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    1. PRÉDESTINATION##


PRÉDESTINATION. S. VUGUSTIN, LE DÉCRET ETERNEL’_ 8."> i i

quia et in illo ut essel capui nostrum et in nabis ut ejus corpus essemus… Dr dotut pers., xxiv. 07. t. xlv, col. 1034. Mais le Christ, comme homme, est prédestiné premièrement à la filiation divine naturelle et secondement à ta gloire, et, s’il esi notre tête comme npus sommes son corps, comment concevoir que le terme de notre prédestination soit différent du terme « le la sienne ?

Augustin nous parle plus expressément encore de la prédestination à la gloire, en niant, ou équivalcinment, la prédestination à la grâce, que d’aucuns pourraient voir dans une fidélité passagère : Si qui autem obediunt sed in regnurti ejus et gloriam prsedestinati non sunt, temporales sunt. Ibid., xxii, 58, col. 1029. La prédestination, selon lui. est inséparable du don de persévérance que Dieu n’accorde qu’à ceux de ses enfants qui sont prédestinés : Nec nos moveal quod filiis suis qnibusdam Deus non dat islam perseverantiam. Absil enim ut ita essel si de Mis prsedestinatis essent et secundum propositum vocalis qui vere sunt fdii promissionis. De corr. et grat., ix, 20, t. xi.iv, col. 927. Mais la persévérance n’est-elle pas le seuil de la gloire ? Et, si la persévérance réalise la prédestination, comme nous le verrons plus loin, il ne peut donc s’agir que de prédestination à la gloire, comme Augustin le confirme dans le De dono perseverantiæ : t’sque in finem perseverantiam non nisi ab eo donari qui nos prtedestinavit in regnum suum et gloriam. xxi, 55, t. xlv, col. 1027.

De cette même prédestination, la réalisation diffère dans le cas du premier homme et dans celui de ses descendants, mais son terme ne varie pas : Nunc vero sanctis in regnum Dei per gratiam Dei prædestinalis, non taie adjutorium perseveranliee datur, sed laie ut eis perseverantia ipsa donetur. De corr. et grat..xii, 34, t. xliv, col. 937. C’est toujours la gloire, le royaume de Dieu.

Du reste, la gloire est le terme par lequel se définit la prédestination, parce qu’elle est déjà celui de l’élection : Elecii autem sunt ad regnandum cum Christo. Résumant sa doctrine de la prédestination, Augustin peut donc écrire : // ; ’ergo Christo intelliguntur dari qui ordinali sunt in vitam œlernam. Ipsi sunt illi pra’deslinati et secundum propositum vocali quorum nullus périt. Ac per hoc nullus eorum ex bono in malum mutatus finit hanc vilain, quoniam sir est ordinalus et ideo Christo datur, ut non pereal, sed habcal vilain irtcrnam. Ainsi, ceux que le Père a donnés au Christ, qui sont persévérants, dont aucun n’est perdu, sont également ceux qui sont ordonnés à la vie éternelle. Mais ceux-ci sont proprement les prédestinés : Ipsi sunt illi prsedestinati.

Il est donc certain qu’Augustin ne conçoit la prédestination que par rapport à la gloire et aux grâces qui y font parvenir. Dans l’ordre de la réalisation, la gloire est le terme. Dans l’ordre de la prédestination éternelle, la gloire est le point de départ, la norme du salut tout entier, à procurer par la régénération, la vie sainte et la persévérance.

5° Le nombre des prédestines. - La détermination du nombre des prédestinés est le corollaire obligé de la doctrine de la prédestination à la gloire et de toute réfutation de la prédestination a la grâce seule.

Augustin le savait bien, qui précisait ainsi sa pensée : Hsec itr lus loquor qui prsedestinati sunt in regnum Dei. quorum ita certus est numerus, ut nec addatur ris quisquam, nec minuatw ex eis. Epist., clxxxvi, 25. t. xxxiir, col. 825. C’est que ce nombre, arrêté par le décret divin, réalisé par la vocatio secundum propositum, ne dépend aucunement, ’tans la doctrine de la prédestination a la gloire, de la liberté humaine rendant efficace ou stérilisant à son gré la grâce. Il n’est pas. en un mot. réglé par le mérite. Aussi toute présomption, sur ce point, est-elle intolérable : Quis enim ex nmliiiudinr fidelium, quamdiu in hac mortalitale

vivitur, in numéro prsedestinatoTum se esse prtesumat ? Dr corr. et grat., XIII, 10. t. xi.iv, col. 940.

I.a seule précision qu’Augustin estime pouvoir donner sur le nombre îles élus est que ce.UX-là seuls sont glorifiés qui sont l’objet de la prédestination, de la vocatio secundum propositum, de la justification : Quos enim pnedestinavil ipsos et vocavil. Ma sriliiel voralior.e secundum propositum : non ergo alios. sed quos prsedeslinavit, ipsos et vocavil ; nec alios, sed quos ila vocavil, ipsos et justiji ravit ; nec alios, sed quos prsedestinavit, vocavil, jusli/icuvil, ipsos et glori/icavit ; illo utique fine qui non habrl finem. Dr prsed. sanct., xvii, 34, t. xliv, col. 986. Il ne parle pas, dans ce texte, de la prescience. C’est qu’elle n’est pas pour lui la règle extérieure de la prédestination : ce ne sont pas ceux qu’il a prévus devoir bien user de sa grâce que Dieu conduira au ciel ; c’est sa grâce et le don de persévérance qui, dans l’ordre d’exécution, déterminent le nombre des prédestinés à la gloire : numerus ergo sanctorum per Dei gratiam Dei regno prxdeslinalus, donala sibi etiam usque in finem perseverantia. Mue inleger perducetur, et Mie inlegerrimus, jam sine fine beatissimus seroabitur, adhærente sibi miserieordia Satvatoris sui, sive cum converluntur, sive rum ]ireeliantur, sive cum coronantur. De corr. et grat., xiii, 40, t. xliv, col. 941.

Les reprouvés.

t T ne remarque est ici nécessaire.

A une époque où le langage n’était pas encore fixé, Augustin a parlé parfois de prédestination à la mort éternelle, à la peine, au feu éternel. De perjectione justitix hominis, an, 31, t. xliv, col. 308 ; De anima ri ejus origine, IV, xi, 16, t. xliv, col. 533 ; Epist., cciv, 2, t. xxxiii, col. 939. Mais, outre que le terme de prédestination désigne habituellement pour Augustin la préparation du salut éternel des élus, il serait injuste d’urger ces expressions et de leur faire signifier autre chose que la juste préparation du châtiment éternel des pécheurs : ad eorum damnalionem quos juste prsedeslinavit ad pœnam. Enchir., c, 20, t. xl, col. 279.

Cette idée de justice domine, chez Augustin, la question des réprouvés : pro merilis juslissime judicantur. De rorr. ri grat., xiii, 42, t. xliv, col. 942, soit qu’ils portent la peine du péché originel que le baptême n’a pas effacé, ou qu’ils se soient librement rendus coupables de nouvelles fautes, ils sont tous mauvais et, selon la diversité de leur malice, dignes de châtiments divers : omnes mali et pro ipsa diversitate, diversis suppliciis judicandi. Ibid. Ils ont pu recevoir la grâce de Dieu, mais ce n’a été que passagèrement. ri ils n’ont point persévéré : Gratiam Dei suscipiunt, sed temporales sunt, nec persévérant. Ibid. Ayant abandonné Dieu, ils en sont abandonnés à leur tour : deserunl et deseruntur, pour retomber au triste pouvoir de leur libre arbitre : Dimissi enim sunt libéra arbitrio. Ibid.

Mais qui oserait dire que, n’ayant pas été positivement prédestinés et le nombre des élus étant irrévo cablement fixé, ceux qui ne sont pas du nombre des élus sont positivement réprouvés ? Il faudrait pour cela que l’homme pèche d’une nécessité de nature el que l’alternative de faire le mal soit pour lui connue un devoir, dès que la grâce vient à lui manquer par laquelle il faisail le bien. Augustin n’admel pas u^ pareil langage : Si hoc débet quisque guod accepit, ri sir Inclus est homo ut necessario peccet, hoc débet al peccat. Cum ergo peçcal, quod débet, facit : quod si scelus est direre, neminrm natura sua cogit ut peccet. Dr lib. arbil.. III. xvi, 10. t. xxxii, col. 1293 ; cf. Retract., I. ix, 3. t. xxxii, col. 596. Il assure, au contraire, que les rigueurs divines sont légitimées par les démérites qu’elles punissent. De grat : et lib. arb., xxi, 12, t. xliv, col. 9(17. Il faudrait surtout, pour pouvoir soutenir cette réprobation positive ab œterno, dire que Dieu a décrété parallèlement de commander l’impossible.