Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 13.2.djvu/17

Cette page n’a pas encore été corrigée

I 147

OUAKTODECIMANS

OU AT RE -TE M PS

1448

résie » quartodécimane ; quelques-uns seulement y ajoutent les cireurs novatiennes. On a douté, il est vrai de L’authenticité du procès-verbal de cette Actio Cha risii, qui aurait été fabriqué en bloquant des documents de provenance diverse. Mais il n’en reste pas moins qu’à Éphèse on s’est occupé du cas de quartodécimans désireux de revenir à l’Église catholique. Cette pièce intéressante et la donnée de Socrates nous invitent toujours à chercher au centre de l’Asie Mineure l’habitat de ces communautés dissidentes, en rapports plus ou moins étroits avec les cathares ou novatiens. L’erreur quartodécimane durera autant que le novatianisme et disparaîtra avec lui.

Voir In bibliographie de l’art. Pâques et « le l’art. Novai il n. I. XI, col. 84 ! >.

É. Amann.
    1. QUATRE-TEMPS##


QUATRE-TEMPS. — Les quatre-temps sont des jours d’abstinence et de jeûne prescrits par l’Église au commencement de chaque saison. I. Origine. II. Histoire. III. Mystique et discipline actuelle.

I. Oiugine.

Deux opinions existent sur la manière dont se sont établis ces jeûnes périodiques :

1° Pour Mgr Duchesne, ils sont la continuation du jeûne hebdomadaire des mercredi, vendredi et samedi « tel qu’il était à l’origine, mais porté à un degré spécial de rigueur, tant par le maintien du mercredi que par la substitution d’un jeûne réel au semi-jeûne des stations ordinaires. Le choix des semaines où le jeûne était ainsi renforcé fut déterminé par le commencement des quatre saisons de l’année. » Les origines du culte chrétien, 3e éd., p. 233. Les réunions primitives du mercredi et du vendredi ont été continuées et se sont terminées, au moins celles du mercredi, par la synaxe liturgique ; la leçon prophétique, sorte de deuxième épître, disparue de la plupart des messes dans le courant du ve siècle, s’y est conservée. La messe du samedi avec ses cinq leçons suivies chacune d’un graduel, d’une oraison avec Flectamus genua, Levate, du chant du Bcnedictus et de la lecture d’une épître de saint Paul, est l’office de la vigile du dimanche, avancé plus tard au samedi matin : les fidèles passaient la nuit dans l’église à chanter, à écouter les lectures ; la réunion se terminait par la messe et, jusqu’après saint Grégoire, le dimanche n’eut pas de messe propre et s’appela à cause de cela dimanche vacant. Mais cette théorie, qui rend bien compte du choix des jours, mercredi, vendredi et même samedi, considéré comme la continuation du jeûne du vendredi, n’explique pas suffisamment celui des semaines, ni certaines particularités.

1. En effet, quand ils apparaissent dans l’histoire, au milieu du ve siècle, avec les sermons de saint Léon ; ces jeûnes n’existent qu’à Rome et jusqu’au milieu du VIe siècle, ils ne se trouvent qu’à Rome. Tertullien, saint Jérôme, Eusèbe ne parlent pas des quatretemps, quoiqu’ils traitent des jeûnes. Le pape leur donne une origine trop lointaine en les faisant remonter aux apôtres, en les considérant comme un usage de la Synagogue conservé par les apôtres : Illud (lempus) est studiosius observandum, quod aposlolicis accepimus traditionibus consecralum. Serm., xii, 4. Decimi hujus mensis solemne jejunium… de. observantia veteris legis rissumplum est. Serm., xv, 2 ; cf. xvi, 2 ; xvii, 1 : xix : i.xxxix, 1 ; xc, f ; xcii, 1 ; xciii, 3. Le Liber pontiftealis, dont la rédaction est postérieure, en attribue l’institution à saint Calliste (21 8-225) : C.onstiluitjejuniumdie sabbati 1er in anno fini, frtimrnli, vitli et olei sccundiim prophetiam. Éd. Duchesne, t. i, p. 111. Il les rattache, comme saint Léon, aux jeûnes judaïques, dont il est question dans la prophétie fie Zacharie : < Le jeune du quatrième mois, le jeûne du cinquième, le jeûne du septième et le jeûne du dixième mois deviendront pour la maison de Juda des jours de réjouissance et d’allé gresse, des solennités joyeuses. » Zach., viii, 19. L’application du texte d’un prophète de l’Ancien Testament aux quatre-temps romains est un rapprochement ingénieux, rien de. plus. Quant à l’attribution à saint Calliste de cette institution, rien ne peut permettre de l’affirmer ni de la contester.

Quelle tpie soit au juste l’époque de leur apparition, me ou Ve siècle, il est certain que, jusqu’au milieu du vie siècle, ils n’existent qu’à Rome, malgré l’insistance des papes auprès des évêques d’Italie et d’ailleurs sur la nécessité d’observer ces jeûnes des quatre saisons et de réserver pour ces jours l’ordination des ministres sacrés. Pelage I er, parlant de l’un d’entre eux, s’exprime ainsi : « Si l’ordinand ne peut être prêt pour le samedi après le baptême, qu’il attende jusqu’au jeûne du quatrième mois. » Dans Yves de Chartres, Decr., vi. 112, P. L., t. clxi.coI. 472. « NiàCapoue, sous l’évêque Victor au milieu du vi c siècle, ni à Naples au siècle suivant, ni nulle part en Italie, on ne semble s’être conformé en ce point à l’usage romain. » Dom Morin, L’origine des quatre-temps, dans Revue bénédictine, t. xiv, 1897, p. 339. Il est donc bien difficile de rattacher à une pratique générale de l’Église ce qui est resté longtemps le propre de l’Église de Rome.

2. Saint Augustin affirme que, à la fin du ive siècle, les chrétiens de Rome avaient encore l’habitude de jeûner toute l’année le mercredi, le vendredi et le samedi et qu’ils avaient ailleurs des imitateurs : verum etiam christianus qui quarto et sexta et ipso sabbalo jejunare consuevit, quod fréquenter Romana plebs jacit. Epist., xxxvi, 8, écrite en 396-397. En 416, le pape Innocent I er rappelle à Décentius, évêque d’Eugubium, l’obligation d’observer le jeûne du samedi toute l’année et non pas seulement la veille de Pâques. Epist., xxv, n. 7, P. L., t. xx, col. 555.

3. Comment saint Léon, si l’origine était un jeûne conservé seulement quatre fois l’année et disparu le reste de l’année, aurait-il pu lui donner une origine apostolique ? Il y a donc tout lieu de croire que les quatre-temps existaient bien avant que l’ordonnance primitive de la semaine liturgique eût été modifiée.

2° Plusieurs auteurs, parmi lesquels dom Morin, art. cit. et Paul Lejay, dans Rev. d’histoire et de littér. religieuse, 1902, p. 361, proposent de voir dans les quatretemps la transformation de fêtes, ou plus exactement de fériés païennes. Trois fois l’année, à peu près à la même époque que nous, les Romains célébraient des fêtes, ou plutôt des fériés, pour obtenir la protection des dieux sur les fruits de la terre. Les fériés des semailles (sementinœ), qui d’après Pline le Jeune (Ilisl. mundi, xviii, 56), allaient du coucher des Pléiades, 11 nov., au solstice d’hiver ; les feriæ messis, qui pouvaient aller du mois de juin au mois d’août suivant la température du pays et les différentes espèces de grains ; les feriæ vindemiales, qui s’ouvraient par la fête des vinalia le 19 août et duraient jusque vers l’équinoxe de septembre. Trop de ressemblances existaient entre ces fériés païennes et nos quatre-temps pour qu’il n’y eût pas de relation entre les unes et les autres :

1. Les Romains n’avaient que < trois temps » et non quatre. Cette différence, au lieu de créer une difficulté peut au contraire servir de preuve. En effet, les quai re temps de carême ne remontent probablement pas à la même antiquité que les autres : ils ne sont pas mentionnés dans le texte cité plus haut du Liber pontificalis, qui ne parle que du quatrième, du septième et du dixième mois ; ils existaient au temps de saint Léon, mais, chose digne de remarque, dans les plus anciens livres liturgiques, les formules ne font aucune allusion aux fruits de la terre ; sauf quelques passages des leçons du samedi, les textes se rapportent à peu près exclusivement au jeûne quadragésimal. Dans les anciens