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RAVECHET — RAVIGNAN


Labelle, Nécrologe des appelants et opposants à la bulle Vnigenitus, 1755, p. 46-75 ; Nécrologe des plus célèbres défenseurs et confesseurs de la vérité du XVIIIe siècle, 1760, p. 39-42 ; Supplément au Nécrologe du Port-Royal, avril, p. 579-585 ; abbé Pécheur, Annales du diocèse de Soissons, t. vii, p. 5460 ; Féret, I.a faculté de théologie de Paris et ses docteurs les plus célèbres. Époque moderne, t. vi, p. 77-79.

J. Carreyre. RAVESTEYN (Josse van), originaire de Tielt (d’où son nom latin de Jodocus Tilelanus), où il naquit vers 1506, fut un des professeurs célèbres de Louvain, où il mourut le 7 février 1570. Docteur en théologie en 1540, il occupa une des chaires de cette faculté, et fut chargé en 1551 de représenter l’université au concile de Trente, en compagnie de Ruard Tapper, d’Hasselius (Van der Eycken) et de Yulmar Bernærts ; il ne séjourna pas longtemps à Trente. De même fut-il mandé par l’empereur au colloque de Worms en 1557, où il se trouva avec Canisius et Latomus. Ravesteyn fut à Louvain l’un des adversaires les plus décidés de Baius, dont il dénonça la doctrine aux universités espagnoles d’Alcala et de Salamanque, à celle de Douai, aux évêques d’Ypres (Rythovius) et de Ruremonde (Lindanus). C’est ce qu’il fit aussi dans une Epistola P. Lùurenlio Yillavicenlio, ord. ercm. S. Auguslini, datée de Louvain, 20 novembre 1564, et insérée dans les Baiana de Gerberon, p. 37-38. On trouvera dans le même recueil trois lettres de Ravensteyn à Baius avec les réponses de celui-ci. p. 174-177, 181185, 188-191 (il s’agit de la nature de l’oblation du Christ dans le saint sacrifice). Notre docteur s’occupa très activement de faire condamner par Rome les idées de son collègue, et c’est chez lui que Baius fit sa soumission en décembre 1507. Ravesteyn polémiqua aussi contre les protestants. Il réfute en 1567 un manifeste des ministres paru, en janvier, en latin et en néerlandais : Confessionis sive doctrinæ quæ nuper édita est a minislris… succincla confutalio, Louvain, in-8°, 121 p., à quoi fait suite une Apologia catholicw confulationis… contra inan.es cavillaliones Mallhai Ftacci Illijrici, Louvain, 1508, in-8°, 438 p. Du même ordre d’idées une Apologia seu defensio decrelorum ss. C< ncilii Tridentini de sacramentis adversus censuras et examen Martini Kcmnilii, dont la première partie seule parut, Louvain, 1508, in-12. Paquot signale les manuscrits d’un commentaire sur les Sentences (évidemment cahiers de ses élèves) et une Admonilio demeurée manuscrite pour défendre la Vulgate.

Aubert le Mire, Elogia, 1602, p. M : Valére André. Bibliothecu belgica, 1643, p..".04 ; Foppens, Bibl. belg., 1739, p. 770 ; Paquot, Mémoires pour s(ri>ir à l’hist. litt. des dix-sept provinces des Pays-Bas, éd. in-12, t. XVI, p. 306-315 ; Biographie nat. de Belgique, t. xviii, 1905, col. 802-806.

E. Amann. RAVIGNAN (Gustave-Xavier de La Croix de) jésuite et prédicateur français. I. Biographie. — II. Conférences de Notre-Dame.

III. Influence. — IV. Écrits divers.

I. Biographie. — Gustave-Xavier de Ravignan naquit à Rayonne, le 1 er décembre 1795, d’une noble et chrétienne famille. Ses premières études se firent à Paris, en deux périodes successives : puis il étudia le droit avec le jurisconsulte Soujon, rejoignit aux CentJours le corps du général de Damas qui avait suivi en Espagne la fortune du duc d’Angoulême ; il reprit à la Restauration ses études juridiques, entra dans la magistrature et fut nommé conseiller-auditeur en 1817, et en 1821 substitut du procureur du roi à la cour de Paris. Des paroles louangeuses du président Viguier et des lettres du procureur-général Bellart lui promettaient le plus brillant avenir. Il « planta là », selon son expression, ses amis et protecteurs, et s’enferma le 5 mai 1822 au séminaire d’Issy. Il y trouva Henri Lacordaire et Félix Dupanloup. D’accord avec Frays sinous son confesseur et le vénérable sulpicien Mollevaut, qui encourageaient tous deux sa détermination, il frappa le 2 novembre à la porte du noviciat des jésuites, à Montrouge. Après ses premiers vœux prononcés le 3 novembre 1824, il aborda immédiatement l'étude de la théologie. Il la commença rue de Sèvres, continua à Vitry dans la banlieue de Paris, puis à Dôle et finalement à Saint-Acheul (1825-1829). Ces migrations successives trahissent la difficulté des temps pour les jésuites. Après les ordonnances de 1828, la révolution de 1830 y ajouta encore. Le P. de Ravignan, qui était devenu professeur de théologie à Saintvcheul (1828-1829), se transporta avec ses élèves à Brigg, en Valais (1830-1835). Ces cinq années de professorat s’achevèrent par la troisième année de probation, à Estavayer (Suisse), sous la direction du P. Godinot, ancien provincial de Paris (1835).

De retour en France, Ravignan prêcha le Carême à Amiens (1835), à Saint-Thomas d’Aquin de Paris (1836) et l’A vent à Bordeaux (1836) ; il fonda dans cette ville une résidence dont il fut supérieur (18371842). Vers le milieu de 1836, Mgr de Quélen l’invita à monter, après Lacordaire, dans la chaire de NotreDame de Paris. Il la tint dix ans (1837-1846). Mais ces conférences ne suffisaient pas à son zèle. On l’entendit durant l’Avent à Lyon (1837), à Bordeaux (1838 et 1840), à Rome (1811), à Besançon (1842), à Rouen (1843), à Toulouse (1844), à Metz (1845). Ces travaux excessifs amenèrent une fatigue grave, qui empêcha l’orateur de prêcher à Paris le Carême de 1847. Ainsi fut marquée la fin d’un haut apostolat singulièrement béni de Dieu, surtout dans cette retraite pascale par laquelle il établit la coutume de couronner la station quadragésimale. Dès 1849, l’apôtre se remit à la besogne. Les œuvres charitables d’Amiens, d’Orléans, de Tours, du Havre l’eurent pour prédicateur ; il lit à Poitiers le panégyrique de saint Hilaire, et à Bruges il chanta la fête séculaire du Saint-Sang (1848-1849). On le revit ensuite à Paris. Les vendredis du Carême de 1850, il prêcha à Saint-Thomas -d’Aquin ; les vendredis du Carême de 1851, à la métropole. Depuis 18 11. Lacordaire. devenu (ils de saint Dominique, avait repris à Notre-Dame de Paris ses éclatantes prédications. Durant les Avents de 1843 à 1846 et les Carêmes de 1848 à 1851, il expliqua magnifiquement les effets de la Rédemption ; mais il tint à ce que son frère et ami le P. de Ravignan organisât à sa mode, en 1850 et 1851, les retraites pascales qu’il avait si heureusement inaugurées jadis. En cette même année 1851, profitant de l’occasion que lui offrait l’exposition universelle de Londres, le cardinal Wiseman appela chez lui l’orateur jésuite. Celui-ci fit. dans la chapelle de Farm Street, devant un auditoire clairsemé, une série de sermons en français. Surtout il vit du monde. Le jour de Saint-François-Régis (10 juin 1851) il assista, à sa première messe, le docteur Manning, récemment converti et ordonné ; il noua amitié avec les grands catholiques anglais du moment (Monsel, Fullerton, Wilberforce, le comte de Shrewsbury, le duc de Norfolk) et cette duchesse Hamilton devenue catholique, et qu’il devait diriger pendant de longues années.

A partir de 1851, on peut dire que la grande carrière oratoire du P. de Ravignan est close. Le Carême aux Tuileries en 1855 sera une exception. L’orateur y parlera d’ailleurs en homme de Dieu, et sa personne sera son éloquence », comme dit fort justement son historien. Jusqu'à la fin, ses prédications consisteront désormais en des allocutions familières, à des religieuses, aux enfants de Marie de la rue de Varenne, à vingt autres réunions pieuses. Par ailleurs, il recevait beaucoup de visites, écrivait beaucoup de lettres, convertissait beaucoup de protestants ; dans ses entretiens et sa correspondance, comme en chaire, il demeurait un apôtre,