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PRÉDESTINATION. LE THOMISME RÉCENT

298’creatura auxilio prsedeterminantls gratise non Indigebat, et consequenter minime novil Deus perseverantiam angeloruni in efHcacl suée voluntatis decreto, p. ist>. Pr. xc m. Deus videt Futurs libéra ordlais supernaturalis, quæ speclani ad statum natune lapsse, dependenter ab efflcacis sus voluntatis decreto, p. r.tT. l’r. xcix. Persistil cum divini > predefinitionibus hiunana liber tas, p. 20N. — l’r. c. Deus voluntate antécédent ! vult omnes domines, nemine prorsus excepto, salvos tieri. p. 210. l’r. cvi. in dogmate pnedestinationis et gratiæ recedendum non est ab Augustin ] doctrina, p. 212s. — Pr. cxiii. Opéra moralium virtutum a Deo prævisa nullo pacto predestinatlonis nostre causa sunt, p. 2 : 5.">. — l’r. cxrv. Predestinatio ad gloriam præcedit pnedestinationem ad gratiam, p. 2H7. — Pr. cxv. Ex vK-riLitteris demonstratur pnedestinationem ad gloriam esse in statu nature lapss gratuit am, p. 23 !). — l’r. cxvi. Apertissime S. P. Augustinus iiadidit gratuitam ipsampredestinationem ad gloriam. p. 212. l’r. cxxxiii. Heprobatio negativa aliquam ex parte reprobi causani liabet, nempe originale peccatum, p. 289.

La principale objection faite par les thomistes à ces thèses de l’augustinianisme du xviie et du xviiie siècle est que le principe de prédilection formulé par saint Augustin et par saint Thomas est absolument universel et s’applique donc non seulement à l’homme dans l’état actuel, mais à l’homme innocent et à l’ange lui-même. C’est en parlant des anges et de leur prédestination que saint Augustin a dit. De civitate Dei, I. XII, c. ix, que, si les bons et les mauvais ont été créés sequaliter boni, les premiers amplius adjuti parvinrent à la béatitude éternelle, tandis que les autres tombaient par leur propre faute, permise d’ailleurs par Dieu pour un bien supérieur. Et saint Thomas a exprimé le principe de prédilection de la façon la plus universelle, qui s’applique non seulement à l’homme déchu, mais à tout être créé, et cela non pas seulement titulo infirmitalis, mais tilulo dependentiie a Deo : Cum enim amor Dei sil causa bonitatis rerum, non effet aliquid alio melius, si Deus non vellet uni moins bonum quam alleri. D. q. xx. a. 3. Nul ange et nul homme, en quelque état que ce soit, ne serait meilleur qu’un autre s’il n’était plus aimé par Dieu. Le principe est absolument universel. Cf. Billuart, Cursus Iheologicus, De gratin, diss. II, a. -1.

De plus, ajoutent les thomistes, tout acte salutaire, surtout s’il est fait dans l’aridité, ne procède pas de la délectation victorieuse, et enfin celle-ci, lorsqu’elle existe, n’étant qu’une motion morale, par manière d’attrait objectif, et non pas une motion physique, ab inlus quoad exercitium, ne saurait être intrinsèquement et infailliblement efficace. Dieu vu face à face attirerait certes infailliblement notre volonté ; mais il n’en est pas de même de la délectation que nous éprouvons à la pensée de Dieu connu dans l’obscurité de la foi.

V. La prédestination chez les thomistes postérieurs au concile de Trente. — 1° Principes sur lesquels ils s’accordent. 2° Où ils diffèrent. 3° Lumière et obscurités de la doctrine.

Principes sur lesquels ils s’accordent.

1. Les

thomistes qui ont écrit après Molina s’opposent tous sans exception à sa théorie de la science moyenne, qui, à leurs yeux, pose en Dieu, en sa prescience, une dépendance ou passivité à l’égard d’une détermination qui ne vient pas de lui. Toute la controverse revient au dilemme : Dieu déterminant ou déterminé, pas rie milieu. » On ne saurait admettre, disent les thomistes, aucune dépendance ou passivité dans l’Acte pur ; ils soutiennent tous, dès lors, que Dieu ne peut connaître les futuribles libres que dans un décret déterminant objectivement conditionné, et les futurs libres que dans un décret, non conditionné, positif s’il s’agit des actes bons, permissif s’il s’agit du péché. Ils ajoutent que le décret déterminant relatif à nos actes salutaires est intrinsèquement et infaillible ment efficace, mais qu’il n’est pas nécessitant, car il s’étend jusqu’au mode libre de nos actes que Dieu veut et produit en nous et avec nous. Dieu a voulu efficacement de toute éternité que le bon larron se convertît librement sur le Calvaire, et cette volonté divine efficace, loin de détruire la liberté de cet acte de conversion, la produit en lui, parce que Dieu, qui conserve notre volonté dans l’existence, lui est plus intime qu’elle-même.

2. TOUS les thomistes soutiennent aussi l’efficacité intrinsèque et infaillible des décrets divins, relatifs à nos actes salutaires et de la grâce qui nous les fait accomplir, qu’il s’agisse des actes salutaires faciles ou des actes difficiles. Ces principes, étant en effet d’ordre métaphysique, sont absolument universels, sans exception ; ils portent sur l’acte de la créature libre comme acte, et non pas comme acte difficile. De ce point de vue la grâce intrinsèquement et infailliblement efficace était requise pour l’acte salutaire, tant dans l’état d’innocence pour l’homme et pour l’ange, que dans l’état actuel ; en d’autres termes, elle est requise non seulement tilulo in/irmitatis, mais tilulo dependentise, à raison de la dépendance de la créature et de chacun de ses actes à l’égard de Dieu, cause universalissime de tout ce qui arrive à l’existence, en ce qu’il a de réel et de bon.

Saint Thomas avait affirmé cette efficacité intrinsèque des décrets divins, en disant que la volonté divine conséquente ou efficace porte sur le bien qui arrive ou arrivera hic et nunc et que tout ce que Dieu veut de cette volonté arrive infailliblement, qu’il s’agisse d’actes faciles ou difficiles : Quidquid Deus simpliciler vult, fît, licet illud quod antecedenler vult, non fiât. I a, q. xix, a. 6, ad lum, article qui se complète par l’article 8 de la même question, relatif à l’efficacité transcendante du vouloir divin qui s’étend jusqu’au mode libre de nos actes.

Cette efficacité intrinsèque et infaillible de la grâce s’explique, selon les thomistes, non par une motion morale, par manière d’attrait objectif (Dieu seul vu face à face pourrait infailliblement attirer notre volonté), mais par une motion qui applique notre volonté à poser vilalement et librement son acte (l a, q. cv, a. 4 et 5), et qui, pour cette raison, par opposition à la motion morale, est dite prémotion physique. Les thomistes ajoutent même : cette motion est prédéterminante, en tant qu’elle assure infailliblement l’exécution du décret éternel prédéterminant. Elle a sur notre acte libre salutaire une priorité, non de temps, mais de nature et de causalité, comme le décret éternel. Elle est une prédétermination, non pas formelle, mais causale, c’est-à-dire qu’elle meut infailliblement la volonté à se déterminer en tel sens salutaire au terme de la délibération ; alors, la détermination de la volonté sera non plus causale, mais formelle et achevée. Ce qui serait contradictoire.ee serait de dire que la volonté est formellement déterminée avant d’être formellement déterminée. Voir l’art. Prémotion.

Sur ces points tous les thomistes sont d’accord, depuis les plus rigides comme Bâtiez, Lemos et Alvarez, jusqu’au plus mitigé d’entre eux, Gonzalez de Albeda, qui soutint une théorie spéciale sur la grâce suffisante. On peut s’en rendre compte en lisant leurs commentaires de la Somme théologique de saint Thomas, I », q. xiv, a. « et 13 ; q. xix, a. 6 et 8 ; q. xxiii, a. 4 et 5. et [a-Il », q. cix sq. Voir en pari iculier Jean de Saint-Thomas, Gonet. Contenson, Massoulié, les carmes de Salamanque, Gotti, Goudin, Billuart, plus récemment le P. Guillermin, O. P. (La grâce suffisante* dans Revue thomiste. 1901, 1902, 1903), qui, avec Gonzalez de Albeda et Massoulié. rapproche autant que possible la grâce suffisante de l’efficace, en maintenant pourtant que seule cette dernière écarte infailli-