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PRIÈRE. NÉCESSITÉ


rait donc Ctre qu’en vertu d’une disposition, d’une loi divine, ex divina lege et quasi pacto, Suarez, ibit !., n. 2, Dieu avant décrété que l’homme ne pourrait obtenir les grâces nécessaires au salut que moyennant la prière. Mais cette loi exisle-t-elle ? Les théologiens le pensent et établissent cette thèse : Oralio est /minibus aduilis vialoribus necessaria nécessitait medii ad salutem, saltem fuxta legem Dei ordinariam. Tanquerey, Synopsis théologies moralis et pastoralis, 8° éd., t. ii, P127, p. 593. Vermeersch, op. cit., p. 10, qualifie cette nécessité de nécessité latius dicta ou deminuta, parce que, dit-il, non omnibus sed plerisquee lege ordinaria orare necesse si t.

Tanquerey déclare la thèse certaine : certum est. Vermeersch ne lui attribue que la valeur d’une opinion plus commune : communior opinio, p. 9. La première chose à enseigner aux fidèles, dit le Catéchisme romain, part. IV, c. i, n 2, c’est la nécessité de la prière. Il est vrai qu’on peut se demander s’il parle « le la nécessité de moyen OU de la nécessité de précepte, car il les mêle l’une à l’autre. On pourrait dire aussi qu’il conclut de l’une à l’autre, du devoir de la prière a sa nécessité. Vlais voici qui ne peut s’entendre que de la nécessité de moyen : « Nous avons besoin de tant de choses et pour l’Ame et pour le corps qu’il nous faut recourir à la prière : elle seule peut exposer fidèlement a Dieu notre misère et en obtenir ce qui nous manque, tanquam ml imam omnium optimum et indigerilitr nostrte interprètent et coneiliatricem eorum quibus egemus. Dieu.cn elTet, ne doit rien à personne ; et, par conséquent, c’est une nécessité pour nous de lui demander par la prière ce dont nous avons besoin : la prière est comme un instrument nécessaire qu’il a remit entre nos mains pour obtenir ce que nous désirons. Et même il est certain que, sans la prière, il est plusieurs choses que nous ne saurions obtenir de lui : il y a, en effet, des démons qu’on ne peut chasser que par le Jeûne et la pri » r< Ibid., n. 3-4.

S’il n’est aucun (exle de l’Écriture qui enseigne c lai rement et explicitement la nécessite de la prière, sans

quoi les théologiens ne la proclameraient pas seule ment une vérité certaine, mais une vérité de foi divine, du moins il en est beaucoup qui la supposent. Petite, et dabitur vobis : minus qui petit, aecipit, Mal th., vii, 7-8, pourrait passer pour une recommandai ion plutôt que pour un ordre, el cette recommandation suppose comme contre-partie que, si l’on ne de m ; m de pas, on ne

recevra pas, donc que la prière est un moyen nécessaire pour obtenir de I Heu quelque chose. V igtlate ri orale ut non inirctis in tentationem, LVfatth., xxvi, ti. présente évidemment la vigilance ei la prière comme « les moyens nécessaires pour ne pas entrer en tentation. i.’insistance avec laquelle l’Apôtre recommande

l’usage de la prière ne s’explique bien que si elle est un moyen de salut nécessaire : Orulmni instantes, Rom.,

xii, 12 ; per omnem orationem et obsecraltonem orantes omni tempore in s/iiritu, l’.ph., VI, 1<S ; sine inlermissionc orale, I Thess, V, 17. C’est l’avis de tous les théologiens : <. 1.’exhortation si fréquente et si multipliée.

que nous font le Christ, Paul et les autres apôtres, de prier fréquemment et Instamment, montre sans aucun

doute, non seulement l’utilité, niais la nécessité, et

valde urgentem, de la prière, i Suarez, op. cit.. n. I.

Les Pères de l’Église, surtout à partir de l’hérésie

pélagienne. énoncent magis perspicue, dit Vermeersch,

p. 17, la nécessité de la prière. Voici les principaux textes cites par les théologiens. Innocent l, r, dans sa lettre au concile de Cartilage : nisi magnis precibus gralia in nos implorata descendat, nequaquam terrente labis et mandant curporis vincerc ronemur rrrorcm, P. L., t. xx, col. 585 ; ce texte ne dit pas explicitement, mais il suppose que la grftcequl nous est mecs sairc doit être demandée par la prière. Si l’on prie dans

l’Église, c’est parce que l’on est persuadé que la g est nécessaire et que la grâce ne s’obtient que par la prière ; si bien que supprimer la nécessité de la grâ<e. c’est supprimer du même coup la prière, et c’est le reproche que les l’ères adressent aux pélagiens : Des Iruunt etiam orationes quas facit F.cclesia. déclare saint Augustin, / ; / tueresibu » ad Quodvuttdeum, 88, p. L., t. xlii, col. 17 ; le concile de Mileve leur reproche « de vouloir mettre sens dessus dessous tout le christianisme, en enseignant qu’il ne faut pas prier Dieu pou : qu’il nous aide dans notre lutte contre le péché et pour la pratique de la justice, omnino tolum quod clins liani sumus nituntur evrrtere (docentet I non esse rogandum Dcum ut contra peccati malum alque ad operandam juslitiam sit noster adjutor, P. 1… t xxxrn, col En somme, on pourrait dire que la nécessité de la prière est une vérité qui fait partie du sens catholique », de la conscience de l’Église, el qui s’exprime dans la vie. dans la pratique » de l’Église. SpontaiM ment, les théologiens connue les fidèles concluent di i nécessité de la grâce à la nécessité de la prière, encon « pie logiquement l’une ne se puisse pas déduire d. l’autre. C’est ce que fait saint Thomas, in l < Sent.

dist. XV, q. IV, a. 1. sol.’;  :.’l’ont nomme est tenu fjl prier par le fait même qu’il est tenu de se procurer d « 

biens spirituels qui ne lui peuvent venir « pic de Duo et qui, par conséquent, ne peuvent lui être donnés qui s’il les demande. « . Étant donné, dit saint Auuust il qu’il a des choses que Dieu accorde niènie SSJU la

pi ii n. comme le commencement de la foi, mais qu’il en

est d’autres qu’il n’accorde qu’à ceux cpii prient.

connue de persévérer Jusqu’au bout, assurément celui qui estime pouvoir par lui même- parvenir ne prier pas a cette Intention, » De donc perseverantia c wi. n. 39, P. /… t. xi, col. 1017. Enfin, car on ne peut tout citer, l’auteur du De eccleslasticis dogmatibt

déclare aussi sur de la nécessite de la prière que cl, I. nécessite de la grâce : ulliun CTtdimus ad salutem nisi lio invitante ventre ; nullum salutem suam nisi Ihn mutilante operari ; nullum nisi orardem auxiliuir promerert. P /…t xui.eol.1218. Le concile de Trente,

reprenant la célèbre formule de saint Augustin, sup pose aussi ( pie la prière est le MU) moyen que nOUS

ayons d’obtenir les forces nécessali i <>mpiiss,

ment de certains préceptes : Deus impossibilia non jubcl, sed /ubendo tnonet >i facere quod possit / /

quod non /m, .wv Se-ss., , , Nl. Denz.-Bannw., n. mu l’eut on démontrer rationnellement, a priori ou

posteriori, que la prière est nécessaire ? il ne le serabh pas. puisque cette nécessité résulte d’un décret, d’une

libre disposition de la Volonté divine, et iidii de i nature des choses : hmu TUCeSSitatem liindnri aliqUi

modo m ipsa ni natura, consunvnari t*

honr ri decreto divina pn videnliss… Absoluie vert

deereto et dispositions divina ion potuisset introdut

tanla nécessitas. SuarcI. op. cit., n >. <.us pouvons

donc chercher et t rouver des raisons de convenance qu légitiment en quelque sorte cite disposll ion providen

ticlle. celle exigence divine ; niais nOUS ii, - sailli. aïs.

proprement parler prouver rationnellement une vériti

de cet ordre. (.Hic cette disposition de la dixiiic Providence soit fondée d’une certaine manière sur la naluxi

des choses. c’est ce que montre saint Thomas en SOI

opuscule Compendium theologist, pari. Il. c n « Parce « pic. dit-il, selon l’ordre de la divine Provi

dence. est attribuée à chaque être une manière « le pai

venir â sa fin en rapport avec sa nature, aux hommes aussi il a été accordé un moyen d’obtenir ce qu’ils attendent de Dieu qui soit conforme à l’humaine condition, Par c’est la condition de l’homme d’iiiterposri la prière pour obtenir de quelqu’un, surtout d’un SUpé rieur, ce qu’il eu attend. Et voilà pourquoi la prii été prescrite /indicta) aux hommes pour que par elfc