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PROVIDENCE. PÈRES GRECS, JEAN CHRYSOSTOME

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quelque utilité. In Malth., boni, wi (.il xxii), 3, P <’. t. un, col. - it. Prédestination, t. .

col. 2829. Mais, si l’existence d’un gouvernement uni vend de Dieu se révèle de façon suffisamment manl leste dans l’ordre admirable de la nature, il n’en.1 pas toujours de même, aux yeux de certains chrétiens, dans les conduites morales de la providence, si Dieu gouverne souverainement toutes choses, pourquoi les tentations du démon, les scandales, les tribulations îles justes, le triomphe des méchants ? Telles sont les objections courantes, familières a ses « mailles, que chrv me connaît bien. Aussi, sans parler des homélies nombreuses où il touche ces questions, il les examine en détail dans deux ouvrages Composés au début et à la fin de sa carrière apostolique et qui constituent l’un et l’autre une très haute apologie des voies providentielles. Le premier est dédie au moine Stagne, que les attaques répétées du démon avaient fait tomber dans la tristesse et le découragement, P. G., t… col. 125 IIS ; le second est adresse.1 eeux qui se scandalisent des persécutions dont souffre l’Eglise de Dieu de la part îles impies, t. in. col. 179-528. Le raisonnement y suit. Ici et là. une même marche, dont il suffira de donner un résume rapide. Le point de départ est constitué par une affirmation absolue de la providence divine et du caractère bienfaisant de son action ; c’est alors que l’auteur fait intervenir, en confirmation de la doctrine, ces développements sur l’harmonie de la création auxquels on a fait allusion ; ils ont pour but de venir en aide à notre foi et d’exclure toute hésitation de notre part. En effet, si toute la nature proclame la bonté et l’amour de Dieu a l’égard de l’ouvrage de ses mains, ses desseins particuliers sur les hommes nous demeurent impénétrables en cette vie ; nous ne pouii les connaître ni les juger ; la providence de Dieu nous est incompréhensible. C’est là un des thèmes favoris de Chrysostome, et il aime citer, à cette occasion, l’exclamation de saint Paul, Rom.. XI, 33 : O altiludo diviliarum sapientiie et scientiæ Dei ! quant incomprehensibilia sunt judicia ejus et investigabiles vite cjus. Voir Adv. Judeeos, 1. 1, P. G., t. xi.viii. col. 813 : Ad eos qui seandalizati surit, n. t. lu. col. 182-484 ; développements parallèles : Ad Stagiriunt a diemorte vexutum, 1, 8, t. xlvii. col. 1 13 : In epist. ad Rom., nom. xvi, 7, t. t.x, col In Ephes., hum. ix. l-ô. t. lxii,

col. 132-136. D’ailleurs, non seulement l’apôtre Paul, mais les puissances célestes elles-mêmes ignorent le

des dispositions divines, seuls le Iils et l’Esprit-Saint les « onnaissent. Ad eus…. m. t. lu. col. ISI-486.

iciens patriarches, Abraham. Joseph. David, ont donné à ce sujet un exemple significatif d’humilité, de patience et de soumission a des décrets divins dont ils ignoraient encore le sens et la portée. Ibid., x, col. 500 D nous est donc absolument interdit de mettre en cause les conduites de Dieu à notre égard, nous sommes seulement assurés de deux choses : d’une part, la prole Dieu n’est pas moins admirable dans les afflictions et les tentations que dans la joie et le bonheur rium, 1. 3. P. G., t. xxvii, col. 429430 ; d’autre part, le seul mal véritable est le péché, et, dans cet ordre, personne n’est lésé que par soimêmxvi, t. LU, col. 516 (Chrysostome renv. licitement au traité qu’A vient de composer : Qaod nrmo Iseditur nisi a seipso, P. G., t. lu.

Appuyé >ur ces deux principes, l’évêque de Constan tinople n’a pas de peine a montrer l’utilité morale de même temps que son caractère relatif <*t p idressant.1 M.i L in-, il insiste spéciale ment sur l’utilité fies tentations et des assauts des

>ns pour v voir l’occasion d’un progrès spirituel. Ad Stagirium, 1. I. P. G., t. xxvii, col. 133-434, et

irance d’une plus crande perfection, ibid., 10,

col 117 us : écrivant aux fidèles quc troublent les persécutions, il montre comment, selon le mol de saint Paul, Rom., v, ;  ; 1. la trlbulatlon produil la patience,

et la patience la fidélité éprouvée. Ail eos…, xxi,

P. G., t. mi. col. 522 523 ; d’ailleurs les attaques mêmes auxquelles l’Église eal en butte --oui le signe éclatant

de sa force et de sa Vitalité. Ibid., XXIII, COl. 526. Le

saint céi|uc se rend compte que la grande loi provl

deiilielle de la rédemption par la soullra ice heurte

asse/ rudement ses auditeurs et que seuls les enseignements de la loi peuvent la leur taire accepter. Aussi prend il soin d’fllustrei son expose par des exemples lires de la sainte larilure ; Abraham. Joseph, le saint homme Job. le pauvre I. a/arc de l’évangile de saint Luc, saint Paul, sont Fréquemment Invoqués par lui

comme témoins. Mais, plus encore, il présente a ses auditeurs l’exemple du Chris !  : le mystère’le la croix. Scandale pour les Juifs, sottise pour les païens. n’est il pas la source de noire salut et l’origine de toutes les grâces ?.t<7 eos…, x. ibid., col. 515-516 ; les souffrances mêmes endurées par Notre Seigneur dans sa

passion nous sont un gage irrécusable des tendresses divines. Ad Stagirium, i. ô. P. (’, .. t. xlvii, col. 136 ; Ad eus…. xvii, t. iii, col. 516-518. D’ailleurs toutes les époques de la vie de l’Église ont connu le scandale des persécutions ; les temps aposl oliqucs n’en

furent pas plus exempts que les nôtres, ibid., xiv, col. 512-515 ; w. col. 521-522, et les martyrs sont la pour nous donner la même leçon. Ibid., xix, col. 518 521. De l’histoire universelle se dégage nettement

l’affirmation de la nécessité providentielle de la souffrance. Mais le saint évêque sait aussi quitter ces hauteurs de la théologie et de l’histoire pour tenir à l’inquiet Stagire un langage plus familier et plus proche des réalités quotidiennes. A ce moine qui se plaint des fatigues et des épreuves qu’il rencontre dans la vie spirituelle, il conseille de se faire introduire dans un hôpital, de visiter une prison, afin de pouvoir prendre contact avec des maux vraisemblablement plus réels que les siens. Ad Stagirium, ni, 13, P. G., t. xlvii, col. 190-491.

Enfin, et c’est le dernier trait de la doctrine auquel on s’arrêtera, toutes les douleurs et toutes les souffrances de cette terre témoignent simplement que la providence de Dieu n’embrasse pas seulement le cours de notre vie mortelle ; son action s’étend au delà du temps ; nos âmes sont immortelles, un jugement les attend avec une récompense ou un châtiment définitifs. C’est alors seulement que la justice et l’harmonie des desseins providentiels seront pleinement réalisées et manifestées. In Matth., boni, xiii, t. lvii, col. 215218 ; Expos, in psalmum iv, 10, t. lv, col. 55 ; 11, col. f>i>-.">7. En attendant leur accomplissement, nous sommes soumis, par l’effet même de la bonté de Dieu à une pédagogie (mx18e(a) souvent douloureuse et dont le secret parfois nous échappe, mais qui nous conduit en toute sûreté vers les meilleurs biens. Ad Stagirium, i. <'>. t. xi. mi. col. 440 ; 7, col. 441-442.

Tels sont, brièvement Indiqués, les thèmes essentiels que développe saint Jean Chrysostome et dont il compose cette vaste apologie de la providence divine à laquelle son œuvre est en grande partie consacrée. L’analyse peut sans doute dissocier les divers arguments, IlOtel les principales étapes de la pensée, mais elle ne peut rendre ni cette vivacité de la piété, ni ce mouvement large et naturel du style qui viennent donner aux idées exprimées un Incomparable pouvoir de séduction, si l’on ajoute que cet apologiste magnifique des bienfait s de la providence divine a souffert, pendant les années de son épiscopat, la persécution, la calomnie et l’exil, on sera porté a admirer dans ses écrits, plus encore que le talent « lu théologien et l’éloquence de l’orateur, la sérénité <t l’élévation d’âme d’un saint.