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s’en étaient tenus là, le déliai eûl été vite clos. Mais la discussion s’engagea Mir le feu du purgatoire et sur les preuves scripturaires et patristiques apportées par les Latins pour démontrer L’existence « le ce feu. C’esl ce qui prolongea et envenima la querelle, el fournil à Marc d'Éphèse l’occasion d’inventer sur place des distinctions auxquelles aucun théologien byzantin n’avait songe jusque-là et de proposer des arguments également enfantés par la discussion, dont quelquesuns ne visaient à rien de moins qu'à ruiner par la base les points essentiels acceptés par les Grecs dès le début.

Il ne faut pas, en effet, se faire illusion sur le caractère et la portée de la doctrine des Grecs développée au cours des débats conciliaires. On a vii, par l’aperçu donné plus haut de la théologie byzantine, depuis la fin de l'âge patristique jusqu’au concile de Florence, combien vague, indécis et parfois contradictoire était l’enseignement des Orientaux sur le point précis que la théologie latine nomme le purgatoire. Depuis 1232, les polémistes grecs avaient attaqué le feu purilicateur enseigné par les Latins et avaient flairé dans cette nouveauté l’erreur origéniste de l’apocatastase finale. Mais, à l’exception de quelques rares érudits lisant le latin et initiés à la scolastique occidentale, on ignorait à Byzance, même à l'époque du concile de Florence, l’eschatologie très évoluée de l’Occident. Sur la question particulière du purgatoire, on n’avait guère que des idées fausses et l’on ignorait totalement le véritable enseignement de la théologie catholique avec son luxe de preuves, de distinctions subtiles et de raisonnements théologiques. Parmi les Grecs présents au concile, un seul eût été capable de se mesurer avec les théologiens occidentaux, parce qu’il était également versé dans l’une et l’autre culture : nous voulons parler de Georges Scholarios. Mais celui-là, encore laïque, ne figurait dans l’assemblée qu'à titre de consulteur, et, s’il prit une part active aux discussions sur le Filioque, il ne paraît pas avoir été sollicité de donner son avis sur le purgatoire. Le rôle de premier plan, en cette affaire, échut à Bessarion et surtout à Marc d'Éphèse, esprit ingénieux et plein de souplesse, mais hostile à l’union et très porté à la contention. Devant l’argumentation des Latins il fit assez bonne contenance, quitte parfois à friser la contradiction. Aux raisons théologiques des Latins il en opposa d’autres, qui durent paraître étranges non seulement aux Latins, mais aux Grecs eux-mêmes. L’erreur serait de croire que tout ce que dit Marc, dans ses discours sur le purgatoire, représentait l’enseignement courant de la théologie byzantine à cette époque. Sur plusieurs points, il est vrai secondaires, ses réponses inaugurent une nouvelle position des Grecs jusque là inconnue. Leur influence sur la théologie grecque postérieure au concile fut réelle, car, si elles sont demeurées presque inconnues en Occident jusqu'à nos jours dans leur texte intégral, elles étaient lues par les Grecs dans les manuscrits, et l’on en trouve de nombreuses traces dans leurs écrits polémiques, à partir du xvr 3 siècle.

Mais, dès la même époque, à côté de l’influence des discours de Marc, se révèle prépondérante sur l’eschatologie grecque l’influence de la théologie occidentale, tant de la catholique que de la protestante. Le courant catholique l’emporte de beaucoup jusqu'à la seconde moitié du xviiie siècle. Mais, à partir de cette période, avec la publication de la Theologia christiana de Théophane Procopovitch, et pendant tout le. xixe siècle jusqu'à nos jours, la conception protestante prend le dessus. On s’attaque surtout à l’existence de la peine temporelle due aux péchés, même pardonnes, commis après le baptême. On nie le caractère proprement satisfactoire de Vépitimie ou pénitence sacramentelle

Imposée par le confesseur, pour ne laisser subsister que son caractère médicinal et pédagogique, (-'est ruiner du même coup la principale raison d'être du purgatoire. Certains théologiens vont jusqu'à adopter

les positions extrêmes de l'école libérale protestante et, en voulant extirper le purgatoire catholique, arrivent à transformer l’enfer en simple purgatoire, d’où l’on peut toujours espérer sortir par l’intervention des prières de l'Église.

Cela nous mène loin de la position prise par les Grecs au concile de Florence et nous montre qu’il ne faut point juger de la doctrine actuelle des GrécoRusses par ce que dirent et acceptèrent alors leurs prédécesseurs. Il n’est pas rare, cependant, que nos manuels de théologie faussent de cette manière la perspective historique. De là l’obligation de donner un bref aperçu de l'évolution de la théologie grécorusse sur la question, à partir du xvre siècle.

Nous divisons cet aperçu en quatre paragraphes. Nous trouvons en effet trois groupes de théologiens dissidents : les partisans de la doctrine catholique, au moins pour ce qui regarde l’essentiel du dogme défini, les adversaires catégoriques, et ceux qui louvoient entre l’une et l’autre position. Par ailleurs, comme l'Église gréco-russe moderne n’a rien changé aux rites, aux offices et aux pratiques de l’ancienne Église byzantine visant les suffrages pour les défunts, il faudra examiner le sens précis de ces usages et les interprétations divergentes qu’en donnent les théologiens suivant la position doctrinale qu’ils adoptent sur la question dogmatique. Nous terminerons par une conclusion générale suggérée par l’aperçu historique.

II. Les partisans de la doctrine catholique. Divergences sur des points secondaires. — Nous appelons partisans de la doctrine catholique ceux des théologiens gréco-russes qui, après le concile de Florence, ont maintenu les deux points essentiels définis dans le décret d’union, à savoir l’existence d’une catégorie de défunts soumis à des peines temporelles avant d’entrer au ciel et l’utilité des suffrages des vivants pour soulager ceux-ci et les délivrer de ces peines. Des théologiens de cette espèce, il en a toujours existé dans l'Église gréco-russe depuis le concile de Florence jusqu'à nos jours, mais leur nombre a varié selon les lieux et les temps. Cela n’a pas empêché beaucoup de ces théologiens de continuer à ranger la question du purgatoire parmi les divergences doctrinales séparant l'Église gréco-russe de l'Église catholique, d’attaquer violemment le purgatoire de la théologie latine, de repousser le nom même de purgatoire. En fait, quoi qu’ils aient pu écrire, on ne peut les compter parmi les adversaires du dogme défini. Parmi ceux-là, du reste, il n’est pas rare d’en trouver qui travestissent la doctrine catholique, qui voient, par exemple, dans le feu du purgatoire le renouvellement de l’erreur origéniste, ou entendent la purification qu’on lui attribue d’une manière grossière et toute matérielle. Ce sont là procédés trop communs de la polémique.

La plupart d’entre eux, pas tous, n’admettent, pour les défunts en question, les uiaoi, comme ils les appellent, que des peines d’ordre moral, et rejettent celle du feu. Ils repoussent aussi le nom de purgatoire en tant qu’il désigne un lieu distinct de l’enfer, mais ils ne font pas difficulté de reconnaître qu’en enfer, comme au ciel, il y a plusieurs demeures, et ils logent les yiérsoi. dans un compartiment de l’enfer. Certains cependant ne répugnent pas à l’idée d’un troisième lieu, distinct de l’enfer et du ciel.

Sur la question, plus délicate, de savoir si les peines endurées par les défunts en question sont temporelles de leur nature et conduisent par elles-mêmes les âmes