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Ullmann pour faire une place à Pupper de Gocfa dans ses Reformatoren vor der Reformation, 2° éd., Gotha, 1866, |>. 17-148. Ritschl et surtout Otto (.Union ont rectilié les affirmations d’Ullmann.

1° Au sujet de l’Écriture, Goch doit être regardé comme orthodoxe. Sans doute, on trouve chez lui une formule aussi absolue que la suivante : Sola Scriptura canoniru /idem indubium et irrc/ragabilem habet auctoritutem : antiquorum patrum scripta luntum habenl auctoritatis, quantum canonlcæ verilali sunt con/ormia… Modernorum vero doctorum, maxime ordinum mendicantium, scripta…, vanitati magis deserviunt quam verilali. Epistuta apologclica, fol. R a. Mais il ne sépare pas l’Ecriture de l’Église. Il sait que l’Église seule est garante de l’Écriture « canonique ». Ce seul adjectif est un signe de sa pensée. Et on lit dans son De libertale (i, 9) : Ecclesiæ auctoritas est maxima auetoritas, quia, ut dicit Augustinus : si non crederem Ecclesise, non crederem Evangelio.

2° Au sujet de la justification, Goch reste constamment sur le. terrain catholique. Il admet le mérite des bonnes œuvres. Sans doute il insiste sur la bonté et la miséricorde de Dieu, sans lesquelles un tel mérite serait inconcevable. Il déclare que le mérite repose sur l’acceptation de Dieu. Mais en tout cela il est strictement catholique. Il ne parle pas de justice imputée au sens luthérien. Il ne parle pas de justification par la foi sans les œuvres. Il ne connaît que la fides informis et la fuies caritate formata, au sens catholique. La foicertitude du salut des réformés lui demeure étrangère.

3° Au sujet de la scolastique, Goch est éclectique. Il admet, avec les nominalistes, non point l’accord de la raison et de la foi, mais l’opposition entre la philosophie et la théologie. Il est fidéiste, comme Luther le sera, mais aussi comme il était assez de mode de l’être au xve siècle. Le point où Goch se rapprocherait le plus de Luther serait le point, assez secondaire en somme, de la distinction des Préceptes et des Conseils, qu’il rejette, comme Luther devait le faire. Il estime, en vrai mystique, que les conseils et les préceptes s’adressent à tous les chrétiens et que le fondement traditionnel de la vie monastique est en définitive caduc. Il y aurait aussi chez lui une pointe de quiétisme fénelonien, en ce sens qu’il affirme que l’amour ou charilé devrait être l’unique motif de tous nos actes. Il revient avec insistance sur ce point, qui lui tient particulièrement au cœur.

Foppens, Bibliotheca Belgica, t. ii, Bruxelles, 1739 ; Ullmann, Rejormaloren vor der Reformation, 2e éd., Gotha, t. I ; Ritschl, Die christliche Lehre von der Rcelitfertigunq und Versôhnung, 4’éd., 1895-1903, t. I, p. l’.2 ; Otto Clemen, Jolian Pupper von Goch, Leipzig, 1896 ; du même l’art. Goch, dans Prolest. Realenzgkloyàdiv.

L. Cfistiani.


1. PURGATOIRE. — Le présent article a pour but de retracer le développement du dogme du purgatoire, depuis la révélation qui en a été faite dans l’Écriture jusqu’à sa formulation définitive aux trois conciles généraux de Lyon (1271), de Florence (1439)et de Trente (1563). La question théologique du feu du purgatoire a déjà été abordée à l’art. Feu (t. v, col. 1246). Nous nous efforcerons de n’y point revenir ; toutefois, dans maints témoignages concernant le purgatoire, il est impossible de séparer la question du purgatoire lui-même de celle-là ; de plus, une plus grande facilité d’atteindre les sources elles-mêmes ayant permis de corriger, de modifier, de compléter certains points, on ne devra pas s’étonner si des améliorations ont trouvé place dans la présente étude. Le purgatoire chez les Orientaux, postérieurement au concile de Florence, est réservé pour l’article suivant.

Nous exposerons successivement :
I. L’enseignement de l’Écriture.
II. La tradition orientale jusqu’à la fin du IIIe siècle (col. 1179).
III. La tradition orientale à l’époque classique (col. 1198).
IV. La tradition latine (col. 1212).
V. L’union réalisée à Lyon et à Florence (col. 1237).
VI. La controverse protestante et le concile de Trente (col. 1264).
VII. La théologie posttridentine (col. 1282).
VIII. Conclusion (col. 1319).

I. L’enseignement de l’Écriture.

Il est d’autant plus nécessaire de relever l’enseignement de l’Écriture que Luther avait osé formuler la proposition suivante, condamnée par Léon X, bulle Exsurge Domine, prop. 37 : Purgatorium non potest probari ex sacra Scriptura quæ sit in canone. Denz.-Bannw., n. 777. La preuve peut être demandée soit à l’Ancien, soit au Nouveau Testament.

i.damsl’anci es test âmes t. — ° Doctrine générale, imprécise et confuse. — Il ne semble pas que les Hébreux aient eu une notion très précise de l’état des âmes dans la vie future. Le séjour des morts en général, tant pour les justes que pour les impies, est uniformément appelé le scheôl. Gen., xxxvii, 5 ; Num., xvi, 30. Avant que le Christ vînt ouvrir le paradis aux âmes justes, toutes les âmes des défunts n’étaient-elles pas en quelque sorte placées dans le même lieu, aussi loin du ciel que de la terre ? Et ce lieu du scheôl est un lieu redoutable pour tous, sans distinction. Cependant, bien qu’aucune différence explicite ne soit indiquée par les plus anciens livres inspirés (Pentateuque, Josué, Juges, Rois), touchant le sort des justes et des coupables, une discrimination très réelle existe néanmoins à leur endroit. L’enseignement des saints Livres repose en effet sur deux principes : la responsabilité individuelle devant Jahvé et l’espérance messianique appliquée à chaque âme. Ainsi la responsabilité départage dans l’au-delà justes et coupables. La mort des justes est « une réunion, dans la paix et le repos, à leurs pères et à leur peuple. » Gen., xv, 15 ; Deut., xxxi, 16, etc. Le châtiment suprême réservé aux criminels est la > séparation d’avec leur peuple ». Aux justes renfermés dans le scheôl les promesses messianiques ne sont pas retirées. Dieu reste, pour eux, dans le trépas, le Dieu favorable et bénissant. Gen., xxvi, 24 ; xxviii, 13 ; xlvi, 1, 3 ; Ex., iii, 6 ; iv, 5. L’espérance d’une vie future est invoquée pour eux. Cf. Num., xvi, 22. Jahvé est le Dieu « qui donne la vie et la mort, conduit au scheôl et en ramène ». I Reg., ii, 6 ; IV Reg., v, 7, Cette délivrance du scheôl, le psalmiste la promet aux justes. Ps., xv (Vulg. et ainsi du reste), 9, 10 ; xvi, 15 ; xlviii, 15-16 ; lxxii. Et Job sait que le scheôl est le lieu où l’on attend l’heure de la miséricorde divine. Job, xiv, 13 ; cf. xv, 18-21.

Néanmoins, ce serait grandement se tromper que de vouloir trouver dans le scheôl la forme primitive de la croyance au purgatoire. Le dogme du purgatoire éveille l’idée d’un état intermédiaire entre celui des élus et celui des réprouvés. Dans le scheôl, justes et réprouvés sont enfermés dans l’attente de l’avènement du Christ. Être délivré du scheôl c’est donc, pour le juste, voir les espérances messianiques se réaliser à son égard ; mais ce n’est pas nécessairement être délivré d’une expiation d’outre-tombe, telle que nous la concevons pour les âmes du purgatoire. Il faudrait, pour pouvoir établir un rapprochement sérieux entre les peines du scheôl et le purgatoire, montrer que dans le scheôl même les justes ont encore des peines à expier. Or, un tel rapprochement ne saurait être esquissé que d’une manière très lointaine. Toutefois certaines indications peuvent être relevées. En exposant que, sur cette terre, le juste souffre, le psalmiste rappelle que ce juste, n’est pas tout à fait sans péché : Ps. xxxviii, 5 ; xxxix. 13 ; cxlii, 1, 2. La mort, même pour le juste, est un passage plein d’angoisse et de crainte. Ps., liv, 5-6 ; exiv, 3-5 ; cxlii, 2-7. Et Jahvé délivre le juste des douleurs du scheôl. Ps., xxix, 4 ; cvi, 10-14. Il y a là comme