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PRIÈRE. LE PRÉCEPTE DE LA PRIÈRE


dans les paroles du Christ, Suarez, ibid., et plus particulièrement dans Voportet semper (irare. Cf. saint Thomas, au Sed contra de la quastiuncula.. citée plus haut : « Sur cet oporlel semper orare, Chrysostome fait remarquer ceci : en disant oporlel, le Christ indique que la prière est nécessaire Ic’est-à-dire obligatoire]. Mais une telle nécessité ne peut provenir que d’un commandement. Donc, la prière cadit sub prsecepto. » Dans la Somme, II 8 -II æ, q. lxxxiii, a. 3, ad 2’"", il invoque le texte : Petite et accipietis, pour prouver que la prière est de précepte.

Même si nous n’en trouvions p ; is dans l’Écriture la mention expresse, la raison sullirait à nous démontrer l’obligation de la prière, lui effet, « tout homme est tenu de prier par cela seul qu’il est tenu de se procurer à lui-même des biens spirituels qui ne peuvent lui être donnés « pie par Dieu, et qu’il ne peut, par conséquent, se procurer autrement qu’en les lui demandant ». Saint Thomas, In IV 1 "" Seul., lue cit., sol.’.', . Remarquons, en passant, le motif allégué ici : l’obligation de prier est rattachée a la charité envers soi même. Sua rez, op. cit., s’appuie, pour démontrer cel te obligal ion, sur l’axiome communément reçu par les théologiens « Tout ce qui est nécessaire au salut de nécessité de moyen l’est aussi fie nécessite de précepte divin ; or, la prière est nécessaire au salut de nécessité de moyen ;

donc de oratione datvw preeceptum furis divin Les théologiens font remarquer qu’il s’agit ici d’une

obligation de droit divin naturel et non de droit divin positif. Elle a bien pu être rappelle par le Christ, elle

n’a pas été établie par lui ; de lout temps, elle s’est imposée à l’homme. l.e Christ, dit Suarez, <>/<. Cit., 1. 1, C XXVIII, 11. 4, n’a pas donné de préceptes positifs, si ce n’est au sujet de la foi et des sacrements, mais il ; i expliqué plus clairement CC qui était contenu dans le

droit divin naturel ; il b d mont ré que la prière étail

obligatoire précisément parce qu’elle est nécessaire.

Mais les I héologiens ne sont pas d’accord sur la ques

tion de savoir <id quant virtutem hoc preeceptum spectet,

a quelle vertu il faut rattacher ce précepte, a la charité ou à la religion. Nous avons u que saint Thomas, dans le Commentaire des Sentences, le fait dériver de la charité ; dans la Somme, au contraire, lue. rit., il le

rapporte a la vertu de religion : l.e désir tombe bien sous le précepte de la charité, mais la demande sous

celui de la religion. » l.a question peut paraître oiseuse ; elle ne l’est pas cependant, car, si la prière n’est oblige toile qu’en tant qu’elle est nécessaire pour l’accomplis sèment d’un devoir particulier et non pas ex ri st. lui*

religionis, celui qui la néglige et qui par la manque à ce

devoir, pèche bien contre telle du telle vcrlu. mais son péché ne se double pas d’un peche spécial contre la

veriu de religion provenant de son omission de la

prière. Cf. Suarez, I. I. c. i, n. (i-7. Il eu va autre nient s’il y a un précepte particulier qui nous oblige à plier dans nos besoins spirituels a ri solius rclit/imus. Ibid., n..S. Mais ce précepte particulier existe-t-U ? Suare/, n. 10. s’efforce de prouver que oui, en avouant d’ailleurs que ce n’esl pas commode. Jean de Saintriiomas. loc. cit., p. 773, paraît vouloir marcher sur ses traces, mais en réalité il s’en écarte : il y a bien, en vérité, une prière qui s’impose à nous ex ri solius religionis ; niais ce u’esl pas la prière de demande, c’est la prière d’adoration, de louange, d’act ion de grâces ; négll ger cette prière est bien en effet un péché spécial contre la vertu de religion.

3° L’étendue de l’obligation de prier. - 1. Est-on obligé de prier vocalement’.'-- Tous les théologiens, a la suite de saint Thomas, sont d’accord pour déclarer qu’il n’est pas nécessaire de prier vocalcineiit pour .i’compllr le précepte divin dont nous parlons, l.a prière privée, dit saint Thomas, « peut se faire et voce el sine voce, a la convenance de celui qui prie ». In I " i

Sent., dist. XV, q. iv, a. 2, sol. 1. La prière individuelle, dit-il encore, « ne requiert pas nécessairement une expression vocale, de hujusmodi orationis necessilate non est quod sit uoealis ». Sum. theol.. Il II q. lxxxiii, a. 12 ; cf. Suarez, op. cit., I. I. c. x.xix, n. "> : 1. III. c. vi, n. 2-5. La chose est trop évidente pour qu’il soit utile d’insister.

A cette occasion, Suarez se demande s’il n’y aurait lias un précepte ecclésiastique obligeant tous les fidèles ad aliquam privatam orationem voealem, ne serait-ce qu’à réciter de temps en temps l’oraison dominicale. Ibid.. n. 6. On voit immédiatement que, par suite de l’équivoque due au double sens de l’expression prière vocale. la question se déplace : il ne s’agit plus maintenant de savoir si l’Église nous oblige a prier vocalement, mais si elle nous fait un devoir de réciter, vocalement ou mentalement, une prière déterminée. Or. sur ce point encore, les théologiens ne s’entendent pas. Suarez, ibid., n. 7-9, opte pour la négative À fortiori, n’y a-t-il pas obligation de réciter l’Ane Maria ou le Salve Regina. N. 10. Il n’j a même pas obligation, pour les simples fidèles, de prier vocalement aux messes de

précepte, ni même de réeiter mentalement les prières

de la messe ; il suffit que, par la pensée et l’intention, ils s’unissent a la prière du prêtre : HT », per te toquendo, melius faciunt attendendo et mente orando. V 13. Iln’ya Hièrc que la pénitence imposte pai le confesseur qu’il faille réciter vocalement ; encore taul il qu’il constate suffisamment que le confesseur a prescrit cette récita tion vocale. N. 17.

2. Quand est on obligé de prier’.' — À ce sujet, les théologiens signalent d’abord l’erreur des mess..liens

ou inclûtes, qui, au dire de saint Augustin, prenant a la lettre le mol de l’Évangile : Oportci ire et

m. n defleere, Luc, xviii, i. et celui de saint Paul Sunintermissione orale, l Thess. x. 17. - prient telle nient que cela paraît Incroyable > « eux a qui ils par but de leur prière… ; ils cxaM lent tellement cette pra tique qu’ils méritent par là de figurer parmi les i. ques. De hæreaibu », lvii, P. L.. L xlii. col i" Selon Théodoret, leur erreur aurait plutôt conststi a opposer l’efficacité « le la prière perpétuelle.i l’Inefficacité du baptême pour l’extirpation « le la racine même du péché ; cf. de Guibert, Documenta…, n. 79, i.’. I ; Théodore ! leur reproche même, après avoir donné un certain temps a la prière, de pass ( r la plus grande parlie de la journée a dormir. Ibid., n 80, fi Quoi qu’il en soit de l’erreur des messallens, les textes jont Formels et semblent bien parler d’une obligation de prier sinon absolument toujours, du moins autant que possible, c’est-à-dire autant que l’obligation de pourvoir aux

nécessités de la Vie nous en laissera le loisir. h>ln illo

tempore qm d n conoenienli somno et nb aliis actionibus ml riiiun ncci’ssariit vacuum est. Suarez, op. cit., I. I, c. xxx. n 2. Pourtant, fait remarquer Suarez, l’usage ci la pratique de l’Église ne permettent pas d’interpréter aussi rigoureusement ces textes : consacrer i" ; loisirs à la prière, comme tout son supei tin à l’aumône,

peut bien elle mallele de conseil, ce n’esl p ; is matière

de précepte, licet illa frequentia orathnis eliam nossibi lis il et ir.nit du m consilîo sil. non Uimen rsl in r.i i (/ ! /</(/ salis constat ex usu et praxi Ecclesiee. Ibid.

Mais alors comment faut-il entendules textes script m ait es ? Saint Thomas en a donne plusieurs Interprétations, que Suarez s’est permis de critiquer assez, vertement Voir saint Thomas, In IV° Sent, dist. XV, q. iv, a. 2, qu. 3 ; Sum theol.. Il -IL, q. i xxxiii, a. Il ; In /, ’.. « >.. c. i, lecl "> ; In I Thess., c v, leet. 2 ; SuareI. op. cil, I. I. c. i. n. 1-5 ; c. xxx. n. 3-7. les prédicateurs et les auteurs.spirituels se sont aussi

beaucoup occupes de {’oporlel semf er orare et du sine intermissione orale. Landriot a consacre a cette question la plus grande partie de V Instruction pastorale