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    1. PRÉDESTINATION##


PRÉDESTINATION. LE CONCILE DE SAVONNIÈRE

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elles été ajoutées audit canon à Langres, l’étaient-elles déjà au texte de Valence ? Nous ne saurions le dire : elles ne modifient d’aucune manière le sens du can. 6, qui semble bien les annoncer.

La réunion de Savonnière.

Ainsi modifiés, les

canons de Valence furent lus, quinze jours après, au concile de Savonnière près de Toul. Même corrigés, les canons de Valence produisirent une vive émotion sur les partisans d’Hincmar qui demandèrent, le lendemain, la lecture des capitula de Quierzy. C’est Hincniar lui-même qui nous l’apprend, dans la préface de son second (3e) trailé sur la prédestination composé quelque temps après. P. L., t. cxxv, col. 66. L’excitation grandissait, mais Hemi de Lyon réussit à apaiser l’émotion en déclarant qu’il vaudrait mieux remettre au prochain concile le soin d’élaborer sur la question des formules que tous pourraient signer. Xostrorum quidam, fidei christianæ zelo succensi, aliqua synodo voluerunt suggerere, sed moins noslri ab eodem venerabili archiepiscopo liemigio Lugdunensium sunt modeste eompositi, eo vencrabililer pérorante, ut, si cuorumeumque noslrorum sensus ab eisdem prolalis apilulis in aliquo dissentiendo se commoveret, ad proxime juturam sgnodum catholicorum libros doclorum quique dc/erre curemus, et sicut melius secundum catholicam et apostolieam doctrinam in commune invenerimus, de cœlero omnes unanimiler teneamus. Récit d’Hincmar, ibid., col. 66 E.

Le can. 10 du concile témoigne dans le même sens. « On lut certains capitula (de Langres et de Quierzy) au sujet desquels un dissentiment s’éleva entre les évêques ; ceux-ci décidèrent de se réunir une fois de plus, après la restauration de la paix politique, et de formuler la doctrine conforme à la sainte Ecriture et aux Pères. »

Il n’y eut donc pas, semble-t-il, de sanction proprement dite des canons de Valence modifiés à Langres. Cependant les canons figurent dans les actes du concile tandis que ceux de Quierzy n’y figurent pas. Mauguin en conclut au rejet de ceux-ci et à l’approbation formelle de ceux-là. Les actes du concile de Savonnière ne s’étant conservés que partiellement, il est difficile de prononcer un jugement. Le fait que l’archevêque de Reims se sentit atteint, et voulut riposter dans son deuxième (3e) traité, De prædestinalione, est évidemment à prendre en considération.

C’est aussi une question de savoir quelle portée on doit attribuer à l’approbation du pape Nicolas, mentionnée en ces termes par le rédacteur des Annales de Saint-liertin (Prudence de Troyes, pour cette partie), à l’année 839 : Xicolaus pontijex romanus de gralia Dei et libero arbitrio, de veritale geminm predeslinationis et sanguine Christi ul pro credentibus omnibus /usus sit, fideliter confirmai et catholice decernil. P. L., t. cxv, col. 1418. Le fait, que, sept ans plus tard, dans une lettre à son chargé d’affaires à Rome, Égilon, l’archevêque de Reims suggère à celui-ci de demander au pape des explications sur ce point, est bien de nature à faire croire qu’il y a eu quelque lettre pontificale. Cf. Episl., ix, P. L., t. cxxvi, col. 70 BC. Il serait d’ailleurs contraire à une saine théologie d’exagérer la portée d’une telle approbation.

3° Réplique d’Hincmar. Le deuxième (3e) trait, ’- DE PRJBDEST1NATIOSE. — C’est après le concile de Savon nière que l’archevêque de Reims composa son grand traité De prædestinalione. Son précédent ouvrage sur le même sujet, aujourd’hui perdu, était une réponse au concile de Valence. Dans celui-ci, il répond à la fois aux divers documents que Rémi avait envoyés à Charles le Chauve et que le roi lui avait communiqués en le priant d’en écrire son sentiment. L’ouvrage fut sans doute achevé dans la première moitié de 860, avant le concile de Thuzey auquel il ne fait aucune allusion.

Dans la préface, Ilincinar donne une série do pièces justificatives. On devra consulter le Sermo de Florus sur la prédestination (Hincmar en avait deux copies avec des variantes qui lui faisaient croire à des altérations dans le sens prédestinai ien cf. c. vi), ci-dessus, col. 2913 et 2915 ; les capitula de Valence, Langres, Savonnière : les Senttnliæ patrum extraites du De tenenda, etc., col. 2928 ; le canon 7 de Valence et 8 de Langres ; la lettre de Prudence au concile de Sens ou de Paris.

Dans la lettre d’envoi au roi Charles, il explique pourquoi il s’est mis à l’œuvre et s’emporte contre le rédacteur anonyme des nouveaux canons ; au cours du livre, c. xxxvt, il s’exprime, contre lui d’une manière très vive : ce n’est ni Rémi, ni un évêque de la province de Lyon ; mais un prêtre gyrovague usurpateur de l’épiscopat. Dès le début, Hincmar, dans son zèle anti-prédestinatien commet plusieurs erreurs ; en particulier, il tient pour prédestinatiens les semi-pélagiens de Gaule et les moines d’Hadrumète, qui déduisaient de saint Augustin des conséquences prédestinatiennes pour le réfuter per reduclionem ad absurdum. Voir ci-dessus, art. Prédestinatianisme, col. 2805 sq. Il prend pour des évêques les défenseurs d’Augustin, Prosper et Hilaire, et confond ce dernier avec Hilaire, archevêque d’Arles. Le livre est très bien analysé par Hefele-Leclercq, t. iva, p. 222-227. Voici le principal : les erreurs prédestinatiennes de Gotescalc, habilu monachus, mente ferinus, portent sur les quatre points de la double prédestination, du libre arbitre détruit, de la volonté salvifique restreinte, de la mort du Christ pour les seuls élus, toutes erreurs que réprouvent les canons de Quierzy. Gotescale en appelle à saint Fulgence qui enseigne, il est vrai, une prsedeslinalio ad morlem, mais l’autorité de Fulgence n’est pas comparable à celle d’Augustin, qui ne parle plus dans Y Hijpomnesticon que d’une prædeslinatio pœnie poulies pécheurs. C. ni. Le compilateur des can. 2 et 3 de Langres a puisé dans Florus, mais en altérant sa pensée. C. vi. Il a tort de s’appuyer sur l’expression de saint Paul, vasa ira’, le l’as iræ désignant celui qui veut s’obstiner et que Dieu endurcit comme le pharaon en ce sens qu’il ne fléchit pas son cœur. C. vu. Augustin, Isidore, Grégoire le Grand et les autres Pères ne sauraient être invoqués on faveur de la double prédestination, car ils n’admettent pas entre les deux la similitude absolue soutenue par Gotescalc. La vraie doctrine est celle de Quierzy. Dieu ne prédestine que ce qu’il fait, par conséquent, pour les pécheurs, la peine, mais non la mort. On ne doit pas dire d’ailleurs qu’il prédestine les pécheurs à la peine, comme il prédestine les justes à la vie, car, s’il fait arriver ceux-ci au bonheur éternel, il ne fait tomber personne dans la mort. La formule augustinienne est la bonne : Deus obdural, non impcrlicndo maliliam, sed non imperliendo misericordiam. C. ix. Le can. 3 de Valence présente d’autres défauts. Dans la formule : in eleclione salvandorum misericordiam Dei præcedere meritum bonorum, il faudrait substituer salvatione à electione, car il y a une double miséricorde antécédente, celle de l’élection, celle du donum bene vivendi et le terme élection n’exprime que la première. C. xi. La proposition in damnalione autem periturorum malum meritum præcedere juslum dei judicium est fautive, car juslum judicium désigne la prédestination qui est éternelle et Dieu ne condamne personne avant qu’il ait péché. L’expression prædeslinalus ad inlerilum n’est pas exacte : le terme pnedestinalus s’applique exclusivement à ceux qui sont choisis pour la vie éternelle. Les autres sont relicli in massa damnationis. Les modernes prédestinatiens. s’ils ne renouvellent pas les quatre principales erreurs des anciens (1. Dieu damne les réprouvés même pour les péchés qu’ils auraient corn-