié avec l’oraison pour les ordinands et les autres suffrages, sans faire mémoire du saint occurrent. N. 11119, ad 3 n ">, 20 janv. 1658 ; n. 2179, ad 1 « », 27 août 1707 ; n. 2291, ad 1 U ">, 30 janv. 1731 ; n. 3570, ad 9um, 15 juin 1883. Si aux quatre-temps de la Pentecôte arrive la fête du titulaire ou que se produise un grand concours de peuple pour célébrer la fête qui doil être transférée, on dit deux messes après noue, la première du jour qui concorde avec l’office, ensuite celle de la fête, à laquelle assistent les fidèles d’autant plus volontiers qu’elle est habituellement plus tardive. Et bien que, dans ce cas, il n’y ait pas même une heure d’intervalle entre les deux, le cas reste unique et privilégié à cause du concours du peuple. N. 1332, ad 2um, 13 l’évr. 1000. Aux fériés des quatre-temps et le samedi, à l’occasion d’une fête a neuf leçons, on doit chanter deux messes dans les cathédrales ; celle de la fête doit être chantée par les chanoines, l’évêque qui l’ait l’ordination doit chanter ou célébrer celle de la le rie en ornements violets. N. 1599, ad 3um, 10’juill. 1077. Si la fête de saint Élie le prophète doit être célébrée le samedi des quatre-temps de carême, il ne faut pas dire à l’office la neuvième leçon de la férié qui est la même que celle de la fête. N. 2 196, 1 sept. 1773. Si une vigile se trouve en occurrence avec le samedi des quatre-temps, l’évêque qui confère les ordres doit’faire mémoire de la vigile, mais non lire le dernier évangile. N. 3038, ad 1um, 18 juill. 1885. Si le mercredi des