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PHEDKSTI NATION. LE CONCILE DE VALENCE


num nostrum recepimus : et habemus llberum arbitrium ab bonum, pncventum et acljutum gratia ; et habemus liberum arbitrium ad malum, desertum gratia. Liberum autem babemus arbilrium, quia gratia libérât uni et gratia de corrupto sanatum.

veau | reçue par le Christ, Notre-Seigneur, et nous avons le libre arbitre pour le bien (lorsqu’il est J prévenu et aidé par la grâce ; et nous avons le libre arbitre pour le mal [lorsqu’il est] abandonné par la grâce. Mais nous avons le libre arbitre parce qu’il est délivré par la grâce, et, par la grâce, guéri de sa corruption.

3. (Quod Deus omnes hommes velit salvos fieri.)

Deus omnipotens omnes hommes sine exceptione vult salvos fieri (I Tim., ii, 4) licet non omnes salventur. Quod autem quidam salvantur, salvantis est donum ? quod autem quidam pereunt, pereuntium est meritum.

Le Dieu tout-puissant veut que tous les hommes soient sauvés sans exception. Que certains se sauvent, c’est [par] le don de celui qui sauve ; que certains périssent, c’est la faute de ceux qui périssent.

4. (Quod Christus pro omnibus hominibus passus sit.)

Christus Jésus Dominus noster, sicut nullus horao est, fuit, vel erit cujus natura in illo assumpta non fuerit, ita nullus est fuit, vel erit horao, pro quo passus non fuerit ; licet non omnes passionis ejus mysterio redimantur. Quod vero omnes passionis ejus mysterio non redimuntur non respicit ad magnitudinem et pretii copiositatem, sed ad infidelium, et ad non credentium ea fide, qua’per dileclionem opcratur (Gal., v, 0), respicit partem. Quia poculum humanx salutis, quod confectum est infirmitate nostra, et virtute divina, habet quidem in se ut omnibus prosit ; sed si non bibitur, non medetur.

Il n’y a, il n’y eut, il n’y aura jamais aucun homme dont le Christ Jésus Notre-Seigneur n’ait assumé en soi la nature. De même, il n’y a, n’y eut, - n’y aura jamais d’homme pour qui il n’ait souffert, bien que tous ne soient pas rachetés par le mystère de sa passion. Que tous ne soient pas rachetés par le mystère de sa passion, cela n’atteint aucunement la grandeur et l’abondance du prix, mais c’est uniquement le fait des infidèles et de ceux qui ne croient pas de cette foi qui agit par la charité. La coupe du salut humain, préparée pour notre infirmité par la vertu divine, contient de quoi être utile à tous, mais si on ne la boit’pas, elle ne guérit pas.

Les capitula de Quierzy furent-ils signés par Prudence de Troyes ? Hincmar l’affirme, De prædesl., P. L., t. cxxv, col. 182C, 268D, et les historiens l’admettent généralement, encore que l’affirmation d’Hincmar ne soit pas une garantie absolue. Prudence, s’il l’a fait, aura peut-être cédé à la pression de ses collègues et du roi. Quoi qu’il en soit, nous verrons qu’il se ravisa.

L’Église de Lyon, à qui les capitula avaient été communiqués, ne tarda pas à réagir. Le même auteur qui avait écrit le Liber de tribus epistolis en fit une critique sévère et qui manque un peu d’objectivité, dans le Libellus de lenenda immobiliter Scripluræ verilale. P. L., t. cxxi, col. 1083-1134.

Il les considère comme opposés à la doctrine de saint Augustin, col. 1086. Le premier capitulum s’exprime comme si le choix des prédestinés reposait sur la prévision des mérites. Le Libellus s’étonne donc que le concile n’attribue pas expressément à la grâce la rectitude primitive du libre arbitre — comme si le libre arbitre pouvait par lui-même demeurer dans la sainteté, c. m — ni l’élection, mais seulement l’acheminement à la gloire, alors que l’élection elle-même n’est pas moins gratuite. C. iv. Pourquoi nier la prédestination des réprouvés ; l’éternel jugement de Dieu qui les concerne est-il autre chose qu’une prédestination au châtiment ? C. v. II est bien entendu, au reste, que cette prédestination à la mort n’est, à aucun titre, une contrainte au péché. C. viii, col. 1102.

La doctrine de Quierzy sur le libre arbitre est pleine de confusion. On ne l’a pas perdu par le péché d’Adam, et même les hommes étrangers au Christ le conservent. Ils demeurent capables de quelque bien naturel. D’autre part, la grâce du Christ ne rend pas immédiatement capable de tout bien. C’est pour chaque acte salutaire qu’on a besoin d’un secours gratuit de Dieu. On ne saurait trop prendre de précautions, quand on affirme la volonté salvifique universelle de Dieu. Le Christ n’est certainement pas mort pour ceux qui se sont damnés avant l’incarnation. Et quant aux fidèles, ceux-là seuls sont vraiment rachetés par lui dont la foi opère par la charité.

Ces critiques ne sont pas toutes efficaces contre les canons de Quierzy. Elles montrent cependant combien les tendances étaient opposées, et l’étude de cet opuscule est indispensable pour bien comprendre dans quel esprit furent rédigés les canons du concile tenu à Valence en 855.

II. le concile de VALEycE (855). — A la demande de Lothaire I er, les trois métropolitains de Lyon, de Vienne et d’Arles se réunirent dans cette ville avec leurs suflragants, le 8 janvier 855, pour y juger l’évêque de Valence sur qui pesaient de fâcheuses accusations. Il semble qu’Ébon, évêque de Grenoble, neveu d’Ébon qu’Hincmar avait remplacé à Reims, ait activement travaillé à Valence contre le successeur de son oncle. (Hincmar s’en plaint dans une lettre à Charles le Chauve. P. L., t. cxxv, col. 49 sq.) En tout cas, le métropolitain de Lyon, Rémi, fut sans doute heureux de l’occasion qui s’offrait pour lutter par voie synodale à la fois contre les capitula de Quierzy, le livre de Scot Érigène et les 19 capitula qu’on en avait extraits.

Les sept premiers canons seuls intéressent la question de la prédestination.

Le premier, sorte d’introduction en formules générales, indique dans quel esprit ces questions doivent être traitées, condamne les novilaies vocurîi et les garrulilates prœsumplivæ, et proclame nécessaire l’attachement inviolable aux enseignements de Cyprien, Hilaire, Ambroise, Jérôme et Augustin, si l’on veut éviter, " dans ces questions de la prescience et de la prédestination, le scandale des fidèles.

Voici, texte et traduction, l’essentiel des canons suivants :

2. Deum pia ?scire et præscisse seternaliter et bona, quæ boni erant facturi, et mala, qnæ mali erant gesturi. .. fideliter tenemus et placet tenere, bonos prsescisse (Deum] omnino per gratiam suam bonos futuros et per eamdem gratiam neterna prsemia accepturos ; malos præscisse per propriam malitiam malos futuros, et per suam justitiam aeterna ultione damnandos. Nec prorsus ulli malo pra ?scientiam Dei imposuisse necessitatem, ut aliud esse non posset, sed quod ille futurus erat ex propria voluntate… Deus… pnesciit ex sua omnipotenti et incommutabili majestate. Xec ex præjudiciis ejus aliquem, sed ex merito propriainiquitatis credimus condemnari ; nec ipsos malos ideo perire, quia boni esse non potuerunt, sed quia boni esse noluerunt, suoque vitio in massa damnationis, vel rae 2. Nous tenons fidèlement que Dieu prévoit et a prévu éternellement et le bien que devaient faire les bons et le mal que devaient commettre les méchants. Et nous estimons qu’il a prévu absolument que les bons seraient bons par sa grâce et, par cette même grâce, recevraient les récompenses éternelles, tandis qu’il a prévu que les méchants deviendraient mauvais par leur propre malice et seraient condamnés par sa justice à la peine éternelle. La prescience de Dieu ne met aucun méchant dans la nécessité d’être mauvais ; mais, qu’il doive l’être par sa propre volonté, … Dieu l’a prévu dans sa toutepuissante et immuable majesté. Personne n’est condamné par un préjugé de Dieu, mais p&ur l’avoir mérité par sa propre iniquité. Les méchants ne périssent donc pas par impossibilité d’être bons, mais