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l’S UMKS l.l | ; |. liKS. LA VIE FUTUR E

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cent des impies, le psalmiste applique au Juste, en sa personne, une [mage qui donne bien l’impression de sa sécurité :

Et moi, je suis comme un olivier verdoyant

Dans la maison de Dieu.

.l’ai confiance en la honte de Dieu.

Toujours et a jamais.

1 1 Et j’espère eu ton nom, car il est bon

A l’égard de tes dévots. (lu, 10-11.)

Le juste n’a pas seulement ses délices en Jahvé. Ce n’est pas une vague promesse qui lui est faite quand on dit de Jahvé qu’il lui donnera ce que son cœur désire. Le ps. cxii chante, en effet, la prospérité de celui qui craint Jahvé :

L’opulence et la richesse sont dans sa maison.

Et sa justice demeure à jamais. (cxii. 3.)

Et voici qui met le pauvre en compagnie des notables du pays, fidèles eux aussi à Jahvé :

Il relève de la poussière le faible ;

Du fumier il retire le pauvre,

Pour’le’faire habiter [] avec les nobles de son peuple.

Il donne à la femme stérile une maison :

La mère avec des enfants est joyeuse. (cxiii, 7-9.)

Le psautier contient, plusieurs psaumes ou passages de psaumes dont les imprécations atteignent parfois une très grande violence, v, 11 ; xviii, 40-49 ; xxviii, 4 ; xxxv ; liv, 7 ; lv, 16, 24 ; lviii, 11-12 ; lix ; lxiv, 8-11 ; lxix, 23-29 ; lxxxiii, 17-19 ; xciv, 23 ; cix ; cxxxvii, 7-9 ; cxxxix, 19 ; cxl, 10-12. On ne peut évidemment juger de ces appels à la justice divine et à la vengeance en se mettant uniquement au point de vue chrétien, qui a placé le pardon des injures au premier rang des vertus du Christ. Le principe qui régit souvent les relations du Juif avec son adversaire, c’est celui du talion : œil pour œil, dent pour dent. Aussi n’est-il pas surprenant que, devant la trahison d’un ami. le psalmiste ait l’âme particulièrement révoltée :

Certes, ce n’est pas un ennemi qui m’insulte Et que je supporte ;

Ce n’est pas mon haïsseur qui s’élève contre moi Et de qui je m’écarte.

Mais c’est toi, homme de mon rang. Mon confident et mon ami. Ensemble nous avions un doux commerce Dans la maison de Jahvé []…

Car ils n’ont point de relâche

Et ne craignent point Dieu.

On étend les mains contre ses’amis’On viole son pacte.

Sa bouche est plus douce que le beurre,

Et son cœur’fait la guerre’.

Ses discours sont plus onctueux que l’huile.

Et ce sont des épées nues. (lv, 13-14. 20-24.)

Sur ces amis traîtres, sur ces persécuteurs des amis de Dieu, on attire la malédiction :

Mais toi, Jahvé, tu les feras descendre

Dans la fosse du tombeau.

Les hommes de sang et de ruse

N’atteindront pas la moitié de leurs jours [J. (lv, 21.)

D’autres fois, le psalmiste identifie les ennemis de Dieu avec ceux qui veulent exterminer le peuple choisi, la nation d’Israël ; et l’imprécation jaillit des lèvres du psalmiste qui voit l’injure faite à Dieu :

Jahvé, qu’il n’y ait point de repos pour toi ; Ne sois pas sourd, ni inactif, ô Dieu. Car voici tes ennemis s’ameutent ; Et tes haïsseurs lèvent la tête.

(.outre ton peuple ils trament un complot. Et ils conspirent contre tes protégés, ’Jahvé*. « Allons et supprimons-les comme nation. Et qu’on ne se souvienne pas du nom d’Israël [ ]..

[(lxxxui, j.-’).)

D’ailleurs, le psalmiste déclare lui-même la règle qui dirige toute sa pensée et tout son cœur : les ennemis de Jahvé, ce sont les siens propres ; on ne saurait leur accorder de pardon ; il faut qu’ils soient exterminés :

Puisses-tu faire mourir l’impie

Et éloigner de moi les hommes de sang !

Eux, ils te résistent avec perfidie ;

Ils prennent pour des mensonges tes pensées !

N’ai-je pas de la haine pour ceux qui te haïssent ?

Du dégoût pour ceux "qui en ont pour toi’?

Je les hais d’une haine absolue ;

Ce sont des ennemis pour moi. (cxxxix, 19-22.)

Voir la réponse apologétique à l’objection que l’on tire des psaumes imprécatoires dans A. Vaccari. art. Psaumes, dans Dict. apol., col. 493-495.

Vie future.

En dehors des sanctions terrestres,

y a-t-il une rétribution dans l’au-delà ? Peut-on parler d’une doctrine de la vie future dans le psautier ?

Cette question est dépendante de la réponse que l’on fait au problème qui lui est intimement lié : le psalmiste a-t-il envisagé un au-delà ? Sous quels traits le dépeint-il ?

Pour le psalmiste, comme pour de nombreux auteurs inspirés qui l’ont précédé, à la mort les âmes s’en vont au scheôl, voir Dhorme, Le séjour des morts chez les Babyloniens et les Hébreux, dans Revue biblique, 1907, p. 59-78, où tous les textes sont rassemblés et classés ; on lira aussi Touzard, Le développement de la doctrine de l’immortalité, dans Revue biblique, 1898, p. 207-241.

Le scheôl est conçu par le psalmiste à la manière d’un séjour souterrain, où les défunts mènent une vie fort diminuée et où ils sont comme des ombres (refaim), tels les mânes des anciens. Il est donc redoutable de tomber dans les filets du scheôl, dans les rets de la mort, dans les torrents de l’enfer. Ce séjour des morts, on l’appelle aussi’abaddôn, comme Job. xxvi. 6, et les Proverbes, xv, 11. C’est la terre de l’oubli, le puits profond. Pour signifier sa détresse et son désarroi, le psalmiste imagine qu’il descend déjà au scheôl :

Ils m’ont enveloppé, les filets de la mort

Et les rets du scheôl.

Elles m’ont atteint, l’angoisse et l’affliction.

Mais j’invoque le nom de Jahvé. (cxvi, 3.)

Les’flots’de la mort m’avaient entouré ;

Les torrents de l’enfer m’épouvantaient ;

Les filets du scheôl, m’avaient enlacé ;

Les pièges de la mort avaient été dressés contre moi.

[(xviii, 3-6.)

Dans le scheôl, l’on ne connaît plus personne. Du moins n’y a-t-on plus d’ami :

Tu as éloigné de moi l’ami.

Et’seules’les ténèbres sont mes connaissances.

[(lxxxviij, 19.)

Saisi comme dans un filet, le mort ne peut se dégager de ses liens ; il demeure attaché dans le scheôl :

Tu as éloigné de moi mes connaissances ;

Tu m’as rendu pour eux un objet d’horreur : ’.Moi’, je suis enfermé et ne puis sortir ;

Mon œil a dépéri par l’affliction. (ixxxviii, 9-10.)

Cette dernière strophe, et surtout le dernier vers, montre que l’auteur prend un style métaphorique pour dépeindre son état présent de prostration :

Mon âme est rassasiée de maux.

Et ma vie touche au scheôl.

Je compte parmi ceux qui descendent dans la fosse :

Je suis comme un homme à bout de force.