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QUARRÉ (JEAN-HUGUES) — QUARTO DÉCI M ANS


toire en 1018 et fut appelé dans les Pays-Bas, à la demande de l’abbé de Saint-Cyran et de Jansénius, en avril 1631. Il acquit alors une grande réputation de prédicateur ; admirateur de Jansénius, il donna une approbation enthousiaste au livre de VAugustinus, en octobre 1641. Il fut prédicateur de l’infante Isabelle, gouvernante des Pays-Bas, et devint prévôt de la congrégation de l’Oratoire en Flandre. Il mourut à Bruxelles le 26 mars 1656.

Quarré a composé un certain nombre d’écrits, où Ton trouve presque toujours des traces de son amour de Jansénius. Il faut citer Trésor spirituel contenant les excellences du clirislianisme et les adresses pour arriver à la perfection chrétienne par les voies de la grâce et d’un entier abandonnement à la conduite de. Jésus-Christ, dédié à l’infante, Bruxelles, 1632, in-12, revu et augmenté, in-8°, Mons, 1633 ; d’autres éditions parurent à Paris. 1632, 1637, 1657. Une 7e édition, in-12, Paris, 1660, porte un nouveau titre : Trésor spirituel contenant les obligations que nous avons d’être à Dieu et les vertus qui nous sont nécessaires pour vivre en par/ait chrétien. — Les dévots entretiens de l’âme chrétienne, Bruxelles, 1640, in-12. — Traité de la pénitence chrétienne, où sont exposées les parties de ce sacrement et de la manière de faire une bonne confession, Paris, 1648, in-12 ; l’auteur y enseigne l’insuffisance de la crainte des peines de l’enfer pour obtenir le pardon de ses fautes. — La vie de la bienheureuse Mère Angèlc, première fondatrice de la congrégation de SainteUrsule, enrichie de plusieurs remarques et pratiques de piété bien utiles pour la conduite de toutes sortes de personnes et la vertu, Paris, 1648, in-12. — - Réponse <i un écrit qui a pour titre : Avis donné en ami « un certain ecclésiastique de Louvain, au sujet de la bulle du pape Urbain VIII, qui condamne le livre portant le litre : Augustinus Cornelii Jansenii, Paris, 1649, in-12. C’est une réplique à un ouvrage qui conseillait de se soumettre à la bulle In eminenti ; on lit, dans l’écrit de Quarré, que « l’ouvrage de Jansénius n’a été condamné que sur un faux supposé, qui n’oblige pas en conscience car il est inexact que le livre de Jansénius renouvelle des propositions déjà condamnées dans Baius ». — Le riche charitable ou de l’obligation que les riches ont d’assister les pauvres et de la manière qu’il faut faire l’aumône, Paris, 1653, in-12, dédié à l’archevêque de Malincs, Jacques Boonen. — Direction spirituelle pour tes âmes à qui Dieu inspire le désir de se renouveler de temps en temps en la piété, par une sérieuse retraite île quelques jours, où sont contenues des méditations sur Jolis les devoirs du chrétien. Paris, 1654, in-12.

Micîiaud, Biographie universelle, t. xxxiv, p. 602 ; Moréri,

Graml iliei. hisl., éd. de 1759, t. viii, ».t'> : >7 ; Feller-Weiss, Biogr. univers., t. vii, p. 108 ; Richard et Giraud, Biilioth. sacrée, t. xx, p. 310-317 ; Foppens, Biblioth. sacra. II 1 purs, p. 665-660 ; de Boussu. Histoire de Mons, p. 4.’Î2 ; A. Matliieu, Biogr. montoise, p. 251 ; Paquot, Mémoires poiw servir à l’hist. lillér. des dix-sept provinces, éd. in-K", t. i, p. 2°>0260 ; Swert, Ncerologiiim aliquot utriusque sexus roma.noeatholicorum qui vel scientia vel pietate, claruerunt ah anno 1600 usque ad annum 1739, p. 45-46 ; Batterel, Mémoires domestiques iionr servir à l’hist. de l’Oratoire, t. ii, p. ri : 434 ; Feret, La faculté de théologie de Paris et ses docteurs les pins célèbres. Époque moderne, t. v, p. :  ;  : '>S- : 5 ! 2 ; Biogr. nat. de Belgique, t. win, col. 4O3-40C.

J. Carkeyre.

    1. QUARTODÉCIMANS##


QUARTODÉCIMANS. - Nom par lequel on

désigne les partisans de l’ancien comput pascal, qui fixait au ! Ie jour de la lune du printemps, à quelque jour de la semaine qu’il tombal, la célébration de la fête de Pâques. Voir l’art. Pâques, t. XI, col. 1948 sq. Cet usage, asiate à sou point de départ, a dû tenter de s’introduire en Occident. On ne comprendrait pas sans cela l’attitude du pape Anicet dans cette question, ni, à plus forte raison, telle du pape Victor. Il est remar quable d’ailleurs que le prêtre Hippolyte de Bonns’est préoccupé à deux reprises des quartodécimans ; d’abord dans son Sgntagma, perdu sans doute, mais que l’on peut reconstituer conjecturalement par la comparaison de pseudo-Tertullien, De hæresibus, n. 8, P. L., t. ii, col. 72, d’Épiphane, Hseres., l, P. G., t. xli, col. 881 sq., et de Filastrius, Hseres., lxxxvii, P. L., t.xii, col. 1198 ; ensuite dans la Refutatio (Philosophoumena), t. VIII, c. xviii, éd. Wendland, p. 237.

Mais, s’il y eut à Borne et en Occident une poussée quartodécimane — pseudo-Tertullien déclare, sans que nous puissions contrôler son renseignement, qu’un certain Blastus aurait causé un schisme à ce propos (cf. Eusèbe, Hist. eccl., t. V, c. xv) — si cette poussée apparaît en relation avec le mouvement montaniste, il faut croire cependant qu’elle y eut peu de succès. Les hérésiologues occidentaux du début du ve siècle ne mentionnent les quartodécimans que par ouï-dire et par souci d’être complets ; c’est le cas de Filastre, le cas aussi de saint Augustin, De hæres., 29, P. L., t. xi.ii, col. 51, auquel l’auteur du Prwdestinatus ajoute quelques détails, relatifs d’ailleurs à l’Orient et sur l’authenticité desquels on aimerait être plus au clair. Cꝟ. t. I, n. 29, P. L., t. lui, col. 597.

C’est en Orient que la pratique quartodécimane s’est maintenue. Nous ignorons à quelle date les communautés catholiques d’Asie y ont renoncé pour se rallier à l’usage dominical. C’était chose faite a l’époque du concile de Nicée. Mais ladite coutume s’était gardée dans les nombreuses sectes de la région phrygienne et des alentours, où se conservait l’esprit du montanisme, revigoré dans la seconde moitié du [IIe siècle par les influences novatiennes. Il n’est pas étonnant que dans ces milieux, où l’on se piquait d’archaïsme, l’on soit demeuré fidèle à un usage qui se réclamait du patronage de l’apôtre Jean et des grandes lumières de l’Asie ». Encore est-il que l’uniformité ne régna pas longtemps. Pendant que les uns restaient absolument fidèles au comput judaïque, d’autres se ralliaient à un nouveau système. On venait de découvrir (après 325), les Actes apocryphes de Pilule, qui fixaient la date de la passion de Jésus au 25 mais (8 des calendes d’avril). C’est cette date qui rallia les suffrages d’un certain nombre de dissidents. Ils célébraient donc Pâques comme une fête lixe. C’était en Cappadoce surtout que cette manière de faire sciait imposée. De CC chef d’ailleurs, on rompait entièrement aussi bien avec les chrétiens qu’avec les juifs, dont le comput pascal étail rattaché à l’année lunaire. Ceux qui procédaient ainsi ne peuvent plus s’appeler des quartodécimans.

Mais il restait au Ve siècle des quartodécimans authentiques. Sans appuyer autrement sur la donnée du Prsedestinatus, qui nous montre saint Jean Chrysostome ralliant à l’Église « en beaucoup de cités » de ces communautés dissidentes, on peut faire état de la notice de Théodore ! dans Ihcrelic. fabul. con/ut., [II, 1. P. (’, ., t. i.xxxiii, col. !  !)."> ; l’évêque de Cyr note que les quartodécimans sont en rapports étroits avec les novatiens. On doit surtout relever la mention qui es1 laite des quartodécimans à la fameuse Actio vi du concile d’Éphèse (28 juill. 131). connue sous le nom A’Actio Charisii. A cette séance, un certain Charisius, économe » de l’Église de Philadelphie, exposa comment à des quartodécimans de la région lydienne qui voulaient se réunir à la grande Église, des gens de l’entourage de Neslorius (voir ce qui est dit par Sociales, Hist. eccl.. I. VII. c. xxix, de l’action de celui-ci) avaient demandé la souscription d’un formulaire de foi extrêmement suspect au point de vue christologique. Voir Mansi, Concil., t. iv, col. 13Il sq. ; cf. E. Schwarz, Acta concil. œcum., t. i, vol. i, fasc. 7, p. H5 sq. Nous avons ainsi une vingtaine d’abjurations, dont les signataires déclarent renoncer à 1’lie