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PUIUIATOIIU- : CHEZ LES NESTORIENS ET LES MONOPHYS1TES

quelques Arméniens unis présentèrent à Rome au xive siècle, la prière pour les saints étail Incriminée. Les Arméniens se défendirent en ces tenues : Non petimus ibi pro prsememoratis, ut quiescani a pœnis, tribulationibus et laboribus ; absill quia omnino eurent miseria et habent beaiitudinem seternam ; sed quiu sancii Dei quieseunt et yuudent de sainte luistra et honore Dei, sicut ungeli qutaient de sainte peccatorum. Igitur petendo in missa quietem sanetorum, petimus no bis gratiam, honorare Dcum et salvuri et collocari cum illis. Mansi, Coneil., t. xxv, col. 1004. Quelques manuscrits de VExpliealion des prières de lu messe par Chosrov le Grand (f vers 972) donnent une autre interprétation. On y lit que les saints n’ont pas encore atteint la béatitude parfaite et qu’ils sont suceptibles de progrès ; que du reste le bonheur des élus consiste dans une sorte de progrès indéfini : Etsi gloriflcati sunt illi et in requiem ingressi, perjeetionem lumen nondum assecuti sunt, sed esuriunt in dies et augmentum quwrunt… Ascendunt semper in dies de gloria in gloriam. Sieut angeli, qui omni die novam scientiam et sapientiam hauriunt, ita suncti. Cf. P. Vetter, Chosroæ Magni, episeopi monophysitici, explieatio precum missæ, Fribourg, 1880, p. 38, 40, 45, 47.

Ce n’est pas seulement à la messe que les Églises monophysites prient pour les défunts. Elles ont aussi diverses commémoraisons soit générales, soit particulières. Chez les Arméniens, on fait mémoire des défunts le lendemain des grandes fêtes de l’Epiphanie, de Pâques, de la Transfiguration, de l’Assomption, de l’Exaltation de la sainte croix et des saints V art ans. Cf. art. Arménie religieuse, t. i, col. 1953. Pour un défunt, on récite des prières les premier, second, huitième, quinzième et quarantième jours après la sépulture et au jour anniversaire. Cf. Tournebize, Histoire politique et religieuse de l’Arménie, Paris, 1900, p. 623-624.

Le Syrien jacobite Barhebrœus (1226-1286), dans son Nomocanon, éd. Mai, Srriptorum veterum nova eollectio, t. x, 2e part., p. 36, recommande les commémoraisons des troisième, neuvième et trentième jours et de l’anniversaire.

Chez les Coptes, on célèbre la messe pour le défunt les troisième, septième, trentième et quarantième jours après la mort, au semestre et à l’anniversaire. Dans un de leurs catéchismes, publié récemment, à la question : « Les âmes des défunts reçoivent-elles quelque profit des prières et bonnes œuvres faites à leur intention ? » on répond : « Il est sûr que les prières de l'Église, l’oblation du saint sacrifice et les œuvres de miséricorde sont profitables aux âmes de ceux qui sont morts avec quelques défauts et fautes de fragilité, mais non aux âmes de ceux qui, tombés dans le vice et l’endurcissement du cœur, n’ont pas demandé pardon ni fait pénitence. Cette vérité, l'Église universelle du Christ l’a toujours enseignée. L'Église d’Israël elle-même lui est favorable au livre des Machabées, où l’on raconte que Judas Machabée offrit un sacrifice pour les soldats morts. » Qommos Philothée, Tunvvir al mublad’ina fî la’lim ad-din, Le Caire, 1912, p. 67. Signalons pourtant que certains théologiens coptes de nos jours, tel le qommos ( = higoumène) Jean Salami, enseignent que les âmes ne recevront le fruit des suffrages offerts pour elles qu’au jugement dernier. En attendant, ces âmes n'éprouvent aucun soulagement. Cf. Clément Kopp, Glaube und Sakramente der koptischen Kirche, Rome, 1932, p. 71-73 (t. xxv des Orientalia ehristiuna).

2° Les théologiens. — On peut recueillir dans les écrits des anciens théologiens arméniens et syriensjacobites de nombreux témoignages en faveur de la doctrine catholique du purgatoire dans ce qu’elle a d’essentiel. Qu’il nous suffise de rapporter les suivants.

Le catholicos arménien Isaac III (677-703), dans une de ses réponses canoniques, déclare qu’il n’est pas permis de faire célébrer « le son vivant ses propres funérailles et des messes pour le repos de son âme, car, dit-il. les apôtres et les Pères ordonnent d’accomplir ces cérémonies après la mort, pour le repos de l'âme et la rémission des péchés. Réponses aux questions de Jean le Sigillé, éd. Mai. op. cit., ]>. 301-302.

Chosrov le Grand, dans son Explieatii i* des prières de la messe, écrit : Vt dicimus sanetorum preces et intercessiones auxiliu nobis esse, ita nos quoque prius dejunetis succurrere debemus preeibus, imprimis saneta missa, quæ est spes, vita et redemptio dejunelorum. P. Vetter, op. cit., p. 39.

Les polémistes arméniens qui aux xiii c et xive siècles furent les adversaires de l’union avec les Latins et attaquèrent le purgatoire maintiennent pourtant dans leurs écrits l’existence d’une troisième catégorie de défunts, à qui les suffrages de l'Église procurent soulagement et délivrance. Il est vrai que quelques-uns retardent la délivrance jusqu’au jour du jugement. Ainsi Jean Vanakan (t vers 1250) déclare que les âmes des fidèles qui n’ont pas tout abandonné pour suivre le Christ et se sont souillés au contact du monde ne montent pas au ciel, mais restent sur la terre jusqu’au jugement dernier avec l’espérance d’obtenir miséricorde. Cf. Galano, Conciliatio Ecclesiæ Arménie cum Romana, t. iii, p. 200, Rome, 1661. Vartan le Grand († 1271), disciple de Vanakan, écrit à son tour que les âmes des pécheurs qui sont morts après la confession de leurs péchés sont seulement tourmentées par la tristesse et la crainte. Elles sont sanctifiées et purifiées par les sacrements de l'Église, par les suffrages et les sacrifices des vivants. Cette crainte et ce chagrin leur sont comptés comme expiation. Galano, ibid., p. 199.

Parmi les Syriens jacobites, il faut signaler Jacques de Saroug (451-521), qu’on a pris longtemps pour un catholique. Dans une de ses nombreuses homélies publiée en 1895 par P. Bedjan, Acta martyrum et sanetorum, t. v, et portant le titre : De la fraction du pain en mémoire des défunts, il exhorte les fidèles à faire offrir le sacrifice de la messe pour leurs défunts. « Les péchés des défunts, dit-il, sont effacés par les saintes oblations que les vivants font pour les secourir. » Et il appuie cette doctrine sur l’exemple de Judas Machabée. Il ajoute une précision importante : « Par le sacrifice de l’autel les péchés sont remis à ceux qui sont morts dans la grâce de Dieu. »

Jean, évêque de Dara au ixe siècle, parle expressément d’une catégorie de défunts distincts des élus et des damnés qui sont purifiés par le feu après leur mort : Necesse est ut anima cui malitia adhœsil una sit in igné, donec sordes et malitia pravorum operum, quæ in ea congregala sunt, Mo igné purificenlur… Hsec autem afjlictio non est ad damnationem, sed ad peccatorum purgutionem et macularum… Sunt quippe qui statim in hoc mundo a malitia purgantur ; et sunt etiam qui post hanc vitam per ignem juxta passioncs suorum vulnerum curantur. De resurrectione corporum, I. IV, c. xxiv, cité par Assémani, Dissertatio de monophysitis, p. 21-22, qui l’emprunte à Abraham Echellensis. Notæ ad calalogum Ebedjesu, p. 172.

Moïse bar Kepha (813-903), dans son Traité sur l'âme, c xli, enseigne clairement l’utilité des suffrages des vivants pour les morts et appuie cette doctrine tant sur l’autorité de l'Écriture (II Mac., xii 37 sq.) que sur celle des anciens Pères, spécialement de saint Jean Chrysostomc, dont il cite plusieurs passages. Cf. O. Braun, Moses bar Kepha und sein Buch von der Seele, Fribourg, 1891. p. 127-130.

Grégoire Barhebræus, dans son Livre des rayons, parle d’une catégorie d'âmes qui séjournent dans un