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seulement ; i la parfaite poe ion de la sagesse, mais même à taire le moindre bien dans l’ordre surnaturel ; pas même atteindre cette toi dont le Juste doit vivre et qui nous conduit à la vie éternelle ; i » ; is même éviter cette secunda mors qui est la damnation éternelle. Aussi Augustin ne cesse d’en affirmer la nécessité el d’en demander l’infusion.

b) Elle meut les agents, non pas en agissanl en leur lieu et place, mais en les mouvant conformément à leur nature, de sorte que, sous son action, ils soient vraiment agissants, ni etiam ipsa proprios exercere et agere motus sinat. De civ. Dei, VII, xxix.

C’est ici qu’il faudrait exposer la pensée d’Augustin sur l’influence de l’action divine dans l’acte de volonté libre. Cf. De civ. Dei, V, x ; VII, xxix ; XIII, xv ; XIV, xi ; XVII, iv, etc.

c) Elle envoie ses ministres. — Les anges en effet sont comme les ministres de Dieu, chargés ou de porter ses ordres, ou de les exécuter, ou de les faire exécuter. De civ. Dei, IX, v-xxiii ; X, xv, xvii, etc. Il faudrait ici comparer l’angélologie d’Augustin à la démonologie des néo-platoniciens, qu’il prend vivement à partie. Voir De civ. Dei, VIII, IX, X, passim.

Ainsi, la providence d’Augustin possède, mais à juste titre, elle, toutes les prérogatives de ce Jalum des anciens qui embrassait l’universalité des êtres : Quandoquidem ipsum caiisarum ordinem et quandam connexionem Dei sitmmi tribuunt volantati et potestati, qui oplime et veracissime creditur et cuncla scire antequam fiant, et nihil inordinalum relinquere, a quo sunt omnes potestates, quamvis ab illo non sinl omnium voluntates. Et cette volonté divine, qu’ils appellent le fatum, s’étend à tout invinciblement, infailliblement : Ipsam ilaque prsecipue Dei summi voluntatem, cujus potestas insuperabililer per cuncla porrigitur, eos appellare falum sic probatur. De civ. Dei, V, vin.

V. La fin du gouvernement divin.

1° Nature.

— Ainsi qu’on l’a vii, le concept de providence comporte toujours, chez Augustin, un regard vers une fin, ftnem, quem ratio gubernandæ universilatis includit. Mais les fins discernées jusqu’à maintenant sont surtout des fins particulières, alors que, si l’on considère de plus près l’action divine et les divers mouvements qu’elle imprime aux êtres qui sont les sujets de cette action, on voit que ces mouvements multiples et ces fins particulières se hiérarchisent et tendent vers une fin supérieure et ultime.

Cette fin n’est autre chose que la constitution définitive de la cité de Dieu. Augustin n’a entrepris son De civilate Dei que pour montrer, dans l’histoire de l’humanité, comment tout y a été ordonné ou permis par la providence en vue de cette cité et comment tout, en définitive, concourt dans l’univers à la marche de cette cité : Sive in hoc temporwn cursu, cum inler impios peregrinatur, ex fide vivens, sive in illa slabililale sedis œlernse quam mine expeclal per patientiam, quoadusque justilia convertatur in judicium ; deinceps ade.ptura per excellentiam Victoria ullima et pace perfecta. De civ. Dei, I, prol.

La cité de Dieu est donc en formation et en marche ; mais le repos est le terme de tout mouvement : de même, le terme de cette marche que guide la providence c’est le repos « de la victoire dernière et de la paix complète » ; c’est ce repos figuré par le sabbat de l’Ancien Testament, le repos dans la gloire et la louange de Dieu. A propos du psaume lxxxviii, Misericordias Domini. il écrit :

Quo cantico in gloriam gratiæ Christi cujus sanguine liberati Sumus, nihil erit prolecto illi jucundius civitati. Ibi perficietur « Vacate et vidite quoniam ego sum Deus ». Quod erit vere maximum sabbatum non habens vesperam quod commendavit Dominas in primis operibus mundi, ubi legltur : > Et requievit Deus <liem septimum, et s.inctificavit

eiini. quia m eu leipiievil : il< omnibus operibus suis qu : i Inchoavil liens tacere. Dits entm tepUnuu etiam ruts ipst erimus, quando ejus hierimus benedietfone et sanctifica tione pleni atepie refecti. Ibi vacantes, videbimUi i/unniam i Deus : quod nobis ipsi esse voluimus, quando ab illo cecidimus, audlentes a seductore : Eritis sicut dii, et recèdent" s a vero Deo ; quo raciente dii essemus ejus participatione, non desertione… /" civ. Dei, XXII, xxx.

Ce texte contient en résumé toute la fin vers laquelle tend l’univers sous la direction de la Providence : le repos dans la vision de celui qui est, vision accordée par une participation miséricordieuse à sa vie intime, vision enfin qui fera naître le cantique éternel de la louange. Béatitude des saints et glorification de Dieu, ou mieux glorification de Dieu par la béatitude des saints, tel est le but ultime de la providence.

1. Béatitude des élus.

Tout concourt à la préparer. C’est pourquoi dès ici-bas rien ne peut priver ceux qui ont été prédestinés de ce qui les fait riches aux yeux de Dieu : Quibus recle consideralis alque perspeclis, attende utriim aliquid mali acciderit fidelibus et piis quod eis non in bonum verteretur ; nisi forte putandum est apostolicam illam vacare sententiam ubi ait : « Scimus quia diligentibus Deum omnia cooperantur in bonum. » De civ. Dei, I, ix. Car, si la providence distribue ses biens, ici-bas, aux fidèles et aux impies, indistinctement, ce n’est pas là une disposition définitive : Placuil quippe divinse providentise prseparare in poslerum bona justis quibus non fruentur injusli, el mala impiis quibus non excruciabuntur boni. Ibid., i, vin.

C’est Dieu en effet qui donnera la béatitude à ses élus dans la citéjcéleste ; ils y recevront la récompense de leurs œuvres. Aussi, Dieu ne cesse d’inspirer et d’enseigner cette cité céleste, eam inspirât et docet verus Deus dalor vitse selernse. Ibid., VI, iv. C’est pourquoi il envoie d’en haut, en gage de l’héritage, cette foi à laquelle est promise la récompense et qui, dès ici-bas, commence à rassembler et à rattacher ensemble les membres qui composent cette « société des saints » en marche vers sa fin : Merces autem sanctorum longe alia est, etiam hic, opprobria suslinenlium pro civilate Dei, quæ mundi hujus dilecloribus odiosa est. Illa civilas sempiterna est ; ibi nullus oritur, quia nullus moritur ; ibi est vera et plena félicitas, non dea, sed donum Dei. Inde fidei pignus accepimus, quandiu peregrinantes ejus pulchriludinis suspira-nus. Ibid., V, xvi.

C’est Dieu qui sera cette béatitude, car il se donnera lui-même en partage. Il se donne comme objet de contemplation. Les anges, qui le contemplent ainsi, nous le promettent. C’est cette vision, qui est aussi une union, qui fera vraiment notre béatitude ; tel est le terme de toute notre vie, le but de tous nos efforts, la récompense de nos vertus : Ad hune videndum sicut videri potest, eique cohserendam, ab omni peccalorum et cupidilalurn malarum labe mundamur, el ejus nomine consecramur. Ipse enim fons noslræ beatitudinis, ipse omnis appelilionis est finis… ad eum dilectione tendimus. ut perveniendo quiescamus ; ideo beati, quia illo fine perfecti. Ibid., X, ni. Cette vision sera la récompense de notre foi : Præmium ilaque fidei nobis Visio ista servatur, de qua et Joannes apostolus loquens : « Cum apparuerit. inquit, similes ei erimus, quoniam videbimus eum sicuti est. » Ibid., XXII, xxix. Il se donne dans une ineffable intimité, intimité que les platoniciens avaient bien entrevue : non dixerunt beatum esse hominem fruenlem corpore, vel fruenlem animo, sed fruenlem Deo, non sicut corpore vel seipso animus aut sicut amico amicus, sed sicut luce oculus. Ibid., VIII, viii.

Voilà la fin que Dieu a amoureusement assignée à ses élus et que sa providence poursuit inlassablement : cette lin. cette béatitude, c’est lui-même. Et cette béatitude sera celle de tous ; cette vie sera la vie de tous, et c’est ainsi que se constitueront, que se consti-