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PURGATOIR] SUFFRAGES DES VI VA NTS

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t. ii, p. 7' ; i.M pourquoi la liturgie, s’insplrant de Luc, xvi, 22, invoque la protection de salnl Michel pour les Ames souffrantes (offertoire de la messe des défunts), ou encore confie aux anges le soin de conduire l’Ame.m paradis : /" paradisum deducani le angeli… Ce ministère des.un ; » --- s’exerce, comme l’expose -oint Thomas, l*. q. cviii, a. 7..ni o u '". par le moyen d’illuminations Intellectuelles. Voir plus loin le lieu tin purgatoire, col. 1310. Cf. Léplcler, op. cit., p. 300-301.

lue autre question connexe concerne la possibilité pour les àiiuv ilu purgatoire de demander elles mêmes a I>i<u leur libération ou leur soulagement. Parmi les théologiens <|ui abordent ce problème, plusieurs, notamment Bellarmin, />. cit., I. II, c xv, Sylvius, In Suppl. sum. theol., q. lxxi, a. '-'. Grégoire de Valencla, op. cit., t. m. disp. 1. q. ii, punct. 6, Suares, De religione, tr. IV, I. I. c xi, n. 12, répondent par l’affirmative. La réponse négative nous semble plus probable. Les prières il » -.'unis du purgatoire ne pi-uv-nt avoir tout au plus que valeur impétratoire. Or. la rémission de leur peine ne peut être accordée, avons-nous dit, A la prière que si la satisfaction l’accompagne. I".t il ne convient pas l< i que les Ames souffrantes, qui acceptent pleinement l'œuvre de justice qui s’accomplil en elles, Interviennent pour adoucir ou abréger cette œuvre, Les saints du ciel et les vivants de la terre peuvent faire appel en ce sens a la miséricorde divine dans un sentiment de charité ; mais la situation des âmes du purgatoire n’est pas la même que la notre : leurs installées pris de Dieu, en leur propre faveur, serait contraire a l’ordre. Cf. I. épicier. op. cit., p. 302-303.

b) ht mérite. Les théologiens n’envisagent guère la question du mérite de convenance offert à Dieu en vue île l’adoucis-cinent des peines du purgatoire. Voir cependant Suarez. De peenitentta, disp..YIII. seet. v. n. 1. De toute évidence cette question doit être résolue conformément aux principes énonces au sujet de la prière pour les défunts, lui égard aux mérites offerts en faveur des âmes du purgatoire, il est convenable que Dieu, sans leur accorder directement la rémission de leur peine (quoiqu’il le puisse, s’il le veut), provoque chez les vivants l’inspiration d’offrir des satisfactions pour les morts. D’ailleurs, en fait, il n’est aucune œuvre méritoire qui ne soit, sous quelque aspect, également satisfactoire. Cf. (omet. Ctgpeat theotogim thomâticte, De pœnitentia, disp. XIII, art. 2, § 3, n. 18.

o La satisfaction. L'œuvre satisfactoire peut être définie : une œuvre d< ni le caractère expiatoire offre A Dieu une compensation pour la peine temporelle encore due aux péchés pardonnes. Cette compensation, on peut l’offrir pour soi-même. On peut aussi l’offrir pour autrui. Cf. Su. ire/, op. eif., disp. |.Y 1 1 1. sect II, qui cite. n. I, une longue liste de théologiens favorables a cette doctrine, qu’on doit dire certaine dans l'Église. Elle peut être offerte pour autrui A titre de eondignité, c’est-à-dire pour se substituer en toute justice à la satisfaction qu’autrul devrait offrir A Dieu. La seule condition exigée Ici par les théologiens, c’est l'état de grâce en celui qui oITrc la satisfaction et, bien entendu, en celui pour qui elle est offerte, l’elle est très certainement la doctrine exprimée par saint Thomas, Snppf., q. xi, a, 2 ; cf. In IY<><<> Suit., dist.. In s'/nih. apost., a. 10 ; In epist. u<i Galatas, vt, 2 ; Cunt. fjent.. I. III. c CLvm, fine. I.es meilleurs commentateurs thomistes proposent et défendent cette dec trine. Cf. Salmanti censés, De psenitenlia, disp. dnb. n. Suarez lui consacre ici toute une section, op. cit., disp. XLVIII, sect ni. Billuarl la rattache à la doctrine générale du corps mystique : Nous sommes un dans le Christ, et nous sommes les membres d’un seul

corps dont le Christ est le chef. Or, dans le corps hu main, chaque membre a^it non seulement pour son utilité propre, mais pour l’utilité de tous Us membres.

Il en est de même dans le corps mystique de l'Église.

Et l’on peut trouver une confirmation de cette vérité

dans les usages humains : la charité a plus cl, , puissance

sur Dieu que sur les hommes ; or, un homme, par amour pour autrui, lient acquitter les dettes de sou prochain envers les hommes ; donc et a plus rorte raison un chrét ien le pourra taire a l'égard des Jugements dh Ins. De psenitentia, diss. i. art. ">.

i si n possible d’entendre cette thèse générale du cas particulier de l'œuvre satisfactoire offerte pour les Ames du purgatoire ? Peut-on admettre que cette satisfaction vicaire d’un vivant pour un mort puisse

avoir pies de Dieu valeur de COndignité, tout comme

A l'égard d’un membre vivant'.' Suarez le pense, op. cit.,

disp. XLVIII, sect. VI, n. I. l.a solution, dit-il, dépend de la promesse de Dieu.

si nous admettons que celle promesse existe a l'égard

des vivants, il n*J a aucune raison pour i|ue nous ne l’rlrn dions pas aux aines du purgatoire, i|ui nous sont unies aussi par la chante et ont besoin de notre aide tout autant que

les vivants et même davantage, puisqu’elles ne peuvent

par elles mêmes Offrir qu’une SatispaSSion (i non une salis (action. I >e plus, elles ne sont pas encore parvenues tout a (ail au terme et elles poursuivent encore leur oie. Aussi,

tant de leur côté que du nôtre, il y a fondement ci possi

hilite pour ce pacte ou celle promesse. Ilu cote de I lieu il

y a la même convenance de libéralité et de miséricorde, sans répugnance à la justice, la même manifestation de volonté, puisque, autant que nous le montre la pratique ci la tradition de l'Église, la loi des suffrages a l'égard des déduits est la même qu'à l'égard des vivants : l'Église offre pareillement ses suffrages pour les vivants et les morts. Loc. cil.

l.a thèse de Suarez (lèche par un point : il ne s’agit pas, du ciile de Dieu, d’une convenance de libéralité et de miséricorde, mais d’une acceptation. Celle acceptation se conçoit facilement dans le corps mystique dont les membres Vivants, encore dans l'état de voie, n’ont pas donné leur mesure linale : elle Semble

plus difficile a concevoir a l'égard de membres, vivants

sans doute, mais parvenus (quoi qu’en dise Suarez en ce texte) à l'état de terme simpliciter. Aussi nombre d’auteurs pensent-ils que cette substitution de satisfaction, offerte a Dieu par manière de suffrages, n’a devant Dieu qu’une valeur de convenance a l'égard des défunts. C’est l’opinion de Cajétan, Opusc. xvi, q. v, et d’autres maîtres du xi siècle, Pierre Solo, Melchlor Cano. Médina (Jean), Corduba, etc. L’opposition entre les deux opinions se retrouve (Voir plus loin). sur l’effet infaillible ou non des suffrages. Mais ici il s’agit moins d’effet infaillible que de proportion de justice. Ils seront i n lai I lilileineiil agréés par Dieu, mais seront ils agréés de telle sorte que Dieu y voie une satisfaction (le eondignité offerte à sa justice, ou bien n’y trouverat-il qu’une satisfaction de convenance proposée a sa

miséricorde.'? Tel est le vrai point en litige.

Les deux thèses pourraient bien finalement se cou

CÎIier dans l’ignorance ou nous sommes de la mesure exacte (le l’acceptation divine, ignorance que tous les théologiens sont obligés de confesser.

Quand on se souvient de la doctrine officiellement promulguée sur la valeur de l’indulgence plénière appliquée aux défunts (voir Indulgences, i. vu.

COl. 1622 1623), quand on se rappelle l’enseignement

des théologiens sur l’application de la valeui satisfac toire du sacrifice de la messe (voir MESSE, I. x. col. 1301 sq., et surtout Conclusion, col. 1304), on doit

bien convenir que la substitution de nos satisfactions

aux satispassions des âmes souffrantes est de la part

de Dieu beaucoup plus question de boulé et de miséricorde qu, - de jusl iee.