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RAUTENSTRAUCH — RAVECHET

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bénédictins et comme conseiller de la commission des études, les « séminaires généraux » de Vienne, de l’est, de Prague, d’Inspruck et d’Olmûtz. Si d’autres auxiliaires de Joseph Il se heurtèrent en Belgique à des résistances victorieuses, on doit dire qu’avec l’appui des conseillers de l’empereur, il réussit à faire accepter en Autriche, en Hongrie et dans sa Bohême natale les idées qu’il avait professées à Braunau, en 177 1, dans son cours de droit canonique, et qu’il souligna encore, deux ans plus tard, dans sa Synopsis juris ecclesiaslici. Par ce livre, cependant, il ne prétendit pas supplanter les manuels plus faciles d’Eybel et de Pehem, les deux canonistes officiels de l’université de Vienne, ni les livres deRiegger, qui restèrent classiques jusque bien après la mort de Joseph II. C’est surtout par son action personnelle et ses écrits de circonstance, que, pendant les dix dernières années de sa vie, il se fit le défenseur convaincu et l’organisateur d’un enseignement canonique qui exagérait les droits de l'État au détriment de ceux de l'Église. Les idées n'étaient pas neuves, puisque, comme on l’a dit a l’article Joséphisme, « le joséphisme n’est qu’une des formes du gallicanisme politique : il ne diffère du gallicanisme des parlementaires français que par une minutieuse application à faire passer dans le domaine de la pratique des idées que les légistes gallicans étudiaient surtout en théorie ». Mais, de cette mise en pratique systématique et tracassière, le bénédictin Rautenstrauch fut la cheville ouvrière jusqu’en 1785. Il fut le témoin, sans regrets et non sans contentement, du voyage de Pie VI à Vienne en 1782 et des premières concessions du malheureux pape, relativement aux dispenses matrimoniales, puis l’instigateur du voyage de l’empereur à Home, à Noël 1783, qui arracha au pape par surprise le privilège de nomination aux évêchés de Lombardie, faveur analogue aux droits accordés jadis par le concordat aux rois de France. Par cet exemple, on peut voir que certaines de ces concessions pouvaient se concilier avec les prérogatives du pontificat romain. Ce qui était inadmissible, même dans le feu de la polémique, c’est qu’un homme d'Église, instruit comme l'était Rautenstrauch de l’ancienne et de la nouvelle discipline ecclésiastique, conseillât à l’empereur de régler les questions mixtes en dehors du pape, et encourageât les évêques autrichiens à ne pas même faire état des permissions que Pie VI leur concédait directement. Il faut dire à sa décharge qu’il ne fut pas témoin des toutes dernières réformes de Joseph II, et que nous ne pouvons savoir ce que, lui, moine bénédictin, aurait pensé de la suppression unilatérale de six cents monastères de son pays.

A côté des réformes dans la discipline, notre théologien introduisit — et cette fois par une initiative qui porte sa marque — des changements plus heureux dans l’enseignement des clercs. Il demande qu’avant d’aborder l'élude de l'Écriture sainte, ils s’initient aux langues originales. Ayant un mépris altier pour la philosophie et la théologie scolastiques, fruit naturel de la formai ion livresque et mesquine de son époque, il impose aux étudiants des séminaires généraux trois ans d'études pratiques et de théologie pastorale » avant de commencer la dogmatique, qui sera avant tout la mise 1 en ordre des définitions conciliaires. Avec les notions assez confuses qu’il conservait sur le pouvoir respectif du pape et des évêques, les doctrines de Jansénius ne lui faisaient pas peur, non plus que celles de Fébronius ; mais il demande d'éclairer les études canoniques par l’histoire de l'Église. Seulement, comme il n’avait sous la main aucun ouvrage élémentaire qui le satisfit, pas même l'équivalent du Fleury gallican, il préconisa des manuels d’inspiration protestante.

Au reste, on ne peut que le féliciter d’avoir mis en vogue la patristique et la théologie pastorale. Plus encore que son manuel de patrologie, qui ne parut qu’au lendemain de sa mort (1786), ses instructions écrites et ses encouragements favorisèrent l'éclosion timide, parmi les bénédictins d’Autriche et de Bavière, d’historiens des Pères et d'éditeurs méritants comme D. Schram et G. Lumper.

Hurtcr, yfomenclator, 3'éd., t.va, col. 510 ; Iiirchenlexicon au mot Rautenstrauch ; Meusel, Lexicon, t. xi, p. 64 ; Scripiores orcl. S. Bened. qui 17 50-1880 fuerunt in imperio Austriaco-Hungarico, Vienne, 1881, p. 362 ; A. Hauck, Realencyklopâdie fur protestantische Théologie und Kirche, t. xvi, p. 475 ; Wurzbach, Biograph. Lexicon, t. xxv, p. 67 ; Rulf, Kaiser Joseph II, Prague, 1882 ; Brunner, Die Iheologische Dienerschafl am Hoje Josephs II, Vienne, 1868, p. 322 sq. ; Acla historlaa ecclesiæ noslri temporis, t. m. Vienne, 1784.

P. SÉJOURNÉ.

RAVECHET Hyacinthe (1654-1717) naquit à Guise, diocèse de Laon, en 1654 ; il fut le précepteur de l’abbé de Pomponne, qu’il accompagna à Rome, en 1694, et à Venise, en 1705. Il fut pourvu de la prévôté de Chivres, près de Soissons, et resta toujours très attaché au parti janséniste ; il fut à cause de cela exilé à Saint-Brieuc ; il mourut à Rennes, le 24 avril 1717, alors qu’il se rendait au lieu de son exil.

Ravechet joua un grand rôle surtout comme syndic de la faculté de théologie, où il fut nommé le 1 er octobre 1715. Ce fut lui qui, en janvier 1716, fit déclarer nul le décret, porté par la faculté le 5 mars 1714, pour recevoir la bulle Unigenilus et il poursuivit le procès de l’ancien syndic, Le Rouge, accusé d’avoir inventé ce décret. Voir Picot, Mémoires pour servir à l’histoire ecclés. du xviue siècle, t. i, p. 380-381. Il faut citer, à ce sujet, Relations des délibérations de la faculté de théologie de Paris au sujet du prétendu décret du 5 mars 1714, in-8°, s. 1., 1716 et Suite de celle Relation avec un recueil de pièces dont il est parlé, 4 vol. in-12, Paris, 1718 ; Lettre d’un docteur de Sorbonne à M. Ravechet, syndic, en date du 20 septembre 1716, à l’occasion du discours prononcé par ce dernier, le 9 du même mois, dans une assemblée de Sorbonne ; Lettre de M. Hyacinthe Ravechet, syndic de Sorbonne, à M***, au sujet d’une Relation répandue dans Paris, dans laquelle on avance beaucoup de choses contre lui, s. 1., 1716 ; Profession de foi de M. Ravechet, syndic de Sorbonne, in-8°, s. 1., 1717, donnée en annexe à la Réponse au premier discours de M. le Régent par plusieurs cardinaux, archevêques et évêques contre plusieurs chapitres, livres et universités, in-8°, s. I., 1717 ; Remarques sur la profession de foi de M. Ravechet, adressées aux R. P. bénédictins de la congrégation de Saint-Maur ; cet écrit fut dénoncé le 12 octobre 1717 au parlement de Bretagne. Pour connaître le rôle de Ravechet, il faut lire La nouvelle relation en forme de lettre de toutes les assemblées de Sorbonne, sur le sujet de la constitution Unigenilus, jusqu'à la fin de janvier 1716, où l’on découvre toutes les intrigues du syndic et de ceux de son parti, in-12, s. 1., 1716 ; c’est la Lettre d’un docteur de Paris à un provincial. Dans la première partie, on raconte dans un sens très favorable la conduite du syndic Le Rouge (210 p.) et dans la seconde partie, on trouve le récit de l'élection de Ravechet et sa conduite jusqu’en janvier 1716 ;, S'(j ; 7e de la seconde partie de la nouvelle relation de toutes les assemblées de Sorbonne, du 2 janvier 1716 jusqu'à la fin de février, in-12, s. 1., 1716 (80 p.) ; Supplément à la nouvelle relation de Sorbonne, contenant ce qui s’est passé au mois de mars 1716, avec le procès-verbal, in-12, s. 1. (31 p.).

Nouvelles ecclésiastiques du 9 mars 1737, p. 37-38 ; Rondct et Barrnl, Appelants célèbres, p. 3-13 ; Barrai, Dictionnaire historique, littéraire et critique, t. iv, p. 70-72 ; Relation abrégée de la vie et de la mort de Ravechet, in-12, Paris, 1717 ;