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PUKGATOim ;. LES LATINS WANT SAINT AUGUSTIN


A Alexandrie même, l'éplgraphie funéraire n’offre que rarement dis formules intéressantes. En voici cependant deux assez suggestives : « Seigneur, Dieu de nos pères, ayez pitié de l'âme de votre serviteur et faites-la reposer dans le sein de nos pères saints, Abraham, Isaac et Jacob, nourrie du bois de la vie. Le diacre Jean a été enterré au mois de phamenoth… » G. Botti, Steli cristiane di epoca bizanlina esistenli nel museo di Alessandria, dans Bessarione, 1900, p. 438, n. -1. « Que le Seigneur.se souvienne de la dormition et du repos de Makara, la très douce ; que le lecteur prie (pour elle). » Ibid., p. 277, n. 14 ; Dict. d’arcliéol., t. la, col. 1157, 1159.

L'épigraphie copte fournit en revanche des spécimens nombreux. En Basse-Egypte, on cite l’inscription suivante (ix° siècle), de dialecte mêlé, mi-bohaïrique et mi-sahidique : « Dieu qui avez fourni le repos de l'âme de nos ancêtres, donnez aussi le repos à l'âme de votre serviteur Abraham, afin qu’il soit nourri dans les verts pâturages, au bord des eaux du rafraîchissement (cf. ps. xxii, 2), dans le paradis de la joie, lieu d’où ont fui la peine et la douleur (cf. Is., li, 11), dans la lumière de vos saints. Amen » Bergmann, Inschri/tliche Denkmàler, dans Recueil de travaux, 1886, t. vii, p. 195 ; Dict. d’archéol., t. ni b, col. 2835. D’autres, assez nombreuses, demandent à Dieu de « faire miséricorde » au défunt : « Moi, Jean, diacre, j’ai quitté ma mère veuve. Je suis venu dans la ville de Cos, j’y suis mort ; on m’a emporté, on m’a placé dans ce tombeau : souvenezvous de moi, mes bien-aimés, afin que Dieu me pardonne. » E. Revillout, Les prières pour les morts, dans l'épigraphie égyptienne, dans Rev. égyplologique, t. iv, 1885, p. 2, n. 1. « Jeûnez tous pour moi, afin que Dieu (fasse miséricorde) à mon âme. » Ibid., p. 3, n. 2. « Dieu de nos seigneurs les apôtres saints, vous ferez miséricorde avec l'âme du bienheureux Épimaque, le maçon, qui s’est reposée le Il du mois de pagni de cette année, Xe indiction. Ayez la charité de prier pour moi, vous tous qui me connaissez, afin que Dieu fasse miséricorde à ma malheureuse âme. Amen ! Fiat ! JésusChrist. » Ibid., p. 4, n. 4. C’est par dizaines que l’inscription " Dieu fasse miséricorde » se lit dans les documents épigraphiques publiés jusqu'à ce jour. Voir art. Défunts, dans Dict. d’archéol., t. iv a, col. 450 ; art. Copte, ibid., t. m b, col. 2836, 2851-2883, passim. Un certain nombre d'épitaphes funéraires invoquent, avec la protection de Dieu ou de la Trinité, celle de la Vierge Marie, des anges et des saints : « Apa Jérémie, apa Enoch, notre mère Sibylle, sainte Marie, tous les saints selon leurs noms, souvenez-vous de notre frère Georges. » Teza, Iscrizioni cristiane d’Egitto, Pise, 1878, p. 5. « Le Père et le Fils et le Saint-Esprit ; Sainte-Marie, l’archange Michel et Gabriel, apa Jérémie, apa Enoch, apa Panesneu, ama Sibylle, tous les saints qui ont fait la volonté de Dieu, implorez le Seigneur pour l'âme de notre défunt frère Callinique, le « notaire », afin qu’il lui fasse grande miséricorde dans les lieux où il se trouve, comme (il fit) à l'âme du larron et de Lazare… » Thompson, n. 84, dans J.-E. Quibel, Excavations at Saqqara (1907-1908), with sections bij sir Herbert Thompson and prof. W. Spiegelberg, Le Caire, 1909 ; les inscriptions coptes publiées par Thompson se trouvent, p. 27-77 ; Dict. d’archéol., t. m b, col. 2814-2846. Voici la fin d’une longue épitaphe mutilée ; c’est le défunt qui parle : « Moi, Victor, le malheureux, j'étais heureux et content au milieu de mes enfants, soudain survinrent les messagers de la mort (cf. Job, xx, 15). Ils se fermèrent les « entendant » et les « percevant », c’est-à-dire le nez qui est défait et n’odore plus, la bouche qui s’est tue et ne parle plus pour toujours. J’ai dit : Il eût été bon pour moi de n'être pas né (Matth., xxvi, 24). Priez donc pour moi afin que Dieu fasse miséricorde à mon âme, car pas un homme

n’est exempt de péché, lors même que sa vie serait d’un seul jour sur la terre (cf. Job, xiv, 4-5), pour que je sois digne d’entendre cette parole bienheureuse : Entre dans la joie de ton Seigneur » Biondi, Inscriptions copies, dans Annales du serv. des antiquités de V Egypte, t. viii, 1907, p. 179 ; Dict. d’archéol., t. m b, col. 2857.

Voici, pour terminer cet aperçu sur les inscriptions égyptiennes, un texte qui, pour être du xiie siècle, n’en rellète pas moins la doctrine traditionnelle de l’Orient sur les suffrages pour les morts. C’est l’inscription du prêtre Marianos, à Assouan (1157). « Dieu des esprits et de toute chair, vous qui avez ennobli la mort, foulé aux pieds l’enfer et dispensé la vie au monde, faites reposer l'âme de votre serviteur Marianos, prêtre, dans le sein d’Abraham, d’Isaac et de Jacob, où il n’y a ni douleur, ni chagrin, ni soupir ; tout acte (répréhensible) qu’il a commis par parole, en fait ou d’intention, oubliez-le, Seigneur, vous qui êtes bon et miséricordieux ; pardonnez-lui puisqu’il n’y a pas d’homme qui puisse vivre sans péché ; car vous seul, ô mon Dieu ! êtes la justice sans défaillance ; votre justice est éternelle, Seigneur, et votre parole, qui est la vérité, demeure éternellement ; vous êtes la résurrection et le repos… de votre serviteur Marianos, prêtre. Nous rendrons gloire au Père, au Fils, au Saint-Esprit… » Musée du Caire, n. 8396 ; art. Egypte, dans Dict. d’archéol., t. iv b, col. 2495-2496. On rapprochera le texte de cette stèle de la prière du début des funérailles, citée par Goar dans son Euchologe, voir col. 1209.

Proche de l’Egypte, l’Ethiopie fournit de multiples exemples d’inscriptions funéraires où les vivants demandent à Dieu d’accorder sa miséricorde, un lieu de rafraîchissement et de paix, la lumière et la gloire à ceux qui ne sont plus. Souvent, la sainte Trinité est invoquée ; parfois, mais rarement, il est fait mention de la Vierge. Voir les textes art. Ethiopie, dans Dict. d’archéol., t. v a, col. 617-623.

L'épigraphie à Anlioche est pauvre. Elle fournit cependant quelques éléments en faveur de l’existence des suffrages pour les défunts. Dom Leclercq reproduit une inscription assez suggestive, publiée par W.-K. Prentice, Fragments of an early Christian liturgy in Syrian inscriptions, dans Transactions and proceedings of the American philological Association, t. xxxiii, 1902, p. 96. C’est une prière au Christ : « Toi qui donnes la vie au genre humain et la mort en punition du péché, et qui dans ta bienveillance promets la résurrection et nous en donnes un gage, Christ, daigne visiter par ton salut ton serviteur Antonin, fils de Diogène, Sométia, sa femme, et les autres qui reposent ici, afin qu’ils puissent voir le bien de tes élus. » Dict. d’archéol., 1. 1 b. col. 2418-2419. Il semble que cette inscription soit la même que celle qui est rapportée, comme provenant des tombeaux de Hass. Voir ce motdansDiW.d’are/ieoL t. vi b, col. 2066-2067.

IV. La tradition latine.

La tradition occidentale suit à peu de chose près le même mouvement d'évolution que lr tradition orientale. Sur le point des peines purificatrices d’outre-tombe, elle part de conceptions archaïques analogues à celles des Pères grecs ; mais assez rapidement elle aboutit, avec saint Augustin, à des positions plus logiques. Quant aux suffrages pour les morts, tout comme l’Orient, l’Occident en proclame l’utilité sans hésitation. Nous étudierons donc d’abord l’enseignement relatif àl’existence d’une peine positive, purificatrice des fautes, dans l’autre vie ; ensuite la doctrine des suffrages pour les morts.

I. L' ENSEIGNEMENT DES PÈRES RELATIVEMENT A UNE PEINE POSITIVE, PURIFICATRICE DES FAUTES

dans l’autre VIE. — 1° Avant saint Augustin. — 1. La passion des saintes Perpétue et Félicité.

Ces saintes subirent le martyre vraisemblablement le 7 mars 203. Les Actes relatant leur passion datent du