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    1. PURGATOIRE##


PURGATOIRE. k< ; l. (iRÉCO-HUSSK, les adversaires

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faut compter Cyrille Lucar, avant qu’il eût adopté le sentiment contraire dans sa Confession de foi. On a,

dans un manuscrit de Leyde, des annotations de sa main au catéchisme de liellarmin. Le Jugement particulier y est qualifié d’invention mensongère : tô rcepl -rrjç [i.tpiY.riq, xpîaecoc ; 86-qj.ix, 'j>£jxaTa, ; j ; euSèç xai èTTiTiXocarov. Cf. E. Lcgrand, Bibliographie hellénique du xvi te siècle, 1. 1, p. 242. Malgrél’approbation donnée en 1643 par les quatre patriarches d’Orient à la Confession orthodoxe de Pierre Moghila, qui enseigne expressément l’existence du jugement particulier, le patriarche de Constantinople, Méthode, répondant à une consultation dogmatique des Russes, aux alentours de 1668-1669, rejetait ce jugement en ces termes : Nos vero unum et solum judicium agnoscimus coram Dei Iribunali in die resurreetionis, et tune putamus animas imitas corpori acceptants esse coronamautdamnationem ; e corpori bus vero abeu nies legimus solum præsentirefuturam gloriam aut pœnam, t. v des manuscrits d’Eusèbe Renaudot conservés à la Bibliothèque nationale de Paris, ]>. 305 sq. Cf. Malvy-Viller, La Confession orthodoxe, Paris, 1927, p. 165-166.

3° Sur la (in du XVIIIe siècle, d’autres négateurs du jugement particulier apparaissent dans l'Église grecque. Eugène Bulgaris († 1806) et ses disciples Athanase de Paros (| 1813) et Théophile Papaphilos sont de ce nombre. Sans doute ces théologiens ne repoussent directement le jugement particulier qu’en tant qu’il implique la rétribution immédiate après la mort. Mais il est incontestable que cette négation favorise l’opinion de Mélèce Syrigos et de Dosithée sur la délivrance des damnés par les prières de l'Église, avant le jugement dernier. Théophile Papaphilos, du reste, Tau, eïov ôpÔoSo^îaç, éd. d’Athènes, 1908, p. 201, déclare que l’enfer demeure ouvert jusqu’au jugement général, et que les prières de l'Église peuvent en faire sortir les âmes.

Les théologiens russes de la fin du xviiie siècle et de la première moitié du xixe jusque vers 1840 sont sous l’influence de la théologie protestante. La Theologia christiana de Théophane Procopovitch, telle qu’elle est éditée par Samuel Mislavskii (1782-1784), garde le silence sur les suffrages pour les morts. Le métropolite de Moscou, Platon Levkhine († 1812) fait de même dans sa célèbre Théologie chrétienne abrégée, composée pour son élève, le tsarévitch Paul Pétrovitch (l re éd., Pétersbourg, 1765). Mais Théophylacte Gorskii († 1788), dans son manuel de théologie dogmatique intitulé Orthodoxie orientalis Ecclesiæ dogmata seu doctrina christiana de credendis, nie expressément tout état intermédiaire entre la béatitude et la damnation. Facile hinc intelligitur, dit-il, quid de illorum existimandum sit sententia qui sine ullo fundamento slatum quemdam médium admiltunt. Erroribus eorum sequentia recte opponuntur : a) Quf>d Scriptura sacra duostantum status post hanc vitam commemoret, inferni et beatitudinis (Matth., vii, 23 ; xiii, 30 ; Marc, xvi, 16 ; Luc, xvi, 22) ; b)Exemplo latronis qui cum Christo cruci fixus est (Luc, xxiii, 43), Lazari, Slephani. patelquod homines pii post morlem, qua animam, slatim ad bealitudincm perveniant, impii vero ad locum damnatorum deferantur. Op. cit., Moscou, 1831, p. 290. Dans cette édition de Moscou, qui est la dernière, une note a été ajoutée qui contredit formellement ce qui précède et rétablit une troisième catégorie de défunts, ceux qui sont morts dans l’espérance et le repentir sincère de leurs péchés sans avoir eu le temps de porter de dignes fruits de pénitence. A ceux-là profitent les suffrages des vivants. Cf. M. Jugie, Theologia dogmatica christianorum orienlalium ab Ecclesia catholica dissidentium, t. iv, Paris, 1931, p. 153.

D’après Sylvestre Lebedinskii († 1808), Compendium theologiæ classicum, 2e éd., Moscou, 1805, p. 555, et

append., p. xxviii, il n’existe aucun état intermédiaire entre l'état de béatitude éternelle et celui de damnation éternelle. Le purgatoire est traité par lui d’elhnicorum inuentum, pontificiorum ( = les catholiques) rommentum, indulgenliarum jundamentum, conscientiarum lormentum, marsupiorum jjurgamentum, clericoriim papalium incrementum et simpliciorum laicorum lerriculamentum.

En 1811-1812, trois théologiens russes, Théophylacte, évêque de Riazan, Méthode Smirnov, évêque de Tver, et l’archimandrite Philarète Drozdov (le futur métropolite de.Moscou), appelés à dresser la liste des divergences dogmatiques entre l'Église romaine et l'Église orientale, se trouvaient d’accord pour rejeter tout état intermédiaire, toute peine temporelle après la mort et pour interpréter la formule d’absolution prononcée sur les défunts qui est en usage dans l'Église russe dans le sens d’un simple suffrage pour les morts dont l’effet n’est pas indiqué, ou même d’un rite symbolique rappelant que le défunt, pendant sa vie, a eu foi en l’absolution sacerdotale. Théophylacte de Riazan écrivait ces paroles sibyllines : Ecclesia orientalis crédit ecclesiasticam auctoritalem jus habere absoloendi a peccatis, psenitentia manifeslala. Talis absolutio potest et débet dejunctis postulari, sicut et vivis, qualenus Deus ad preces quum vivorum tum de/unclorum atlendere potest. Voir les Réponses de ces trois théologiens dans les Tchteniia de la Société impériale d’histoire et d’archéologie russes de l’université de Moscou, t. i, 1870, p. 1-44. Cf. art. Philarète Drozdov, t.xii, col. 1389.

4° Expulsée, durant quelques années, des séminaires et des académies ecclésiastiques russes par la réforme de Protasov, la doctrine niant tout état intermédiaire avait de nouveau commencé à y pénétrer dans ces dernières années par des manuels de théologie dogmatique et polémique. Non seulement on niait couramment l’existence de toute peine temporelle pour le péché pardonné durant la vie ou après la mort, mais on enseignait la délivrance de certains damnés par les prières de l'Église et la mitigation de leurs peines. C’est le cas pour le Cours et le Manuel de théologie dogmatique orthodoxe de N. Malinovskii, où se lit le passage suivant : « En enfer, se trouvent des âmes non complètement endurcies dans le mal, qui peuvent concevoir de vifs sentiments de repentir pour les péchés commis durant leur vie, les détester et tendre par l’esprit et le cœur vers le bien négligé ici-bas. En vertu d’une loi de la miséricorde divine, ces âmes peuvent être délivrées des tourments de l’enfer, par l’oblation du sacrifice non sanglant et par l’intervention des saints de l'Église céleste et du Sauveur lui-même. » Esquisse de théologie dogmatique orthodoxe, t. ii, Serghiev-Possad, 1908, p. 472. C’est bien la possibilité d’une pénitence salutaire après la mort que nous enseigne ici le théologien russe. Contre le dogme catholique du purgatoire il fait valoir la parabole du Lazare et du mauvais riche, le salut immédiat du bon larron, « qui, d’après les postulats de la doctrine romano-catholique, aurait du être livré à des peines purificatrices et qui entendit pourtant de la bouche du Sauveur ces paroles : Hodie mecum eris in paradiso. »

I. Perov, dans sa Théologie polémique (Oblilchitelnoe bogoslovie), 6e éd., Toula, 1905, parle à peu près comme Malinovskii. Des vestiges du purgatoire latin, dit-il, se rencontrent chez certains auteurs anciens, comme Origène, saint Augustin, saint Grégoire le Grand, mais l’opinion privée de quelques docteurs ne saurait prévaloir contre le sentiment unanime de l'Église universelle exprimé dans les canons du Ve concile œcuménique. La doctrine du purgatoire disparaît avec son fondement, qui n’existe pas, à savoir la peine temporelle vindicative pour les péchés. Les textes scripturaires sur lesquels s’appuie cette doctrine sont dénués