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PRÉVOSTIN DE CKÉMONE


<istin sur les Psaumes, car Prévostin en reproduit d’assez Importants morceaux dans le travail en question, ci-dessous au 6

5° Le ins. 4784, fol. 164-175 (xiv « sieclo, de la Staatsbibliothek de Munich, contient un ouvrage qui porte le titre : Collecta ex distinctionibus Prepositini. C’est un petit dictionnaire théologique suivant la méthode et l’esprit de la Siimmu Abel de l’ierre le Chantre. Le titre donné par le ins. est équivoque : il peut signifier que la collection esi tirée d’un ouvrage de Prévostin plus considérable mais du même genre (il ne contient que cent vingt-trois distinctiones), ou qu’il est la réunion de distinctiones extraites d’un commentaire (probablement sur les Psaumes) de notre auteur. Car le mot distindio a plusieurs sens dans la littérature de l’époque. Parfois il signifie l’explication des sens variés qu’un mot peut avoir dans le texte sacré, par exemple, ms. cit. :

l’ilius Dei.

Meritum christi.

se. ^ Prosperitas mundi

Pavor gratis :.

Amor Dei.

Vita seterna.

I Deus Pater operatur

I Christus homo exalta Est I tur.

! Homo tempore prospe dextera { ratur.

J Pcenitentes reconcilian- |

qua I tur.

[ Justus delectatur.

Sanctus glorificatur.

Dans l’exemple ci-dessus, les morceaux de l’Écriture qui, régulièrement, devraient suivre chaque exemple font défaut. Mais il montre clairement le sens primaire de distindio : la disposition en schéma sur la page des sens variés d’un mot dans la Bible. D’autres fois le mot dislindiones est employé pour désigner des commentaires sur les Psaumes dans lesquels l’auteur employait ce genre d’exégèse ; par exemple, les Distindiones de Pierre de Poitiers, de Michel de Meaux, de Philippe le Chancelier, d’Eudes de Chàteauroux.

Quant au Collecta ex distinctionibus Præpositini, qu’il soit un extrait d’une œuvre plus considérable du même genre ou tiré de la Summa super Psallerium de Prévostin (cet ouvrage ne nous est parvenu qu’incomplet), il reste vrai que trente et une de ces Distinctiones se retrouvent dans la Summa theologica de Prévostin, vingt-trois dans la Summa Abel de Pierre le Chantre et neuf dans les Distinctiones Pétri Pictaviensis super Psallerium, toutes mot pour mot identiques. Ce genre d’exégèse est, on le sait, assez ancien ; il se trouve déjà dans les Formulæ spirilualis intelligentiæ d’Eucher de Lyon au ve siècle, mais on ne sait qui lui a donné la grande vogue dont il a joui à la fin du XIIe siècle. Le R. P. Moore de l’université de Notre-Dame (États-Unis) publiera bientôt une étude approfondie de ce sujet dans son livre sur Pierre de Poitiers.

6° Il faut maintenant parler de la Summa super Psallerium secundum magislrum Præposilinum, dont le prologue débute : Egredimini filiæ Sion… Ad vos l’iri litterati. Ce prologue apparaît souvent non en tête d’un commentaire, mais dans un recueil de sermons (mss. : Paris, Bibl. nat., lat. 14 417 ; Arsenal, 543 ; Salzbourg. Stiftsbibl., VI, 32 ; Brit. Mus., add. 18 335 ; Turin, D.V. 2 ; Troyes, 1251). et parfois il apparaît en tête de commentaires sur les Psaumes, qui ne sont pas celui que nous connaissons, comme attribué à Prévostin. Les deux seuls mss. qui contiennent avec certitude l’ouvrage de Prévostin sont à Paris, Bibl. nat., lat. 454 ; à Florence, bibl. Laurent., plut. IX, dext. 9. Il reste à étudier en détail les commentaires contenus dans les mss. Durham, A. I. 13 ; A.I II. Il ; A. IV. 4 ; Assise, 55 ; Paris, 14 717. qui commencent par le même prologue et qui sont apparentés avec notre texte.

Rappelons ici la complexité de la tradition manuscrite de ce genre d’ouvrages, par exemple des commentaires bibliques d’Etienne Langton (Lacombe and

Smalley, Studiet on the Cammentaries of cardinal Stephen Langton, dans Archives d’histoire doctrinale et littéraire du Moyen Age, 1930). Elle se retrouve peut-être dans ceux de Prévostin. Le titre même : Summa super Psallerium secundum magislrum l’rupositinum, suggère une reportalio, et lorsqu’il existe une reporlatio il peut facilement en exister une autre légèrement différente. Il est curieux de voir que ce commentaire de Prévostin, pour ses premiers chapitres, glose non pas le psaume même, mais la Magna glosalara, c’est-à-dire le commentaire sur les Psaumes de Pierre Lombard. Cela nous semble le premier exemple de ce fait ; l’ouvrage, cependant, est postérieur à 1196, car Odo episcopus Parisiensis y est cité. Paris, lat. loi, fol. 123. Les commentaires sur les Psaumes de cette époque, leur relation avec la distindio et avec la prsedicatio dans les écoles, ont grand besoin d’être étudiés.

7° l’n ouvrage de Prévostin dont il existe des mss. un peu partout, avec une certaine prépondérance en Angleterre, est sa Summa theologica. Il en reste trente-sept exemplaires complets : Bruges 237 ; — Cambridge, l’niv. libr., IV, 3 ; Pembroke Coll., 225 ; — Einsiedeln, 230 ; — Erfurt, Amp. Od. 22 ; — La Haye, Meerman B. 33 (394) ; — Londres, Lambeth, 199 ; Brit. Mus.. Harleu 3596 ; Royal Q. E. XIV. — Lucques, 321 (B. 222) ; — Milan, Ambros., II. 168 inI. ; — Munich, lat. 6985 (un élève de Mgr Grabmann a découvert un autre ms. à Munich, dont j’ignore la cote) ; — Oxford. Balliol Coll., 210 ; Oriel Coll., 24 ; Bodl., 33 ; — Paris, Mazar., 1004 ; Bibl. nat., lat. 14 526, 15 738 ; Sainte-Geneviève, 200, et 1417 ; — Todi, 71 ; — Toulouse, 159 ;

— Rome, Vat. lat. 1174 ; — Vienne, Palat. lat. 1409 et 1501 ; — d’autres mss. sont incomplets : Arras, 965 ; — Dijon, 564 ; — Oxford, Bodl., Mise. Laud. 80 ; Univers. Coll., 61 ; — Paris, Bibl. nat., lat. 12 387 et 13 420.

Les rubriques de certains mss. (Oxford, Univers. Col., 61, Vienne, Palat. lat. 1501, Vat., Otlob. lat. 601) font de la Summa un commentaire sur les Libri Sententiarum de Pierre Lombard. Cela est vrai en un sens, mais indirectement, car Prévostin suit l’ordre des questions qui se trouvent dans les Libri V Sententiarum de Pierre de Poitiers — qui est lui-même un commentaire sur les Sentences du Lombard. Il est vrai que presque tous les mss. de la Summa de Prévostin divisent la matière en quatre livres, selon l’usage consacré par le Lombard ; mais son t. II, De creaturis, est démesurément long et se subdivise naturellement en deux livres. Il existe d’ailleurs un ms. de la Summa de Prévostin divisé en cinq livres : Cambridge, Pembroke Col., 225, mais il n’est malheureusement qu’un abrégé. Nous avons dit que Prévostin suit de près l’ordre des questions traitées par Pierre de Poitiers ; il lui ajoute parfois des problèmes nouveaux et ne le copie jamais textuellement.

La Summa étant la coordination des questions disputées dans les salles de classe de Prévostin, il en résulte qu’elle fut sans doute composée graduellement, de même que les ouvrages analogues de ses contemporains (cf. A. Gregory, The Cambridge manuscripl of the Queslioncs of Stephen Langton, dans New scholasticism, t. iv, 1930, n. 2) : par conséquent, il est difficile de préciser la date de sa composition ; elle représente l’enseignement de Prévostin à Paris, sans doute vers la fin de sa carrière.

Prévostin appartenait à l’ancienne école : les nouveaux problèmes soulevés par l’introduction d’Aristote dans l’Occident latin ne le préoccu] eut pas ; une fois que les traductions du Stagirite furent lues par les théologiens, l’influence des anciens, comme Prévostin, devint très faible. Toutefois, son opinion qu’Adam avait été dès le début élevé à une vie surnaturelle était une chose neuve, et les écrivains postérieurs lui font crédit de cette doctrine, par exemple I lerbert d’Auxerre