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PRIÈRE. EFFICACITÉ


taire sur la I Cor., c. xiv, lecl. 3, saint Thomas nomme ce fruit de la prière spirituulis consolatio et devotio cone. epla ex oralione ; « celui-là en est privé ou qui ne fait pas attention à ce qu’il dit ou qui ne le comprend pas ». I Donc, conclut Suarez, I. III, c. v, n. 2, l’attention qu’on appelle superficielle, qui ne vise qu’à une prononciation correcte des mots, ne suflit pas ; il faut au moins l’une des deux autres, parce que cette réfection de l’âme est devotio, vel aliqua pin nflectio, mil sancta cogitât in. quæ inlctlcetum illuminel in online ad opus. Saint Thomas paraît bien exiger l’attention qu’on nomme littérale, la compréhension du sens des formules qu’on prononce, parce que, pour lui, la réfection spirituelle doit normalement résulter du contenu spirituel de la formule de prière, et non des idées pieuses, mais étrangères à la [trière même, que nous pourrions entretenir en nous [tendant la prière.

Si déjà la prière vocale, car c’est d’elle évidemment que nous avons parlé Jusqu’ici, possède celle valeur nutritive pour l’âme, a combien plus forte raison la prière mentale proprement dite, puisque celle ci ne

doit être que sonda rpi.itlum et eonliiuiu COÇilatio, vel

piarum eogitationum intérim successio, ac suavissimus motus. Suarez, I. ii, c. t, n. 10. Si, comme saint Augustin le rappelle à i ont Instant aux pélagiens, c’est la sainte pensée qui vieni (le Dieu qui esi le principe de

tout bon désir et <ie toute boi détermination de la

volonté et par conséquent de toute bonne action ». quelle ne devra pas être la valeur pratique, la valeur sanctificatrice, la valeur moralisatrice de l’oraison mentale, qui n’est que wminarium quoddam et (ons tanctarum eogitationum, et diuturna illarum exercilalio, ttdiligena ruminatio 1 Ibid La prière mentale possède, en résumé, virtutem quamdam quasi efjectivam ad gènerandum in anima omne virtuiis genus. V 9. Et c’est tans la mesure où la prière vocale se double d’une prière mentale qu’elle possède cette valeur de réfection

spirituelle qu’on lui rec lait : Ce qu’on appelle oral

son vocale et office de l’Église n’est autre chose qu’une méthode d’oraison mentale, dans laquelle l’Église nous

fournil les pensée, mêmes des vérités que inuis devons

considérer, et l’Idée des mouvements que nous devons exciter en nous… il v a dans les prières de l’Église des

Idées de toutes les saintes passions et de tOUS les sailds

mouvement s que l’amour de Dieu doit exciter dans nos

cœurs… » Nicole, cité par Bremond, Introduction à lu philosophie de lu prière, p. 210.

Revenons à la formule de Suarez : la prière ou oraison mentale il la prière VOCSle dans la mesure ou elle

j’accompagne de la prière ment.de possèdent ta pro

priété île produire en nol re âme toutes les vert us. virtu lem quamdam quasi efjectivam ml generandum m anima

Omne virtuiis genU8. Nous ne sommes pas loin, si déjà

même nous n’y sommes pas arrivés de i’maison pratique ». Qu’est-ce donc que l’oraison pratique ? on en trouve la formule dans le 1’. Achille Gagliardi, d’eu elle est passée dans un ouvrage du I’. al i i ::.int. Des

méthodes d’oraison dans notre vie apostolique selon lu doctrine îles Exercices, ouvrage qui serait le traité le plus complet que nous avons sur l’oraison pratique, la somme de [’ascéticisme, Bremond, Hist. litt…,

I. VIII, p. 262, note. Notre prière, écrit le I’. Achille

Gagliardi, ne se contente ni de méditer sur les ver lus, ni de les demander a Dieu c.’esi proprement de

la prière elle même que nous nous servons, comme de

l’instrument le plus infaillible, pour exercer ces ertus, et par là même les acquérir », ut per ipsum oralionis exercitium et usum, tanquam per potissimum instrumentum, virtutes exerceat et acquirat ; et encore : virtutes orando acquirit per usum ipsarummet in oratione. Ibid., p 262-263. Celle idée d’un exercice îles vertus dans a prière même, nous l’avons rencontrée dans le < atéchisme romain, c. ri, n. 6 et s : Accedit eo etiam ille fruc tus, quod orando animi virtutes et exercemus et augemus, maxime vero fidem. Qui ne voit que la prière met en œuvre, nous fait exercer certaines vertus et par le fait même les augmente en nous ? Il faut passablement de patience, par exemple, pour réciter correctement. avec attention et dévotion, la messe et le bréviaire. Concluons : si la thèse de Suarez et de Gagliardi peut paraître exagérée, elle n’en contient pas moins une grande part de vérité-.

Est-ce à dire, si, avec saint Thomas, nous reconnaissons a la prière une valeur éthique, refectio mentis, qu’il faille mettre cette valeur au premier plan et professer. comme on le reproche a M. Francis Vincent, cf. Bremond, Hist. Iill…. t. mi, p. 26-31), que le but prindpal de la prière est de nous sanctifier, de nous perfectionner, et non pas de louer Dieu ? t La lou. n’est agréable a Dan. écrit M. Vincent, cité par Bre moud. p.. ;.’!. ipie dans la mesure où elle nous accroît moralement. D’elle-même, elle n’est rien, si nous ne la ramenons a sa fonction instrumentale, si nous ne la

faisons moyen de perfection et stimulant d’amour.

Et, selon.M. Vincent, saint François de Sales n’aurait

envisagé la In nie. la prière publique, que

comme iu merveilleux agent de cuit lire Indft iduelle :

c’est toujours sous cel aspect utilitaire et pratique

qu’il ( onsidi ie » de préférence les solennités du culte

Sachant quelle est leur puissance d’iiuolioii, il en

fait un de ses grands moens pédagogiques*. Ibid., p. :  ; i 35.

Mais quel est donc le Imt principal de la prit Nous ne pouvons plus répondre d’une man raie, mais en distinguant les diverses espèces de prit il en esi dont hbut principal, immédiat est la louange divine ; il en est dont hbut principal, Immédiat

notre sanctification, en vue évidemment de la plus grande gloire de Dieu ; il en est même, et combien nombreuses, dont le but principal, Immédiat, n’est ni la louange de Dieu ni notre sanctification, mail pure ment et simplement l’obtention d’un bien temporel H

ne faudrait dont pasdeniander quel est le but principal (le la prière en Rt néral, mais quel est. par exemple, le

but principal de la liturgie, dis prières publiques de

l’Église : visel elle davant. i loriflcation de

Dieu on a notre sa net ilicat ion’.' Void une i épouse qui (tonnera peut être sous la plume d’un duardini. dans

un chapitre consacré au Primat du t

pal opposition aux dévotions populaires, la litUl propose avant Imite chose de créer l’étal d’esprit i htr

lien, fondamentalement chrétien. Son ambition est d’amenei l’homme a son vrai rapport, a son rapport

essentiel avec Dieu, de manière que/

l’adoration, de l’hommage rendu <i Dieu, de la foi et de l’amour, de la pénitence et du sacrlfh e, il onquière lu rectitude intérieure. L’esprit de lu Mut (c’est nous (pu soulignons) ; elle semble s’absorber entièrement dans la contemplation, l’adoration et la

gloriflcat ion de la vérité di Ine I’e la son désintéresse

ment de tout effort immédiat d’éducation, d’enseignement moral. Ce n’est toutefois qu’en apparence que la liturgie paraît se désintéresser de la vie morale de l’homme, de son effort, de son action. En vérité, elle sait fort bien que quiconque vil en elle possède la Vérité, la saute su ru. il u relie, la paix intime et que celui qui quitte son rovaume s. nie pour affronter la v le saura v faire rayonner sa force. P. 276 277 II est bien vain d’opposer théocentrisme et anthropocentrisme en travaillant à noire sanctification, nous glorifions

Dieu, tout connue en glorifiant Dieu nous nous sanctl lions, et proficiendo celebrare, et celebrando pr<> ;

Palis la présente bibliographie, nous nous bornerons ans niiv I âges que nous avons eus entre I es mains. Ton les les fois que le lieu de publication ne sera |>as Indiqué, c’est que l’OUVrage aura été édile a Paris. I es ronis marqués d’un