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PROTESTANTISME. LE CALVINISME, ÊVOL1 flON

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rule. repliait m>m drapeau, ou presque. « Nos conceptions philosophiques et psychologiques modernes,

il, ne nous permettent guère d’admettre le dogme orthodoxe de la limite, t <. i qu’il a été formulé dans le symbole Quicumque. » Revue de théologie, 1911, p. 300 La divinité du Christ sombrait <iu même coup, et l’on en convenait avec quelque réticence. » La vraie conclusion, dit il encore, n’est-elle pas qu’il faut écar ter le dogme de la rrinité ontologique, pour revenir au vrai monothéisme des prophètes et de Jésus, et qu’il faut renoncer a une conception de la préexistence du Christ 1 Devant cette expansion de la critique néga d’origine germanique, il semblait que le christianisme ne pouvait être sauvé, dans l’Ame protestante. que par un détour de la logique. On abandonnera tout lo contenu doctrinal, purement dogmatique ; on ronon cera à appuyer sur la raison la vérité chrétienne : on fera appel aux forces du sentiment > et. dans l’enseignement de Jésus, on découvrira un grand cri de pitié humaine. Grâce a quoi, le prestige et l’action île

ingile pourront être préservés pour une période

indéfinie.

M. le pasteur W. Monod nous servira à illustrer cette nouvelle tendance du calvinisme français. Parlant un jour aux fidèles de l’Oratoire sur le Credo, il formait ainsi leur âme croyante. A quoi bon, s’écrialt-il, une confession de foi ? Toutes, elles sont l’œuvre d’un travail sacerdotal, qui couvre et altère le donné primitif

-clique : « Abolissons-le donc dans le culte, et rallions-nous sur le terrain des sentiments. I.a logique l’eût en effet demande, si les prémisses sont exactes. Mais’. s’agit bien de logique ! Un tour d’esprit va réin — ce qu’une hardiesse avait condamné. Abolir le Credo, c’est ouvrir la carrière à toutes les fantaisies

biques des fidèles. Or. l’Église ne peut vivre sans une foi qu’elle proclame et répand. Un credo est donc inutile et précieux ; vestige d’un état d’esprit sacerdotal aboli et moyen nécessaire de cohésion. Mais qu’on ne donne a ces formules aucune définition trop précise.

une ne les reconnaîtrait pour siennes, car il n’y a pas deux chrétiens qui versent dans ces termes le même contenu intellectuel, mural ou religieux ». Op. cit.

A l’Image de ce rénovateur du culte calviniste, certains pasteurs se déclaraient excédés de la traditionnelle prédication et bien résolus. à prêcher un Evangile complet et uon mutilé =. A. Ducros, Le mouvement social actuel dans le protestantisme français, Cahors, Mors, on vit des pasteurs qui, négligeam doctrinal et le contenu spécifiquement

eux de l’Écriture, s’acharnaient à classer les tex icres d’après leur enseignement social. In vif courant de sympathie se déclara pour deux pasteurs morts récemment. Oherlin et Fallot. dont la piincipale originalité avait été de révéler a leurs coreligionnaire-. les doctrines sociales de l’Évangile. Marc Boegner, La oie et la pensée de T. l-’ullol, Paris, 1926,

Tout cela paraissait si neuf et si opportun, en ce moment de cruelle anarchie doctrinale, que le Hev. Charles Macfarland osait s’écrier :.Vous avons

ivert le principe divin du monde moral ; le principe de l’unité dans la diversité. Unité des cœurs ints pour la richesse sociale des leçons évanliversité des intelligences sollicitées par des

nés de plus en plus divergents, sans dommage pour l’unité essentielle. Le calvinisme semblait avoir

1 son principe dévastateur : la liberté Individuel

  • rit enfin devant un évangile nouveau,
t>un christianisme plus jeune, intelligent, actif »,

ainsi que I..- disait un curieux manifeste paru en 1896.

On proposa de l’appeler le christianisme pratique »,

iristianismt. et le pasteur Gounelle

les « chrétiens soliri ;, listes ».

Les espoirs furent grands, et les premières manifesta

tions du groupe naissant loi I tapageuses. Bergerac, en 1926, ou ne parlait de rien moins que d’assurer.

grâce a la nouvelle exégèse, la rénovai ion spirituelle ci sociale du protestantisme ».

Ces tendances s’allirmaient aussi parmi les sectes de

l’Amérique, sous le titre de Fédéral council, ov Conseil

fédéral des Églises du Christ en Amérique, s’elail

organisé eu 1908, à Philadelphie, un ser Ice d’entr’aide

qui. pour être efficace, glissait sur les oppositions doctrinales et ne retenait que le rôle de coopération

sociale joue par les Églises chrétiennes. Le secrétaire

du Fédéral council était le docteur Charles Macfarland. lequel entrait complètement dans les vues du christ ia

nisme pratique qui s’élaborait en Europe. Et, comme les Eglises épiscopales américaines, réunies en congrès

à Cincinnati, eu 1910, décidaient de fonder l’eut r’aide protestante sur une certaine unité doctrinale « concernant la foi et le gouvernement de l’Église » (jailli and

order), il apparut urgent de réaliser une autre union, moins doctrinale que pratique. Sous l’inlluencc de l’archevêque luthérien primai d<- Suède. Nathan Sœderblom, on décida, en 191 1, à Upsal, « le fonder un groupement pour la Vie et l’action (Life mut u/ork). Le Christianisme devenait, là encore, un élément de pro grès social, une condition de civilisation particulière, mais non un credo auquel s’obligeaient ceux qui voulaient vivre de sa v ie divine. Le courant Life and WOrk a traversé le protestantisme avec une force accrue par le prestige et l’action réellement habile de Nathan 1 Sredcrblom. En 1917. les Britanniques y adhèrent ; en 1920, quatre-vingt-dix -délégués de diverses sectes européennes et américaines se réunissent à Genève afin de préparer une vaste conférence œcuménique qui réunirait enfin tous les protestantismes sous l’étiquette du christianisme pratique. Sœderblom est choisi comme président de la commission européenne ; l’archevêque de Cantorbéry, de la commission anglaise ; le presbytérien A.-J. lirown, de la commission américaine. Sœderblom décidera bientôt les orthodoxes à s’unir au mouvement. Lu 1921, il préside en effet son comité à Peterborough et obtient l’adhésion du patriarche de Constantinople, qui délègue auprès de lui Mgr Germanos, archevêque de Séleucic. En 1923, le mouvement a gagné les Églises de vingt-trois nations qui se font représenter au concile de Zurich, lai 1921, congrès de Birmingham, où se réunissent quatorze cents délégués des Églises d’Angleterre et d’Amérique, et où l’on traite uniquement les questions politiques, économiques et civiques, c’est-à-dire, le programme du christianisme pratique (British conférence on Christian polilics, économies and citizenship), Lu 1925, le congrès de Stockholm marqua l’apogée du mouvement Life and work, car les questions doctrinales y furent, de parti pris et pour cause, laissées de côté, tant, à soulever l’une quelconque d’entre elles, on redoutait l’inévitable scission. Ce fut un congrès de théologiens, mués en jurisconsultes et faisant figure de philanthropes, qui aborda le problème du foyer, celui de l’éducation, même celui des races, et les questions économiques du travail, du chômage, avec une timide discussion des devoirs politiques, des conflits qui peuvent opposer la conscience individuelle aux lois de l’État, et des devoirs découlant de la vie internationale. En 1927, le mouvement du christianisme pratique sembla fortifié par la fondation d’un Institut international du christianisme social, siégeant à Genève. En 1928, un congres se tint à Prague, où les délégués des Eglises parlèrent dans l’absl rait du désarmement. La dernière session du

comité exécutif du conseil œcuménique du christianisme pratique, tenue du 9 au 12 septembre 1933, en Yougoslavie, sous la présidence de l’es êque anglican de

Chichester a rendu plus sensible celle faiblesse ; vieux