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    1. PURGATOIRE##


PURGATOIRE. LE CONCILE l>K FLORENCE

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encourir la condamnation tiu concile œcuménique. Qu’on lise l’apologie écrite par saint Maxime pour la doctrine de l’apocatastase telle que l’a présentée Gré : tout > rappelle l’origénlsme. Comment enfin présenter la doctrine ilu purgatoire comme une doctrine ancienne dans l'Église et tenant le milieu entre deux erreurs, alors que les docteurs les plus nombreux et u-s plus Illustres ont cru devoir expliquer au sens allégorique le feu éternel et les châtiments sans fin ? Comment les peines qui précèdent le Jugement pourraient-elles être par un (eu matériel ?

1 i - textes de saint Matthieu et des Machabées ne prouvent pas la doctrine de la purification ou du châtiment dans l’autre vie, mais celle do la rémission des péchés. Et puis quisignifie cette distinction entre la coulpe et la peine ? Cette distinction paraît aux Grecs contraire aux faits les plus certains : quand les princes pardonnent une offense, les voit-on en poursuivre le châtiment ! Le puhlicain retourne élu/ lui non seulement absous, omis justifié, lue., xviii, 14 ; Menasse, après s'être humilie, est délivré de ses fers et rétabli sur son trône. II Par., xxxin. 13 : les Ninivites, grâce a leur pénitence, sont soustraits aux i oups qui les menaçaient. Jon.. m. 5 : le parai] tique reçoit, avee le pardon

de sis péchés, u redressement de son corps. Matth., ix. i. L’exemple allégué de David n’est pas concluant,

car il eut de la mémo femme un autre fils qui fut le grand Salomon. Donc on ne peut poser en principe qu’après le pardon de l’offense il reste encore à subir une peine : pour démentir un tel principe, l’exemple du baptême suffirait : avec le pardon des péchés. le baptise ne reçoit-il pas remise île toute sa peine ?

En ce qui concerne I ("or., iii, 11-15, dont dépend pour ainsi dire tout l’enseignement des Latins, des divergences se sont produites entre docteurs sur ce texte comme sur beaucoup d’autres. Cependant l’interprétation de saint Jean Chrysostome doit être préférée, car il s’est attaché à reproduire la pensée de l’Apôtre. Marc d'Éphèse en appelle à Job. xvi, 10, pour justifier le sens de conservation » attaché à cwô^aeTai par Chrysostome. Et sa conclusion est nette : il faut s’attacher à l’exégèse de Chrysostome si l’on ne veut pas s'écarter de la vérité.

2. Le dernier mémoire de Marc apporte les derniers éclaircissements demandés par les Latins. Ces éclaircissements concernent quatorze points. Les questions précises des Latins ont amené Mare à des précisions nouvelles, qui donnent un prix spécial à ce dernier document.

a) En quel sens les Grecs disent-ils que les Ornes des saints ne sont pas encore en possession de la béatitude ? Le sort ili - Ornes destinées à la béatitude demeure, jusqu’au dernier jugement. provisoire et imparfait, soit que Dieu ait décidé de ne récompenser les âmes qu’en compagnie de leurs corps, soit qu’il veuille différer la récompense commune jusqu’au moment de la réunion complète du corps des élus.

b) Qu’entendent les Grecs lorsqu’ils disent que les saints sont au ciel avec les angi -s prés de Dieu ? C’est le mode spécial de présence des esprits, tel que l’ont exposé saint Jean Damascène, ^aint Grégoire de Nazianze. Denys l’Aréopagite.

c) La vision bienheureuse dont jouissent les saints dé- maintenant est-elle la isjon oVelSouç dont parle

1 saints voient-ils Dieu par essence ? Aucune créature ne peut oir Dieu par essence : la vision qui est le partage des saints est la vision Si’e'80'jç, mais non la vision face a face (irpcowrov "poç -ç^ai, , -', ^ qui est réservée pour le séjour de la gloire.

d) Qu’est ce que le rayonnement de Dieu dont les saints jouissent déjà au ciel ? Marc répond ici par quelques phrases de Jean Climaque.

r) Que doit-on entendre par le royaume de Dieu et

parles biens Ineffables dont les saints n’ont pas encorela

jouissance'.' Mare se réfère Simplement a saint Maxime.

/ / Où sont les Ames de ceux qui moulinent dans le

péché mortel ? Elles sont dans les enfers, lortuiecs par

l’attente et la crainte de leur triste sort.

il) Comment les anus des saillis jouissent elles d’une

joie parfaite, sans avoir encore part aux biens ineffables ? Elles jouissent par avance d’une félicité bienheureuse, dans l’espérance des biens promis.

Ii) La privation de la ision divine est elle pour les

damnes une peine plus grande que le feu etei ne ! '.' Sans aucun doute, cette privation étant le plus dur tour

ment des Ames déchues de toute espérance.

i) Quelles peines les âmes de la catégorie moyenne

endurent-elles ? Les souffrent-elles tour à tour ? C’est la

question proprement dite du purgatoire, la question des âmes - moyennes i, destinées à voir Dieu après une expiation temporaire. Mare répond que les peines endurées par ces âmes sont diverses et inégales, comme les fautes qui les leur ont méritées.

j) Qu’est-ce que les Crées entendent par « l’incertitude de l’avenir i ? C’est l’ignorance où demeurent ces Ames quant au temps où, leur expiation étant consommée, elles si verront réunies au chœur des élus.

k) Qu’est-ce que la honte de la conscience ? Toute faute inexpiée engendre une certaine honte. Quelquefois, la pénitence est assez complète pour effacer entièrement le péché ; mais il n’en est pas toujouis ainsi, l'âme qui n’a pas suffisamment fait pénitence doit traverser une période de châtiment ; ainsi en est-il pour beaucoup de fautes quotidiennes qui échappent à notre fragilité. On ne songe guère à en faire pénitence. Mais la miséricorde divine peut en faire remise au pécheur, et les prières de l'Église peuvent acquitter sa dette.

I) Que faut-il penser du soulagement des damnés par la prière des vivants ? La prière des vivants peut obtenir aux damnés quelque adoucissement avant le jugement général.

m) Quelles sont les fautes petites et légères, qui affectent les âmes de la catégorie moyenne ? Sur ce point, les Grecs ont un sentiment différent des Latins. Ils ne reconnaissent pas les fautes vénielles ; ils n’admettent pas que les péchés soient remis par la charité. La rémission des péchés est due à la pénitence : si la pénitence est parfaite, rien ne manque à l’expiation du péché ; si la pénitence est imparfaite, le péché, dans la mesure où il n’est pas encore remis, devra être expié outre-tombe. Pas de distinction entre la coulpe et la peine.

nj Pourquoi les prêtres grecs imposent-ils une pénitence en absolvant les pécheurs ? De cette pratique, Marc apporte cinq raisons et laisse entendre qu’il peut en exister d’autres : toutes raisons d’opportunité, dont la plus admissible est le caractère médicinal des satisfactions sacramentelles. A l’article de la mort on absout et on communie le moribond, en comptant que Dieu suppléera à ce qui lui manque.

G" Définition du concile. — Telles sont les pièces du procès, du moins celles qui sont aujourd’hui connues. La discussion se prolongea un mois et demi encore ; cf. Mansi, Concil.. t. xxxi a, col. 485-493. L’empereur, pressé d’aboutir, intervint de sa personne et présida un débat public les 16 et 17 juillet 1439. Les Grecs en voulaient particulièrement au feu du purgatoire ; les Latins cédèrent sur ce point, qui d’ailleurs ne se présentait pas (nous l’avons constaté au cours de notre enquête) garanti par une tradition ferme. L’accord se fit en fin de compte sur la formule suivante, qui à quelques mots près reproduit la profession de foi du concile de Lyon. Nous juxtaposons les deux textes :

11' l ONCILF. DE LYON CONCILE DE FLORENCE

Si vire ptmitentea in caSi vrre pa’nitentes in Dei ritate ilriisM-rint. aiitequain raritate ilicessiiint. ante-