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feu il ii Jugement, retenu l’attention des Pères et des écrivains ecclésiastiques, Il fui ensuite difficile à quelques-uns, Impossible a beaucoup, d’abandonner cette perspective eschatologique et de situer en conséquence l’époque de l’expiation entre les deux Jugements. En lent, If génie il Augustin réalisa et imposa cette disjonction ; mais la notion de teu, devant laquelle Augustin hésitait, .1 été retenue par les héritiers de sa pensée, el les siècles suivants onl tellement Identifié la notion du purgatoire et celle du l’eu purificateur qu’il semblait Impossible aux théologiens du xiiï siècle de les séparer dogmatiquement. La théologie.i.iii pris le pas sur le dogme, l’explication précédait l’affirmation des principes. De la une courbe anormale dans le développement de la doctrine. Après a oir été t rop loin, il a fallu rebrousser chemin, el la Juxtaposition des thèses grecq u effet latines a Florence a réalisé une mise au point qu’il ne faut pas hésiter a qualifier de pto Iden Uelle. En mal lères m obscures, en effet, nos expériences terrestres nous Interdisent dos affirmations trop précipitées, et il cm sage de s’en tenir aux lignes générales sanctionnées à Lyon, a Florence el à rrente : existence do peines purificatrices dans l’autre ie. utilité des suftrages pour le soulagement des âmes souffrantes. Et il convient de renoncer à toute autre précision doctrinale hormis les vérités concernant l’étal des saintes âmes fixées dans l amour de 1 Heu par leur jugement et désormais a ssur ées de Unir salut. L’Église es ! sage, a dit le P. Monsabré. Son enseignement nous met à l’aise dans le conflit des opinions et nous permet de n’accepter que les conclusions qu’on peut tirer sans effort des principes de la foi. > Conférence citée. Paroles d’or.

— Evolution des orthodoxes après le concile de Florence. — On la trouvera décrite à l’article suivant, col. 1326 sq.

3° Évolution de lu pensée protestante après le concile de Trente. — La question n’intéressant la théologie catholique qu’indirectement, on se contentera d’indications sommaires.

Après le concile de Trente, les théologiens protestants n’ont modifié en rien l’attitude prise en dernier lieu par Luther à l’égard du purgatoire. Brentz, Ochin, Pierre Martyr, Bucer, opposent au dogme catholique une dénégation basée sur la suffisance de la rédemption du Christ. Un seul point cependant les gène : la pratique de la prière pour les morts dès les premiers temps de l’Église. Chemnitz seul le reconnaît loyalement ; mais, sempresse-t-il d’ajouter, ce n’est pas que l’on ait cru à des tourments endurés dont les défunts seraient rachetés par nos suffrages ; c’était uniquement poi r la formation morale des vivants, pour leur réconfort, pour leur consolation ». Examen concilii Tfidenlini. Berlin, 1861, p. 621.

Avant l’envahissement du protestantisme par les tendances rationalistes, la thèse était simple : pas de purgatoire ; donc, à la mort, ou bien, pour les bons, l’entrée immédiate au ciel et la possession de la vision béatilique, ou bien, pour les impies, la damnation immédiate en enfer. L’ancienne dogmatique luthérienne se trouve bien exposée dans Hutterus redioious, refonte par Hase des Loet communes de Léonard I lutter († 1616), H »  » éd.. Leipzig, 1862 : La croyance au pur re a été rejetée, comme une restriction apportée à la justification générale par la foi, par l’Église évangélique. qui enseigne l’entrée immédiate des âmes dans le bonheur ou dans la damnation. Op. dt., p.’i'2’2. Même doctrine chez Quenstasdl < + 1668), dans une note empruntée à sa Theologia didæUco-polemica, V éd., Leipzig, lTlô. et ajoutée a ce passage de V Hutterus reilirirus. C’est d’ailleurs ce que confirme Leibniz (qui n’hésite pas à blâmer la position prise par sis coreligionnaires), i Les protestants. dit-il. pensent que lésâmes de ceux qui meurent parviennent aussitôt a l’éternelle

félicité ou sont damnées pour jamais ; ainsi ils rejet tenl

comme superflues les prières pour les morts, ou les

réduisent a des vœux inutiles, comme on en forme sur

ce qui est passe et terminé, plutôt par une certaine

h al >it ude que paiutilité. Système théologique, n.i xxii. Avec ces protestants, qui admettaient encore [’inspir. it Ion et l’autorité divine de l’Écriture, il était peut être encore possible de tenter un rapprochement, Bos

sud n’a pas manqué d’exposer sur ce point les prin

cipes utiles. Dans l’Histoire des variations, l. X, ii, 159

160, il rappelle que les principes des protestants

prouvent la nécessité du purgatoire. Les âmes justes

peuvent sortir de ce inonde sans et re eut ièrcnieiit puri lices. (, rotins, dit BoSSUet, prouve que cette vérité est

reconnue par les protestants, par Mestresal et Span lieiin. sur ce fondement commun de la réforme que dans tout le cours de cel le le, l’a me n’est jamais tout à lail pure. (’.rotins, lettres..">7.">. ; ">7.S. 579. Le Saint-Espril ayant prononce lui-même que rien d’impur n’entrera dans ta cite sainte (Apoc. XXI, 27). le ministre

Spanheim démontre lui-même que l’âme ne peut être présentée à Dieu si elle n’est sans tache et sans ride, pure et irréprochable. La question se pose, après cela, si cette purification de l’âme se lail au dernier moment ou après la mort, el Spanheim laisse la chose indécise.

Le Fond, dit-il, est ccr lai n ; mais la manière et les circonstances ne le sont pas. » Fr. Spanheim, Dubia evangelica, Genève, 1658, t. m. dub. cxli, n. <>-7. Bossuet montre qu’il faut passer plus avant avec l’Église catholique, en raison de la tradition de tous les siècles qui nous a appris à demander pour les morts le soulagement de leur âme, la rémission de leurs péchés et leur rafraîchissement », et il conclut (n. 1 « > 1 > en montrant la modération de l’Église au concile de Trente, où elle n’a voulu « déterminer que le certain ».

C’est le même esprit de conciliation qui anime le « projet de réunion entre les catholiques et les protestants d’Allemagne ». Le projet de Molanus, traduit en français par Bossuet, avait rangé la question du purgatoire parmi celles « qui ne peuvent être terminées par l’explication des termes ambigus ou équivoques », puisqu’il s’agit d’opinions directement opposées les unes aux autres ». C. xxx. Et Molanus opinait qu’il ne fallait pas s’opposer « à ceux qui tiendraient ce dogme pour problématique, comme a fait saint Augustin* C. xxxv. Bossuet donne son opinion. La prière pour les morts, acceptée par la Confession d’Augsbourg, est un article qui peut faire l’union sur le dogme du purgatoire. Episcopi Méldensis… sententia, part. I, n. 29. Les doutes de saint Augustin portent sur le feu ; mais les prières, les sacrifices, les aumônes ofîertes pour les défunts, appartiennent, d’après Augustin lui-même, à l’universelle tradition de l’Église. N. 40. Aussi, dans le projet de profession de foi à présenter au souverain pontife, prenant comme point de départ le texte de la Confession d’Augsbourg, Bossuet propose, n. 89, de confesser l’utilité des suffrages pour les défunts. Ainsi, conclut-il, toute controverse sur le purgatoire cessera. Bossuet, Œuvres, éd. Outhenin-Chalandre, Besançon. 1836, t. ix, p. 452, loi. 164, 165-466, 484. Voir aussi les Réflexions de M. l’évSque de Meaux sur l’écrit de M. l’abbé Molanus, c. iii, n. 1, p. 509.

On sait que le rapprochement désire ne se produisit pas. Non pas cependant que la croyance catholique au purgatoire fût un obstacle Insurmontable : il ne manqua pas. en effet, de théologiens protestants —

que l’.autz. op. cit., p. 7. appelle, on ne sait trop pourquoi, les semi-rai lonalistes pour t rouver une solution moyenne entre la foi cal holique et la négation trop

radicale des luthériens rigides. BautZ tiommi Baum

garten Crusius, de Wette, Hase, r II m ai m et Umbreit, dans leurs Theologischen Studien und Kritiken ; Dorner et Liebner, dans leurs Jahrbùchern fur deutsche Théo-