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PURG T « 'I RE. PE1 N i S

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âmes l acceptent, sans compta 1 que l’espérance certaine du bonheur adoucit la souffrance ; la seconde est que la tristesse des âmes répond bien davantage aux degrés de gloire à jamais perd ai qu’a la dilat ion même de la gloire, ce qui fait que la tristesse est plus grande an une âme moins parfaite, précisément parce qu’elle a perdu plus de degrés de gloire. Loc cit., n. 3 I. l es modernes, on général, n’ont pas envisagé cet aspect de la question.

Grapiti de h peint du sens. - Tous les théologiens enseignent que la peine du sens est très grave et dépasse nos estimations d’ici-bas. routerais l’opinion de saint Bonaventure rallie de plus en plus les sut trages ilts auteurs. Suarez, t] ni signale les deux opinions, ibid., n.. r >. 6, conclut en « lisant qu’il n’est pas possible d'établir entre les peines du purgatoire et lis souffrances d’ici-bas une comparaison proprement dite : on ne peut comparer que des realites homogènes, et Ici les peines sont de nature très différentes. Spécifiquement toute peine du purgatoire, même la plus minime, dépasse les souffrances de la terre, précisément parée qu’elle est d’un autre ordre de douleur et de mal. Mais accidentellement, c’est-à-dire dans ses effets sur telle ou telle Ame, la comparaison pourrait être établie ; pourtant Suarea n’ose trop se prononcer. Voir, en faveur de l’opinion d< saint Bonaventure, Billot, op. cit.. th. vu. g _'. p. 103-105 ; Pesch., op. cit.. t. ix. n. 604. I.epieier. qui semble pencher en faveur de l’opinion plus dure de saint Thomas, conclut par une excellente remarque qui rappelle celle de Suarez : diximus panam pargatorii in suo génère omne id saperare quod in hoc mundo patimur, quia cum altéra sit conditiu aninnv separata ab ejus conditione in pressenti vitii. oportet ut etiam alterius rationis sit pana : unde comparatio non est anivoca, sed secundum proporlionem. Op. cit.. p. 127 I.

Feu de théologiens ont tenté de supputer la gravité de la peine du sens au purgatoire par rapport à la peine du feu en enfer. Notons à ce sujet cette simple remarque des Salmanticenses : Nous ne pensons pas inconvenant qu’un juste quittant cette terre avec une quantité m considérable de péchés véniels ou avec une dette si lourde pour des péchés mortels remis quant à la coulpe, mais non quant a la peine temporelle, subisse dans son temps de purgatoire une peine du sens plus atroce que celle qu’auront a endurer certains damnés éternellement punis pour un ou deux péchés mortels. I imparaison, notent ces théologiens, ne tient évidemment que pour certains aspects de l’atrocité de la peine. De vitiis et peccatis. disp. XVIII, duh. ii, § 6.

Objet des peines purificatrices.

L’expiation puritieatrice a-t-elle pour objet la coulpe ou la peine du

péché'? I.a question se pose non pour les péchés mortels, mais pour lis péchés véniels. Déjà ce problème avait été envisagé par les sententiaires, et les théologiens posttridentins n’en ont guère fait progresser les solutions. Quant aux péchés mortels, seul le debitum panse peut être en cause.

1. La coulpe des pèches véniels.

Bellarmin sidemande comment les péchés véniels dont l'âme peut être encore souillée au moment de la mort sont remis au purgatoire ? Op. cit.. 1. I. c XXV, p. 93. Il suit l’opi- ; nion de saint Thomas : Les péchés véniels sont remis dans le purgatoire par let tmour et « le pat lence

qu’y produisent les âmes souffrantes : en effet, cette ptation de la peine Infligée par I rien, procédant de la charité, peut être appelée une pénitence virtuelle, et. bien qu’elle ne soit pas proprement méritoire puisqu’elle ne mérite pas une augmentation de grâce ou de gloire, elle peut obtenir la rémission du péché. Ibid., Remarquons toutefois que saint Thomas, dont Bellarmin cite l’opinion d’après le (.ommentaire sur les Sentences, a précisé, sinon corrigé-, sa réponse dans le

De mate (voir col. 1240) : c’esl tout aussitôt que l'âme esl affranchie des liens du corps, qu’un acte de chai de

parfaite etlæe la coulpe du péché véniel.

Suarez, qui traite cette question dans la disp. XI,

sect. i. expos, 1, -s diverses suintions bien plus claire

nient que Bellarmin et. après avoir rejeté les opinions

qui lui paraissent Improbables, se rallie finalement à

celle de saint Thomas dans le De nialo : Dans le pie mier instant de la séparation de l'âme et du corps, l'âme émet un acte fei eut d’amour de I lieu et de contrition parfaite de toutes sis tantes précédentes. l'.tant en état de grâce, l'âme juste est en mesure, connaissant sou état, de tendre parfaitement vers Dieu de toute la force de sa volonté soutenue et Surélevée

par la charité. Et ce mouvement suffit à enlever aussitôt tout ce qui est encore coulpe eu elle Lne. cit., n. 13.

Ici siplace une eonl ro erse cf reniement Intéressante contre C.ajétan. A cet Instant de la séparation de L'âme d’avec le corps. Cajétan pense que l'ànie est encore en état de mériter ou de démériter, puisque nondiim est omnino extra viam, sed in termina oitm. In / nm part. Suni. Iheol.. q. LXIII, art. 5. fine. Le dernier instant de la voie se confondrait ainsi avec le premier instant de l'état de terme. Suare/ rejet le avec vivacité cette bypot hèse Insoutenable : quæ sententia sernpcr mihi displieuit, quia ex Ma sequitiir possc hominem esse in gratin toto lempore vitse, et in Mo instanli illam amittere ; quod. ut opinor, repu final Scriptwis. L’inverse pourrait aussi devenir vrai : un pécheur, mourant en état de faute mortelle, pourrait ainsi, in primo instanli separationis anima a corpore, se réconcilier avec Dieu, ce qui n’est pas moins contraire aux Écritures. Suarez ajoute que le terme de la voie est extrinsèque a la voie elle-même ; donc l'ànie. à l’instant même où elle est séparée du corps, ne peut plus mériter ni démériter ; elle est continuée en grâce ou fixée dans le mal. Loc. cit., n. 14. II faut donc conclure que l’acte de charité agit, dans la rémission de la coulpe des péchés véniels à l’instant de la séparation, simplement comme disposition suffisante, et non comme cause méritoire. Voir, concernant la controverse susindiquée, les arguments que nous avons fait valoir, dans le sens de la thèse de Suarez, à propos d’un article récent. L’Ami du clergé, 1933, p. 756-761.

L’opinion de saint Thomas, reprise par Suarez, est commune parmi les théologiens. Voir de Lugo, De psenilentia, dist. IX. sect. n ; Palmieri, op. cit., § 22, p. 64-65 : Mazztlla, op. cit., n. 1321 ; Pesch, op. cit., n. 598 ; Billot, De peccato, p. 121 ; Hugon, loc. cit.. t. ix, p. 825 ; Hervé, op. cit., t. iv, n. 666 ; Lépicier, op. cit., p. 281 : Scheeben-Atzberger, Handbuch der kalh. Dogmatik. t. viii, Fribourg-en-B., 1903, §413, p. 855. et tous les thomistes.

Il ne reste donc à élucider que le problème de la rémission de la peine, qui est le même pour le péché véniel que pour le péché mortel.

2. Rémission de la dette de peine. - - Bellarmin n’envisage que le fail général de la rémission de la peine due aux péchés pardonnes : ce fait se confond avec le dogme même du purgatoire. Mais comment cette rémission est-elle obtenue ? A propos de cet aspect du problème, il se contente de rappeler que, dans le purgatoire, les âmes ne peinent plus ni mériter ni démériter : il leur manque l'état de voie. Op. cil., 1. II. c. nni, p. 101 sq.

Suarez et les théologiens postérieurs partent du même principe pour établir les deux doctrines explicatives, qui marquent la position de la théologie posttridentine sur ce point : la satispassinn des âmes et la rémission progressive des peines.

a) Suarez rappelle d’abord, op. cit., disp. XLVII, sect. ii, n. 5-6, que les âmes du purgatoire possèdent toute la charité dont elles sont capables ; que cette