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    1. PURGATOIRE##


PURGATOIRE. LES LATINS A VA NT SA] T A UGUSTIN

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diatement après la mort, les âmes descendent toutes aux enfers, après avoir été soumises à un jugemenl

préalable. Les justes VOnl se reposer dans le sein

d’Abraham, tandis que les coupables sont châtiés par le l’eu. Cf. Ililaire. In ps. CXXXVIII, n. 22 : U, n. 22 ; cxxii, n. 11 : cxx, n. 16 ; £F//, n. 5, 7 ; //, n. 18, P.L., t. ix, col. 804 A, 322 B. 673 li. 660 BC, 372 A t-t 37.1 A, 290B ; Zenon, Tract., t. I, c. jcvi, n. 2 : t. II, c. xxi, n. 3, P. L., t. xi, col. 372 A, 161 Ali. Nous avons ici comme un écho de l’hypothèse des Grecs, d’une dilation de la récompense et du châtiment jusqu'à la fin du monde. Quand viendra la fin du monde, tous les morts ressusciteront. Tous les hommes ne seront pas jugés : [es justes non plus que les infidèles et les impies manifestes n’ont pas besoin de jugement : ils sont jugés pour ainsi dire d’avance et ont déjà été traités selon leurs mérites. Seuls les pécheurs ordinaires, c’est-à-dire les chrétiens ayant mal vécu, seront jugés. Hilaire, In ps. i, n. 1518 (cf. n. 1-3) ; LVII, n. 7, P. L., t. ix, col. 259-261 (cl. col. 250-252), 373 A ; Zenon, Tract., t. II, c. xxi, n. 1-3 ; P. L., t. xi, col. 461. Les pécheurs impénitents seront alors cruellement tourmentés en enfer. Hilaire, In Matth., c. v, n. 12 ; In ps. LIT, n. 14, t. ix, col. 948 C, 354 C ; Zenon, Tract., t. II, c. xxi, n. 3, t. xi, col. 401 B. Tout laisse donc supposer qu’une catégorie de pécheurs sera purifiée par le jugement. C’est l’interprétation de Schwane, Hist. des dogmes, trad. fr., t. iii, Paris, 1903, p. 256. Et le théologien allemand appuie son interprétation sur le texte In ps. CXvm, litt. 3, n. 5, P.L., t. ix, col. 519 A. Il semble qu’ici Hilaire connaisse, outre le baptême d’eau, quatre autres baptêmes : la venue du Saint-Esprit (vraisemblablement la confirmation), la purification par le feu du jugement (emundatio puritatis… quæ judicii igni nos decoquat), la mort qui nous délivrera de notre corps grossier et matériel, enfin le martyre. Le feu du jugement, ici comme chez Origène, est déjà, en tant qu’il purifie les pécheurs, une forme archaïque de la croyance au purgatoire. On pourrait invoquer aussi, du même commentaire, le n. 12, col. 522 C, où Hilaire rappelle que le jugement ne saurait être désirable pour personne, car personne n’est absolument pur devant Dieu, et la moindre parole inutile devra être expiée dans le feu qui s’imposera à nous.

L’influence d’Origène sera plus sensible dans les conceptions de saint Ambroise, de l’Ambrosiaster et de saint Jérôme ; mais la doctrine du purgatoire s’y manifestera déjà plus clairement.

6. Saint Ambroise.

L’autorité de saint Ambroise est déjà plus nette. Sans doute sa doctrine des peines purificatrices d’outre-tombe est encore imprégnée d’idées empruntées à la théologie juive et à Origène. mais il est déjà possible d’y retrouver les grandes lignes du dogme chrétien.

Appuyé sur le IVe livre d’Esdras, saint Ambroise place les âmes, au sortir de leurs corps, dans des habitacles, des promptuaria supérieurs, où elles attendent la fin des temps. Mais déjà un jugement s’est exercé sur elles, et leur sort n’est pas identique : alias manet peena, alias manet gloria ; et lamen nec Mec intérim sine injuria, nec istse sine fruclu sunt. Il y a donc déjà un commencement de récompense et de punition, les justes jouissant par avance du bonheur qui leur est réservé, les méchants souffrant de la colère de Dieu qu’ils savent devoir encourir, De bono mortis, n. 45-48 ; cf. De Caïn et Abel, t. II, n. 35-37, P. L., 1866, t. xiv, col. 588-589, 377. Cette situation néanmoins ne sera pas commune à toutes les âmes sans exception, car il en est qui déjà sont au paradis et unies au Christ, cf. In ps. CXVIII, serm. xx. n. 12 ; In Lucam, . VII, n. 5 ; t. X, n. 12 ; De excessu fratris, t. II, n. 94 ; De flde, t. IV, n. 8 ; Epist.. xv, n. 4, 8, t. xv, col. 1564 B, 1787 BC, 1899 BC ; t. xvi, col. 1400 C, 644 AB, 997 A, 998 A. Ces

unies sont celles des pat riarches, des prophètes, des apôtres, des martyrs des deux Testaments et même de quelques autres personnages du Nouveau.

A la fin du monde, les morts ressusciteront. Saint Ambroise distingue deux et même quatre ou cinq résurrections, la première marquant pour L'âme la reprise réelle du corps, les autres, métaphoriques, désignant l’entrée des élus au ciel ou leurs diverses purifications avant d’entrer définitivement au ciel. La première résurreel ion est suivie du jugement. Si, en réalité, tous les hommes doivent être juf>és, Ambroise cependant, se conformant au langage de son temps, enseigne que ni les justes ni les impies (entendons par impies, les infidèles et les apostats) ne seront jugés, les premiers n’ayant pas besoin du jugement, les autres étant déjà jugés. Seuls donc seront examinés les pécheurs, c’està-dire les chrétiens dont les œuvres n’ont pas correspondu à la foi. In ps. i, n. 51, 54, 56, P. L., t. xiv. col. 995. Ce jugement comporte ou entraîne immédiatement l'épreuve du feu : « Un feu est devant les ressuscites, que tous absolument doivent traverser. C’est le baptême de feu annoncé par Jean-Baptiste, in Spirilu sancto et igné (Matth., iii, 11) ; c’est le glaive ardent du chérubin qui garde le paradis et au travers duquel il faut passer : omnes igné examinabuntiir ; omnes oportet per ignem probari quicumque ad paradisam redire desideranl. Omnes : Ambroise n’excepte pas Jésus-Christ lui-même ni ses apôtres ; les saints qui dès maintenant sont entrés au ciel n’y sont entrés qu'à travers le feu du jugement. In ps. CXVIII, serm. iii, n. 14-16 ; serm. xx, n. 12-14 ; in ps. XXXVI, n. 20, P. L.. t. xv, col. 1292-1293, 1564 : t. xiv, col. 1026-1027. Seulement l’effet de ce feu sur ceux qui le traversent est fort différent suivant la condition morale où ils se trouvent ; si différent que notre auteur, en un passage, distingue deux sortes de feu. proprement purificateur pour les fautes légères, l’autre vengeur pour les fautes plus lourdes et qui se confond avec le feu préparé au diable et à ses anges. In ps. cxviii, serm. ni, n. 15-17, P. L., t. xv, col. 1293. Cette distinction cependant n’est pas partout maintenue ; cf. In ps. XXXVI, n. 26, t. xiv, col. 1026 C, et l’on peut croire que le même feu, dans ses hauteurs, purifie les justes et, dans ses profondeurs, torture les méchants. Quoi qu’il en soit, tous, avonsnous dit, traversent le feu du jugement. Les impies et les apostats, sacrilegi </ui superbi in Deum jactavere convicia, en sont saisis comme par un feu vengeur qui les retient : alii in igné remanebunt… ministros autem impietalis ultor ignis exuret : ils sont précipités dans le lac de feu brûlant. In ps. XXXVI, n. 26, t. xiv. col. 1026 C. Aux justes parfaits, au contraire, ce feu paraît comme une rosée qui les rafraîchit : argent pur, ils ne contiennent pas de plomb à séparer : tels ont été les apôtres : Joanni (evangelislœ) cilo versabitur igneus gladius ; quia non invenitur in eo iniquitas quem dilexil œquitas. In ps. CXVIII, serm. xx, n. 12, 13, t. xv. col. 1564 ; cf. In ps., XXXVI, n. 26. t. xiv, col. 1027 A. Quant aux chrétiens ordinaires, ou bien leurs bonnes œuvres l’emportent sur leurs fautes et leur souffrance du feu de l'épreuve, proportionnée à ces fautes, sera relativement de peu de durée (Dieu a eu soin de les châtier d’avance) et leur délivrance sera prompte : absolutio enim matura sanctorum est… prieslo est venia. In ps. CXVIII. serm. xx, n. 22 sq. ; Epist., H, n. 16, t. xv. col. 1568 ; t. xvi, col. 921 D ; ou bien — et ce sont les plus nombreux (cf. In ps.xi, n. 7, t. xiv, col. 1122 C) — leurs fautes l’emporteront sur leurs bonnes œuvres, et ils partageront, pour un temps du moins, le sort des impies et des apostats : ils seront brûlés du même feu et épurés comme un vil plomb qui ne contient que peu d’argent. 7/i ps. cxrin. serm. xx, n. 13 ; serm., iii, n. 15, t. xv, col. 1564 BC. 1293 A.

En quoi consisteront proprement leurs tourments ?