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RAVIGNAN — RAYMOND GODEFROID


Le titre seul fait deviner qu’il s’agit de la suppression des jésuites ; il suggère aussi une question : comment Clément XIV a-t-il pu abolir, pour le bien de l'Église, en 1773, un ordre religieux vengé par Clément XIII contre toutes les attaques des princes et muni par lui d’une approbation nouvelle en 17C5? Le travail de l’historien a deux volumes, un de récit, un autre de documents. Il suffirait des documents pour révéler les intrigues, l’emportement passionné des ministres des cours bourbonniennes, la vaillance de Clément XIII qui leur résista, la faiblesse de Clément XIV qui leur céda. Le P. de Ravignan n’use d’aucune plainte, d’aucune violence de parole. A quoi bon ? Le poids des textes est assez accablant. Mais il plaide pour la faiblesse du pape destructeur de la Compagnie les circonstances atténuantes. C'était le vœu du P. de Hoothaan, et la pensée est dictée par la pitié filiale. Historiquement, il est impossible de démontrer que de 1765 à 1773, les circonstances eussent tellement changé qu’elles commandassent deux attitudes contradictoires. Ce n’est pas la bataille, ce sont les chefs qui différaient. Désormais la lumière est faite sur un événement qui fut une erreur ; les énormes dossiers recueillis dans toutes les archives d’Europe, par le P. Gaillard, jésuite toulousain, ont servi à L. Pastor pour une étude décisive, bien qu’assez brève. Avec les pièces que le P. de Ravignan avait sous la main, déjà il était manifeste que la suppression ordonnée d’abord au Portugal, en Espagne, en France et à Parme par les souverains, et finalement accomplie par le pape, n’est point une œuvre de justice. Les États s’en trouvèrent mal, et aussi l'Église.

Le livre de l'écrivain jésuite rendait le même son pur et fort que les sermons de l’orateur. Xavier de Ravignan fut « un homme qui faisait honneur à l’homme ». La noblesse naturelle de son âme et la virile énergie de son caractère se haussèrent encore à l'école de saint Ignace. De là son indépendance, son calme et sa liberté d’action, parmi les circonstances et les hommes contraires ; sa vigueur dans le gouvernement de lui-même ; son zèle ardent et son incroyable autorité. On sait comment Mgr Dupanloup parla aux funérailles : Defunclus adhuc loquiliir. Et Lacordairc écrivit (Correspondant, mars 1858, p. 515) : « Un respect dont tout le monde était complice répandait autour de sa personne l’inviolabilité prédestinée à ce qui demeure au-dessus du temps. » Cet hommage honore celui qui l’a signé autant que celui auquel il s’adresse.

I. Œuvres du P. de Ravignan. — Le catalogue en est dressé par le P. Sommervogel dans sa Dibl. de la Comp. de Jésus, t. vi, col. 1503-1507. On en reproduit ici les articles principaux. (Sauf indications contraires le lieu de publication est Paris.)

Oraison funèbre de Mgr Louis-Hyacinthe de Quélen, 1840 ; De l’existence et de l’institut des jésuites, 1844 (neuf rééditions) ; Conférences prêchées il Saint-Élienne de Toulouse, Toulouse, 1814 ; Entretiens du R. P. de Ravignan recueillis par les Enfants de Marie au Sacré-Cœur, 1859 ; Suite des entretiens…, 1803 ; Dernière retraite du R. P. de Ravignan donnée aux religieuses carmélites de la rue de Messine, 1859 ; Conférences du R. P. de Ravignan, 1860, 4 vol. ; La vie chrétienne d’une dame dans le monde, 1861 ; De la liberté de l'Église, dans L’Ami de la religion, t. cxxxix, p. 201-204, 341-346, 685-700 ; t. c.xi., p. 45-49, 485-488, 506-510 ; Des études ecclésiastiques, ibid., t. cxliii, p. 515-519 ; t. cxlvi, p. 601-603 ; t. cxi. vii, p. 13-17 ; Souvenirs d’une retraite par Mgr de Ségur, 1886.

II. Sur lf. P. de Ravignan. — Copieux résumés des conférences dans L’A mi de la religion, L' Univers, les Annales de philosophie chrétienne ; Maladie et morl du P. de Ravignan [par le P. de Ponlevoy ], 1858 ; Alexandre de Saint-Albin, Notice historique sur le R. P. de Ravignan (suivi de l’ornison funèbre prononcée à Saint-Sulpice par Mgr Dupanloup), 1858 ; Marquis de Dampierre, Le R. P. de Ravignan, 1858 ; Lacordaire, Le R. P. de Ravigmm, dans le Correspondant, mars 1858, p. 509-515 ; A. de Ponlevoy, S..T., Vie du R. P. de I

Ravignan, 1860 ; Poujoulat, Le P. de Ravigmin, sa vie et ses œuvres ; A. des Glaveux, M. de Ravignan magistrat, dans le Correspondant, 15 juin 1878 ; Abbé J. Hibert, Lettres du R. P. de Ravignan à M. l’abbé LJupanlonp, Tours, 1899 ; I.. Ledos, Le P. de Ravignan, 1908 ; Pierre Fienissollc, Les conférences de Notre-Dame, 1935, t. i, p. 191-289.

P. DUDON.

    1. RAYMOND ALBERTI Jacques##


RAYMOND ALBERTI Jacques, frère mineur de l’observance de Catalogne, qui en 1751 exerça la charge de lecteur au couvent Saint-Ronaventure de Majorque. Il composa selon la doctrine de Duns Scot : Tractatus micrologicus seu logicte eruditionis summulisiieum prælium ad universam Aristotelis logicam facilius capiendam, rédigé en 1751 ; Tractatus dialecticus ; Brevissima in octo libros Aristotelis explanalio ; Tractatus in Aristotelis melaphysicam. Tous ces ouvrages sont conservés dans le ms. 4138 (400 fol.) de la bibl. Ayamans de Palma de Majorque.

Samuel d’Algaida, Documents para la historia de la fdosnfui catalana, dans Criterion, t. ix, 1933, p. 65.

A. Teetært.

    1. RAYMOND GODEFROID##


RAYMOND GODEFROID, frère mineur français, appelé aussi Gaufredi, Gaufridi, Galfridi, Galfredi, etc. Né à Aix (Provence) vers 1250, d’après R. Hauréau, Hisl. lilt. de la France, t. xxvii, p. 113, il appartenait à une famille noble et même princière, puisque, selon le Lanercosl Chronicle (éd. J. Stevenson, Édinbourg, 1839, p. 141), il était un proche parent de la reine-mère d’Angleterre, Éléonore de Provence († 24 juin 1291). Entré chez les mineurs, il habita le couvent de Marseille et en 1286 travailla à libérer Charles II d’Anjou, alors prisonnier du roi d’Aragon, auquel il était lié d’amitié. Appartenant au parti sévère de la « Communauté », il s’opposait aux excès aussi bien des » Spirituels » que de la « Communauté ». Ainsi, vers 1286, Pierre Jean Olieu répondit au Mémoire, répandu en Provence par ses censeurs, qui avaient condamné 34 propositions extraites de ses œuvres, par une lettre datée de Montpellier et adressée à Raymond Godefroid et à ses autres disciples, qui l’avaient pressé de se justifier. Cette lettre a été éditée par le P. Gratien, dans Éludes franc, t. xxix, 1913, p. 414-422. Probablement simple custode en 1289, il fut néanmoins choisi au chapitre général de Rieti, en cette même année, pour succéder comme général de l’ordre à Matthieu d’Aquasparta, élevé au cardinalat le 16 mai 1288. Ce choix, bien que contraire aux désirs du pape Nicolas IV, fut agréable au roi de France, Philippe le Rel, et aux « Spirituels », dont Raymond s'était toujours montré l’ami et le partisan. Raymond Godefroid entreprit, aussitôt après son élection, la visite des provinces. Arrivé dans la Marche d’Ancône, un de ses premiers actes fut de délivrer les frères emprisonnés pour avoir manifesté trop de zèle à l'égard de la pauvreté. Le roi d’Arménie, Hayton II, lui ayant demandé que des frères vinssent s'établir dans son royaume, Raymond lui envoya quatre de ces « Spirituels », Thomas de Tolentino, Marc de Montelupone, Pierre de Macerata et Pierre de Fossombrone (Ange de Clareno), qui échappaient de la sorte à la situation difficile qui leur était faite dans leur province après le départ du général. Cet acte avait rempli d’espoir tous les groupes des zelanti. Plusieurs historiens affirment que Raymond a libéré aussi de prison Roger Racon. Ils appuient leur assertion sur une note, rédigée par un ancien copiste et ajoutée à la fin du Verbum abbreviatum de leone viridi, attribué à Raymond Godefroid. On y lit : Explicit Verbum abbreviatum majoris operis fr. Raymundi Gaufredi, ministri ordinis fralrum minorum. Quod quidem verbum habùit a fr. Bogero Bacone, anglico, qui fuit de ordine fratrum minorum. El ipse Bogerus propler istud opus, ex prœcepto dicli Baymundi, a fratribus ejusdem ordinis