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PROVIDENCE, s. AUGUSTIN, L’EXTENSION

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V, ix-x. Enlln, les - l’arrêtent au seuil de la

liberté humaine. Partout, une limite.1 l’action dix Ine : la provldenec n’est p.i-s universelle.

— lurs. on comprend que le docteur d’HIppone ait tant insisté sur cette propriété ainsi attaquée ; lui qui, « tout brillant du maison de Dieu, n’avait

entrepris la composition de ! Dieu que pour

arrêter les blasphèmes < ! corriger les erreurs. Retract.

11. LII1.

lors, on comprend ans- : qu’il prodigue

ilatoniciens, a Plotin surtout, *i n "i l nomme en

plusieurs endroits et qu’il cite quelquefois, et « huit le

I mérite, à ses yeux, est précisément d’avoir vu nettement que l’action de la providence s’étend à tout l’univers et que rien ne lui échappe : De providenlia eerle Plotinus plalonicus disputât, eatnque a summo Deo, eujus est intelligibilis atque inefjabilis pulchritudo, usque ad lute terrena et ima perlingere, floscularum atqut foliorum pulchriludine comprobat : quæ omnia quasi objecta et pelocissime pereunlia decentissimos formarum suarum numéros habere non possunt confirmât, nisi iiute formentur ubi forma intelligibilis et inconimutabilis simul habens omnia persévérai. De civ. Dei, X. xiv.

Principe qui fonde l’universalité de la providence,

— Dieu est l’Être suprême. C’est en effet à partir de là que se déroule toute la théologie augustinienne de la providence parée que c’est <le la que part l’universelle

dite de Dieu : causalité dans l’ordre de l’être,

dite dans l’ordre du bien, causalité dans l’ordre de l’opération ; voilà où s’enracine l’universalité de la providence.

1. Dieu, Être suprême. — Augustin ne parle pas en eflct île l’être de Dieu comme de celui de la créature. « Analogie de l’être », dira-t-on plus tard ; mais, si

istin n’a pas le mot, il semble difficile de lui en dénier la notion.

Le Dieu d’Augustin est ce Dieu qui summe est, De eio. Dei, XII, v ; qui summa essenlia est, XII, 11 ; qui vert est, quia incommulabililcr est ; qui vere est quia inconimutabilis est, VIII, xi : qui simpliciter est, VIII, vi. ld quod summe ac primitus esse… id quod esse verissime dicitur, cette nature manens in se atque incommutabititer se habens, cela nihil aliud queun Deum possumu % dicere. De nwr. manich., 1.

A l’opposé, la créature, quæ non siunme est, sicut ipse (Deus) est, ex nihilo creata. De civ. Dei, XII, 11. D’où le caractère des créatures : mulabilia quod non de illo, sed de nihilo facto sunt . Ibid.

Dieu et la créature ne sont donc pas de la même manière, et Dieu seul, à proprement parler, est l’Être. « Ego sum qui sum et dices filiis Israël : Qui est misil me ad vos’.tamquam in ejus comparatione qui vere est quia inconimutabilis est, ea quir mulabilia fada sunt, De eu : Dei. VIII, xi. Dieu seul est l’Être immuable et simple. En 1 15-4 10, près de trente ans après sa conversion et dégagé de l’influence platonicienne, prépondérante au moment de cette conversion,

ue fait encore l’éloge des platoniciens parce qu’ils

ont bien compris cette infinie simplicité de Dieu qui le met au- « lessiis de tout ce qui est composé et changeant. En Dieu, en effet, nec aliud est esse, aliud vivere : quasi possit esse non viuens ; nec aliud vivere, aliud intelligere : quasi possit vivere non intelligens ; nec aliud Mi r</ intelligere, aliud beatum esse : quasi possit intelligere et beatum non esse. De civ. Dei, VIII, vi.

Et cette notion de l’être de Dieu, sur laquelle Augustin revient avec insistance, n’est pas le simple effet d’une admiration non dissimulée à l’endroit des plato1 subtilité métaphysique ; ce n’est pas un hon-d’oeuvre dans sa doctrine, mais une pièce maltresse. Il pense en effet que, si l’on ne conçoit pas ainsi l’être de Dieu.il est impossible de résoudre couve oablement le problème du mal. Il le dit expressément à propos des anges déchus, en pariant de ceux qui pré tendent que la nature de ces anges ne peut être créée de Dieu, en/us erroris impietate tanto quisque carebit expeditius et facilius, quanta perspicacius intelligere potuerit quod pet angelum dixit Deus quando Moysen mittebat ad filios Israël : « Ego sum qui sum. De civ. Dei, XII, 11. Et c’esl a cette transcendance de l’êl re de Dieu qu’Augustin rattache l’universelle causalité de Dieu, et doncl’unh ersalité de son action providentielle.’2. Causalité ilars l’ordre de l’être. - Tout ce qui a

l’être, tout l’être créé, participé, devenu et changeant

doit son existence et sa nat lire a l’Être incréé, suprême,

éternel et Immuable. Augustin se plaît à affirme ! el à répéter cette dépendance de la créature dans l’ordre de l’être. Puis qui summe est atque ob hoc, ab illo facta est omnis essenlia quæ ruai summe est : qu a nique Mi mqualis esse deberet, quæ de nihilo farta esset, neque ullo modo esse posset si ab Mo facta non esset… De civ, Dei, XII, . El encore : Cum enim Dais summa essenlia sit, hoc est summe sit. et ideo immulabilis sit, rébus, quas ex nihilo criant, esse dédit.

Cette relation, qui met l’être devenu sous la dépendance de l’Être Immobile, Augustin félicite encore les platoniciens de l’avoir comprise : ils ont bien u en effet que cet être devenu ne peut être que dépendanl : Won posse esse, nisi ab illo qui nie est, quia incommulabilis est ; …nisi ab illo qui simpliciter est. Propter liane incommutabilitatem et simplicitalem intellexeruni eum el omnia isla fecisse et ipsum a nullo ficri posse. Ibid., VIII, vi. Les platoniciens avaient soutenu cette dépendance de l’être devenu ; ils y avaient mime insisté ; Augustin y insiste beaucoup plus encore.

Tous les êtres n’ont pas le même degré d’être : c’est un fait d’expérience. Or, cette gradation, cette diversité dans l’infusion de l’être vient encore de celui qui est l’Être suprême ; Rébus, quas ex nihilo creavit, esse dédit, sed non surnme esse, sicut ipse est ; el aliis dédit esse amplius, aliis minus, alque ila naturas essenliarum gradibus ordinavit. Ibid., XII, 11. C’est le Créateur qui, selon sa volonté, dote les ciéatures du degré d’être et de perfection qu’il leur destine : … islw erealuræ eum modum nulu (.reatoris accipiunl. Ibid., XII, îv.

Mais ce n’est pas seulement la nature, l’être essentiel que les créatures reçoivent de l’Être suprême : toutes les modalités accidentelles surajoutées, dès là qu’elles ont l’être, en quelque manière que ce soit, viennent elles aussi de l’Être suprême, en sorte que tout ce qui est dit être dans la créature relève de l’Être suprême : Ipsas omnino naturas quæ sic vel sic in suo génère aff’.ciantur, non facit nisi summus Deus : eujus occulta potentia cuncta pénétrons inconleminabili preesentia facit esse quidquid aliquo modo est, in quantun cumque est ; quia, nisi faciente illo, non laie vel taie esset, sed prorsus esse non posset. Ibid., XII, xxv. Et Augustin s’est déjà expliqué sur ce quidquid aliquo modo est, in quantun. cuir.que est. Dans un texte, où il insiste sur l’universalité de l’action divine, il avait dit en effet : A quo (Deo) est omnis n.odus, omnis specii.s, omnis ordo : a quo est mensura numerus el / ondus ; a quo est quidquid naturaliler est, cujuscun que generis est, cujuslibel wslin.ationis est. De civ. Dei, Y, xi. Cf. aussi De natura boni, 13. On ne pouvait affirmer plus explicitement, dans la langue du c siècle, que tout l’être créé, substantiel et accidentel, relève de l’universelle causalité de l’Être suprême.’.', . Causalité dons l’ordre du bien. — a) Dieu, cause du bien, parce que il est le souverain Bien. — Dieu, qui est le « Bien commun », est aussi le Bien immuable : il est le souverain liien, comme il est l’Être suprême. El c’est là la raison de sa causalité dans l’ordre du 1 ien : Dicimus ilaque ineen n ulabile benum nen esse nisi verum beatum Deum ; ca vero quæ fceit, bena quidem