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PROVIDENCE. S. AUGUSTIN, L’EXTENSION

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qu’il arrh stln s’étend longuemenl

particulic, V, ix x, contre Clcéron) a prou v divine de tous les Futurs, y compris

le péché n a Dieu et nier sa

est une absurdité manifeste. Quant à ilire

que Dieu <’.i pu s’opposer.1 ce mil connu d’avance,

— ir.liune serait pas moindre : Qui’s enim audeat

re ut nequ iderel

in D Def, XIV, xxvii.

me Dieu a permis le mal du péché, et,

loin d’échapper i ii’. mal tombe au con a, qui le laisse

r un plus gran, ’./ est l’occasion ou

ainsi que se résolvent quelques unedes objections qui avaient contraint Augustin.> prendre la plume pour défendre la providence.

Le mal physique est occasion de mérite et peut être é ou esprit de réparation. Ibid., 1.. xxxiii. du juste : persécutions et vexations à l’extérieur, combats et tentations à l’Intérieur, tout ulu de l> eu afin d’amener ses élus à la participation du bien qu’il leur réserve : cf. ibid., i, xxiv, xwiii. xi : XI, xvii ; XVI, xxxii, etc.

Mien plus, il est utile à l’orgueilleux de tomber en certains péchés manifestes : El audeo dicere : superbis esse utile cadere in aliquod aperlum manifeslumque peccalum, un de sibi displiceant, qui jam sibi placendo eecideranl. Ibid., XIV, xiii.

sont pour les fidèles une occasion de lutte qui les affermit dans la foi : Mulla quippe ad fidem cathoiicam pertinentia dum liœreticorum calida inquietudine exagilantur. ut aduersus eos defendi possinl, et considerantur diligentius et intelliguntur clarius et instantius prxdicantur et ab adversario rnota quæstio discendi existit occasio. ibid.. XVI, h : cf. aussi XVIII, li (hæretiei ) péris illis catholicis membris Christo malo suo provint. .. Jusqu’à Judas : Elegil discipulos… Habuit inter eos unum qw> malo utens bene et suse passionis dispositum impleret. et Ecclesiæ suse tolerandorum malorum prmbtrel exemplum. Ibid.. XVIII, xlix. Le mal en lui-même n’est pas utile : il serait un bien ; mais le vertueux prend occasion du mal et en ce sens s’en sert pour le bien.

Enfin, Augustin, avec le calme et la sérénité d’une âme en possession d’une vérité pacifiante, donne sa réponse à la redoutable question de la prescience des réprouvés et de la prédestination des élus :

Justice et miséricorde y resplendissent mervcilleuit. Pourquoi dès lors ne pas créer ceux dont étaient prévues la damnation et la chute ? Cur ergo non erearet Deus quos peccaluros rsse prxscivil, quandoquidtm in eis, et ex eis, et quid eorum culpa mererctur et quid sua gralia doraretur possit ostendere, nec sub illo Creatore ac dispositore perversa inordinalio delinquentium reelum perverteret ordinem rerurn ? Ibid., XIV, xxvi. Pourquoi aussi leur ôter l’exercice de cette liberté qu’il leur a donnée, dut-elle les conduire au mal ? Hoc eorum potestati maluit non au/erre atque ila et quantum mali ecrum superbia, et quantum boni sua gratia palerel ostendere. XIV, xxvii. C’est pourquoi il a permis la chute des ui cum prassciret angelos

quosdam… tanti boni désertons fuiuros, non eis ademil hanc pofestatem. De même pour l’homme : Quem timililer cum prævariaitionia legis Dei, [icr Dei dærtionan peccaturum esse prsesciret, nec illi ademil liberi arbitra potestaiem, simul prævidens quid boni de malo ejus erset ipse facturux. XXII, i.

Le péch. st un mal, mais, sous l’empire de la

providence et dans la main de Dieu, il est malgré lui la

lition du triomphe du bien, et le démon, lui-même,

sert à sa manière, au but visé par Dieu. Il est le pri’n ceps impise cioitatis, ibid., XVIII, li. dont il est dit au

/) Gen. cont, manteh., II. xxviii, 12 : Quls feclt diabo lu n’.' - Seipse ; non enim natura, si./ peccando, <hubolus fœtus es Vét ipsum, aiunt, non faceret Deus, ti

eum peccaturum esse setebat. — Imo, quare non faceret, cum per suam justtttam et providentiam mutins de malitia diaboli corrigat ? - Ergo, inquiunt, bonus est dtabo lus, quia utills est ? — lmo malus ; in quantum diabolus (s/, - sed fronus est omntpotens Drus, qui ettam de malitia dus mulla iusiii et bona operatur. Non enim diabol i impulalw nisi voluntas sua qua conatur fæere maie, non Dei prooidentia, qua de illo benefectl.

i.i providence triomphe doue, el c’esl en toute se qu’elle permet que le mal se fasse ; potentius el melius esse judicans etiam de malis bene fæere quam mata esse non sinerc. De civ.JDei, XXII, t ; <ar du mal, dont elle n’est en aucune manière responsable, elle trouve le moyen de tirer un bien supérieur : Neque enim Deus omnipotens, i/uoil etiam infidèles fatentur, rerum cui summa potestas, cum summe bonus sii, ullo modo sineret mail aliquid esse in operibus suis, nisi usque adeo effet omnipotens et bonus ui bene faceret de malo. Enchir., 11.

En sorte que, dans l’ordre de l’opération comme dans l’ordre de l’être, le mal est toujours soumis au bien, contre lequel il luttera toujours à son propre désavantage. Il ne peut être sans le bien, qu’il ne peut jamais complètement détruire et au triomphe duquel il concourt : Usque adeo mala vincuntur a bonis, ut quamvis sinantur esse ad demonslrandum quam possit el ipsis bene uti juslilia providentissima Crealoris. De cii’. Dei, XIV, xi. L’optimisme s’impose donc.

2. Les confirmations de la pratique.

L’observation confirme ces principes et un regard quelque peu attentif Jeté sur l’univers montre bien que la providence s’étend aussi loin que l’être. Aussi, en de longues énumérations (De civ. Dei, V, xi ; VII, xxix), qui par endroits font penser à Plotin, Augustin s’attarde à montrer, jusque dans le plus petit brin d’herbe, cette action providentielle qui embrasse tout ce qui, de quelque manière, contribue à la marche de l’univers. C’est elle, en effet, qui lui assigne sa fin ; elle aussi qui préside à la réalisation de cette fin (pour la fin, cf. § V).

Selon la terminologie actuelle de la théologie, l’action providentielle, dans la réalisation de la fin, relève proprement de ce que l’on appelle le « gouvernement divin » et que saint Thomas a nettement distingué de la providence proprement dite. Mais comme Augustin inclut cette notion dans son concept de providence, il faut, à tout le moins, tracer les grandes lignes du gouvernement divin.

Certains événements, certains faits, certains résultats, sont l’œuore immédiate de Dieu : Dcus) (aciens quxdam per seipsum quie illo solo digna sunt eique soli conveniunt, sicuti est illuminare animas et seipsum eis ad perfruendurn præbendo, sapientes bealasque præstare. De div. quæsl., q. Lin, 2. Les autres, il les exécute par l’intermédiaire des créatures : alia, per servientem sibi creaturam. Ibid.

Lt alors, la providence : a) Dispose les moyens en vue des fins ou des résultats, soit les moyens d’ordre naturel : depuis l’organisation des plus petites plantes, la conformation si bien proportionnée des organes, jusqu’à la distribution du pouvoir el à la constitution des empires ; soit les moyens de l’ordre surnaturel : telles l’incarnation et la médiation du Christ (le Christ en cffet, chez Augustin, apparaît surtout avec ce caractère de médiateur : médiateur de grâce durant notre vie, médiateur de justice au dernier jour). Voir, entre autres, De cio. Dei, IX, xv, xvii ; X, xxii, xxiv, xxix ; XIII, xxiii ; XX, v, VI, xxx, etc. Tel aussi et surtout ce don de la grâce, don absolument gratuit, que nos mérites n’ont précédé ni causé en aucune manière et sans lequel nous ne pouvons prétendre non