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l’UKGATOIHK. SAINT AUGUSTIN


credentibus debetur œquuliter ; et omnes pariter resurrecturi sunt, alii in confusionem œternam, alii, ex eo quod credunt, in sempiternam vitam. P. L., t. xxii, col. 973 ; cf. Episl., xxxix, n. 3 ; In Dunielem, vii, 9 ; In Lucam, xvi, t. xxii, col. 469 ; t. xxv, col. 550 BC ; t. xxix, col. 673 I).

9. Saint Paulin de Noie et Prudence.

Peut-être serait-il possible de trouver chez ces deux auteurs quelques allusions à la peine purificatrice du feu dans le jugement futur. Le premier, en effet, exhorte les fidèles à prier Dieu, afin que leurs œuvres ne soient pas semblables au bois, au foin, à la paille, mais plutôt a l’argent, à l’or, aux pierres précieuses. Il parle de ce feu savant (ignis ille sapiens) par lequel nous passerons pour être examinés ; il importe de n’en être pas enveloppé pour subir la punition de sa brûlure. Epist., xxviii, n. 1, 2, P. L., t. lxi, col. 309 BC ; cf. xxxvi, n. 2, col. 351 D. Même pensée dans un poème, vii, ibi<L, col. 449 U :

Opus per omne curret ignis arbiter,

Quod non crenwrit llamma, sed pro ! >averit,

Illud perenni præmio pensabitur.

Quod concremanda gesserit, damnum feret,

Sed ipse salvus evolabit ignibus

Tamen subusti corporis signis miser

Vitam tenebit…

Le poète Prudence a, lui aussi, des vers où il chante « la peine légère qui doit le brûler miséricordieusement. » Hamarligenia, v. 966, P. L., t. Lix.col. 1078 B.

Paulin de Noie admettait, lui aussi, que le pécheur croyant serait sauvé en raison de sa foi. Cf. Poema, vii, P. L., t. lxi, col. 450 A.

Conclusion. — De cette première partie de notre enquête chez les Pères latins, nous conclurons que, malgré les obscurités de pensée et les hésitations d’expression, la foi en des peines purificatrices dans l’aude la est déjà très nettement formulée par les Pères. Sans doute c’est une croyance répandue communément au ive siècle que tous les chrétiens, si pécheurs qu’ils soient, seront tôt ou tard, en raison de leur foi, réunis à Dieu. Affirmer que cette foi est, en toute hypothèse, la fides caritate formata, comme l’insinue le P. de Groot, Conspectus historix dogmatum, 1. 1, Rome, 1931, p. 498, c’est proposer une exégèse quelque peu facile. Ce serait trop beau et les textes ne fournissent aucune base à cette interprétation.

Aussi bien la croyance miséricordieuse des Pères semblait solidement appuyée par I Cor., ni, 15 ; et c’est pourquoi ce texte de saint Paul revient sans cesse à la base de toutes les affirmations sur le sort futur des âmes. C’est dans la foi chrétienne qu’on plaçait la vertu, capable d’opérer le salut de tous ceux qui la professaient. Par cette foi, le chrétien est fondé sur JésusChrist, et, quelles que soient les œuvres inutiles ou mauvaises édifiées sur ce fondement, si te feu doit dévorer les œuvres, le fondement étant solide, le chrétien lui-même sera épargné.

Un instant de réflexion suffit à nous convaincre que ce feu purificateur du jugement contient implicitement ou mieux constitue sous sa forme première le dogme du purgatoire, aussi bien chez les Latins que chez les Grecs. Sans doute les Latins, jusqu'à la fin du ive siècle, exagèrent cette doctrine puisqu’ils regardent comme susceptibles d'être purifiés tous les chrétiens pécheurs sans exception. Sans doute aussi l’expression de la doctrine du purgatoire est encore entourée de bien des hésitations héritées des conceptions plus ou moins archaïques touchant l'état des âmes dans l’autre vie. Il faudra donc, pour que la ligne traditionnelle de la doctrine du purgatoire s’affirme plus ferme et plus nette que le génie de saint Augustin vienne, sur ce point, comme sur tant d’autres, imposer la direction de sa lumineuse théologie.

Saint Augustin.

Toute l’enquête qui précède

montre la part d’exagération contenue dans l’affirmation tle Hofmann, selon qui saint Augustin aurait été le premier l'ère à formuler d’une manière précise la doctrine du purgatoire, simplement insinuée chez les Pères antérieurs. Voir plus loin, col. 1221. L’exposé qui va suivre en montrera la part de vérité. On y verra aussi ce qu’il y a de tendancieux dans l’assertion de J. Turmel, selon qui Augustin n’affirmerait pas le purgatoire et fui simplement, à la fin de sa vie, sur le point de l’accorder. Eschatologie à la fin du IVe siècle, dans Reo. d’hist.et de lilt.relig., 1900 (tiré à part, p. 59 61),

1. Précisions apportées par saint Augustin sur l'étui des âmes après la mort. — Le premier bienfait apporté par la théologie augustinienne fut de réagir sensiblement contre la théorie si répandue dans les premiers siècles d’une période d’attente pour les âmes avant l’entrée dans le bonheur ou dans le malheur éternels. Sans doute, même avant Saint Augustin, on pourrait trouver, aussi bien chez les Grecs (voir ici Jugement, t. viii, col. 1786-1787), que chez les Latins (col. 1796, et ci-dessus, col. 1215 au bas), des textes montrant que les âmes sont en possession du bonheur ou du malheur éternels aussitôt après le jugement particulier. Néanmoins il reste encore un certain flottement dans la pensée de beaucoup de Pères concernant le séjour des âmes et la plénitude de la récompense des élus ou de la punition des damnés. Tout en demeurant encore à bonne distance de nos précisions actuelles, la théologie d’Augustin apporte sur ce sujet difficile des lumières qui orientent la pensée chrétienne vers les solutions définitives. Pour saint Augustin, aussitôt après la mort, le sort éternel est fixé, et les âmes criminelles sont enfermées dans un lieu de tourments, et les âmes justes dans un séjour de repos et de bonheur : les damnés souffrent déjà du feu infernal, et les élus jouissent de la vision de Dieu. Il ne s’agit pas de restreindre cette vision aux seuls martyrs ; si Augustin parle spécialement des martyrs, c’est qu'à eux principalement il appartient de régner avec Jésus-Christ. Mais les autres saints sont dans la même paix qu’eux. Paradis et sein d' Abraham ne sont qu’une façon de parler pour désigner une des nombreuses demeures du ciel. Sur tous ces points, voir Augustin (Saint), t. i, col. 2444-2447. Là où la théologie d’Augustin est encore en hésitation, c’est sur la question de l’apport réalisé à la résurrection, par le fait de la reprise du corps par l'âme au bonheur ou au malheur éternels. > A la résurrection supplices et récompenses des âmes recevront, d’après Augustin, un complément bien plus substantiel que la théologie ne l’enseignera plui tard, et c’est là, croyonsnous, la différence essentielle entre sa théorie et l’enseignement commun. » Col. 2117.

Il n’en reste pas moins vrai que la perspective d’un jugement purificateur après la résurrection générale se trouve nettement brisée. C’est après le jugement particulier qu’il conviendra désormais de chercher l'époque des peines purificatrices. Mais encore faudra-t-il dissiper les équivoques fondées sur l’interprétation de I Cor., iii, 15. Ce sera le deuxième service rendu à la théologie du purgatoire par l'évêque d’Hippone.

2. L’interprétation miséricordieuse de I Cor., ///, 11-15, rejetée par saint Augustin. — Nous avons entendu les partisans du salut de tous les chrétiens invo quer I Cor., ni, 11-15, en faveur de leur opinion ; pour être sauvé, il suffit de demeurer dans l’unité catholique, car ainsi l’on conserve le Christ comme fondement. Augustin connaît cette opinion. De civ. Dei, 1. XXI. C. xxi. xxvi, P.L., t. xli, col. 734, 743. D’autres, ajouh' Augustin, considèrent que la foi seule procure le salut. quelles que soient les œuvres. Ibid., t. XXI, c. xxvi, n. 1, col. 743 ; De fide et operibus, n. 24, t. XL, col. 213. Sans doute la sentence du jugement dernier concerne