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    1. PURGATOIRE##


PURGATOIRE. QUESTIONS DIVERSES

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2. Nous.ii’ii> déjè dit que la grandeur des souffrances du purgatoire n’était pas, psychologiquement parlant, un empêchement a leur pensée et au mouve nient ilo leur prière en notre faveur, t’.es peines sont, objectivement du moins, toutes spirituelles ; aucune organique, aucun trouble physiologique, ne peuvent donc empêcher l’acte de l’intelligence et de la volonté. Enfin, pourquoi refuserait-on à la charité

dont sont animées 1rs.’unes du purgatoire l’acte de la prière en faveur îles vivants dont elles ont gardé le souvenir et auxquels elles ont conserve leur alïcction’.'

i n argument positif semble devoir être pris dans

le dogme de la communion des saints. Il v a comme un llu et un reflux dans les communications des Églises triomphante, souffrante, militante. Et en quoi ces communications des défunts aux v iv ants peuv eut elles consister, sinon précisément dans les prières que ces saintes flmes peuvent offrir à Dieu pour nous ? Et cette raison, remarque a bon droit Billot, , >/>. cil., p. 127, est universelle, et le lien de la charité qui unit l’Église souffrante à l’Église militante tombe sous cette loi.

I. Diekamp fait remarquer qu’il existe une prière tndulgenciée par Léon lll il ; déc. 1889), où l’on de uande aux Ames du purgatoire d’intercéder pour nous près île Dieu, de prier » pour le pape, l’exaltation de la saillie Kglise. la paix des nations ». Op. cil., p. _’i x de la prière dans Acta Sanctte Salis, t. xxii. p. 17> ; en français dans Berlnger-Steinem,

-. 1 ed. I. i. p..127

5. Le P. olennessier accepte un sens où la dévotion aux âmes du purgatoire lui paraît théologlquement défendable : - c’est celui de la prière interprétative. Op. cit., t. i. p.

i veut dire que leurs mérites passes font partie du <le li Communion îles saints et ont valeur devant

Dieu, ouuid nous prions les vunis. aous nous appuyons a leur Intercession et a leurs m/rites. Prier une aine du purgatoire, ee ser.it, en ce sens, taire appel a ses mérites devant Dieu pour être exaucé de lui. Il sein lie que telle soit la port’-c de l’argument que certains théologiens donnent en faveur de la prière adressée i ces un —, . et qu’Us appuient

sur leur appartenance a la communion des sunts.

Il semble que, si |’argument doit être accepté sous cette forme, il faut en pousser la logique jusqu’au boni. Nous [irions bs saints du paradis en nous appuyant non seulement sur leurs mérites, mais encore sur leur intercession. Pourquoi cette intercession serait-elle refusée, aux saints du purgatoire ?

Conclusion. — Pratiquement, cependant, il ne faut pas exagérer la dévotion aux âmes du purgatoire, sur l’opinion des modernes.

1. La prière aux âmes du purgatoire doit reskr quelque chose de très accessoire. La vraie dévotion envers les Ames du purgatoire est de prier p’iur elles : leur état est trop pitoyable pour que nous songions d’abord à nous-mêmes ou que nous y songions sur un pied I.- cas de redire avec saint Thomas : Non sunt in statu orandi, sed magii ut oretw pro eis.

2 La prière aux âmes du purgatoire pour obtenir par leur intercession les traces dont nous av ons b< soin -doit rester une dévotion d’ordre privé. Puisque l’Église n’a pas jugé opportun de nous inviter, dans sa liturgie, il la prière aux âmes du purgatoire, il ne faut pas faire sortir de son cadre cette dévotion, d’ailleurs légitime.’i. La prière aux âmes du purgatoire doit être faite <ivec plus de circonspection que la prière adresser a I lieu ou aux saints du ciel. Voici, a ce sujet, les graves paroles de Bellarmin, dont la doctrine sur ce point ne saurait être suspecte de partialité :

Tout cela est mi, dit il en parlant de l’opinion qu’il défend, et cependant il serait exagéré et superflu de prier ordinairement les me -.1 i purgatoire et de leur demander .leur intercession, lai eflet, elles ne peuvent ordinairement

connaître nos actions et nos Les, uns en particulier ; elles

savent sini’lein.nt.l’une in inière génél il. I. a.1 in ris.pie

nous courons, tout comme nous ne connaissons qu’en général les tourments qu’elles endurent, Biles n’interviennent pas.i nis tous les événements ; elles ne voient pas

nos pneus en Hieii, puisqu’elles ne sont pas bienheureuses,

et il n’est pas vraisemblable que Dieu leur révèle ordinal renient ee que nous faisons ou demandons. Loc. eu.

i n terminant, notons que le Catéchisme de Pie av ait donne asile aladoct i inealliriuant le pouvoir d’in tercesslon des âmes du purgatoire en faveur des vivants : / beati del paradiso < le anime del purgatorio sono anch’essi nella communione dei santi, perché, congiunti

Ira Ione eau uni dalla eantà, riceoono gli uni naslre

preghieree le allre i nostri suflragi, < tutti ci ricambiano

con lu lurii tntercessione pressa Dio. Catechismo délia doltrina crisllana, traita dal testa publicalo per ordine di s. s. papa Pio A’, Grottaferrata, 1921, p. 28. Sur tous ces points, voir L’Ami du clergé, 192 I, p.’.t. 7.s, 765. Il faut également observer que le [ail de refuseï aux aines du purgatoire le pouvoir de prier pour elles-mêmes n’implique pas l’impossibilité pour elles de prier pour nous. Billot, loc. fit. : I. épicier, De noviss. p. 302 el 320. Ce dernier auteur admet que les àmes du purgatoire prient pour nous et cependant demande qu’on

ne les invoque pas régulièrement. Toutes les différences

avec l’opinion des modernes sont ici dans les nuances.

La prédication’les vérités relatives au purgatoire.


Les théologiens modernes ne font ordinairement que

reproduire sur ce point la partie disciplinaire du décrel du concile de Trente. Voir ci-dessus, col. 1281. Selon leurs tempéraments, ils envisagent avec plus ou moins (le laveur la prédication ouverte de certains points où l’Église ne s’est cependant pas oITicielleinent prononcée, la peine du feu. par exemple. On nous permettra, avant de clore cet article, d’exprimer ici notre sentiment personnel.

1. Avant tout, il semble nécessaire de réagir contre la tendance de certains prédicateurs qui présentent le purgatoire connue un véritable enfer, moins l’éternité. Le châtiment du purgatoire diffère, dans sa nature même, du châtiment de l’enfer. Celui-ci est purement pénal, celui-là est essentiellement expiatoire et purificateur. Ce serait une erreur de se figurer la souffrance temporaire de l’aul re vie comme une simple peine, sous le coup de laquelle les âmes demeurent purement passives, attendant leur entrée au ciel. La peine existe, certes, mais c’est une peine d’expiation salutaire qui provoque, chez les âmes non encore complètement purifiées, des sentiments d’humilité, des dans de désir, des actes d’amour par lesquels elles deviennent de moins en moins indignes de Dieu. Bossuet, avec cette netteté d’expression qui caractérise sa belle et profonde théologie, établit ainsi la comparaison de l’enfer et du purgatoire :

Le caractère propre de l’enfer, ce n’est pas seulement la peine, m lis la peine sans /" p< nilence ; car je rem irque deux sortes de feu dans les Écritures divines. Il y a un feu qui purge et un feu qui consume et qui dévore : viiiiuscu jusque opus probabil ignts… I Cor., iii, 13 ; Cum igné dévorante. Is.. xxxiii. 1 t. Ce dernier est appelé dans l’Evangile « un

(en qm ne s’éteint pas, ignis non exlinguitur (Marc., ix,

47), pour le distinguer de ce feu qui s’allume pour nous épurer et qui ne m nique |amiis de s’éteindre quand il a fait Cet OÛlce. I.a peine accompagnée de la pénitence, c’est

un feu qui nous purifie. La peine suis la pénitence, c’est un feu qui nous dévore et qui nous consume, el tel est proprement le feu de l’enfer. Sermon sur hs souffrances,

.’, ' point, éd. I.ea.nq., t. IV, p. Tl.

2. En conséquence, on évitera dans la prédication li scriptions exagérées des Qammes du purgatoire,

descriptions qui ne sont en somme qu’oeuvre’le pure Imagination. Déjà, en parlant du feu de l’enfer, la réalitéde ce feu n’autorise pas à le concevoir à la manière