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PRÉDESTINATION. PREMIÈRES CONTROVERSES

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nuvil ad vilam per gratuilum solius gratiæ suse bentftcium, quemadmodum VeteriseINoui Testamenti paginæ manifeslissimum præbent solerter ac sobrie considerantibus judicium, sic ornnino et rcprobos quosque per juslissimum videlicet incommutabilis juslitisc judicium.

b) Sur la volonté salvifique : Omnes, inquil, quos vult Deus salvos fieri sine dubitalione salvantur : nec possunt salvari, nisi quos Deus vull salvos fieri : nec est quisquam qitem Deus salvari velil. et non salvetur, quia Deus nosler omnia quvecumquc voluil jecit… Il avait écrit également : Omnes et omnes debere intelligi, id est omnes qui salvantur, de quibus dicit Apostolus : « qui vult omnes homines salvos fieri », et omnes qui non salvantur, quos non vult Deus salvos fieri.

c) Sur la mprt du Christ et l’efficacité de la passion : Illos omnes impios et peccatores, quos proprio fuso sanguine Filius Dei redimere venit, hos omntpotens Dei bonitas ad vilam prædestinatos irrelractabiliter salvari lantummodo velil… Illos omnes impios et peccatores pro quibus idem Filius Dei nec corpus assumpsil nec orationem, nec dico sanguinem judil, neque pro eis ullo modo crucifixus fuit ; quippe quos pessimos juluros esse præscivit, quosque justissime in eelerna prxcipilandos lormenta prsefinivit, ipsos omnino perpetius salvari penilus nolit. Le passage suivant concerne à là fois la volonté salvifique et les intentions du Rédempteur : Proinde quod fidelissime credo, fidentissime loquor et cerlissime pariter ac fructuosissime confiteor, atque veracissime profileor quod Deus noster omnipolens, omnium creaturarum conditor et jaclor, eleclorum tantummodo cunclorum gratuitus esse reparalor dignalus est et refector ; nullius autem reproborum perpetualiter esse voluil Salvalor, nullius redemptor et nullius coronator.

d) Sur la liberté, le texte n’a qu’une portée indirecte. Gotescale dit à Rhaban qu’il aurait préféré le voir s’appuyer, pour parler du libre arbitre, sur les Pères, saint Augustin et notamment VHypomnesticon, que sur Gennade, trop inféodé à Cassien.

Ces divers textes se trouvent dans le De prædestinatione d’Hincmar, P. L., t. cxxv, col. 89, 182, 211, 275, 288 et sont rassemblés dans P. L., t. cxxi, col. 365-368.

Le concile de Mayence condamna donc Gotescalc et ses partisans. Les Annales Xanlenses parlent du châtiment corporel qui leur fut publiquement infligé : Qui convicti coram omni populo contumeliis verberum afjecti. Mon. Germ. hist., Script., t. v, p. 229. De plus, Gotescale fut expulsé du royaume de Louis le Germanique et renvoyé à Hincmar de Reims. Rhaban nous l’apprend dans une lettre adressée à celui-ci. « Nous vous faisons connaître qu’un moine vagabond (gyrovagus ) nommé Gotescalc, venu d’Italie à Mayence, a répandu une doctrine néfaste sur la prédestination. Il dit que la prédestination est identique pour le bien et pour le mal (sicut in bono sit, ita in malo), et qu’en raison de la prédestination divine, qui les conduit de force à la mort, certains ne peuvent se corriger de l’erreur et du péché, comme si, dès l’origine, Dieu les avait faits incorrigibles et destinés à la peine et à la ruine. C’est Gotescale lui-même qui nous a exposé ses sentiments, tout dernièrement, dans un concile à Mayence. L’ayant trouvé rebelle à tout changement, nous avons, avec l’assentiment et sur l’ordre du roi Louis, décrété de vous le renvoyer, après avoir condamné sa doctrine impie et lui-même ; vous aurez donc à le retenir dans votre province, qu’il a quittée malgré la règle, et vous l’empêcherez d’enseigner ses erreurs et de tromper le peuple chrétien. Nous apprenons en effet qu’il a déjà séduit beaucoup de fidèles, qui s’occupent moins de leur salut et disent : à quoi bon me donner tant de peine au service de Dieu ? Prédestiné à la mort, je n’y échapperai pas ; prédestiné à la vie, j’arriverai, même pécheur, à l’éternel repos… » Tra duction (retouchée) de Hefele-Leclercq, p. 118 ; cf. Concil. colleclio regia, t. xxi, p. 596.

Que vaut ce signalement ? Le cardinal Noris y voit une caricature. Historix Gotescalcanæ synopsis, dans Opéra omnia, t. iv, Vérone, 1732, col. 677-718. Nous avons déjà insinué que Gotescale n’exprimait pas ainsi ses doctrines prédestinât iennes et n’admettait pas la conclusion qu’en auraient tirée, d’après Rhaban Maur, ceux à qui il les prêchait.

2. Le concile de Quierzy (843). — Hincmar envoya d’abord Gotescale à Orbais, son ancien monastère. Pour quelles raisons Gotescale fut-il amené par son évêque, Rothade de Soissons, au concile de Quierzy, il est assez difficile de le dire. Quelque fait nouveau s’était-il produit ? Ou, simplement, Hincmar, qui se défiait de la fermeté de Rothade, tenait-il à se faire remettre directement la garde de « l’hérétique » ? D’après Hincmar, qui nous parle de ce concile en trois documents (De prædeslinalione, P. L., t. cxxv, col. 85 ; lettre à Amolon, citée par l’auteur du Liber de tribus cpistolis, t. cxxi, col. 1027 ; Epistola ad Nicolaum papam, t. cxxvi, col. 43), Gotescale se montra rebelle à toute correction de sa doctrine, parla comme un insensé et insulta tout le monde. Il fut condamné à nouveau.

Les Annales de Saint-Berlin, rédigées par Prudence de Troyes, disent qu’on le fustigea publiquement, qu’on l’obligea à brûler le livre contenant ses opinions. C’est ce que dit aussi le texte de la sentence, conservé par les collections conciliaires, et dont l’authenticité, quoi qu’en ait dit Hefele, ne saurait être contestée depuis la publication du texte par Gundlach, dans Zeilschrift fur Kirchengeschichte, t. x, p. 308. D’après cette sentence, Gotescale est déposé de la prêtrise qu’il avait usurpée, condamné au fouet et à l’emprisonnement. Un silence perpétuel sur les questions théologiques lui est imposé. Le miserabilis monachus fut traité très durement ; l’auteur du De tribus epislolis rapporte la cruauté avec laquelle on l’avait flagellé, en déplorant qu’on ait brûlé le livre où il avait réuni les passages de l’Écriture et des Pères, qui pouvaient autoriser sa doctrine. Liber de tribus epistolis, P. L., -t. cxxi, col. 1028-1030, voir plus loin col. 2918.

II. LES PREMIÈRES CONTRO VERSES A UTO US DE L’AF-FAIRE gotescalc. — Gotescale fut enfermé dans une cellule du monastère de Hautvillers ( Allivillaris), au diocèse de Reims. Sur l’avis de Prudence de Troyes, il semble qu’Hincmar lui ait fait donner la communion à Pâques de 850. Il lui écrivit une lettre, aujourd’hui perdue, où il expliquait les passages de saint Prosper dans le sens de Rhaban Maur et montrait que, si la prescience de Dieu s’étend au bien et au mal, Dieu prévoit le mal mais ne le prédestine pas, tandis qu’il prévoit et prédestine le bien ; qu’il y a prescience sans prédestination, mais non prédestination sans prescience. Les bons sont prsescili et prædestinati de Dieu ; les mauvais, au contraire, sont simplement prsescili, mais non prædestinati ; enfin la prescience n’oblige personne à se perdre. Hincmar, se mettant à la remorque de VHypomnesticon et d’un écrit supposé de saint Jérôme, atténuait autant que possible le texte scripturaire : Dieu endurcit le cœur du pharaon. Ex., ix, 12.

Gotescale et Hincmar.

Gotescalc, d’après Flodoard,

refusa d’accepter cette explication. Il écrivit deux professions de foi qui nous ont été conservées. La première qui fut peut-êtie présentée au synode de Quierzy, s’exprime ainsi : Credo et profileor Deum omnipotentem et incommuta bilem præscisse et prædestina. sse angelos sanctos et homines elecloS ad vilam gratis seternam, et ipsum diabolum, caput omnium dœmoniorum, cum omnibus suis aposlaticis et cum ipsis quoque hominibus reprobis, membris videlicet suis, propter præscita cerlissime ipsorum propria /ulura