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PRÉVOSTIN DE CRÉMONE — PRIÈRE


(Va/, lai. 2074, fol. 17), Jean de Trévise ( Val. lut. 1187, fol. 8 v°), Hugues de Saint-Cher (Leipzig, Univ. Bibl., 573, fol. 101), etc. ; cf. A. Landgraf, Die Erkenntniss der helfenden Gnade in der Friiliscltolaslik, dans Zeilschri /t /tir kath. Theol., t. lv, 1931, p. 403-407. On ne peut pas dire que I’révostin ait été chef d’école ; il est le représentant du sentiment commun des docteurs de l’époque : Viam magistrorum nostrorum conséquentes est une de ses expressions favorites. A. Landgraf a découvert dans le Val. lai. 1074 un ouvrage qui est, quant à la doctrine et quant au texte, inspiré de la Summa de Prévostin ; cf. Eine ncuenldeckle Summe aus der Schule des Præposittnus, dans Colleclanea franciscana, Assise, 1931, p. 289-318. I’révostin est cité nominalement par Gaufredus Pictaviensis, Guy d’Orchelles, Etienne Langton, l’anonyme du ms. d’Erlangen, 363, Guillaume d’Auxerre, Roland de Crémone, Albert le Grand, et saint Thomas, (l’est sur l’école franciscaine qu’il a exercé le plus d’influence, par l’Intermédiaire de i es deux grands docteurs, Alexandre de Haies et saint Bonaventure. Le Docteur sérapliique rapporte dans un de ses sermons un trait d’humilité de I’révostin qui montre la haute estime dans laquelle il le tenait, Opéra, éd. Quaraccbi, t. ix, p. 500.

(. Lacombe, Privosltn de Crémone, su vie et se » œuvres. Bibliothèque thomiste, t. xi, Kain, 1927, el comptes rendus signalés dans Bulletin thomiste, t. viii, 1931, p. 23 1.

G. Lacombe.


PRIÈRE. — L’étude qui Va Suivre sera de caractère strictement Idéologique, c’est a dire qu’elle S’inspirera uniquement des travaux des théologiens Catholiques sur la prière, el suit ont de ceux de saint Thomas d’Aquin et de Suarez, « en qui l’on entend toute l’École ». Nous négligerons donc volontairement tous les travaux des auteurs contemporains, croyants ou incroyants, consacres goit a la psychologie, sud a {’histoire, soit enfin à la philosophie de la prière. (Notre bibliographie contiendra néanmoins l’indication de quelques-uns de ces ouvrages, que pourront consulter

ceux qui s’intéressent a ces questions.) las théologiens, en effet, ne se demandent pas comment on prie,

comment on a prie et si l’on peut tirer du fait de la prière des conclusions métaphysiques ; ils n’envisagent la prière qu’en tant qu’elle est un devoir de l’homme ; ils établissent sa nécessité, son obligation ; iK enseignent quand et comment il faut prier, etc. lai un mot,

nous s nés ici en morale, pour dire ce que doit être

la prière selon les Instructions du christ ci de l’Église, cl conformément aux doctrines de la théologie catho lique.


I. Nature de la prière.
II. les espèces de prières (col. IfcO).
III. Légitimité et convenance de la prière (col. 199).
IV. Nécessité et obligation de la prière (col.. Il H.
V. Qualités et conditions de la prière (col. 212).
VI. Qui peut-on prier ? (col. 223).
VII. Que peut on demander ? (col. 228).
VIII. aleiirs et efficacité de la prière (col. 234).

I. Nature de la prier].

I. définition. Vvanl de proposer leurs propres définitions de la prière, les théologiens recueillent, pour en faire la synthèse ou la critique, celles qui leur viennent de la tradil ion. particulièrement des Pères.

C’est ainsi que saint Thomas, Snni. theol., Il’11’. <l lxxxiii, a. 1, cite successivement : i. le pseudo-I tenys, qui dit au c. m du De div. nom. : A nie omnia nl> oratione incipere est utile, sicui Dec nos ipsos tradentes et un tentes ; 2. Isidore, qui, in lil>. X Etymol., enseigne que : orare idem est ac dicere ; 3. Cassiodore, pour qui oratio dicitur quasi mis ratio ; I. saint Augustin, qui dit fn lit<. <te Verb. Dom., sermo v, que : oratio petitio quædam est ; 5. saint Jean Damascène, qui, au I. 1Il du De ftd. orth., c. xxiv, définit la prière : petitio decen tium a Deo ; 6. de nouveau le pseudo-Denys, ibid., qui affirme que : quando orationibus invocamus Deum, reuelata mente adsumus ipsi ; 7. de nouveau enfin, saint Jean Damascène, ibid.. qui définit encore la prière : ascensus mentis in Deum. Dans son commentaire sur les Sentences, t. IV, dist. XV, q. iv, a. 1, saint Thomas cite encore les définitions suivantes : 1. du pseudo-Augustin, De spiritu et anima, c. i. : oratio est pius affeclus mentis in Deum directus ; 2. d’Hugues de Saint-Victor, De modo orandi, c. i : oratio est devolio quiedam mpunctione procedens ; 3. de saint Grégoire, Moral.. I. XXXIII, c. xxin : orare est amaros gemilus in compunrtione resonare. Enfin, pour revenir à la fameuse question de la Somme théologique mentionnée ri-dessii dans l’ad’.', de l’art. 2, saint Thomas transcrit ( texte de saint Jean Chrysostome, In Gènes. boni, xiii Considéra quanta est tibi enneessa félicitas, quanta glorit attributa, orationibus fabulari eum I)eo. cum (.Urist. miscere colloquia, optare quod velis, quod desiderai tulare.

Pour appuyer ses définitions de la prière d’autorité ! patristlques Suarez nous apporte encore d’autres

textes : 1 saint Jérôme. Eplst., < xxxix. Ad < ijprianum Sam oratio, ju.rta grammalicos, omnis terme loquet, lium est. eu jus etymologiam sic explicant oratio < ratio. In Sert plu ris autem tandis, difficile orafit juita hune sensum legimus, ttû qusc ad prea crationes pertinet, De religione, tr. I., Ite oratione, des* tione ei tir, ris canonicis, I. I. c i. n. l ; 2 saint Augustii Serm.. < xxx. De tempore : Quid autem est oratio, nis ascensio anima de ierreslribus ad cseleslia, inquisitii tupernorum, invisibilium desiderium, ibid. n mon n’est pas de saint Augustin ; il figure dans I’. I. t. xxxix. COl. 1886-1887, sous le n. i xxiii (alias. {), lempore, ii xxx) des Sermones tuppositilii) ; du De spiritu et anima, c. i. est < de par Suarez autre meut que par saint Thomas : Oratio rsl <, , nvrrsio mentit

m Deum, per pium et liumilrm affectum, ibid : t. s. dut Basile, llom. m a arlijrem Julitlam : Oratio est bon cujusdam petitio, qusc ml Deum a plis efjunditur, ibid.. c. n. n. 2 ;.">. saint Grégoire de Nysse, De rot’Oratio conversatio et s, rm< ( inatlo eum Deo est. et malorum subversio mpeccatorum emendalio, >t encore Oratio est petitio bonorum, que Deo eum tupplicot ofjertur, ibid., n. : >-, 6. Jean Chrysostome : / nem Angeltt copulamur… Angelorum est intérim eorum superant dtgnitatem, liquident maftu Angelorum dignitate colloquium miscere cum Deo, ibid. I. II, c. i, n. 3 ; 7 saint NU, qui dit qu’il faut prii ce qu’il explique ainsi ; Sensm est eonsideratio cun rentia. et compuncttone, et <l"l : >rc animl, eum tuspiriis sine roee, ibid., n. i : s. encore Jean Chrysostomi lib. I De orando Deum : … Deus, qui nob honoris largiatur, ni dignos nos habuerlt qui cum ips< colloquamur, noslraque Dota apud ipsum deponamus nom vere eum Deo con/abulamur, quotles vacamus </ cationi, ibid., n. â. Le P Vermeerscfa virtutibus religionis et pietatis…, Bruges, 191 Cite enrôle (elle définition de la prière, qu’on trouve

dans VEpist. ad fratres de monte Dei Oratio* s/ hominis Deo adhserentis afjectio, et familiaris quttdam et pla alloculio, el statio illuminalm mentis ml fruendum quam diu lieel. Cf. P /… t. I l XXXrV, COl

t" La synthèse thomiste. Saint rhomas rattach

prière à la vertu de religion et la range, avec la « I.

lion, parmi m’s actes Intérieurs, qui sont aussi ses a principaux, tandis qu’il range parmi ses actes exte ricins l’adoration, per qmim alii/uis suum eorp ::~

Deum venerandum exhibet. Cf. en tête des q. i xxxii et i xxxii de la I I 1 1’. De plus, il ne reconnaît. à vrai dire, qu’une sorte de prière, la prière de demande,

mais qu’il considère comme un tout complexe renfermant des parties diverses, parmi lesquelles se trouve