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2. Confessio Gallicana, a. 24 : Finalement nous tenons te purgatoire pour nue illusion procedee d’icelle mesme boutique de laquelle sont aussi proce dez les vœuz monastiques, pèlerinages, défenses <lu mariage et de l’usage des viandes, l’observation ceremo nieuse des iours, la confession auriculaire, les indulgences et toutes autres telles choses, par lesquelles on pense mériter grâce et salut. Lesquelles choses nous reiettons, non seulement pour la faulse opinion du mérite qui y est attachée, mais aussi parce que ce sont inventions humaines, qui imposent ioug aux consciences. » Ibid., p. 227.

3. Confession d’Erlau (I5112). De purgaiorio : Purgatorium omnium delictorum nostrorum est gratin Dei, sanguis Christi, Spiritus sancti sanctifteatio per fidem et verbum… Meritum gratise Dei et redemptionis Christi culpam et peenam condonavit et combussit. Satisfecit perfecte pro peccatis nosiris… Impium et diabolicum flgmentum est papisticum purgatorium, subterraneum igné a’terno exæstuans ubi purgari animas impie fingunt. Caret enim Scripturse veritate et contrarium gratise Dei, Christi mérita est. Ignis et aqua percuta purgans et exurens, gralia Dei, meritum Christi, Spiritus sanctificatia est. (Pauli I Cor., in.) Ignem judicii et condemnationis punientis peccata, intelligit perdiem et ignem, id est tribulationem, Me ignis non purgat peccata, sed damnât impiorum peccata ; est enim ignis ir ; r Dei. Ibid, p. 293.

Les àmes saintes vont donc au ciel. On peut citer Lazare dans le sein d’Abraham, Luc, xvi, ou encore le Cupio dissolvi et esse cum Christo, de saint Paul, Phil., i, 2. Les àmes ne vont donc pas au purgatoire, mais, comme l'écrit saint Jean dans l’Apocalypse : Beati mortui qui in Domino moriunlur… xiv, 13. Au contraire les àmes des impies sont dans la prison, dans le lieu de tourments, sont elles-mêmes torturées sans fin. Cf. I Petr., iii, 19 ; II Petr., ii, 9. C’est ainsi que l'Écriture et les Pères ont défini le sort futur des àmes, et même Pierre Lombard enseigne que les saintes âmes attendent sous l’autel le dernier jour.

4. Confession anglicane.

Les quarante-deux articles de 1552 (les trente-neuf de 1562).

Art. 23 de 1552 : Art. 22 de 1562 :

Scholasticorum Doctorum romanensium

doclrina de purgaiorio, de indulgeniiis, de veneralione et adoratione tum imaginum, tum reliquiarum, neenon de invocatione sanctorum, res est fiitilis, inaniter conficta et nullis Scripturarum leslimoniis innititur, imo verbo Dei perniciose

coniradieit. Ibid., p. 513.

II. LES RÉ ACTIONS DE LA THÉOLOGIE CATHOLIQUE. —

A vrai dire, toutes ces négations protestantes s’appuient sur des bases bien fragiles. L’exposé qu’on a fait plus haut de la tradition catholique montre, mieux encore que l’exégèse des textes scripturaires le plus souvent invoqués, la force et la vigueur de ce mouvement doctrinal qui part de l’idée de l’expiation en général (idée éminemment scripturaire), pour aboutir à celle de l’expiation du péché pardonné par des peines purificatrices de l’autre vie. Cette position traditionnelle sera en somme, nonobstant quelques exagérations dans l’exposé des preuves scripturaires du purgatoire, la position adoptée d’abord par les théologiens controversistes, par les conciles provinciaux, par les facultés de théologie et enfin par le concile de Trente.

Les théologiens catholiques contre Luther.

Un

assez grand nombre de polémistes catholiques prirent part à la controverse relative au purgatoire. A la suite de K. Wcrner, Geschichte der apologetischen und polemischen Literatur, Schatlhouse, 1865, nous citerons : Catharin, Apologia pro veritate catholicæ et aposlolicæ fidei ac doctriniv adversus impia et valde

pestifera M. Lutheri dogmata, Florence, 1520, t. IV, p. *."> sq. : Jacques Hoogstraten, De purgaiorio seu de expiatione venialium post mortem libellas, Anvers, 1525 ; Antonio Yarani (cf. Joclier. Lexikon, Leipzig, 1751, t. iv, p. llll). De purgaiorio (s. [.) ; Berthold de Chiemsee, Teutsche Théologie (s. i.), c. lxxxii.xxxiii. On peut ajouter : Jean Faber, Responsiones duse de antilogiis, Cologne, 1523 ; Malleus in hæresim Lutheri. Cologne, 1524 ; Fred. Grau, Contra catholicæ fidei adversarios, Mayence, 1524 ; J. Clichtove, Antilutherus, Paris. 1524 ; Vinc. Gracchari, De purgaiorio et suffragiis, Venise, 1535 ; J. Tavernier, De purgaiorio animarum, Paris, 1551. N’ous n’avons pu consulter que les quatre auteurs suivants :

1. Cafetan.

Les deux questions de Cajétan, qui forment son opuscule (xxill) De purgaiorio ont été écrites à Augsbourg, 25 septembre-17 octobre 1518. Cf. Cajétan, Saint-Maximin, 1934-1935, p. 12-43. Elles visent principalement les erreurs luthériennes de la proposition 38 condamnée par Léon X. Voir col. 1266.

Au purgatoire, dit Cajétan, il ne peut plus y avoir de mérite : les àmes sont en état de satisfaire, non de mériter ou de démériter. Si, en effet, elles pouvaient encore démériter, elles seraient encore capables de se damner : ce qui est contraire à la nature même du purgatoire. De plus, ces âmes sont certaines de leur salut : n’y aurait-il, pour leur donner cette certitude, que l’enseignement de la foi qu’elles ont reçu encore sur terre, ce serait déjà suffisant. Mais elles ont de plus une parfaite connaissance de leur état par la science intuitive qu’elles possèdent d’elles-mêmes. Enfin, elles ne vivent pas dans l’horreur perpétuelle, car < elles aiment la divine justice et subissent volontiers leurs peines par soumission à cette justice ».

Cajétan se pose l’objection des visions dans lesquelles certaines âmes auraient affirmé leur incertitude par rapport au salut : « La doctrine de l'Église, répond-il, ne s’appuie pas sur ces visions. L'Église ne les a pas approuvées : ce ne furent peut-être que des songes… ou des illusions diaboliques pour introduire de nouveaux dogmes. » Opuscula, Lvon, 1575, p. 1 loin.

2. Pri('rias (Silvestre Mazolini). — Le titre exact de l’ouvrage de Priérias contre Luther est Errata et argumenta Martini Luteris recitata, détecta, repulsa et copiosissime trila, 1520. Le titre habituellement cité, De juridica et irrefragabili Ecclesiæ veritate, n’est qu’un sous-titre. Ce n’est pas au 1. III. mais au 1. II que se trouve la controverse relative au purgatoire, c. xi-xii, p. clxi v°-clxxxv r°. Il est inutile d’entrer dans le détail des idées et des discussions. La réfutation écrite par Priérias a servi de thème à Eck, dont l’ouvrage, plus considérable, ne fait que développer l'écrit de Priérias. Voir plus loin. Mais on trouve déjà chez celui-ci la justification du terme catholique : purgatorium et le rejet de l’expression punitorium. C.clxxvii.

3. John Fisher.

Dans son Assertionis lutheranæ confutatio, composé en 1520, imprimé à Paris en 1523 (voir Fisher, t. v, col. 2558). Pévêque de Rochester reprend un à un chacun des quarante articles luthériens, condamnés par la bulle de Léon X. En réfutant les art. 2, 3, 4, 37, 38, 39, 10, c’est un véritable traité du purgatoire qu’a écrit John Fisher. Tout l’essentiel de la synthèse bellarminienne s’y trouve déjà. L'écrit, on le sait, est composé sous forme de dialogue entre l'évêque » et Luther.

a) La réfutation de l’art. 2. In pueris baplizatis manere peccata. op. cit.. p. xevi, prend la théorie luthérienne à son point de départ : même chez les enfants baptisés, le péché demeure, qui leur interdit l’entrée du ciel.

b) Ainsi est rendu intelligible l’art. 3. Fomes peccati, etiamsi nullum adsit actuale peccatum, moratur