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    1. PRÊTRE##


PRÊTRE. L’ORIGINE DIVINE

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des npeotôÛTepoi rcpotorâMXvoi ; mais il pouvait exister d’autres repeaSÛTepot dépourvus de cette fonction. L’organisation des Églises chrétiennes, dans la Revue des questions historiques, l. xi.iv, 1888, p. 337 sq.

.I^r BatilTol csi plus explicite. Il admet, lui aussi, la distinction îles épiscopes et des presbytres primitifs.

Nous sommes, nous prêtres, dit-il, les successeurs des

épiscopes primitifs et non des presbytres. « Que seront alors les presbj t i’es primitifs ? M. Lôning a bien établi que le titre de ~.ç.zr t’< J l.-zy>z était un titre qui se trouve dans l’épigraphie grecque des Juifs, pour désigner ceux que cette même épigraphie appelle ailleurs des archontes. Seulement, ces presbytres, aussi bien que ces archontes, étaient non des chargés du culte, mais des magistrats au civil, et ni les uns ni les autres n’étaient des magistrats à vie. L’analogie entre les presbytres juifs et les presbytres chrétiens est donc purement verbale. Disons, avec le R. P. de Sniedt, que te presbytérat était un titre d’honneur attribué dans les communautés primitives aux convertis de la première heure, aux « prémices » (àrcap/Y)), aux bienfaiteurs et patrons (TrpooTDcTïjç) comme Stéphanas à Corinthe, aux notables qui dans leur maison donnaient l’hospitalité à l’Église locale, comme Xympha à Laodicée, ou Philémon à Colosses, ou Aquilas à Éphèse, et que ce litre pouvait mettre qui le portait en tête de la communauté, sans lui conférer ni ordre ni juridiction. C’est ainsi qu’à la fin du iie siècle et encore au iiie le fait d’avoir souffert le martyre donnait, au confesseur qui survivait à la comparution et à l’emprisonnement, le titre de presbytre, sans qu’on puisse dire que cette prserogativa martyrii, comme on l’appelait, conférât rien du sacerdoce. On pouvait donc être presbytre sans sacerdoce, el tel a dû être le cas de bien des presbytres primitifs. Mais c’est parmi ces presbytres sans sacerdoce que l’on choisissait, sinon nécessairement, du moins de fait, les membres de la communauté qu’on élevait à la charge de 1’èTTi.axoTrr) ; on eut ainsi des Tcpeo6ÛTepoi èmaxoizou

e< ;, ceux du discours de saint

Paul à Milet ; des 7vpea8ÙTepot. 7rpo£a-£>Tôç, ceux des épîtres pastorales ; des 7rpsaoÛTepoi qualifiés de tco’.[jlIvcç, ceux de la / ; l Pétri ; ou de rjyoufvevoi, ceux de l’épître aux Hébreux ; ou de Tipoïa-rip-evoi, ceux de l’épître aux Romains ou de l’épître aux Thessaloniciens. Ces divers termes supposent tous une fonction de gouvernement, qui s’ajoute au simple presbytérat et que le presbytérat par lui-même n’impliquait pas. « Ce presbytérat primitif était l’enveloppe originelle de la hiérarchie : il disparut comme une forme simplement préparatoire. Et le mot seul s’en conserva pour désigner les prêtres, c’est-à-dire les épiscopes subordonnés à l’évêque diocésain. » Op. cit., p. 264-265.

A coup sûr, la position de Mgr Batifïol maintient le dogme catholique de l’origine divine du presbytérat, ordre sacré. La critique qu’en a faite M. Michiels, op. cit., p. 158-159 (en note), provient certainement d’une équivoque. Cf. Revue biblique, 1901, p. 130-133. Un fait paraît néanmoins certain, et Mgr Batifïol n’y contredit pas, c’est que les npeGOÙTspoi dont il est question dans les textes apostoliques sont chargés d’une fonction sacrée. Qu’il y ait eu des presbytres primitifs, constituant un ordre purement honorifique, c’est possible ; mais ce n’est pas démontré. Les titres concédés aux iie et m siècles aux confesseurs de la foi ayant subi le martyre prouvent simplement qu’on leur accordait une place d’honneur dans le clergé, mais ne fournissent pas d’argument décisif en faveur de l’existence d’un presbytérat primitif, purement honorifique. Voir Ordre, col. 1250-1251, 1255.

Nos conclusions sont donc celles-ci : a) la thèse d’un presbytérat qui, aux temps apostoliques, aurait été en soi et dans tous ses membres purement honorifique, est contraire aux documents et à la doctrine de l’institu tion divine du sacerdoce : c’est la thèse protestante ; b) la thèse de la coexistence d’un presbytérat purement honorifique avec un presbytérat-épiscopat comportant une fonction et des pouvoirs sacrés n’est pas contraire a la doctrine catholique, est spéculativement possible, mais ne paraît pas être historiquement démontrée ; < i la thèse qui admet l’identité des fonction ! sacrées du presbytérat et de i’épiscopat aux temps apostoliques semble plus probable, et, même en identifiant ces épiscopes-presbytres avec nos simples prêl us de second rang, maintient le dogme catholique de l’origine divine du presbytérat et du véritable épiscopat.

L’origine divine du presbytérat.

La doctrine de

l’Église sur ce point a été promulguée par le concile de Trente, sess. xxiii, can. G : Si quelqu’un dit que dans l’Église catholique il n’y a pas de hiérarchie instituée par une disposition divine et qui se compose des évêques, des prêtres et d’autres ministres, qu’il soit anathème. Denz.-Bannw., n. 966 ; Cavallera, n. 1308. Ce canon est dirigé directement contre les protestants qui prétendent que tous les fidèles sont également prêtres et reçoivent de Dieu directement la grâce sans l’intermédiaire d’un sacerdoce spécial. Déjà, au c. iv, le concile avait déclaré que, « si quelqu’un affirme que tous les chrétiens sans distinction sont prêtres du Nouveau Testament, ou (pue tous possèdent entre eux un égal pouvoir spirituel, celui-là paraît bien ruiner la hiérarchie ecclésiastique… ». Denzinger-Bannwart, n. 960 ; Cavallera, n. 1308. Mais, dans le can. 6, le concile proclame l’existence de cette hiérarchie comme un dogme de foi et, par là, définit, comme article de foi, la distinction entre clercs et laïques. Bien plus, le concile entend jusqu’à un certain point définir qui, parmi les clercs, appartient de droit divin à la hiérarchie. Ce sont d’abord, et sans contestation possible, les évêques et les prêtres, et cette affirmation, explicitement formulée dans le canon, est donc un article de foi. Cf. Ordre. col. 1361.

Parla, l’institution divine du presbytérat s’impose à la foi catholique. Il n’est point difficile, d’ailleurs, de justifier historiquement la définition conciliaire. Nous savons, en effet, que les épiscopes-presbytres étaient choisis par les apôtres, par leurs délégués ou par « d’autres hommes illustres », leurs successeurs, et que ce choix prenait valeur, devant la communauté ecclésiastique, par le rite sacramentel de l’imposition des mains. Voir Ordre, col. 1212-1220, 1240-1244. Il est donc certain historiquement que les apôtres ont eu l’idée et la volonté de conférer ce sacerdoce de second rang aux sujets choisis par eux. Pourquoi cette idée et cette volonté, sinon parce qu’elle répondait aux desseins que le Christ ou l’Esprit-Saint leur avait manifestés dans l’institution du sacerdoce chrétien ? Sur l’institution de ce sacerdoce, voir Ordre, col. 12011206. Des desseins du Christ, les théologiens, s’inspirant de la glose de Bède le Vénérable sur Luc, x, 1, P. L., t. xcii, col. 461, trouvent une indication dans le choix des soixante-dix disciples, lesquels représenteraient les simples piètres, tandis que les douze apôtres seraient le type des évêques. Cf. Pierre Lombard, IV Sent. dist. XXI s, voir Ordre, col. 1302, et les commentateurs, notamment saint Thomas, IDII- 1’, q. clxxxiv, a. fi, ad 1°". Voir aussi le pontifical, allocution Consecrandi. Ce n’est qu’une indication sans grande portée. L’essentiel, pour le théologien, est de rejoindre le Christ par les apôtres, et cette soudure est historiquement réalisée par les textes apostoliques eux-mêmes. Cette soudure nous permet de maintenir dans la région des certitudes le fait de l’institution divine du presbytérat. Il faut, en effet, éviter de concevoir le presbytérat comme une institution ecclésiastique, réalisée par une sorte de dédoublement de I’épiscopat. à peu près comme les