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    1. RABAN MAUR##


RABAN MAUR. ŒUVRES

li.l

où cessent les homélies du pape saint Grégoire : le pape saint Grégoire a développé surtout le sens anagogique, l’empereur demande que Raban insiste sur le sens moral et pratique : etiam ethicam quam queerimus, tua largitio aperiat. P. L., t. ex, col. 495-496. On trouve ces diverses distinctions bien marquées dans les préfaces des livres du Pentateuque adressés à Fréculfe : celui-ci, en efïet, a précisé qu’il désirait d’abord une interprétation littérale, puis l’explication spirituelle laquelle comporte les différents sens indiqués plus haut ; on ne s'étonnera pas que dans ce sens spirituel les « figures » tiennent une large place. A la suite des principes généraux d’interprétation du texte sacré, le même traité des Allégories donne l’explication, conformément aux différents sens, d’un grand nombre de mots classés par ordre alphabétique. Est-il besoin de faire remarquer que Raban Maur ici n’invente pas ? Comme souvent il copie, et sans faire remonter jusqu'à Méliton de Sardes cette manière d’allégoriser, ainsi que le fait dom Pitra au t. m du Spicilegium Solesmense, il faut reconnaître qu'à l'époque de Raban Maur elle est déjà ancienne et qu’il n’a eu qu'à la recueillir, ne serait-ce que d’Isidore de Séville en ces célèbres Étymologies. L’attribution des Allegorias à Raban Maur a été mise en doute, non sans raison semble-t-il. Voir Petit, « Ad viros religiosos. » Quatorze sermons d’Adam Scot, Tongerloo, 1934 ; cet auteur propose de les attribuer à Adam Scot, op. cit., p. 27. Voir aussi dom Wilmart, dans Mélanges Mandonnet, t. ii, p. 161.

Traités et opuscules divers.

1. De clericorum

inslitutione (P. L., t. cvii, col. 293-420). — Ce traité fut composé vers 819, quand Raban Maur était encore à la tête de l'école de Fulda. Il est dédié à Haistulfe, archevêque de Mayence, et Raban déclare qu’il l’a composé à la demande de plusieurs religieux de Fulda qui, venant souvent le consulter pour des difficultés particulières, le prièrent finalement de rédiger un ouvrage d’ensemble, où les principales questions seraient traitées. De fait, cet ouvrage, divisé en trois livres, étudie les questions les plus diverses, sans en approfondir aucune ; il est une somme, un manuel assez bien ordonné, où clercs et moines peuvent trouver les connaissances et les conseils dont ils ont besoin. L’analyse suivante en donnera un aperçu.

L. I. — Après un court préambule sur l’unité et la catholicité de l'Église, l’auteur distingue dans l'Église trois ordres : les laïques, les moines, les clercs ; ces derniers constituent la hiérarchie et de cette hiérarchie Raban étudie les degrés depuis la tonsure jusqu'à l'épiscopat. C. i-xiii. Les c. xiv-xxiii traitent des vêtements sacerdotaux. Puis viennent les sacrements, dont la définition est empruntée textuellement à Isidore de Séville, c. xxiv ; ce mot semble ici réservé aux rites de l’initiation chrétienne, et à l’eucharistie : Sunt autem sacramenta, baplismum et chrisma, corpus et sanguis. Col. 309. Les c. xxiv-xxx décrivent donc l’initiation chrétienne, ou catéchuménat. La fin du livre I (c. xxxi-xxxm) est consacrée à l’eucharistie. Pour l’exposé de la pensée de Raban sur les différents problèmes que pose l’eucharistie sacrement et sacrifice, se reporter à l’art. Messe, col. 1004-1021.

L. II. — Les c. i-ix traitent de la prière publique et des heures canoniales. Viennent ensuite les diverses prières privées, c. x-xvi, puis les jeûnes obligatoires et de dévotion, les aumônes, c. xvii-xxviii. Les c. xxix et xxx décrivent la pénitence, la satisfaction et la réconciliation des pécheurs par l'Église : à ces chapitres, il convient de rattacher le c. xiv, dans lequel l’exomologèse est présentée comme l’une des meilleures prières. Pour l'étude d’ensemble de la discipline pénitentielle d’après Raban Maur, on se

reportera à l’art. Pénitence, col. 871-891. Les c. xxixlvi passent en revue les fêtes et temps liturgiques, la liturgie dominicale, les fêtes des saints, les sacrifices offerts pour les défunts, les dédicaces, etc. Les éléments de la prière liturgique, cantiques, psaumes, hymnes, antiennes, répons, leçons, bénédictions, etc., sont décrits dans les c. xlvii-lv : à propos des leçons ont trouvé place deux chapitres sur les livres des deux Testaments et leurs auteurs. Le livre s’achève, c. i.vilviii, par quelques considérations sur la règle de foi, le symbole, et un catalogue des principales hérésies.

L. III. — C’est un traité des études du clergé. Ce que les clercs doivent d’abord étudier, c’est l'Écriture sainte : étude indispensable en vérité, mais qui présente bien des difficultés. C. i-xv. Par suite, une préparation intellectuelle, profane en apparence, est très utile pour aborder les Livres saints ; cette préparation comporte l'étude de la grammaire, de la rhétorique, de la dialectique, de la mathématique, cette dernière se subdivise en arithmétique, géométrie, musique et astronomie : ce sont là les sept arts libéraux que l’on trouve développés dans les écrits des philosophes et dont il faut savoir tirer le meilleur parti possible. C. xvi-xxvi. La fin du livre est consacrée à la prédication.

Plus tard, entre 842 et 847, retiré dans la solitude du Petersberg, Raban Maur reprendra son œuvre, ajoutant, supprimant, répartissant autrement la matière. Il offre à Réginbald l’ouvrage ainsi refondu et nous l’avons sous le titre : De ecclesiastica disciplina. P. L., t. cxii, col. 1191-1262. Deux longs morceaux du I. I sont empruntés à saint Augustin : Quomodo rudes culechizandi sunt et De duabus civilalibus. Le 1. III s’intitule : De agone christiano : c’est un traité de spiritualité sur l’effort et le progrès à réaliser dans la vie chrétienne ; le raccord avec ce qui précède est ainsi marqué : Descriplis ergo sacramentis divinis, in quibus homo christianus efficitur… qualiler Mi postea in agone cliristiano cerlandum sit, consequenler scribendum esse arbitramur. Ibid., col. 1229.

Plus tard encore, devenu archevêque de Mayence, Raban enverra à Thiotmar, son collaborateur, sous le titre de Liber de sacris ordinibus, sacramentis divinis, et veslimentis sacerdolalibus, la même œuvre revue encore et augmentée ; le chapitre sur le catéchuménat et sur le baptême, mais surtout celui sur la messe ont reçu de plus amples développements. P. L., t. cxii, col. 1165-1192.

2. Homélies (P. L., t. ex, col. 9-468). — Sous le titre d’Homélies, nous avons deux recueils assez différents : il n’est pas sur, d’ailleurs, que tout y soit de Raban Maur, et d’autre part, nous ne possédons pas toutes les homélies qu’il a composées. Le premier recueil, col. 9-134, est adressé à Haistulfe, archevêque de Mayence. Chacune des pièces a été composée et envoyée séparément ; il s’agit, d’ailleurs, non pas de sermons proprement dits, entièrement rédigés, mais de plans à l’usage des prédicateurs ; le groupement en a été réalisé finalement par Haistulfe lui-même et Raban le pria de faire précéder le recueil de sa propre lettre, pour servir de préface. Ces homélies traitent des divers mystères de l’année liturgique, puis d’un certain nombre de vertus et de vices : on y peut glaner des indications théologiques intéressantes. Raban Maur trouve ici l’occasion de mettre en œuvre certains principes du De clericorum instilulione sur la prédication ; il reprendra plus tard certains développements dans le De agone christiano signalé plus haut.

Le second recueil est dédié à l’empereur Lothaire ; sur ce recueil, les indications données par Migne sont heureusement complétées par Dummler, Mon. Cerm. hist., Epist., t. v, p. 503-506. Lothaire avait demandé à Raban des homélies sur le Lectionnaire de toute