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RABAN M.VUR. ŒUVRES


l’année liturgique ; il nous en manque, malheureusement, une très grosse partie.

3. De virtutibus et vitiis.

Deux ouvrages distincts se présentent avec le même titre. Le premier De virtutibus et vitiis fut composé en 834 et adressé par Raban à l’empereur Louis le Débonnaire, alors au plus fort de ses difficultés avec ses fils ; il consiste dans une série d’exhortations morales en 40 chapitres ou paragraphes. Une longue lettre accompagne ce traité, elle est connue sous ce titre : De reverenlia filiorum erga patres ; nous l’avons déjà signalée à propos de l’action politique de Raban. Ni le traité, ni la lettre ne se trouvent dans Migne ; le De virtutibus et vitiis a été publié par Lazius dans ses Fragmenta quædam Caroli Magni, Anvers, 1560, p. 190. La lettre, par Baluze, avec le De concordia Sacerdolii et Imperii de Pierre de Marca, Paris, 1704, col. 13C7-1382, et par Dûmmler, op. cit., p. 403-415.

On trouve dans Migne, au t. cxii, col. 1335-1398, un De vitiis et virtutibus, et peccatorum satisfactione, en trois livres. L'éditeur restitue les deux premiers à Halitgaire, évêque de Cambrai, le troisième serait de Raban, mais il ne porte aucune indication qui permette de le lui attribuer d’une manière certaine.

4. Liber de computo (P. L., t. cvii, col. 669-728). — Ce traité, composé à la demande du moine Marchaire, est une adaptation du De ralione compuli de Bède le Vénérable. Il se présente sous la forme d’un dialogue entre un maître et son disciple : le but premier est de découvrir à quelle date on doit célébrer la fête de Pâques qui commande les dates de la plupart des autres fêtes : mais la question s'élargit et le maître, pour répondre aux questions du disciple, en vient à parler de tout ce qui concerne le calendrier : théorie du calendrier, puissance des nombres, le temps et ses divisions, l’astronomie, etc.

5. De universo (P. L., t. exi, col. 9-614). — Cet ouvrage, un des plus considérables de Raban Maur (22 livres), se présente sous plusieurs titres ; le plus complet et le plus significatif est celui-ci : De rerum naturis et verborum proprielalibus, neenon etium de myslica eoriun significatione. Cet ouvrage fut composé entre 842 et 847, pendant la retraite de Raban : il est dédié à Haymon, évêque d’Halberstadt et à Louis le Germanique. Sa dépendance est étroite à l'égard des Étymologies d’Isidore de Séville ; cependant, la préoccupation étymologique y est un peu moins accusée ; d’autre part, l’ordre suivi n’est pas l’ordre alphabétique. Après avoir, dans un premier livre, parlé de Dieu, des noms divins, des attributs divins, des personnes divines, l’auteur passe en revue la création tout entière, en une vaste encyclopédie ; on passe d’une question à une autre, en vertu des lois un peu capricieuses de l’association des idées plutôt, semble-t-il, qu’en vertu de la stricte logique. L’ensemble est assez superficiel, mais la lecture en est fort intéressante : on y découvre une conception mystique du monde : le monde est plein de Dieu et la réalité spirituelle y a plus d’importance que la réalité matérielle, tout est symbole et l’esprit doit s’appliquer à saisir la véritable signification des mots et dos choses : la connaissance ne doit pas s’en tenir à la stricte matérialité des objets, mais comprendre qu’ils sont des signes. Le De universo de Raban Maur eut un succès considérable ; il prélude aux diverses « Sommes », « Miroirs.., « Trésors », que le Moyen Age nous a transmis, sous forme de textes écrits ou sons forme d’images peintes ou taillées : cf. É. Maie, L’art religieux au

111e siècle, p. 46, el Cli. V. Langlois, I.a vie en France au Moyen Age, La connaissance de la nature ri du monde, p. xvii.

6. Martyrologe (P. /… t. CX., col. 1121-1188). — Composé à la demande de Rartleik, abbé de Seligenstadt, puis dédié à Grimold, archichapelain de Louis le

Germanique, ce martyrologe appartient, dit dom Quentin, à la catégorie des martyrologes historiques, c’està-dire que, aux noms et aux dates, il ajoute une notice sur le saint, sa vie ou sa passion. « Sous l’influence des décisions conciliaires et des ordonnances épiscopales, la littérature spéciale des martyrologes historiques se développait de toutes parts. Rhaban Maur… prenait pour base de son travail un manuscrit de la première famille de Jiède >. Dom Quentin, Martyrologes historiques, p. 683. Le savant auteur écrit encore : « La dépendance du Martyrologe de Rhaban Maur visa vis de celui de Bède a été souvent constatée et elle est évidente », p. 3. Raban a puisé aussi à d’autres sources, mais sans grand esprit critique. Op. cit. p. 131.

7. Pénitentiels.

Nous avons de Raban Maur deux pénitentiels : l’un adressé à Otgar, archevêque de Mavence (t. exil, col. 1397-1424), l’autre à Héribald, évêque d’Auxerre, (t. ex, col. 467-494). Sur ses deux pénitentiels on lira l’appréciation donnée à l’article Pénitence, col. 863, 883-894 ; et à l’art. Pénitentiels, col. 1173. Du pénitentiel à Héribald le 33e article demande une mention particulière, t. ex, col. 492 : à propos d’une question posée par Héribald, « Utrum eucharislia, postquam consumitur. et in secessum emitlitur more aliorum ciborum, iterum redeat in naturam prislinam, quam habueral, anlequam in allari consecraretur » ; Raban répond qu’il s’est expliqué longuement sur diverses questions touchant l’eucharistie, dans sa lettre à Égil. Cette lettre à Égil, Mabillon croyait pouvoir la reconnaître dans un opuscule anonyme intitulé Dicta cujusdam sapientis de corpore et sanguine Domini. Or, il paraît maintenant établi que cet opuscule a pour auteur, non pas Raban Maur mais Gottschalk ; la lettre à Égil est donc perdue. Cf. Dom Cappuyns, Jean Scot Erigène, Louvain, 1933, p. 87. On voit du moins dans ce court passage que Raban ne partage pas l’opinion de Radbert sur l’identité du corps eucharistique et du corps historique du Christ. Cf. art. Messe, col. 1016.

8. De anima (P. L., t. ex, col. 1109-1120). —C’est un petit traité de psychologie et de morale ; l’auteur y définit l'âme et ses facultés, il étudie l’origine de l'âme, sa localisation dans le corps, sa spiritualité ; puis il examine successivement les vertus morales, prudence, force, justice, et tempérance. Cet ouvrage nous fournit un exemple caractéristique de la méthode de travail de Raban : presque toute la matière, en effet, en est empruntée à Cassiodore et à saint Augustin.

9. De videndo Deum (P. L., t. cxii, col. 1262-1332). — Le titre complet est : De videndo Deum, de purilate cordis et modo pœnilentiæ libri 1res ad Bonosum abbatem. C’est un ouvrage de spiritualité dont la substance est empruntée à saint Augustin. Les trois livres ont entre eux le rapport suivant : la vision de Dieu est le but de nos efforts, la récompense de notre foi ; les cœurs purs verront Dieu ; la pureté du cœur se maintient et se répare par la pénitence.

10. Traités grammaticaux, glossaires, etc. — Dans le De clericorum institulione et dans le De universo, les considérations sur la grammaire ne manquent pas ; mais pour fournir aux écoliers un manuel facile à utiliser, Raban emprunta à Priscien, grammairien du vie siècle, les éléments essentiels de son De arle grammalica. P. L., t. exi, col. 613-678. On attribue aussi à Raban sous le titre : De invenlione linguarum une collection d’alphabets ; de même, plusieurs glossaires pour la traduction des Livres saints et des prières chrétiennes en dialecte germanique (P. L., t. cxii, col. 15751583).

1 1. Poésies. — L'œuvre poétique de Raban Maur est assez abondante. On la trouve rassemblée par Migne. t. cxii, col. 1583-1676, mais surtout, par Di’mim-